Fiche Technique Santé-Sécurité : Agents Pathogènes – Virus de l’hépatite D

FICHE TECHNIQUE SANTÉ-SÉCURITÉ: AGENTS PATHOGÈNES

SECTION I - AGENT INFECTIEUX

NOM : Virus de l'hépatite D

SYNONYME OU RENVOI : VHD, hépatite delta(Note de bas de page 1)

CARACTÉRISTIQUES : Le virus de l'hépatite D est actuellement non classifié et a été affecté à un genre qui lui est propre, les Deltavirus(Note de bas de page 1). Le virion mesure 36 à 43 nm de diamètre. Il contient un génome à ARN circulaire ou linéaire entouré d'une protéine nucléocapsidique appelée antigène VHD, qui est à son tour entourée d'une enveloppe formée de l'antigène de surface de l'hépatite B (AgHBs)(Note de bas de page 2). Le VHD a besoin du virus de l'hépatite B (VHB) comme virus auxiliaire et ne peut donc infecter que les personnes infectées par le VHB(Note de bas de page 1Note de bas de page 3).

SECTION II - DÉTERMINATION DU RISQUE

PATHOGÉNICITÉ ET TOXICITÉ : Il existe deux principaux types d'infection, la co-infection par le VHD et le VHB, et la surinfection par le VHD chez des personnes atteintes d'une hépatite B chronique. La co-infection entraîne une hépatite clinique qui ne peut être distinguée d'une hépatite B aiguë(Note de bas de page 4). Les symptômes initiaux peuvent inclure une fatigue, une léthargie, des malaises abdominaux, une anorexie et des nausées(Note de bas de page 1Note de bas de page 2). Une jaunisse survient ensuite, avec persistance de la fatigue et des nausées. La maladie est autolimitante, et une clairance virale complète se produit dans plus de 90 % des cas(Note de bas de page 2Note de bas de page 5). La surinfection par le VHD entraîne d'ordinaire une hépatite aiguë grave et entraîne une hépatite D chronique dans 90 % des cas(Note de bas de page 1). Les personnes atteintes d'hépatite D chronique pourront présenter une cirrhose (60 à 70 %) ou une hépatite fulminante. L'hépatite fulminante est caractérisée par une hépatite grave et une encéphalopathie, et s'accompagne d'un taux de mortalité de près de 80 %. Le taux de mortalité globale liée au VHD est de 2 à 20 %(Note de bas de page 2).

ÉPIDÉMIOLOGIE : Des infections par VHD surviennent partout dans le monde, et de 15 à 20 millions de personnes présenteraient une co-infection ou une surinfection par le VHD(Note de bas de page 5). Le virus est hautement endémique dans les pays méditerranéens, au Moyen-Orient, en Afrique centrale et dans les régions du nord de l'Amérique du Sud(Note de bas de page 5). En Amérique du Nord, ce sont les utilisateurs de drogues injectables qui courent le risque le plus élevé de contracter l'infection à VHD(Note de bas de page 2Note de bas de page 3).

GAMME D'HÔTES : Humains et, à des fins expérimentales, chimpanzés et marmottes(Note de bas de page 1).

DOSE INFECTIEUSE : Inconnue.

MODE DE TRANSMISSION : La transmission se fait par le sang ou par des produits sanguins, par inoculation parentérale (utilisation de drogues injectables) ou par contact sexuel. Les personnes doivent aussi être infectées par le VHB(Note de bas de page 3).

PÉRIODE D'INCUBATION : Surinfection par le VHD: 2 à 8 semaines; co-infection par le VHB et le VHD: 45 à 160 jours(Note de bas de page 3).

TRANSMISSIBILITÉ : Faible transmissibilité; peut être transmis d'une personne à une autre par contact direct (p. ex. ransfusions sanguines, aiguilles contaminées et contact sexuel)(Note de bas de page 3).

SECTION III - DISSÉMINATION

RÉSERVOIR : Humains(Note de bas de page 1).

ZOONOSE : Aucune.

VECTEURS : Aucun.

SECTION IV - VIABILITÉ ET STABILITÉ

SENSIBILITÉ AUX MÉDICAMENTS : Sensible à l'interféron alpha (IFN-α)(Note de bas de page 1).

SENSIBILITÉ AUX DÉSINFECTANTS : Inconnue; cependant, d'autres virus d'hépatite sont sensibles au glutaraldéhyde à 1-2 %, au peroxyde d'hydrogène à 6-10 %, au formaldéhyde à 8-12 %, aux iodophores (40-50 mg/L d'iode libre), aux produits chlorés (500-5000 mg/L de chlore libre), et aux composés phénoliques à 0,5-3 %(Note de bas de page 6).

INACTIVATION PHYSIQUE : Inconnue; toutefois, d'autres virus d'hépatite peuvent être inactivés par chaleur humide (121 °C pendant 15 min) et par chaleur sèche (170 °C pendant 1 h ou 160 °C pendant 2 h)(Note de bas de page 6).

SURVIE À L'EXTÉRIEUR DE L'HÔTE : Peut survivre dans le sang et les produits sanguins dans les conditions d'entreposage de ces produits(Note de bas de page 1).

SECTION V - PREMIERS SOINS ET ASPECTS MÉDICAUX

SURVEILLANCE : Surveiller les symptômes. Le diagnostic est fondé sur des épreuves sérologiques vérifiant la présence d'anticorps anti-VHD de type IgM ou IgG(Note de bas de page 2Note de bas de page 4). On peut aussi utiliser la PCR pour le dépistage de l'ADN viral dans des échantillons cliniques(Note de bas de page 1).

Remarque : Les méthodes de diagnostic ne sont pas nécessairement toutes disponibles dans tous les pays.

PREMIERS SOINS ET TRAITEMENT : Le traitement de longue durée avec des doses élevées d'IFN-α montre une certaine amélioration des paramètres cliniques(Note de bas de page 1Note de bas de page 4). L'hépatite D est très difficile à traiter en raison de la gravité de la maladie et du caractère distinctif de ce virus(Note de bas de page 1).

IMMUNISATION : Il existe un vaccin contre le VHB qui permet de prévenir l'infection par le VHB et le VHD chez les personnes séronégatives pour le VHB(Note de bas de page 3).

PROPHYLAXIE : Le personnel exposé au VHD peut recevoir le vaccin contre le virus de l'hépatite B et/ou une immunoglobuline de l'hépatite B pour prévenir la co-infection par le VHB et le VHD(Note de bas de page 6).

SECTION VI - DANGERS POUR LE PERSONNEL DE LABORATOIRE

INFECTIONS CONTRACTÉES AU LABORATOIRE : Aucun cas d'infection acquise en laboratoire n'a été signalé jusqu'à maintenant.

SOURCES ET ÉCHANTILLONS : Sang et produits sanguins(Note de bas de page 2).

DANGERS PRIMAIRES : Inoculation parentérale, exposition des muqueuses à des gouttelettes et contact avec la peau lésée(Note de bas de page 1Note de bas de page 7).

DANGERS PARTICULIERS : Les personnes infectées par le VHB courent le risque de contracter une infection à VHD(Note de bas de page 7).

SECTION VII - CONTRÔLE DE L'EXPOSITION ET PROTECTION PERSONNELLE

CLASSIFICATION DU GROUPE DE RISQUE : Groupe de risque 2(Note de bas de page 8).

EXIGENCES DE CONFINEMENT : Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 2 pour le travail avec des matières, cultures ou animaux infectieux ou potentiellement infectieux(Note de bas de page 9).

VÊTEMENTS DE PROTECTION : Sarrau. Gants, lorsqu'un contact direct de la peau avec des matières infectées ou des animaux est inévitable. Une protection pour les yeux doit être utilisée lorsqu'il y a un risque connu ou potentiel d'éclaboussure(Note de bas de page 9).

AUTRES PRÉCAUTIONS : Toutes les procédures pouvant produire des aérosols ou mettant en cause des concentrations ou des quantités élevées doivent s'effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB). L'utilisation d'aiguilles, de seringues et d'autres objets tranchants doit être strictement restreinte. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelle(Note de bas de page 9).

SECTION VIII - MANUTENTION ET ENTREPOSAGE

DÉVERSEMENTS : Laisser les aérosols se déposer et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie-tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyer(Note de bas de page 9).

ÉLIMINATION : Une décontamination par stérilisation à la vapeur, désinfection chimique ou incinération doit être effectuée avant la mise au rebut des déchets infectieux(Note de bas de page 9).

ENTREPOSAGE : Tout le matériel infectieux doit être entreposé dans des contenants scellés et correctement étiquetés(Note de bas de page 9).

SECTION IX - RENSEIGNEMENTS SUR LA RÉGLEMENTATION ET AUTRES

INFORMATION SUR LA RÉGLEMENTATION : L'importation, le transport et l'utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l'Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l'Agence canadienne d'inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.

DERNIÈRE MISE À JOUR : Novembre 2010.

PRÉPARÉE PAR : Direction de la règlementation des agents pathogènes, agence de la santé publique du Canada.

Bien que les renseignements, opinions et recommandations présentés dans cette Fiche de renseignements proviennent de sources que nous jugeons fiables, nous ne nous rendons pas responsables de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l'utilisation de ces renseignements. Comme on découvre fréquemment de nouveaux dangers, il est possible que ces renseignements ne soient pas tout à fait à jour.

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