Fiche Technique Santé-Sécurité : Agents Pathogènes – Streptococcus pneumoniae
FICHE TECHNIQUE SANTÉ-SÉCURITÉ : AGENTS PATHOGÈNES
SECTION I - AGENT INFECTIEUX
NOM : Streptococcus pneumoniae
SYNONYME OU RENVOI : Pneumocoque, diplocoque, pneumonie à pneumocoque, bactériémie, sinusite aiguë, otite aiguë, méningite.
CARACTÉRISTIQUES : S. pneumoniae appartient à la famille des Streptococcaceae. Ce coccobacille Gram positif ayant la forme d’un œuf ou d’une lancette est souvent groupé en paires, d’où son nom de diplocoque, ou peut former de courtes chaînes Note de bas de page 1. Il existe environ 90 sérotypes; la capsule entourant le pneumocoque, qui est son trait distinctif et le principal facteur de virulence, présente une mosaïque complexe de monosaccharides, d’oligosaccharides et d’autres composants polymériques qui ont tous un haut poids moléculaireNote de bas de page 2. Le pneumocoque cultive sur gélose au sang, où il forme des colonies facultativement anaérobique rondes entourées d’une α-hémolyseNote de bas de page 3.
SECTION II - DÉTERMINATION DU RISQUE
PATHOGÉNICITÉ ET TOXICITÉ : S. pneumoniae colonise les surfaces muqueuses du rhinopharynx et des voies respiratoires supérieures, et les symptômes d’inflammation apparaissent lorsque la bactérie migre dans les parties stériles des voies respiratoires Note de bas de page 4. C’est l’agent étiologique le plus fréquent de la pneumonie et de l’otite moyenne d’origine communautaire et il vient au deuxième rang des causes de méningite bactérienne en Israël (après Neisseria meningitidis) Note de bas de page 1. Au nombre des premiers symptômes figurent de grands frissons et une forte fièvre, ainsi qu’une toux produisant des expectorations de couleur rose à rouille Note de bas de page 2. En l’absence de traitement, une fièvre soutenue et une douleur pleurétique se développeront, de même qu’une sinusite, une endocardite, une arthrite et une péritonite. Lorsque des pneumocoques migrent dans les poumons, ils peuvent causer une pneumonie, ou ils peuvent pénétrer dans la circulation sanguine et entraîner une bactériémie ou une septicémie. Une colonisation non contrôlée du poumon, des méninges ou de l’oreille moyenne par S. pneumoniae résultera en une lyse du pneumocoque, qui peut provoquer une inflammation. Le taux de mortalité due à la pneumonie à pneumocoque oscille entre 5 et 10 % malgré le traitement antibactérien. Au cours des quatre dernières décennies, un taux de mortalité plus élevé (entre 25 et 29 % environ) a été observé chez les patients atteints d’une bactériémie à pneumocoque. L’infection à S. pneumoniae est une importante cause de co‑infection bactérienne chez les patients souffrant de la grippe et elle peut accroître la morbidité et la mortalité chez ces patients.
ÉPIDÉMIOLOGIE : Distribution dans le monde entier. L’incidence de l’infection est la plus élevée chez les personnes de moins de 2 ans ou de plus de 60 ans ou chez les sujets atteints d’alcoolisme, de diabète sucré, de maladie rénale chronique ou d’asplénie Note de bas de page 2. À l’échelle mondiale, cette bactérie cause environ 1,2 million de décès chez les nourrissons chaque année, et sa prévalence est particulièrement élevée dans les régions où l’infection à VIH‑1 est répandue Note de bas de page 4.
GAMME D'HÔTES : Humains, souris, rats, cobayes, chimpanzés, singes rhésus et mammifères qui vivent en association avec les humains Note de bas de page 4.
DOSE INFECTIEUSE : Inconnue dans le cas des humains. Des souris ont développé une septicémie ou une pneumonie après avoir été infectées par 107 ou 108 UFC et après avoir été infectées par 104 bactéries; S. pneumoniae est capable de traverser la barrière hémato‑encéphaliqueNote de bas de page 5.
MODE DE TRANSMISSION : Des cellules infectieuses peuvent se propager par des microgouttelettes aérosolisées projetées lors de la toux ou des éternuements, ou encore par contact oral d’une personne à l’autre Note de bas de page 2. La transmission est fréquente, mais l’infection est inhabituelle, car les personnes en santé sont porteuses de S. pneumoniae dans la région rhinopharyngée sans être infectées Note de bas de page 6.
PÉRIODE D'INCUBATION : Elle n’est pas bien établie, car la bactérie est présente dans le rhinopharynx des personnes en santé Note de bas de page 1, mais on suppose qu’elle dure environ 1 à 3 jours.
TRANSMISSIBILITÉ : Transmission interhumaine par des aérosols projetés lors de la toux ou des éternuements Note de bas de page 2.
SECTION III - DISSÉMINATION
RÉSERVOIR : Humains. La bactérie est souvent située dans les voies respiratoires supérieures des personnes en santé qu’elle colonise et où elle se multiple Note de bas de page 1.
ZOONOSE : Aucune.
VECTEURS : Aucun.
SECTION IV - VIABILITÉ ET STABILITÉ
SENSIBILITÉ AUX MÉDICAMENTS : Sensibilité à la pénicilline, à la tétracycline, au céfotaxime, à la lévofloxacine, à l’érythromycine et aux fluoroquinolones, en particulier la moxifloxacine et la gatifloxacine Note de bas de page 7, Note de bas de page 8. La bactérie est entièrement sensible à la télithromycine, à la vancomycine et au linézolide Note de bas de page 9.
RÉSISTANCE AUX MÉDICAMENTS : Des souches multirésistantes de S. pneumoniae sont en train d’émerger. Elles présentent une forte résistance à la pénicilline de même qu’à l’érythromycine, au céfotaxime, à la lévofloxacine, à la tétracycline, au TMP/SMX, aux β‑lactamines, aux macrolides, au chloramphénicol et au ceftriaxone Note de bas de page 7, Note de bas de page 10, certaines souches résistantes aux fluoroquinolones étant également résistantes à la ciprofloxacine et à la lévofloxacine Note de bas de page 11.
SENSIBILITÉ AUX DÉSINFECTANTS : Il a été démontré que l’exposition au glutaraldéhyde à 0,5 %, à l’hypochlorite de sodium à 1 %, à l’iode, à l’éthanol à 70 % et au formaldéhyde (efficace à des températures au‑dessus de 20 ˚C) inactive S. pneumoniae Note de bas de page 12, Note de bas de page 13.
INACTIVATION PHYSIQUE : Les cellules bactériennes peuvent être inactivées par la chaleur par suspension dans un bain‑marie à 56 ˚C pendant 30 minutes Note de bas de page 14.
SURVIE À L'EXTÉRIEUR DE L'HÔTE : Streptococcus spp. peuvent survivre dans la plaque dentaire jusqu’à 7 jours, dans la poussière jusqu’à 20 jours, sur le verre entre 1 et 11 jours et dans le poisson congelé jusqu’à 180 jours Note de bas de page 15-Note de bas de page 17.
SECTION V - PREMIERS SOINS ET ASPECTS MÉDICAUX
SURVEILLANCE : Surveiller l’apparition de symptômes. Des colorations Gram négatif ou des études bactériologiques de frottis directs de sécrétions nasales ou de liquides prélevées de lésions ou de zones d’inflammation peuvent être utilisées pour détecter les infections symptomatiques ou asymptomatiques Note de bas de page 18. Les techniques ELISA, l’analyse de l’ADN par PCR et la radiographie sont également utiles pour le diagnostic.
Remarque : Les méthodes de diagnostic ne sont pas nécessairement disponibles dans tous les pays.
PREMIERS SOINS ET TRAITEMENT : Administrer le traitement médicamenteux approprié. L’inflammation causée par la lyse du pneumocoque réduit l’efficacité du traitement des maladies pneumococciques uniquement par des antibiotiques, et même des bactéricides très efficaces comme les β‑lactamines peuvent en fait amplifier les effets nocifs de la maladie dans certains cas Note de bas de page 1.
IMMUNISATION : L’usage récent à grande échelle d’un vaccin antipneumococcique conjugué contenant des polysaccharides capsulaires réduit l’incidence du portage de la bactérie chez les enfants, ce qui contribue à l’immunité collective Note de bas de page 4. Le vaccin offre cependant une protection spécifique au sérotype, mais de nouveaux vaccins prometteurs ciblent des protéines virales du pneumocoque qui sont communes à tous les sérotypes. La vaccination contre le pneumocoque est recommandée au Canada pour les nourrissons de moins de 2 ans, les adultes de plus de 65 ans et les autres personnes à risque élevé de pneumococcie invasive Note de bas de page 19.
PROPHYLAXIE : Deux vaccins sont actuellement offerts sur le marché, soit le vaccin antipneumococcique heptavalent conjugué (VCP7), qui est efficace contre 7 sérotypes et s’est révélé efficace chez les enfants de moins de 2 ans Note de bas de page 20, et le vaccin antipneumococcique polysaccharidique (VPP23) qui est efficace contre 23 sérotypes Note de bas de page 21.
SECTION VI - DANGERS POUR LE PERSONNEL DE LABORATOIRE
INFECTIONS CONTRACTÉES AU LABORATOIRE : En date de 1999, 78 cas avaient été signalés Note de bas de page 22.
SOURCES ET ÉCHANTILLONS : Expectorations, produits d’écouvillonnage nasal ou pharyngé, sang, liquide céphalorachidien et sécrétions respiratoires Note de bas de page 2, Note de bas de page 18, Note de bas de page 23.
DANGERS PRIMAIRES : Inhalation d’aérosols contenant des cellules bactériennes, inoculation parentérale accidentelle, contact muqueux direct avec une personne Note de bas de page 2.
DANGERS PARTICULIERS : Morsures d’animaux infectés par Streptococcus spp.
SECTION VII - CONTRÔLE DE L'EXPOSITION ET PROTECTION PERSONNELLE
CLASSIFICATION PAR GROUPE DE RISQUE : Groupe de risque 2 Note de bas de page 24
EXIGENCES DE CONFINEMENT : Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 2 pour le travail avec des matières, cultures ou animaux infectieux ou potentiellement infectieux. Note de bas de page 25.
VÊTEMENTS DE PROTECTION : Sarrau. Gants, lorsqu’un contact direct de la peau avec des matières infectées ou des animaux est inévitable. Une protection pour les yeux doit être utilisée lorsqu’il y a un risque connu ou potentiel d’éclaboussure Note de bas de page 25.
AUTRES PRÉCAUTIONS : Toutes les procédures pouvant produire des aérosols ou mettant en cause des concentrations ou des quantités élevées doivent s’effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB). L’utilisation d’aiguilles, de seringues et d’autres objets tranchants doit être strictement restreinte. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelle Note de bas de page 25.
SECTION VIII - MANUTENTION ET ENTREPOSAGE
DÉVERSEMENTS : Laisser les aérosols se déposer et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie‑tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyer.
ÉLIMINATION : Décontaminer les matières à éliminer qui contiennent l’agent infectieux ou sont venues en contact avec celui‑ci par autoclavage, désinfection chimique, irradiation gamma ou incinération Note de bas de page 25.
ENTREPOSAGE : L’agent infectieux devrait être conservé dans des contenants étanches qui sont étiquetés de façon appropriée.
SECTION IX - RENSEIGNEMENTS SUR LA RÉGLEMENTATION ET AUTRES
INFORMATION SUR LA RÉGLEMENTATION : L’importation, le transport et l’utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l’Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l’Agence canadienne d’inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.
DERNIÈRE MISE À JOUR : Décembre 2011
PRÉPARÉE PAR : Direction de la règlementation des agents pathogènes, agence de la santé publique du Canada.
Bien que les renseignements, opinions et recommandations présentés dans cette Fiche de renseignements proviennent de sources que nous jugeons fiables, nous ne nous rendons pas responsables de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l’utilisation de ces renseignements. Comme on découvre fréquemment de nouveaux dangers, il est possible que ces renseignements ne soient pas tout à fait à jour.
Tous droits réservés
© Agence de la santé publique du Canada, 2010
Canada
Détails de la page
- Date de modification :