Fiche Technique Santé-Sécurité : Agents Pathogènes – Serratia spp.

FICHE TECHNIQUE SANTÉ-SÉCURITÉ : AGENTS PATHOGÈNES

SECTION I - AGENT INFECTIEUX

NOM : Serratia spp.

SYNONYME OU RENVOI : Serratia, S. marcescens (Serratia biogroupe A, Serratia biotype 1), S. liquefaciens, S. entomophila, S. ficaria, S. fonticola, S. glossinae, S. grimesii, S. marcescens (S. marcescens ssp. marcescens et S. marcescens ssp. sakuensis) S. nematodiphila, S. odorifera, S. plymuthica, S. proteamaculans (S. proteamaculans ssp. proteamaculans, S. proteamaculans ssp. quinovora), S. rubidaea, S. ureilytica Note de bas de page 1, Note de bas de page 2.

CARACTÉRISTIQUES : Les espèces du genre Serratia sont des bactéries anaérobies facultatives, chimio‑organotrophiques, ayant de faibles besoins nutritionnels, qui appartiennent à la famille des Enterobacteriaceae Note de bas de page 3. Ce sont des bâtonnets Gram négatif qui mesurent 0,9 à 2 µm de longueur et 0,5 à 0,8 μm de diamètre Note de bas de page 2. Elles possèdent un flagelle péritriche qui leur permet de nager et de se déplacer en faisceau en forme d’hélice (avec différenciation) et elles sont omniprésentes dans le sol, l’eau et à la surface des plantes.

De nombreuses espèces produisent un pigment rouge à rose, appelé prodigiosine, qui est plus facile à observer dans un milieu dépourvu de phosphate incubé à 30 °C plutôt qu’à 37 °C Note de bas de page 3. On soupçonne que ce pigment possède des propriétés antibiotiques, des propriétés immunosuppressives, proapoptotiques et anticancéreuses puissantes, mais on ignore encore son rôle dans le cas de Serratia spp. Note de bas de page 2. S. marcescens produit un biofilm ayant des caractéristiques cellulaires et structurales distinctes de celles des biofilms standard produits par Pseudomonas aeruginosa et Escherichia coli. Cette dernière bactérie produit des biofilms qui consistent uniquement en microcolonies de cellules non différenciées. Les espèces du genre Serratia produisent également des β‑lactamases. Tous ces processus métaboliques sont contrôlés par « quorum sensing ». S. marcescens ssp. sakuensis est capable de produire des endospores, alors que d’autres membres du genre ne le sont pas Note de bas de page 4.

SECTION II - DÉTERMINATION DU RISQUE

PATHOGÉNICITÉ ET TOXICITÉ : Les espèces de Serratia sont des agents pathogènes opportunistes; elles font partie des dix principales causes de bactériémie en Amérique du NordNote de bas de page 5 . Elles sont à l’origine d’une multitude d’infections, dont la bactériémie, la pneumonie, les infections liées aux cathéters intraveineux, l’ostéomyélite, l’endocardite et, rarement, l’endophtalmie endogène et exogèneNote de bas de page 2 ,Note de bas de page 6 . Les symptômes d’endophtalmie apparaissent rapidement après l’infection et peuvent comprendre une fièvre, un érythème, une douleur oculaire, un œdème périorbitaire et un hypopyon (pus dans les yeux). Le taux de mortalité par bactériémie due à Serratia spp. 6 mois après l’infection s’élève à 37 %Note de bas de page 7 .

Les infections à Serratia chez le nouveau‑né sont fréquentes (11‑15 % dans l’unité de soins intensifs néonatals) et variées : infection sanguine (42 %), conjonctivite (26 %), pneumonie (13 %), infection urinaire (8 %), méningite (7 %) et infections des plaies opératoires Note de bas de page 8. D’autres infections ont été documentées chez les nourrissons (otite externe, entérocolite et omphalite, gastro‑entérite, arthrite septique et infection/abcès intrapéritonéaux), mais elles sont rares. Au nombre des facteurs de risque figurent le poids de naissance, l’usage d’un ventilateur mécanique et l’âge gestationnel (les bébés dont l’âge gestationnel est inférieur à 37 semaines courent un plus grand risque). Le taux de mortalité chez les nouveau‑nés est de 44 %.

ÉPIDÉMIOLOGIE : Distribution dans le monde entier Note de bas de page 3. Les biotypes, les sérotypes et les biogroupes peuvent être spécifiques à une région. Les infections sporadiques sont considérées comme endémiques. Une épidémie peut résulter d’un contact de plusieurs patients avec une source commune ou d’un contact entre patients. Le tractus intestinal des nouveau‑nés peut également être infecté. Les souches non pigmentées de S. marcescens risquent davantage de causer une infection que les souches pigmentées Note de bas de page 9.

Jusqu’à récemment, Serratia était considéré comme un pathogène surtout nosocomial Note de bas de page 7, Note de bas de page 10. En 2007, une étude effectuée dans la région sanitaire de Calgary (Canada) a montré que 65 % des infections par des espèces de Serratia étaient en fait d’origine communautaire. Selon cette étude, 10,8 pour 100 000 habitants sont porteurs du pathogène et 0,9 pour 100 000 personnes par année développent une bactériémie. Le taux d’isolement de Serratia est plus élevé chez les personnes de plus de 60 ans. Dans la population de moins de 60 ans, le taux d’isolement chez les hommes et les femmes diffère légèrement (65,9 pour 100 000 chez les hommes et 36,5 pour 100 000 chez les femmes). La différence dans le taux d’isolement est surtout observable dans le cas des infections hospitalières. L’incidence ne varie pas selon la saison ou l’année. Serratia marcescens a été détecté dans 92 % des isolats, S. liquefaciens dans 4 %, S. odorifera dans 1 % et S. rubidaea dans 1 %. D’autres espèces ont été isolées, notamment S. fonticola, S. plymuthica, de même que des souches de Serratia dont l’espèce n’a pas été définie (2 %). La bactériémie était habituellement due à S. marcescens (88 %) et à S. liquefaciens (7 %). S. odorifera (2 %) et des espèces non définies de Serratia ont également causé des bactériémies. Les hommes de plus de 60 ans étaient plus nombreux à développer une bactériémie.

GAMME D'HÔTES : Les différentes espèces du genre Serratia peuvent être hébergées par des plantes et des animaux (y compris les humains) Note de bas de page 3.

DOSE INFECTIEUSE : Inconnue.

MODE DE TRANSMISSION : Ingestion d’aliments contaminés et contact direct Note de bas de page 3. Une transmission nosocomiale peut survenir par contact manuporté entre le personnel hospitalier et d’autres patients. Les vecteurs passifs peuvent également propager Serratia.

PÉRIODE D'INCUBATION : Inconnue.

TRANSMISSIBILITÉ : Serratia peut être transmis directement d’une personne à l’autre, mais les taux de transmission ne sont pas connus Note de bas de page 3.

SECTION III - DISSÉMINATION

RÉSERVOIR : Le sol et les animaux (y compris les humains) sont considérés comme des réservoirs Note de bas de page 3.

ZOONOSE : Aucune Note de bas de page 3.

VECTEURS : Aucun Note de bas de page 3.

SECTION IV - VIABILITÉ ET STABILITÉ

SENSIBILITÉ AUX MÉDICAMENTS : Les espèces de Serratia sont habituellement sensibles aux aminosides, aux fluoroquinolones et au co‑trimazole Note de bas de page 7.

RÉSISTANCE AUX MÉDICAMENTS : De nombreux isolats de Serratia spp. (39‑73 %) sont résistants à la gentamicine Note de bas de page 7. Ils sont tous résistants aux pénicillines et à la céphalosporine.

SENSIBILITÉ AUX DÉSINFECTANTS : Les désinfectants phénoliques, l’hypochlorite de sodium à 1 %, l’éthanol à 70 %, le formaldéhyde, le glutaraldéhyde, l’iodophore, et l’acide peracétique sont efficaces contre Serratia spp. Note de bas de page 11.

INACTIVATION PHYSIQUE : Les espèces de Serratia sont inactivées par les rayons UV, les micro‑ondes, les rayons gamma, la chaleur humide (121 °C pendant au moins 20 min) et la chaleur sèche (165‑170 °C pendant 2 h) Note de bas de page 12-Note de bas de page 15.

SURVIE À L'EXTÉRIEUR DE L'HÔTE : S. marcescens peut survivre de 3 jours à 2 mois sur des surfaces inanimées sèches et durant 5 semaines sur un plancher sec Note de bas de page 16. Ce micro‑organisme peut survivre moins de 4 jours dans un sac de sang dans des conditions aérobies et pendant 20 jours dans des conditions semi‑anaérobies/anaérobies Note de bas de page 17. On a rapporté également qu’il avait survécu après contact avec un désinfectant pour lentilles cornéennes (contenant du chlorhexidine), avec de l’eau doublement distillée, du savon non médicamenteux pour les mains, mais on n’a pas fait état de la durée de survie dans ces cas Note de bas de page 18-Note de bas de page 20.

SECTION V - PREMIERS SOINS ET ASPECTS MÉDICAUX

SURVEILLANCE : Surveiller l’apparition de symptômes et isoler et sérotyper/biotyper la bactérie Note de bas de page 3.

PREMIERS SOINS ET TRAITEMENT : Administrer une antibiothérapie appropriée Note de bas de page 3.

IMMUNISATION : Aucune n’est actuellement offerte sur le marché.

PROPHYLAXIE : Aucune n’est actuellement offerte sur le marché.

SECTION VI - DANGERS POUR LE PERSONNEL DE LABORATOIRE

INFECTIONS CONTRACTÉES AU LABORATOIRE : Cinq infections en laboratoire par S. marcescens avaient été signalées en date de 1999 Note de bas de page 11.

SOURCES ET ÉCHANTILLONS : Les espèces de Serratia peuvent être présentes dans les fèces, les exsudats de plaies, les échantillons respiratoires, le sang, la culture de sécrétions oculaires et l’urine Note de bas de page 10.

DANGERS PRIMAIRES : Inoculation parentérale accidentelle, exposition muqueuse à des gouttelettes, aérosols infectieux et ingestion Note de bas de page 11.

DANGERS PARTICULIERS : Aucun.

SECTION VII - CONTRÔLE DE L'EXPOSITION ET PROTECTION PERSONNELLE

CLASSIFICATION PAR GROUPE DE RISQUE : Groupe de risque 2 Note de bas de page 21. Le groupe de risque correspond au genre dans son ensemble et peut ne pas s’appliquer à toutes les espèces du genre.

EXIGENCES DE CONFINEMENT : Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 2 pour le travail avec des matières, cultures ou animaux infectieux ou potentiellement infectieux.

VÊTEMENTS DE PROTECTION : Sarrau. Gants, lorsqu’un contact direct de la peau avec des matières infectées ou des animaux est inévitable. Une protection pour les yeux doit être utilisée lorsqu’il y a un risque connu ou potentiel d’éclaboussure Note de bas de page 22.

AUTRES PRÉCAUTIONS : Toutes les procédures pouvant produire des aérosols ou mettant en cause des concentrations ou des quantités élevées doivent s’effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB). L’utilisation d’aiguilles, de seringues et d’autres objets tranchants doit être strictement restreinte. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelle Note de bas de page 22.

SECTION VIII - MANUTENTION ET ENTREPOSAGE

DÉVERSEMENTS : Laisser les aérosols se déposer et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie‑tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyer.

ÉLIMINATION : Décontaminer toutes les matières à éliminer par stérilisation à la vapeur, incinération ou désinfection chimique.

ENTREPOSAGE : Les échantillons et le matériel biologique devraient être conservés dans des contenants scellés, étiquetés de façon appropriée.

SECTION IX - RENSEIGNEMENTS SUR LA RÉGLEMENTATION ET AUTRES

INFORMATION SUR LA RÉGLEMENTATION : L’importation, le transport et l’utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l’Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l’Agence canadienne d’inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.

DERNIÈRE MISE À JOUR : Décembre 2011

PRÉPARÉE PAR : Direction de la règlementation des agents pathogènes, agence de la santé publique du Canada.

Bien que les renseignements, opinions et recommandations présentés dans cette Fiche de renseignements proviennent de sources que nous jugeons fiables, nous ne nous rendons pas responsables de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l’utilisation de ces renseignements. Comme on découvre fréquemment de nouveaux dangers, il est possible que ces renseignements ne soient pas tout à fait à jour.

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