Fiche Technique Santé-Sécurité : Agents Pathogènes – Cyclospora spp.

FICHE TECHNIQUE SANTÉ-SÉCURITÉ: AGENTS PATHOGÈNES

SECTION I - AGENT INFECTIEUX

NOM : Cyclospora spp.

SYNONYME OU RENVOI : Cyclosporiase, cyclosporidiose, cyclosporose et Cyclospora cayetanensis.

CARACTÉRISTIQUES : Cyclospora est une coccidie du genre IsosporaNote de bas de page 1. Cyclospora appartient à l’embranchement des ApicomplexaNote de bas de page 2, à la sous-classe des Coccidiasina et à la famille des EimeriidaeNote de bas de page 1. Ce parasite possède des spores sphériques à paroi épaisseNote de bas de page 3. Les oocystes ont un diamètre de 8 à 10 µm et contiennent deux sporocystes renfermant chacun deux sporozoïtesNote de bas de page 1. Cyclospora a déjà été décrit sous les noms de CLB (Cyanobacterium-like body), d’algue bleu-vert et de flagellé de grande tailleNote de bas de page 1. Les oocystes de Cyclospora fraîchement excrétés dans les selles ne sont pas sporulés, et ne sont donc pas infectieux. Ils ont besoin de quelques jours à quelques semaines pour parvenir à maturité et se transformer dans l’environnement en oocystes sporulés infectieux, empêchant ainsi la transmission fécale-orale directeNote de bas de page 4. Après avoir été ingérés, les oocystes perdent leur coque protectrice dans le tube digestif et libèrent des sporozoïtes, qui envahissent les cellules épithéliales de l’intestin grêle. Les sporozoïtes se reproduisent de façon asexuée pendant deux générations dans la cellule et deviennent des mérontes, qui amorcent le cycle sexuel avec la production de microgamétocytes et de macrogamétocytesNote de bas de page 4.

SECTION II - DÉTERMINATION DU RISQUE

PATHOGÉNICITÉ ET TOXICITÉ : Cyclospora est responsable d’infections opportunistes chez les patients atteints du sidaNote de bas de page 1. Les infections à Cyclospora causent de la diarrhéeNote de bas de page 1, des crampes abdominales ou des ballonnements, des nausées, une fièvre légère et une perte de poidsNote de bas de page 1.

ÉPIDÉMIOLOGIE : Cyclospora spp. est présent partout dans le mondeNote de bas de page 3. Il est endémique au Pérou, en Haïti et au NépalNote de bas de page 3. Dans une clinique de traitement du sida d’Haïti, 34 % des patients venus consulter pour une diarrhée chronique étaient infectés par CyclosporaNote de bas de page 1. Une enquête épidémiologique réalisée dans une communauté haïtienne a révélé que le nombre de cas d’infection à Cyclospora était plus élevé au mois de févrierNote de bas de page 1. Les cas de cyclosporiase étaient cinq fois plus nombreux chez les enfants que chez les adultes, et les patients sidéens affichaient également des taux nettement plus élevés d’infectionNote de bas de page 1. Aux États-Unis, il y a 0,1 cas signalé pour 100 000 personnesNote de bas de page 3. Il s’agit le plus souvent de voyageurs et d’habitants des régions où ce protozoaire est endémiqueNote de bas de page 1. En 1996, une éclosion à Cyclospora a été signalée au Canada et aux États-UnisNote de bas de page 3.

GAMME D'HÔTES : Humain et animauxNote de bas de page 1.

DOSE INFECTIEUSE : Dose infectieuse très faible, de 10 à 100 oocystesNote de bas de page 2.

MODE DE TRANSMISSION : La transmission interhumaine est peu probable, car le microorganisme n’est pas immédiatement infectieux lorsqu’il est excrétéNote de bas de page 2Note de bas de page 6Note de bas de page 5. L’infection peut être causée par la consommation d’eau non traitée ou d’aliments contaminésNote de bas de page 1Note de bas de page 5, ou encore par contact direct ou indirect avec un sol contaminéNote de bas de page 5.

PÉRIODE D'INCUBATION : Les oocystes sont excrétés sous forme non sporulée; il leur faut 7 à 13 jours de conditions optimales à l’extérieur de l’hôte pour parvenir à maturitéNote de bas de page 6. Après une période d’incubation de 2 à 11 jours, les patients immunocompétents présentent une diarrhée aqueuse spontanément résolutive, mais prolongée et récurrenteNote de bas de page 6.

TRANSMISSIBILITÉ : Aucune transmission interhumaine n’a été signaléeNote de bas de page 3.

SECTION III - DISSÉMINATION

RÉSERVOIR : Cyclospora a été détecté chez des animaux domestiquesNote de bas de page 1, dans des excréments de poulet (oocystes)Note de bas de page 1 et dans les intestins de mammifères et d’oiseauxNote de bas de page 2. On a également observé des oocystes de type Cyclospora chez des animaux de zoo (primates non humains, carnivores et artiodactyles)Note de bas de page 1.

ZOONOSE : Aucune.

VECTEURS : Aucun.

SECTION IV - VIABILITÉ ET STABILITÉ

SENSIBILITÉ AUX MÉDICAMENTS :  Association triméthoprime-sulfaméthoxazole (TMP-SMX) et ciprofloxacine (les échecs thérapeutiques sont plus fréquents avec cette quinolone)Note de bas de page 1.

RÉSISTANCE AUX MÉDICAMENTS : Azithromycine, norfloxacine, tinidazole, acide nalidixique, fuorate de diloxanide et quinacrineNote de bas de page 1.

RÉSISTANCE AUX DÉSINFECTANTS : Cyclospora est résistant aux produits chimiques comme le chlore utilisé dans le traitement de l’eauNote de bas de page 7.

INACTIVATION PHYSIQUE : Les oocystes de Cyclospora sont inactivés par la chaleur (exposition à une température de 60°C pendant une heure)Note de bas de page 8 et n’ont pas la capacité de sporuler lorsqu’ils sont exposés à une température de ‑18°C pendant 24 heuresNote de bas de page 8. La dessiccation pendant 15 minutes provoque une rupture des parois des oocystesNote de bas de page 8.

SURVIE À L'EXTÉRIEURE DE L'HÔTE : Cyclospora spp. doit être présent dans l’environnement pendant 7 à 15 jours pour sporuler, ce qui indique qu’il peut survivre dans le solNote de bas de page 5. On a observé que les oocystes pouvaient survivre pendant 2 mois dans de l’eau à 4°C, et pendant 7 jours dans de l’eau à 37°C Note de bas de page 8.

SECTION V - PREMIERS SOINS ET ASPECTS MÉDICAUX

SURVEILLANCE : Surveiller l’apparition de symptômes. Le diagnostic peut reposer sur la détection des oocystes de Cyclospora dans des selles fraîches ou conservées dans une solution d’iode, dans le liquide d’aspiration duodénale ou des biopsies de l’intestin grêleNote de bas de page 6Note de bas de page 1. La coloration résistante à l’acide ou la coloration à la safranine O permet d’observer les oocystes sous forme de sphères de 10 µm avec des grappes de globules réfrangiblesNote de bas de page 6. Le diagnostic peut être effectué à l’aide de la coloration de Ziehl-Neelsen et de la coloration à l’auramine‑rhodamine modifiéesNote de bas de page 1.

PREMIERS SOINS ET TRAITEMENT : L’association triméthoprime-sulfaméthoxazole (TMP-SMX) constitue le traitement de première intention de la cyclosporiase. Les symptômes disparaissent après 2 ou 3 jours de traitementNote de bas de page 6. Une dose de 160 à 800 mg de TMP-SMX devrait être administrée deux fois par jour pendant 7 joursNote de bas de page 1.

IMMUNISATION : Aucune.

PROPHYLAXIE : Les patients qui présentent à nouveau des symptômes de diarrhée 7 mois après l’infection reçoivent du TMP-SMX trois fois par semaine comme traitement de prophylaxie secondaireNote de bas de page 9.

SECTION VI - DANGERS POUR LE PERSONNEL DE LABORATOIRE

INFECTIONS CONTRACTÉES EN LABORATOIRE : Aucune déclarée pour l'instant.

SOURCES ET ÉCHANTILLONS : Excréments de poulet, excréments humainsNote de bas de page 3, eauNote de bas de page 1, produits alimentairesNote de bas de page 5 , laitueNote de bas de page 6, viande crueNote de bas de page 6 et framboisesNote de bas de page 1Note de bas de page 2Note de bas de page 6 contaminés.

DANGERS PRIMAIRES : Ingestion d’aliments contaminésNote de bas de page 3.

DANGERS PARTICULIERS : Le travail en laboratoire avec des souris ou des primates infectés peut constituer un dangerNote de bas de page 3.

SECTION VII - CONTRÔLE DE L'EXPOSITION ET PROTECTION PERSONNELLE

CLASSIFICATION PAR GROUPE DE RISQUE : Groupe de risque 2. Le groupe de risque correspond au genre dans son ensemble et peut ne pas s’appliquer à toutes les espèces du genre.

EXIGENCES DE CONFINEMENT : Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 2 pour le travail avec des matières, cultures ou animaux infectieux ou potentiellement infectieux Note de bas de page 12. Ces exigences de confinement s’appliquent au genre dans son ensemble et peuvent ne pas s’appliquer à toutes les espèces du genre.

VÊTEMENTS DE PROTECTION : Vêtements de laboratoire de protection adéquatement ajustés. Gants, lorsqu’un contact direct de la peau avec des matières infectées ou des animaux est inévitable Note de bas de page 12. La protection des yeux doit être utilisée lorsqu’il y a un risque connus ou potentiels de l’exposition aux éclaboussures.

AUTRES PRÉCAUTIONS : Toutes les procédures pouvant produire des aérosols ou mettant en cause des concentrations ou des quantités élevées doivent s’effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB). L’utilisation d’aiguilles, de seringues et d’autres objets tranchants doit être strictement restreinte. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelle Note de bas de page 12.

SECTION VIII - MANUTENTION ET ENTREPOSAGE

DÉVERSEMENTS : Laisser les aérosols se déposer et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie‑tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyer.

ÉLIMINATION : Décontaminer toutes les matières à éliminer contenant l’agent infectieux ou ayant été en contact avec celui‑ci par stérilisation à la vapeur, désinfection chimique, rayonnement gamma ou incinération Note de bas de page 13.

ENTREPOSAGE : L’agent infectieux doit être entreposé dans des contenants étanches étiquetés de façon appropriée Note de bas de page 13.

SECTION IX - RENSEIGNEMENTS SUR LA RÉGLEMENTATION ET AUTRES

INFORMATION SUR LA RÉGLEMENTATION : L’importation, le transport et l’utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l’Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l’Agence canadienne d’inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.

DERNIÈRES MISE À JOUR : Septembre 2016

PRÉPARÉE PAR : Centre de la biosûreté, Agence de la santé publique du Canada. Bien que les renseignements, opinions et recommandations présentés dans cette Fiche de renseignements proviennent de sources que nous jugeons fiables, nous ne nous rendons pas responsables de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l’utilisation de ces renseignements. Comme on découvre fréquemment de nouveaux dangers, il est possible que ces renseignements ne soient pas tout à fait à jour.

Tous droits réservés © Agence de la santé publique du Canada, 2016 Canada

Détails de la page

Date de modification :