Fiche Technique Santé-Sécurité : Agents Pathogènes – Streptobacillus moniliformis

FICHE TECHNIQUE SANTÉ-SÉCURITÉ: AGENTS PATHOGÈNES

SECTION I – AGENT INFECTIEUX

NOM: Streptobacillus moniliformis

SYNONYME OU RENVOI : Streptobacillose, fièvre streptobacillaire, fièvre d’Haverhill, érythème arthritique épidémique et fièvre par morsure de rat(1-4), connue sous le nom de sodoku au Japon(4).

CARACTÉRISTIQUES: Il s’agit d’un bacille Gram négatif. S. moniliformis est un anaérobie facultatif à morphologie variable fréquemment regroupé en chaînes ou en filaments(5-9). Il mesure 0,1 à 0,5 µm de largeur par 2,0 à 5,0 µm de longueur, mais il peut parfois mesurer jusqu’à 10 à 15 µm de longueur(5, 6).

SECTION II – DÉTERMINATION DU RISQUE

PATHOGÉNICITÉ ET TOXICITÉ: S. moniliformis peut causer une infection générale d’apparition soudaine caractérisée par les symptômes suivants : fièvre (38 à 41 °C), maux de tête, nausées, vomissements, mal de gorge, arthralgie, myalgie(1, 5, 9). Deux à quatre jours après l’apparition de la maladie, une éruption maculopapulaire et une ulcération locale peuvent se former aux extrémités, lesquelles sont accompagnées d’une pneumonie interstitielle, d’une hyperplasie sinusale dans les ganglions lymphatiques, d’abcès métastatiques et d’une anémie(3, 5, 10). Les autres complications comprennent la vascularite systémique, l’hépatite et la néphrite(5). Les patients immunodéprimés peuvent présenter une péricardite, une endocardite, une myocardite, une méningite, une arthrite septique et des foyers d’abcès(10). Si l’infection n’est pas traitée, des manifestations graves peuvent survenir, lesquelles comprennent l’endocardite, la myocardite, la méningite, la pneumonie, la septicémie et la mort(5). Les enfants peuvent présenter une masse sous-glottique et une hypertrophie bilatérale de la parotide(11).

Les symptômes de la fièvre d’Haverhill sont notamment des vomissements intenses et une pharyngite, de même que d’autres symptômes associés à la fièvre par morsure de rat(3). Sans traitement, le taux de mortalité associé à la fièvre par morsure de rat est d’environ 7 % à 13 %(1, 5).

ÉPIDÉMIOLOGIE: Répandu partout dans le monde(2, 3). Plus de 50 % des cas déclarés aux États-Unis ont touché des enfants(5) et peuvent être associés au fait de dormir dans un lieu infesté de rats.

GAMME D’HÔTES: Humains, rat et autres animaux (cobaye, furet, souris, écureuil, belette et gerbille). Il existe également des données révélant des cas d’infection chez le chien, le chat, la dinde, le koala et les primates non humains (singes et macaques)(2, 3, 5, 9, 12).

DOSE INFECTIEUSE: Inconnue.

MODE DE TRANSMISSION: Contact avec de l’urine ou des sécrétions buccales (salive), nasales ou oculaires d’un animal infecté, consommation du lait d’un animal infecté ou morsure ou égratignure par un animal infecté. L’ingestion d’aliments, d’eau ou de boissons contaminés par des excréments de rats peut aussi propager l’infection(2, 9, 10).

PÉRIODE D’INCUBATION: Deux à 10 jours, rarement plus longtemps, mais habituellement moins de 7 jours(1-3, 5).

TRANSMISSIBILITÉ: Aucune preuve de transmission directe de personne à personne(1).

SECTION III - DISSÉMINATION

RÉSERVOIR: Rat(2, 5, 10).

ZOONOSE: Oui, par les rats et d’autres animaux infectés(5, 10, 12).

VECTEURS: Aucun.

SECTION IV - VIABILITÉ ET STABILITÉ

SENSIBILITÉ AUX MÉDICAMENTS: La pénicilline est le médicament de choix(5). S. moniliformis est sensible à divers autres antibiotiques, notamment l’ampicilline, la streptomycine, la tétracycline, la doxycycline et les céphalosporines(1, 5, 9, 13).

SENSIBILITÉ AUX DÉSINFECTANTS: Sensible à l’éthanol 70 % (v/v), à l’hypochlorite de sodium (500 à 1 000 ppm de chlore libre), au peroxyde d’hydrogène accéléré et aux composés d’ammonium quaternaire(14, 15).

INACTIVATION PHYSIQUE: Sensible à la chaleur humide (121 °C pendant au moins 15 minutes) et à la chaleur sèche (160 à 170 °C pendant au moins 1 heure)(16).

SURVIE À L'EXTÉRIEUR DE L'HÔTE: Peut se conserver au moins plusieurs jours à l’état surgelé ou lyophilisé(9).

SECTION V - PREMIERS SOINS ET ASPECTS MÉDICAUX

SURVEILLANCE: Rechercher les symptômes. L’infection peut être confirmée par culture ou isolement, par PCR, par analyse sérologique, par fixation du complément ou par immunofluorescence(3, 7, 12).

Remarque : Les méthodes de diagnostic ne sont pas nécessairement toutes disponibles dans tous les pays.

PREMIERS SOINS ET TRAITEMENT: Traitement par un antibiotique approprié, comme la pénicilline, l’ampicilline, la streptomycine ou la tétracycline(1, 9, 10).

IMMUNISATION: Aucune.

PROPHYLAXIE: On doit rapidement nettoyer et désinfecter les morsures de rats et procéder à l’administration d’anatoxine tétanique(1). On peut aussi administrer de la pénicilline ou de la doxycycline comme traitement préventif à la suite d’une morsure de rat(2).

SECTION VI - DANGERS POUR LE PERSONNEL DE LABORATOIRE

INFECTIONS CONTRACTÉES AU LABORATOIRE: Sur les 65 cas de fièvre par morsure de rat recensés depuis 1938, seulement 8 (12 %) sont attribuables à une exposition à un rat de laboratoire(5). Très peu de cas sont signalés chaque année(1).

SOURCES ET ÉCHANTILLONS: Sang infecté, liquide synovial, sérosités, ganglions lymphatiques et. pus(1, 2, 7).

DANGERS PRIMAIRES: Inoculation parentérale accidentelle, égratignures ou morsures par des animaux infectés et contact avec des animaux infectés(1, 5, 10).

DANGERS PARTICULIERS: Les sécrétions des animaux infectés peuvent créer des gouttelettes en suspension dans l’air(5).

SECTION VII - CONTRÔLE DE L'EXPOSITION ET PROTECTION PERSONNELLE

CLASSIFICATION PAR GROUPE DE RISQUE: Groupe de risque 2 (17).

EXIGENCES DE CONFINEMENT: Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 2 pour le travail avec des matières, cultures ou animaux infectieux ou potentiellement infectieux.

VÊTEMENTS DE PROTECTION: Sarrau. Gants, lorsqu’un contact direct de la peau avec des matières infectées ou des animaux est inévitable. Une protection pour les yeux doit être utilisée lorsqu’il y a un risque connu ou potentiel d’éclaboussure (18).

AUTRES PRÉCAUTIONS: Toutes les procédures pouvant produire des aérosols ou mettant en cause des concentrations ou des quantités élevées doivent s’effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB) (18). L’utilisation d’aiguilles, de seringues et d’autres objets tranchants doit être strictement restreinte. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelle (18).

SECTION VIII - MANUTENTION ET ENTREPOSAGE

DÉVERSEMENTS : Laisser les aérosols se poser et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie‑tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyer (18).

ÉLIMINATION: Décontaminer les déchets par stérilisation à la vapeur, incinération ou désinfection chimique (18).

ENTREPOSAGE: Dans des contenants étanches et scellés, étiquetés de façon appropriée et placés en lieu sûr (18).

SECTION IX – RENSEIGNEMENTS SUR LA RÉGLEMENTATION ET AUTRES

INFORMATION SUR LA RÉGLEMENTATION : L’importation, le transport et l’utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l’Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l’Agence canadienne d’inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.

DERNIÈRE MISE À JOUR: Septembre 2010

PRÉPARÉE PAR: Direction de la règlementation des agents pathogènes, agence de la santé publique du Canada.

Bien que les renseignements, opinions et recommandations présentés dans cette Fiche de renseignements proviennent de sources que nous jugeons fiables, nous ne nous rendons pas responsables de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l’utilisation de ces renseignements. Comme on découvre fréquemment de nouveaux dangers, il est possible que ces renseignements ne soient pas tout à fait à jour.

Tous droits réservés

© Agence de la santé publique du Canada, 2010

Canada

RÉFÉRENCES:

  1. Fatal rat-bite fever - Florida and Washington, 2003. (2005). Morbidity and Mortality Weekly Report, 53(51-52), 1198-1202.
     
  2. (2004). In D. L. Heymann (Ed.), Control of Communicable Diseases Manual (18th ed., pp. 448-449). Washington, D.C.: American Public Health Association.
     
  3. Acha, P. N., & Szyfres, B. (2003). Rat-Bite Fever. Zoonoses and Communicable Diseases Common to Man and Animals (3rd ed., pp. 226-229). Washington D.C.: Pan American Health Organization.
     
  4. Krauss, H., Schiefer, H. G., Weber, A., Slenczka, W., Appel, M., von Graevenitz, A., Enders, B., Zahner, H., & Isenberg, H. D. (2003). Bacterial Zoonoses. In H. Krauss, H. G. Schiefer, A. Weber, W. Slenczka, M. Appel, A. von Graevenitz, B. Enders, H. Zahner & H. D. Isenberg (Eds.), Zoonoses: Infectious Diseases Transmissible from Animals to Humans (Third ed., pp. 220-221). Washington, D.C.: ASM Press.
     
  5. Elliott, S. P. (2007). Rat bite fever, Streptobacillus moniliformis. Clinical Microbiology Reviews, 20(1), 13-22.
     
  6. Mutters, R. (1999). Actinobacillus, Capnocytophaga, Eikenella, Kingella, and Other Fastidious or Rarely Encountered Gram-Negative Rods. In P. R. Murray (Ed.), Manual of Clinical Microbiology (7th ed., pp. 568). Washington D.C.: ASM Press.
     
  7. Andre, J. M., Freydiere, A. M., Benito, Y., Rousson, A., Lansiaux, S., Kodjo, A., Mazzocchi, C., Berthier, J. C., Vandenesch, F., & Floret, D. (2005). Rat bite fever caused by Streptobacillus moniliformis in a child: Human infection and rat carriage diagnosed by PCR. Journal of Clinical Pathology, 58(11), 1215-1216.
     
  8. Collins, C., Grange, J., Lyne, P., & Falkinham, J. (2004). Streptobacillus. Collins and Lyne's Microbiological Methods (8th ed., pp. 312). New York N.Y.: Arnold Press.
     
  9. Wullenweber, M. (1995). Streptobacillus moniliformis - A zoonotic pathogen. Taxonomic considerations, host species, diagnosis, therapy, geographical distribution. Laboratory Animals, 29(1), 1-15.
     
  10. van Nood, E., & Peters, S. H. A. (2005). Rat-bite fever. Netherlands Journal of Medicine, 63(8), 319-321.
     
  11. Raffin, B. J., & Freemark, M. (1979). Streptobacillary rat-bite fever: A pediatric problem. Pediatrics, 64(2), 214-217.
     
  12. Wouters, E. G. H., Ho, H. T. K., Lipman, L. J. A., & Gaastra, W. (2008). Dogs as vectors of Streptobacillus moniliformis infection? Veterinary Microbiology, 128(3-4), 419-422.
     
  13. von Graevenitz, A., Zbinden, R., & Mutters, R. (2007). Fastidious Gram-Negative Rods. In P. R. Murray, E. J. Baron, J. H. Jorgensen, M. L. Landry & M. A. Pfaller (Eds.), Manual of Clinical Microbiology (9th ed., pp. 621-635). Washington, D.C.: ASM Press.
     
  14. Omidbakhsh, N., & Sattar, S. A. (2006). Broad-spectrum microbicidal activity, toxicologic assessment, and materials compatibility of a new generation of accelerated hydrogen peroxide-based environmental surface disinfectant. American Journal of Infection Control, 34(5), 251-257.
     
  15. Collins, C. H., & Kennedy, D. A. (1999). Decontamination. Laboratory acquired infections: History, incidence, causes and prevention (4th ed., pp. 170-176). Oxford U.K.: Butterworth-Heinemann.
     
  16. Favero, M. S., & Arduino, M. J. (2006). Decontamination and Disinfection. In D. O. Fleming, & D. L. Hunt (Eds.), Biological Safety: Principles and Practices (4th ed., pp. pp. 373-381). Washington, D.C.: ASM Press.
     
  17. Human pathogens and toxins act. S.C. 2009, c. 24, Second Session, Fortieth Parliament, 57-58 Elizabeth II, 2009. (2009).
     
  18. Public Health Agency of Canada. (2004). In Best M., Graham M. L., Leitner R., Ouellette M. and Ugwu K. (Eds.), Laboratory Biosafety Guidelines (3rd ed.). Canada: Public Health Agency of Canada.
     

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