Fiche Technique Santé-Sécurité : Agents Pathogènes – Neisseria gonorrhoeae

FICHE TECHNIQUE SANTÉ-SÉCURITÉ: AGENTS PATHOGÈNES

SECTION I – AGENT INFECTIEUX

NOM: Neisseria gonorrhoeae

SYNONYME OU RENVOI: Gonocoques, gonorrhéeNote de bas de page 1.

CARACTÉRISTIQUES: Neisseria gonorrhoeae appartient au genre Neisseria de la famille des NeisseriaceaeNote de bas de page 2. Il s’agit d’une bactérie Gram négatif, non sporulée, non mobile, encapsulée et non acido-résistante, qui a la forme d’un haricot sous le microscopeNote de bas de page 1. Pour croître, elle a besoin d’un milieu aérobie auquel du CO2 a été ajouté et d’un milieu enrichi comme la gélose chocolat. Elle est oxydase positive et produit des β-lactamasesNote de bas de page 1, Note de bas de page 3. Après 18 à 24 heures d’incubation, elle produit de petites colonies lisses et non pigmentées. Il existe 70 souches de N. gonorrhoeaeNote de bas de page 3.

SECTION II – DÉTERMINATION DU RISQUE

PATHOGÉNICITÉ ET TOXICITÉ:L’infection à Neisseria gonorrhoeae est associée à un large éventail de manifestations cliniquesNote de bas de page 1, Note de bas de page 2.

Gonorrhée génitale: Chez les hommes, N. gonorrhoeae est principalement à l’origine de l’urétrite, qui se caractérise par un écoulement purulent urétral/pénien et une dysurieNote de bas de page 1-Note de bas de page 3. Rarement, l’infection locale peut se propager à d’autres sites anatomiques et causer une épididymite, une prostatite ou une lymphangite pénienneNote de bas de page 1-Note de bas de page 3. Les patients atteints d’une épididymite présentent un œdème scrotal et des douleurs scrotales, inguinales et au flancNote de bas de page 3. Chez les femmes, la cervicite (infection de l’endocervix) est la principale infection causée par N. gonorrhoeae; elle se caractérise par un écoulement vaginal accru, une dysurie, des douleurs abdominales et des anomalies menstruellesNote de bas de page 1-Note de bas de page 3. De 70 à 90 % des femmes peuvent également présenter une infection urétrale concomitanteNote de bas de page 2. Certaines personnes peuvent être infectées sans toutefois présenter de symptômesNote de bas de page 2.

Autres infections locales : N. gonorrhoeae peut également causer une infection pharyngienne (pharyngite) et une infection ano-rectale (rectite), tant chez les hommes que chez les femmesNote de bas de page 1-Note de bas de page 3. Les patients atteints de pharyngite ont un mal de gorge, font de la fièvre et présentent une lymphadénopathie cervicale, tandis que ceux qui sont atteints de rectite présentent un écoulement anal, des saignements rectaux, des douleurs ano-rectales, un ténesme et une constipationNote de bas de page 3.

Atteinte inflammatoire pelvienne (AIP): L’atteinte inflammatoire pelvienne se définit comme une inflammation des voies génitales féminines supérieures, plus précisément de l’endomètre (endométrite), des trompes de Fallope (salpingite) et des ovaires, de même que de la région voisine du péritoine, et elle survient chez 10 à 40 % des jeunes femmes aux prises avec une infection gonococciqueNote de bas de page 1-Note de bas de page 4.Les principaux symptômes de la maladie sont de la fièvre, des douleurs dans le bas-ventre, une sensibilité des annexes, une sensibilité à la mobilisation du col et une leucocytoseNote de bas de page 1, Note de bas de page 3. Les complications les plus graves de la maladie sont des problèmes touchant les voies reproductives, comme un abcès tubo-ovarien, le syndrome de Fitz-Hugh-Curtis (périhépatite) et une grossesse extra-utérineNote de bas de page 1, Note de bas de page 3.

Infections disséminées: Des infections gonococciques disséminées se produisent en raison de la propagation de la bactérieNote de bas de page 1-Note de bas de page 3. Les patients atteints d’une infection disséminée peuvent présenter une dermatite, de l’arthrite et, rarement, une méningite ou une endocardite.

Infections chez les nouveau-nés: Les infections gonococciques pouvant toucher les nouveau-nés comprennent la conjonctivite gonococcique du nouveau-né, l’abcès du cuir chevelu et des infections disséminées telles que l’arthrite septique et la méningiteNote de bas de page 3, Note de bas de page 5. La conjonctivite gonococcique du nouveau-né est habituellement une légère infection de la conjonctive, caractérisée par un écoulement oculaire muco-purulentNote de bas de page 5.

ÉPIDÉMIOLOGIE: Présente partout dans le monde. Selon l’Organisation mondiale de la santé, il y aurait chaque année 62 millions de cas de gonorrhée dans le mondeNote de bas de page 6. La majorité des cas surviennent dans les pays en développement. Les infections gonococciques sont au deuxième rang des maladies bactériennes à déclaration obligatoire aux États-UnisNote de bas de page 3. Le taux national d’infection gonococcique aurait été de 115,6 cas pour 100 000 personnes en 2005, aux États-Unis, les taux les plus élevés étant observés chez les Afro-Américains et dans les régions rurales du Sud-Est des États-Unis. L’incidence des infections gonococciques est le plus élevée chez les jeunes, 40 % des infections survenant chez les jeunes filles de 15 à 19 ans. Au Canada, on a signalé 12 723 cas de gonorrhée en 2008Note de bas de page 7.

GAMME D’HÔTES: Il s’agit d’un agent pathogène humain strict sans autre hôte connuNote de bas de page 8.

DOSE INFECTIEUSE: Inconnue.

MODE DE TRANSMISSION: La gonorrhée est transmise sexuellementNote de bas de page 1, Note de bas de page 8. La conjonctivite gonococcique du nouveau-né est acquise par suite de la contamination de l’œil pendant l’accouchement par voie vaginaleNote de bas de page 2. La transmission par des fomites a été mise en cause dans des cas de vulvo-vaginite purulente chez de jeunes filles prépubairesNote de bas de page 1.

PÉRIODE D’INCUBATION: De 2 à 7 jours chez les hommes et de 8 à 10 jours chez les femmesNote de bas de page 2, Note de bas de page 3; de 2 à 5 jours dans les cas de conjonctivite gonococcique du nouveau-néNote de bas de page 5.

TRANSMISSIBILITÉ: La gonorrhée est transmise sexuellement (échange de liquides corporels)Note de bas de page 3.

SECTION III – DISSÉMINATION

RÉSERVOIR: HumainsNote de bas de page 1.

ZOONOSE Aucune.

VECTEUR: Aucun.

SECTION IV - VIABILITÉ ET STABILITÉ

SENSIBILITÉ AUX MÉDICAMENTS/RéSISTANCE: Sensible aux céphalosporines de troisième génération et à la spectinomycineNote de bas de page 3, Note de bas de page 5. N. gonorrhoeae résiste souvent à la pénicilline et à la tétracyclineNote de bas de page 2, Note de bas de page 9. Au Canada, environ 12 % de l’ensemble des souches testées entre 2000 et 2008 se sont avérées résistantes aux quinolones, comme la ciprofloxacine et l’ofloxacineNote de bas de page 5, Note de bas de page 9. On a fait état de souches résistantes à l’azithromycine et à l’érythromycine aux États-UnisNote de bas de page 5 et au Canada. On a fait état de souches de N. gonorrhoeae résistantes aux céphalosporines orales de troisième génération (céfixime et ceftibutène)Note de bas de page 10. Aucune résistance à la ceftriaxone injectable n’a été signalée.

SENSIBILITÉ AUX DÉSINFECTANTS: N. gonorrhoeae est sensible à la plupart des désinfectantsNote de bas de page 11. Les désinfectants utilisés contre la plupart des bactéries végétatives comprennent l’hypochlorite de sodium à 1 %, l’éthanol à 70 %, les désinfectants phénoliques, le glutaraldéhyde à 2 %, le formaldéhyde et l’acide peracétiqueNote de bas de page 12.

INACTIVATION PHYSIQUE: N. gonorrhoeae est sensible à la dessiccationNote de bas de page 11. La plupart des bactéries végétatives peuvent également être inactivées par la chaleur humide (121 °C pendant 15 à 30 minutes) et par la chaleur sèche (160 à 170 °C pendant 1 à 2 heures)Note de bas de page 13.

SURVIE À L’EXTÉRIEUR DE L’HÔTE: Les gonocoques ont survécu brièvement sur un siège de toiletteNote de bas de page 1, pendant une période allant jusqu’à 2 heuresNote de bas de page 14. Les gonocoques ont également survécu pendant 3 heures sur du papier hygiénique, pendant 17 heures sur des lames de microscope et pendant 24 heures sur des serviettesNote de bas de page 14. La transmission par des fomites est rare.

SECTION V - PREMIERS SOINS ET ASPECTS MÉDICAUX

SURVEILLANCE: Rechercher les symptômes. La mise en culture des prélèvements d’écoulements peut se faire sur une gélose chocolat ou sur un milieu de Thayer-MatinNote de bas de page 1-Note de bas de page 3, Note de bas de page 6, Note de bas de page 15, Note de bas de page 16. Parmi d’autres méthodes, mentionnons la réaction en chaîne de la polymérase (PCR), pour détecter l’ADN bactérien dans des échantillons d’urine ou des échantillons prélevés au niveau de l’endocervix ou de l’urètreNote de bas de page 1, Note de bas de page 3, Note de bas de page 5, Note de bas de page 6, Note de bas de page 8, l’examen direct d’échantillons au moyen de la coloration de GramNote de bas de page 3, et des tests sérologiques, y compris les épreuves de dosage immunoenzymatique (ELISA) ou les épreuves d’immunofluorescence directeNote de bas de page 6, Note de bas de page 15.

Remarque: Les méthodes de diagnostic ne sont pas nécessairement toutes disponibles dans tous les pays.

PREMIERS SOINS ET TRAITEMENT: Bien que le traitement des infections gonococciques dépende du site anatomique et du type d’infection, la plupart des infections sont traitées au moyen de céphalosporines de troisième génération, comme la ceftriaxone ou le céfiximeNote de bas de page 3, Note de bas de page 5, Note de bas de page 17. Les autres médicaments qui peuvent être utilisés pour traiter les infections gonococciques comprennent la spectinomycine et l’azithromycineNote de bas de page 3. En raison du phénomène de résistance aux antimicrobiens, il n’est pas recommandé d’administrer de la pénicilline comme traitement. Les fluoroquinolones ne devraient pas être utilisées dans les régions où les gonocoques présentent un taux de résistance à la quinolone supérieur à 3 à 5 %.

IMMUNISATION: Aucune.

PROPHYLAXIE: Chez les nouveau-nés, le traitement prophylactique utilisé pour la conjonctivite gonococcique est une solution d’AgNO3 à 1 %, un onguent de tétracycline à 1 % ou un onguent ophtalmique d’érythromycine à 0,5 %, instillé dans les yeux de chaque nouveau-né dans l’heure suivant sa naissanceNote de bas de page 5.

SECTION VI - DANGERS POUR LE PERSONNEL DE LABORATOIRE

INFECTIONS CONTRACTÉES AU LABORATOIRE: Cinq cas d’infection contractée en laboratoire ont été signalésNote de bas de page 18: un cas d’infection cutanée et quatre cas de conjonctivite gonococcique.

SOURCES ET ÉCHANTILLONS: Conjonctive, sang, liquide articulaire, endocervix, urètre, lésions cutanées, endomètre, trompes de Fallope, rectum, pharynxNote de bas de page 2.

DANGERS PRIMAIRES: Inoculation parentérale accidentelle et contact direct ou indirect des muqueuses avec des matières infectieusesNote de bas de page 19.

DANGERS PARTICULIERS: Aucun.

SECTION VII - CONTRÔLE DE L’EXPOSITION ET PROTECTION PERSONNELLE

CLASSIFICATION DU GROUPE DE RISQUE: Groupe de risque 2 Note de bas de page 20.

EXIGENCES DE CONFINEMENT: Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 2 pour le travail avec des matières, cultures ou animaux infectieux ou potentiellement infectieux.

VÊTEMENTS DE PROTECTION : Sarrau. Gants, lorsqu’un contact direct de la peau avec des matières infectées ou des animaux est inévitable. Une protection pour les yeux doit être utilisée lorsqu’il y a un risque connu ou potentiel d’éclaboussure Note de bas de page 21.

AUTRES PRÉCAUTIONS : Toutes les procédures pouvant produire des aérosols ou mettant en cause des concentrations ou des quantités élevées doivent s’effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB). L’utilisation d’aiguilles, de seringues et d’autres objets tranchants doit être strictement restreinte. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelle Note de bas de page 21.

SECTION VIII - MANUTENTION ET ENTREPOSAGE

DÉVERSEMENTS: Laisser les aérosols se déposer et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie-tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyer.

ÉLIMINATION: Avant la mise au rebut, décontaminer tous les déchets qui contiennent ou ont été en contact avec l’organisme infectieux par autoclavage, désinfection chimique, exposition aux rayons gamma ou incinération.

ENTREPOSAGE: L’agent infectieux doit être entreposé dans des contenants étanches étiquetés de façon appropriée.

SECTION IX - RENSEIGNEMENTS SUR LA RÉGLEMENTATION ET AUTRES

INFORMATION SUR LA RÉGLEMENTATION: L’importation, le transport et l’utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l’Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l’Agence canadienne d’inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.

DERNIÈRE MISE À JOUR: Septembre 2011

PRÉPARÉE PAR: Direction de la règlementation des agents pathogènes, agence de la santé publique du Canada.

Bien que les renseignements, opinions et recommandations présentés dans cette Fiche de renseignements proviennent de sources que nous jugeons fiables, nous ne nous rendons pas responsables de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l’utilisation de ces renseignements. Comme on découvre fréquemment de nouveaux dangers, il est possible que ces renseignements ne soient pas tout à fait à jour.

Tous droits réservés

© Agence de la santé publique du Canada, 2011

Canada

RÉFÉRENCES:

Détails de la page

Date de modification :