Fiche Technique Santé-Sécurité : Agents Pathogènes – Taenia saginata

FICHE TECHNIQUE SANTÉ-SÉCURITÉ : AGENTS PATHOGÈNES

SECTION I - AGENT INFECTIEUX

NOM : Tænia saginata

SYNONYME OU RENVOI : Ténia du bœuf Note de bas de page 1, Note de bas de page 2, cysticercose Note de bas de page 1, taeniasis du bœuf Note de bas de page 3, Cysticercus bovis Note de bas de page 3.

CARACTÉRISTIQUES : Tænia saginata est un ver solitaire de la classe des Cestoda, de l’ordre des Cyclophyllidea et de la famille des Tæniidae Note de bas de page 1, Note de bas de page 2.

Ver adulte : Les vers matures, présents seulement chez les humains, mesurent de 4 à 8 mètres de longueur et possèdent entre 1 000 et 2 000 proglottis (segments). Le scolex est muni de 4 ventouses et le rostre est dépourvu de crochets. Les proglottis gravides mesurent 18 à 20 mm sur 5 à 7 mm et portent un pore génital. Les proglottis matures ont deux ovaires lobés et deux sphincters vaginaux. Ils se détachent du ver et migrent activement hors de l’anus de l’hôte.

Cysticerque : La forme larvaire de T. saginata est aussi appelée Cysticercus bovis Note de bas de page 3. Les cysticerques sont des scolex sans crochet contenus dans des vésicules remplies de liquide. Présents dans les tissus de l’hôte intermédiaire, ils mesurent 4 à 6 mm sur 7 à 10 mm et ressemblent à des perles.

Œuf : Les œufs sont présents dans les fèces des hôtes infectés. Ils sont de forme sphérique et leur diamètre varie entre 30 et 40 μm. Ils sont constitués d’un embryon pourvu de six crochets (oncosphère), qui est entouré d’une mince coque présentant des stries radiaires de couleur brun‑jaune.

SECTION II - DÉTERMINATION DU RISQUE

PATHOGÉNICITÉ ET TOXICITÉ : Tænia saginata peut vivre jusqu’à 30 à 40 ans dans l’intestin grêle de l’homme Note de bas de page 3. La plupart des humains qui hébergent un ver solitaire sont asymptomatiquesNote de bas de page 1 Note de bas de page 3-6. Les proglottis peuvent être éliminés de façon intermittente dans les selles (T. solium) ou être éliminés spontanément (T. saginata); les patients peuvent soit observer le segment dans la cuvette des toilettes ou sentir le mouvement spontané des proglottis à travers l’anus. Des symptômes gastro-intestinaux associés non spécifiques, notamment des nausées, de l’anorexie ou des douleurs épigastriques sont possibles. De l’anxiété, des céphalées, des étourdissements et de l’urticaire peuvent également se manifester.

Les symptômes sont rares, mais peuvent comprendre : une obstruction, de la diarrhée, des douleurs abdominales, une perte de poids et une gêne.

ÉPIDÉMIOLOGIE : Partout dans le monde Note de bas de page 1, Note de bas de page 3, Note de bas de page 7-Note de bas de page 9. La prévalence est plus importante en Afrique subsharienne Note de bas de page 8, en Amérique centrale et en Amérique du Sud, en Asie et dans certains pays d’Europe Note de bas de page 2. Cette prévalence élevée est associée à l’habitude de consommer de la viande de bœuf crue ou insuffisamment cuite Note de bas de page 8. En Éthiopie, entre 2,2 et 3,2 % des bovins sont infectés par T. saginata au stade larvaire, bien que les taux d’infection déclarés chez les humains varient énormément.

GAMME D'HÔTES : L’humain est l’hôte définitif Note de bas de page 1, Note de bas de page 2, Note de bas de page 8, Note de bas de page 10, Note de bas de page 11. Les bovins sont les hôtes intermédiaires les plus habituels. Sont également des hôtes le caribou, le lama, l’antilope, le gnou, la girafe, le lémur, la gazelle, le chameau et le mouton Note de bas de page 12.

DOSE INFECTIEUSE : Inconnue.

MODE DE TRANSMISSION : L’hôte intermédiaire contracte T. saginata en ingérant les œufs Note de bas de page 2, Note de bas de page 11, qui se transforment en cysticerques infectieux dans les tissus de celui-ci. L’humain contracte T. saginata en ingérant les cysticerques provenant de la chair infectée du bœuf cru ou insuffisamment cuite.

PÉRIODE D'INCUBATION : Après l’ingestion de viande contaminée par l’hôte, le ver solitaire met deux ou trois mois à se développer Note de bas de page 2. La transformation de l’œuf en cysticerque infectieux dans l’hôte intermédiaire survient en trois mois Note de bas de page 3.

TRANSMISSIBILITÉ : Les œufs qui se détachent de l’hôte humain ne sont pas infectieux pour les humains Note de bas de page 1. Ils le sont pour les hôtes intermédiaires, qui développent les cysticerques infectieux Note de bas de page 1, Note de bas de page 2, Note de bas de page 11. La cysticercose humaine (neurocysticercose) est causée par T. solium, et non T. saginata, par ingestion d’œufs de T. solium Note de bas de page 4.

SECTION III - DISSÉMINATION

RÉSERVOIR : L’humain et les bovins Note de bas de page 1, Note de bas de page 2. D’autres animaux peuvent également servir de réservoir, notamment le caribou, le lama, l’antilope, le gnou, la girafe, le lémur, la gazelle, le chameau et le mouton Note de bas de page 12.

ZOONOSE : L’infection à Tænia saginata est une « vraie zoonose » dont l’homme est l’hôte définitif obligatoire, qui transmet l’infection à un hôte intermédiaire bovin. L’humain contracte le ver solitaire du bœuf par ingestion de la viande crue ou insuffisamment cuite de l’hôte intermédiaire infecté Note de bas de page 1-Note de bas de page 3, Note de bas de page 11, Note de bas de page 13. Les bovins sont la source la plus fréquente.

VECTEURS : Aucun. Les mouches de la diphtérie peuvent être responsables de la dispersion des œufs dans l’environnement Note de bas de page 14.

SECTION IV - VIABILITÉ ET STABILITÉ

SENSIBILITÉ AUX MÉDICAMENTS : T. saginata est sensible au praziquantel et au niclosamide Note de bas de page 1-Note de bas de page 3.

SENSIBILITÉ AUX DÉSINFECTANTS : Sensible à l’hypochlorite de sodium à 1 % Note de bas de page 15 et au glutaraldéhyde à 2 % Note de bas de page 16.

INACTIVATION PHYSIQUE : La cuisson (à 60 ºC) ou la congélation (-10 ºC pendant au moins 10 jours) de la viande inactivera les cysticerques Note de bas de page 11. Les œufs sont entièrement inactivés à 55 ºC après quelques heures dans des conditions aérobies Note de bas de page 17.

SURVIE À L'EXTÉRIEUR DE L'HÔTE : Les œufs peuvent survivre entre 5 mois et demi et 9 mois et demi dans le sol et pendant une période non déclarée dans les eaux usées traitées Note de bas de page 8. Ils peuvent survivre pendant l’hiver dans les pâturages ainsi que dans les eaux douce, salée et saumâtre Note de bas de page 11. Les cysticerques peuvent demeurer viables pendant 639 jours dans les tissus infectés de l’hôte intermédiaire Note de bas de page 18.

SECTION V - PREMIERS SOINS ET ASPECTS MÉDICAUX

SURVEILLANCE : Surveiller l’apparition des symptômes. Le diagnostic peur être posé par la recherche d’œufs dans les fèces et par l’observation de la migration active des proglottis gravides hors de l’anus Note de bas de page 1, Note de bas de page 2. L’identification se fait par l’examen des proglottis et est fondée sur la morphologie de l’utérus. On injecte de l’encre de Chine dans l’utérus pour permettre la visualisation des ramifications. D’autres méthodes d’identification sont utilisées, notamment la PCR de séquences d’ADN mitochondrial spécifiques de l’espèce, la détection de coproantigènes et l’analyse immuno-enzymatique pour la détection d’antigènes sériques Note de bas de page 19.

PREMIERS SOINS ET TRAITEMENT : L’infection à T. saginata peut être traitée par du praziquantel et du niclosamide; toutefois, ce dernier est un anthelminthique à spectre étroit, de faible absorption et il n’est plus offert sur le marché dans certains pays Note de bas de page 1-3Note de bas de page 10Note de bas de page 19Note de bas de page 20.

IMMUNISATION : Aucune immunisation pour les humains. Des vaccins expérimentaux contre l’infection chez les animaux d’élevage sont en cours de développement Note de bas de page 10.

PROPHYLAXIE : None.

SECTION VI - DANGERS POUR LE PERSONNEL DE LABORATOIRE

INFECTIONS CONTRACTÉES AU LABORATOIRE : Aucun cas signalé à ce jour.

SOURCES ET ÉCHANTILLONS : Les œufs sont présents dans les fèces, les eaux usées, les aliments pour animaux et l’eau Note de bas de page 11. Les cysticerques sont présents dans le muscle cardiaque et les muscles squelettiques des hôtes intermédiaires.

DANGERS PRIMAIRES : Ingestion de cysticerques infectieux Note de bas de page 1.

DANGERS PARTICULIERS : Les œufs sont semblables aux œufs infectieux de T. solium et de T. muliceps Note de bas de page 1. Durant le processus d’identification, la prudence est de mise jusqu’à la confirmation définitive de la présence de T. saginata non infectieux.

SECTION VII - CONTRÔLE DE L'EXPOSITION ET PROTECTION PERSONNELLE

CLASSIFICATION PAR GROUPE DE RISQUE : Groupe de risque 2 Note de bas de page 21.

EXIGENCES DE CONFINEMENT : Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 2 pour le travail avec des matières, cultures ou animaux infectieux ou potentiellement infectieux.

VÊTEMENTS DE PROTECTION : Sarrau. Gants, lorsqu’un contact direct de la peau avec des matières infectées ou des animaux est inévitable. Une protection pour les yeux doit être utilisée lorsqu’il y a un risque connu ou potentiel d’éclaboussure Note de bas de page 21.

AUTRES PRÉCAUTIONS : Tous les actes médicaux pouvant produire des aérosols ou mettant en cause des concentrations ou des quantités élevées doivent s’effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB) Note de bas de page 21. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelle. La cysticercose est une maladie à déclaration obligatoire en vertu du Règlement sur la santé des animaux Note de bas de page 22. Tous les cas doivent être signalés.

SECTION VIII - MANUTENTION ET ENTREPOSAGE

DÉVERSEMENTS : Laisser les aérosols se déposer et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie‑tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyer.

ÉLIMINATION : Décontaminer les matières à éliminer qui contiennent l’agent infectieux ou sont venues en contact avec celui‑ci par autoclavage, désinfection chimique, irradiation gamma ou incinération Note de bas de page 23.

ENTREPOSAGE : L’agent infectieux devrait être conservé dans des contenants étanches dûment étiquetés de façon appropriée Note de bas de page 23.

SECTION IX - RENSEIGNEMENTS SUR LA RÉGLEMENTATION ET AUTRES

INFORMATION SUR LA RÉGLEMENTATION : L’importation, le transport et l’utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l’Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l’Agence canadienne d’inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.

DERNIÈRE MISE À JOUR : Décembre 2011

PRÉPARÉE PAR : Direction de la règlementation des agents pathogènes, agence de la santé publique du Canada.

Bien que les renseignements, opinions et recommandations présentés dans cette Fiche de renseignements proviennent de sources que nous jugeons fiables, nous ne nous rendons pas responsables de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l’utilisation de ces renseignements. Comme on découvre fréquemment de nouveaux dangers, il est possible que ces renseignements ne soient pas tout à fait à jour.

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