Fiche Technique Santé-Sécurité : Agents Pathogènes – Herpesvirus 1 cercopithécine (CHV-1)

Fiche technique santé-sécurité : agents pathogènes

Section I – Agent infectieux

Nom : Herpesvirus 1 cercopithécine (CHV-1)

Synonyme ou renvoi : Virus Herpes simiae, Herpesvirus simiae, virus B, virus de l’herpès B, herpès B, virus simien B, virus W, infection à herpès simien, infection à herpesvirus simien B et infection par le virus B (1-12).

Caractéristiques : Le CHV-1 appartient à la sous-famille des Alphaherpesvirinae et au genre Simplexvirus, et est étroitement apparenté au virus herpès simplex de types 1 et 2 (3, 10). Le CHV-1 est le seul herpèsvirus simien qui s’est révélé infectieux pour l’humain (2, 3, 7, 10).

Le CHV-1 est un virion icosipentaédrique enveloppé à génome d’ADN bicaténaire mesurant environ 160 à 180 nm de diamètre (2, 3).

Section II – Détermination du risque

Pathogénicité et toxicité : Après une courte période d’incubation, une éruption vésiculaire localisée apparaît à proximité du point d’inoculation; elle est accompagnée de fièvre, de myalgie, de maux de tête ou de nausées (6, 7). L’éruption vésiculaire est semblable sur le plan clinique et pathologique à celle causée par le virus herpes simplex (6, 7). Trois à sept jours plus tard, des symptômes neurologiques apparaissent, notamment les suivants : méningisme, nausées, vomissements, maux de tête persistants, confusion, diplopie, dysphagie, étourdissements, dysarthrie, paralysie des nerfs crâniens, ataxie (6).

L’atteinte du système nerveux central par le virus est très inquiétante, car la plupart des patients meurent même s’ils reçoivent un traitement antiviral et un traitement de soutien. Le décès est souvent attribué à une insuffisance respiratoire associée à une paralysie ascendante (3).

Le taux de mortalité est supérieur à 70 % chez les sujets non traités, et les séquelles neurologiques sont fréquentes chez les personnes qui survivent (3, 4, 7, 10).

Épidémiologie : L’infection humaine par le CHV-1 est rare. Environ 40 à 50 cas ont été signalés à l’échelle mondiale (3, 5, 6, 10). Le premier cas d’infection humaine par le CHV-1 a été déclaré, en 1932, par un chercheur de laboratoire qui avait été mordu au doigt par un macaque rhésus apparemment en bonne santé et qui est mort d’une encéphalomyélite progressive 15 jours plus tard (3, 9, 11).

Gamme d’hôtes : Humains et singes du genre Macaca, y compris le macaque brun (M. artoides), le macaque à queue de cochon (M. nemestrina), le macaque japonais (M. fuscata), le macaque à bonnet (M. radiate) et le macaque de Taïwan (M. cyclopis) (1-3, 7-12).

Les hôtes expérimentaux comprennent le lapin, le chien, la souris et le cobaye (2).

Dose infectieuse : Inconnue.

Mode de transmission : Les humains contractent l’infection la plupart du temps par des morsures de singe, mais la transmission du virus est également survenue à la suite de l’inoculation directe dans un œil ou les voies respiratoires de liquides organiques de singes infectés par le CHV-1 (1, 2, 5-7, 10). La contamination directe d’une lésion préexistante par la salive d’un singe infecté par le CHV-1 est un mode de transmission moins fréquent (2). L’infection survient également chez l’humain par contact indirect, comme une blessure occasionnée par un vecteur passif contaminé (p. ex. piqûre accidentelle avec des aiguilles, coupure causée par un flacon de culture de tissus brisé contenant les cellules d’un singe infecté ou égratignure causée par un contact avec une cage) (2, 3).

Période d’incubation : L’intervalle signalé est de 2 jours à 5 semaines, bien que, dans la plupart des cas, l’intervalle soit de 5 à 21 jours (3, 6, 7).

Transmissibilité : On a documenté un seul cas de transmission de personne à personne à la suite d’un contact direct avec des lésions vésiculaires (1-3, 5, 7, 10).

Section III - Dissémination

Réservoir : Le macaque rhésus (Mmulatta) et le macaque à longue queue (Mfascicularis) sont les principaux réservoirs naturels (1, 3, 5).

Zoonose : Oui, par contact direct ou indirect avec des liquides organiques de singes infectés par le CHV-1 (1, 3, 5, 7, 10).

Vecteurs : Aucun.

Section IV - viabilité et stabilité

Sensibilité aux médicaments : Le CHV-1 est sensible aux antiviraux tels l’acyclovir, le valacyclovir et le famciclovir (6).

Sensibilité aux désinfectants Le CHV-1 est sensible à une solution fraîche d’hypochlorite à 0,25 %, au povidone-iode et à la chlorhexidine (4, 6).

Inactivation physique Comme c’est le cas de tous les autres virus enveloppés, le CHV-1 peut probablement être inactivé par une exposition aux rayons ultraviolets et à la chaleur (56 °C pendant au moins 30 minutes) (2).

Survie à l'extérieur de l'hôte : On a montré que la conservation du CHV-1 dans un milieu de culture tissulaire (pH 7,2, 4 °C) entraînait une légère perte de viabilité du virus après 8 semaines (12). Après un cycle de congélation à -20 °C ou à -72 °C, on a constaté une perte d’infectiosité initiale de l’ordre de 2 logarithmes dans les échantillons conservés dans un milieu de culture tissulaire (12). Le CHV-1 n’est plus infectieux après avoir été conservé dans un milieu de culture tissulaire à 40 °C pendant 2 semaines (12).

Section V - Premiers soins et aspects médicaux

Surveillance : Les méthodes de détection du CHV-1 dans les cas soupçonnés d’infection comprennent la culture de l’agent obtenu à partir d’échantillons prélevés par écouvillonnage, d’échantillons de liquide céphalorachidien et d’échantillons de matériel prélevé par biopsie à l’emporte-pièce aux points possibles d’infection (morsures et égratignures); la réaction en chaîne de la polymérase (PCR); le test ELISA; le transfert Western; et la méthode PCR‑hybridation sur microplaque (1, 2, 6, 8). En raison d’une forte réactivité croisée avec le virus herpès simplex de types 1 et 2, les analyses du sérum humain présentent un intérêt diagnostique limité (13). L’imagerie par résonance magnétique, la tomodensitométrie et l’électroencéphalogramme du cerveau peuvent être utilisés pour détecter les signes neurologiques de l’infection par le CHV‑1 (6).

Remarque : Les méthodes de diagnostic ne sont pas nécessairement toutes disponibles dans tous les pays.

Premiers soins et traitement : Toutes les morsures et les égratignures doivent être immédiatement nettoyées avec un savon ou un détergent pendant au moins 20 minutes, tandis que les yeux et les membranes doivent être rincés abondamment avec une solution salée stérile (1, 3, 4, 7). Après avoir lavé la plaie avec un savon ou un détergent, il est recommandé de la nettoyer aussi avec une solution à base de povidone-iode ou de chlorhexidine (4, 6). Le temps passé à frotter ou à tremper la plaie (15 à 20 minutes) est beaucoup plus important pour limiter ou prévenir la transmission que le type de solution utilisée (4). Un traitement antiviral doit être administré si l’on croit que le sujet présente un risque d’infection (3, 4, 6).

Immunisation : Aucune.

Prophylaxie : Oui. Administration d’antiviraux aux sujets qui manipulent des tissus nerveux infectés et que l’on soupçonne de présenter un risque élevé d’infection à la suite d’une morsure, d’une lacération ou d’une lésion punctiforme (4, 6). La prophylaxie doit commencer dès que possible après l’exposition (dans les heures qui suivent), mais seulement après que la plaie a été nettoyée (6). Trois agents oraux sont actuellement offerts pour la prophylaxie postexposition contre le CHV-1 : l’acyclovir, le valacyclovir et le famciclovir. Le médicament de choix est le valacyclovir (6).

Section VI - Dangers pour le personnel de laboratoire

Infections contractées au laboratoire : Presque toutes les infections connues par le CHV-1 ont été contractées en laboratoire. Parmi les quelque 40 à 50 cas déclarés à l’échelle mondiale, seulement 26 ont été bien documentés (6). De ces 26 cas d’infection, la plupart découlent d’une morsure par un singe infecté par le CHV-1 (6).

Sources et échantillons : Sang, salive, liquide conjonctival ou sécrétions urogénitales de macaques infectés (4-6). Les tissus du système nerveux central et le liquide céphalorachidien de singes sont également potentiellement infectieux (6).

Dangers primaires : Morsures ou égratignures par des singes infectés par le CHV-1, exposition d’une plaie ou des muqueuses à des sécrétions de singes infectés et piqûres avec des aiguilles ou blessures causées par des objets tranchants durant la manipulation d’échantillons infectés (2, 5-7, 10).

Dangers particuliers : Les échantillons de culture cellulaire et d’autopsie prélevés sur des singes infectés peuvent présenter un risque potentiel (2). L’exposition au virus dans les aérosols naturels présents dans l’environnement des singes est un risque possible, mais on considère qu’il s’agit d’un risque inconnu ou faible (4).

Section VII - Contrôle de l'exposition et protection personnelle

Classification par groupe de risque : Groupe de risque 4 (14).

Exigences de confinement : Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 4 pour le travail avec des matières, cultures ou animaux infectieux ou potentiellement infectieux.

Vêtements de protection : Avant d’entrer dans le laboratoire, le personnel doit enlever sa tenue de ville, de même que ses sous‑vêtements et bijoux, pour ensuite mettre des vêtements et des chaussures réservés aux travaux en laboratoire, ou mettre un vêtement protecteur complet (c’est‑à‑dire qui couvre entièrement la tenue de ville). Une protection supplémentaire doit être portée par‑dessus les vêtements de laboratoire lors de la manipulation directe de substances infectieuses, comme une blouse ne s'ouvrant pas à l'avant avec poignets serrés, des gants et une protection respiratoire. Une protection des yeux doit être utilisée lorsqu’il y a un risque connu ou potentiel d’éclaboussure (15).

Autres précautions : Toutes les activités avec des matières infectieuses doivent s’effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB), avec une combinaison à pression positive, ou dans une ESB de classe III. La centrifugation des matières infectées doit s’effectuer dans des enceintes scellées placées dans des réservoirs hermétiques ou des rotors qui sont remplis et vidés dans une ESB. L’intégrité des combinaisons à pression positive doit être régulièrement examinée pour en déceler les fuites. L’utilisation d’aiguilles, de seringues et d’autres objets tranchants devrait être strictement restreinte. Les plaies ouvertes, les coupures et les éraflures doivent être couvertes avec des pansements imperméables. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelle (15).

Section VIII - Manutention et entreposage

Déversements : Laisser les aérosols se poser et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie‑tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyer (15).

Élimination : Décontaminer tout le matériel à éliminer du laboratoire de confinement par stérilisation à la vapeur, désinfection chimique, incinération ou traitement gazeux. Sont considérés comme du matériel contaminé à la fois les déchets liquides et les déchets solides (15).

Entreposage : Dans des contenants étanches et scellés étiquetés de manière appropriée et placés dans un endroit verrouillé dans un laboratoire de niveau de sécurité 4 (15).

Section IX – Renseignements sur la réglementation et autres

Information sur la réglementation : L’importation, le transport et l’utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l’Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l’Agence canadienne d’inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.

Dernière mise à jour : Août 2010

Préparée par : Direction de la règlementation des agents pathogènes, agence de la santé publique du Canada.

Bien que les renseignements, opinions et recommandations présentés dans cette Fiche de renseignements proviennent de sources que nous jugeons fiables, nous ne nous rendons pas responsables de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l’utilisation de ces renseignements. Comme on découvre fréquemment de nouveaux dangers, il est possible que ces renseignements ne soient pas tout à fait à jour.

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© Agence de la santé publique du Canada, 2010

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Références :

  1. Acha, P. N., & Szyfres, B. (2003). Zoonoses and Communicable Diseases Common to Man and Animals (3rd ed., ). Washington, D.C.: Pan American Health Organization.
  2. Weigler, B. J. (1992). Biology of B virus in macaque and human hosts: A review. Clinical Infectious Diseases, 14(2), 555-567.
  3. Huff, J. L., & Barry, P. A. (2003). B-virus (Cercopithecine herpesvirus 1) infection in humans and macaques: Potential for zoonotic disease. Emerging Infectious Diseases, 9(2), 246-250.
  4. Holmes, G. P., Chapman, L. E., Stewart, J. A., Straus, S. E., Hilliard, J. K., Davenport, D. S., Kalter, S. S., Brown, D., Adams, S. R., Anderson, D. C., Balk, M., Broderson, J. R., Brown, B., Brown, N. A., Dillehay, D., Else, J., Freeman, D., Freifeld, A., & Heberling, R. L. (1995). Guidelines for the prevention and treatment of B-virus infections in exposed persons. Clinical Infectious Diseases, 20(2), 421-439.
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