Fiche Technique Santé-Sécurité : Agents Pathogènes – Gemella spp.

FICHE TECHNIQUE SANTÉ-SÉCURITÉ: AGENTS PATHOGÈNES

SECTION I - AGENT INFECTIEUX

NOM : Gemella spp.

SYNONYME OU RENVOI : Gemella haemolysans (Neisseria haemolysans avant 1961)Note de bas de page 1Note de bas de page 2, G. morbillorum (anciennement Streptococcus morbillorum), G. bergeri, G. sanguinis, G. asaccharolytica; les espèces isolées chez les animaux sont G. cuniculi et G. palaticanis.

CARACTÉRISTIQUES: Gemella haemolysans et les autres espèces du genre Gemella sont des coccis Gram positif qui n’ont pas encore été assignés à une familleNote de bas de page 3. Ces bactéries se décolorent facilement au Gram et peuvent sembler être Gram négatif ou Gram variableNote de bas de page 2Note de bas de page 4. Elles peuvent avoir une forme de diplocoques aux côtés adjacents aplatis, tout comme le genre Neisseria; c’est le cas de G. haemolysans. Elles peuvent aussi être isolées, en paires, en courtes chaînettes ou en amas irréguliers, comme dans le cas de G. morbillorum. Elles sont souvent entourées d’une « couronne » de matière fibreuse disposée radialement à leur surfaceNote de bas de page 5. Leur taille individuelle peut varier considérablement, soit de 0,5 à 1 µm. L’intervalle de température permettant leur croissance est grand, mais la température optimale est de 35 à 37 °C. Il s’agit de bactéries fermentaires, catalase et oxydase négatives. Elles sont anaérobies facultatives, mais G. haemolysans préfère les conditions aérobies, tandis que G. morbillorum préfère les conditions anaérobiesNote de bas de page 2Note de bas de page 4.

SECTION II - DÉTERMINATION DU RISQUE

PATHOGÉNICITÉ ET TOXICITÉ: G. haemolysans et G. morbillorum font partie de la flore humaine normale de la cavité buccale et des voies respiratoires supérieuresNote de bas de page 2Note de bas de page 5. G. haemolysans a été isolé dans environ 30 % des prélèvements nasopharyngés obtenus par écouvillonnageNote de bas de page 6 et dans la plaque dentaireNote de bas de page 5. G. morbillorum a également été isolé dans le tube digestif humain et représente 0,1 % du contenu total viableNote de bas de page 5. G. bergeri et G. sanguinis ont été isolés dans des échantillons cliniques humains, tandis que G. palaticanis et G. cuniculi n’ont été jusqu’à maintenant isolés que chez des animauxNote de bas de page 5. Les bactéries du genre Gemella sont des agents pathogènes opportunistes, en particulier chez les hôtes immunodéprimés, où elles peuvent causer des infections graves ou généralisées de tissus préalablement lésés. G. haemolysans a été isolé en tant que pathogène dans des hémocultures de patients atteints d’endocardite, dans des cultures de liquide céphalorachidien (LCR) de patients présentant une méningite et un abcès cérébral, ainsi que chez des patients ayant subi une arthroplastie totale du genouNote de bas de page 2Note de bas de page 4Note de bas de page 5Note de bas de page 7. Bien qu’il soit rarement isolé en clinique, G. morbillorum a été isolé dans des hémocultures de patients atteints d’endocardite, de rougeole, d’arthrite septique, de diverses affections suppurées, ainsi que dans des cultures de LCR de patients présentant une méningite et/ou un abcès cérébralNote de bas de page 5. G. bergeri et G. sanguinis ont été soupçonnés d’être les agents causaux d’endocarditesNote de bas de page 4Note de bas de page 5. Une autre étude récente a révélé que Gemella figureraient au quatrième rang des agents pathogènes le plus souvent responsables des abcès pulmonaires d’origine communautaire en Occident (9,8 % des cas)Note de bas de page 8.

ÉPIDÉMIOLOGIE: Présentes à l’échelle mondiale; font partie de la flore humaine normale(5).

GAMME D’HÔTES: G. haemolysans et G. morbillorum sont principalement observés chez l’humain et chez certains mammifères à sang chaud comme le lapin, le porc, la chèvre, le mouton et le chevalNote de bas de page 2Note de bas de page 5. Dans un cas, G. haemolysans a été isolé dans la viande de volailleNote de bas de page 9. G. bergeri et G. sanguinis sont principalement observés chez l’humainNote de bas de page 5. G. palaticanis a été isolé chez le chien et G. cuniculi, chez le lapin.

DOSE INFECTIEUSE: Inconnue.

MODE DE TRANSMISSION: Inconnu.

PÉRIODE D’INCUBATION: Inconnue.

TRANSMISSIBILITÉ: Les espèces de ce genre ne se transmettent pas d’une personne à l’autre en raison de leur faible virulence.

SECTION III - DISSÉMINATION

RÉSERVOIR: Les mammifères (humain, lapin, porc, chèvre et mouton) sont le principal réservoir (de G. haemolysans et G. morbillorum)(2, 5).

ZOONOSE: Aucune

VECTEURS: Aucun

SECTION IV - VIABILITÉ ET STABILITÉ

SENSIBILITÉ AUX MÉDICAMENTS: G. haemolysans et G. morbillorum sont très sensibles à la pénicilline, à l’ampicilline, aux céphalosporines, aux tétracyclines, au chloramphénicol, à la lincomycineNote de bas de page 2Note de bas de page 5Note de bas de page 10 et au tétrasulfathiazoleNote de bas de page 11. Elles sont fortement inhibées par les macrolides, la vancomycine, la ristocétine, la novobiocine, la tyrothricine et, dans une certaine mesure, par la bacitracine et l’acide fusidique.

RÉSISTANCE AUX MÉDICAMENTS: G. haemolysans et G. morbillorum sont résistants aux sulfamidés, au triméthoprime et, dans une moindre mesure, aux aminoglycosides (streptomycine)Note de bas de page 5.

SENSIBILITÉ AUX DÉSINFECTANTS: Les bactéries Gram positif sont généralement sensibles à un certain nombre de désinfectants, dont les composés phénoliques, les hypochlorites (hypochlorite de sodium à 1 %), les alcools (éthanol à 70 %), le formaldéhyde (18,5 g/L; formaldéhyde à 5 % dans l’eau), le glutaraldéhyde, les solutions iodées (0,075 g/L)Note de bas de page 12 et le bouillon de NaCl à 6,5 %Note de bas de page 2Note de bas de page 5.

INACTIVATION PHYSIQUE: Bien que l’intervalle de température permettant la croissance des bactéries du genre Gemella soit grand, celles‑ci ne poussent pas à une température inférieure à 10 °C ou supérieure à 45 °CNote de bas de page 2Note de bas de page 5. Elles sont également sensibles à la chaleur sèche ou humideNote de bas de page 13.

SURVIE À L’EXTÉRIEUR DE L’HÔTE : Ces bactéries ne survivent pas bien à l’extérieur de l’hôteNote de bas de page 5.

SECTION V- PREMIERS SOINS ET ASPECTS MÉDICAUX

SURVEILLANCE: Surveiller l’apparition des symptômes, particulièrement l’endocardite, la méningite, l’arthrite et la pneumonie. La confirmation d’une infection à Gemella  peut nécessiter l’isolement de la bactérie et l’observation phénotypique de la morphologie générale. Les réactions utilisées pour l’identification comprennent la production de pyrrolidonyl-arylamidase (PYR) et de leucine-aminopeptidase (LAP), les deux donnant des résultats positifs dans la majorité des cas, ainsi que la croissance dans un bouillon de NaCl à 6,5 %, laquelle est négativeNote de bas de page 2Note de bas de page 7. Aucune technique immunologique n’existe actuellement.

Remarque : Les méthodes de diagnostic ne sont pas nécessairement toutes disponibles dans tous les pays.

PREMIERS SOINS ET TRAITEMENT: Laver la surface exposée avec du savon et de l’eau tiède (ne pas utiliser de savon s’il s’agit d’une muqueuse). Au besoin, traiter au moyen des antibiotiques appropriés.

IMMUNISATION: Aucun vaccin n’existe actuellement.

PROPHYLAXIE: Aucun médicament préventif n’existe actuellement.

SECTION VI - DANGERS POUR LE PERSONNEL DE LABORATOIRE

INFECTIONS CONTRACTÉES AU LABORATOIRE: À ce jour, aucun cas d’infection contractée en laboratoire n’a été signalé.

SOURCES ET ÉCHANTILLONS: Les sources de G. haemolysans sont les hémocultures, le LCR, les muqueuses, les abcès, les échantillons de plaies et les liquides organiquesNote de bas de page 4Note de bas de page 5. Les sources de G. morbillorum sont les hémocultures et les cultures d’échantillons respiratoires, urogénitaux, de plaies et d’abcèsNote de bas de page 4. G. bergeri et G. sanguinis ont été isolés dans des hémocultures de patients atteints d’une endocardite bactérienne subaiguëNote de bas de page 5.

DANGERS PRIMAIRES: Le risque d’infection est faible en raison de la faible virulence de ces bactéries; cependant, il faut éviter l’inoculation accidentelle par voie parentérale, l’ingestion et l’inhalation de gouttelettes infectieuses.

DANGERS PARTICULIERS: Aucun.

SECTION VII - CONTRÔLE DE L’EXPOSITION ET PROTECTION PERSONNELLE

CLASSIFICATION PAR GROUPE DE RISQUE: Groupe de risque 2. Ce groupe de risque s’applique au genre de façon globale et peut ne pas s’appliquer à chacune des espèces du genre.

EXIGENCES DE CONFINEMENT: Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 2 pour le travail avec des matières, cultures ou animaux infectieux ou potentiellement infectieux. Ces exigences de confinement s’appliquent aux espèces du genre Gemella de façon globale et peuvent ne pas s’appliquer à chacune des espèces du genre.

VÊTEMENTS DE PROTECTION: Sarrau. Gants, lorsqu’un contact direct de la peau avec des matières infectées ou des animaux est inévitable. Une protection pour les yeux doit être utilisée lorsqu’il y a un risque connu ou potentiel d’éclaboussureNote de bas de page 14.

AUTRES PRÉCAUTIONS: Toutes les procédures pouvant produire des aérosols ou mettant en cause des concentrations ou des quantités élevées doivent s’effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB) Note de bas de page 14. L’utilisation d’aiguilles, de seringues et d’autres objets tranchants doit être strictement restreinte. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelleNote de bas de page 14.

SECTION VIII - MANUTENTION ET ENTREPOSAGE

DÉVERSEMENTS: Laisser les aérosols se poser et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie‑tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyerNote de bas de page 14.

ÉLIMINATION: Décontaminer les déchets par stérilisation à la vapeur, rayonnement gamma, incinération ou désinfection chimiqueNote de bas de page 14.

ENTREPOSAGE: Dans des contenants étanches et scellés, étiquetés de façon appropriée et placés en lieu sûrNote de bas de page 14.

SECTION IX – RENSEIGNEMENTS SUR LA RÉGLEMENTATION ET AUTRES

INFORMATION SUR LA RÉGLEMENTATION : L’importation, le transport et l’utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l’Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l’Agence canadienne d’inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.

DERNIÈRE MISE À JOUR: Septembre 2010

PRÉPARÉE PAR: Direction de la règlementation des agents pathogènes, agence de la santé publique du Canada.

Bien que les renseignements, opinions et recommandations présentés dans cette Fiche de renseignements proviennent de sources que nous jugeons fiables, nous ne nous rendons pas responsables de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l’utilisation de ces renseignements. Comme on découvre fréquemment de nouveaux dangers, il est possible que ces renseignements ne soient pas tout à fait à jour.

Tous droits réservés

© Agence de la santé publique du Canada, 2010

Canada

RÉFÉRENCES:

Notes de bas de page

Note de bas de page 1

Stackebrandt, E., Wittek, B., Seewaldt, E., & Schleifer, K. H. (1982). Physiological, biochemical and phylogenetic studies on Gemella haemolysans. FEMS Microbiology Letters, (13), 361-365.

Retour à la référence de la note de bas de page 1

Note de bas de page 2

Facklam, R., & Elliott, J. A. (1995). Identification, classification, and clinical relevance of catalase-negative, gram-positive cocci, excluding the streptococci and enterococci. Clinical Microbiology Reviews, 8(4), 479-495.

Retour à la référence de la note de bas de page 2

Note de bas de page 3

Euzéby, J. P. (2010). List of Bacterial Names with Standing in Nomenclature. Int. J. Syst. Bacteriol., 47, 13 July, 2010. Retrieved from http://www.bacterio.cict.fr/m/micrococcus.html (Lien externe) .

Retour à la référence de la note de bas de page 3

Note de bas de page 4

Ruoff, K. L. (2007). Aerococcus, Abiotrophia, and Other Aerobic Catalase-Negative, Gram-Positive Cocci. In P. R. Murray, E. J. Baron, J. H. Jorgensen, M. L. Landry & M. A. Pfaller (Eds.), Manual of Clinical Microbiology (9th Edition ed., pp. 443-454). Washington, DC, USA: ASM Press.

Retour à la référence de la note de bas de page 4

Note de bas de page 5

Collins, M. D. (2006). The Genus Gemella. In M. Dworkin, S. Falkow, E. Rosenberg, K. H. Schleifer & E. Stackebrandt (Eds.), The Prokaryotes (3rd ed., pp. 511-518). New York: Springer.

Retour à la référence de la note de bas de page 5

Note de bas de page 6

Berger, U. (1985). Prevalence of Gemella haemolysans on the pharyngeal mucosa of man. Medical Microbiology and Immunology, 174(5), 267-274.

Retour à la référence de la note de bas de page 6

Note de bas de page 7

Ruoff, K. L. (2002). Miscellaneous catalase-negative, gram-positive cocci: emerging opportunists. Journal of Clinical Microbiology, 40(4), 1129-1133.

Retour à la référence de la note de bas de page 7

Note de bas de page 8

Takayanagi, N., Kagiyama, N., Ishiguro, T., Tokunaga, D., & Sugita, Y. (2010). Etiology and Outcome of Community-Acquired Lung Abscess. Respiration; International Review of Thoracic Diseases, doi:10.1159/000312404.

Retour à la référence de la note de bas de page 8

Note de bas de page 9

Turtura, G. C., & Lorenzelli, P. (1994). Gram-positive cocci isolated from slaughtered poultry. Microbiological Research, 149(2), 203-213.

Retour à la référence de la note de bas de page 9

Note de bas de page 10

Buu-Hoi, A., Sapoetra, A., Branger, C., & Acar, J. F. (1982). Antimicrobial susceptibility of Gemella haemolysans isolated from patients with subacute endocarditis. European Journal of Clinical Microbiology, 1(2), 102-106.

Retour à la référence de la note de bas de page 10

Note de bas de page 11

Hamrah, P., Ritterband, D., Seedor, J., & Eiferman, R. A. (2006). Ocular infection secondary to gemella. Graefe's Archive for Clinical and Experimental Ophthalmology = Albrecht Von Graefes Archiv Fur Klinische Und Experimentelle Ophthalmologie, 244(7), 891-892. doi:10.1007/s00417-005-0161-x.

Retour à la référence de la note de bas de page 11

Note de bas de page 12

Disinfection and Sterilization. (1993). Laboratory Biosafety Manual (2nd ed., pp. 60-70). Geneva: WHO.

Retour à la référence de la note de bas de page 12

Note de bas de page 13

Joslyn, L. J. (2000). Sterilization by Heat. In S. S. Block (Ed.), Disinfection, Sterilization, and Preservation (5th ed., pp. 695-728). Philadelphia, USA: Lippincott Williams & Wilkins.

Retour à la référence de la note de bas de page 13

Note de bas de page 14

Public Health Agency of Canada. (2004). In Best M., Graham M. L., Leitner R., Ouellette M. and Ugwu K. (Eds.), Laboratory Biosafety Guidelines (3rd ed.). Canada: Public Health Agency of Canada.

Retour à la référence de la note de bas de page 14

Détails de la page

Date de modification :