Fiche Technique Santé-Sécurité : Agents Pathogènes – Virus Sindbis (SINV)

SECTION I – AGENT INFECTIEUX

NOM : Virus Sindbis (SINV)1-4.

SYNONYME OU RENVOI : Polyarthrite épidémique et éruption cutanée, maladie causée par le virus Sindbis, SIN, SINV, maladie d’Ockelbo en SuèdeFootnote 3, maladie de Pogosta en Finlande et Fièvre de Carélie en Russie1-6.

CARACTÉRISTIQUES : Le virus Sindbis appartient au genre Alphavirus et à la famille des Togaviridæ. Les virions ont une forme sphérique et pléomorphique (diamètre de 70 nm) et sont constitués d’une enveloppe et d’une nucléocapside. Le génome non segmenté consiste en une seule molécule d’ARN monocaténaire, linéaire et à polarité positive3Footnote 7Footnote 8.

SECTION II – DÉTERMINATION DU RISQUE

PATHOGÉNICITÉ ET TOXICITÉ : L’infection à Sindbis chez l’humain est une maladie bénigne, spontanément résolutive et fébrile accompagnée d’exanthème vésiculeux et d’arthralgie. Toutefois, on observe couramment des infections cliniquement silencieuses. Au stade initial de la maladie, les symptômes consistent en une apparition soudaine de fièvre, des céphalées et des arthralgies (principalement aux plus petites articulations des mains et des pieds)Note de bas de page 7 . Au cours de la phase aiguë, les symptômes typiques sont l’arthrite, les éruptions prurigineuses, la fatigue, une fièvre légère, des céphalées et des douleurs musculaires, lesquels surviennent habituellement au cours des 2 premiers jours suivant l’apparition de l’infectionNote de bas de page 9 . Les articulations des chevilles, des doigts, des poignets et des genoux sont les plus couramment atteintes pendant la phase aiguë. Des éruptions maculopapuleuses et, plus tard, des éruptions vésiculaires surgissent sur le corps et les membresNote de bas de page 7 . Les éruptions sont réparties de façon diffuse sur le tronc et les membres; elles touchent la paume des mains et la plante des pieds. La plupart des patients se rétablissent dans les 14 jours suivants l’apparition de l’infectionNote de bas de page 10 . Chez 50 % des patients, les symptômes articulaires durent entre 12 mois Note de bas de page 9  et 2,5 annéesNote de bas de page 5 Note de bas de page 11 . On observe parfois une inflammation de la gorgeNote de bas de page 7 .

ÉPIDÉMIOLOGIE : La maladie causée par le virus Sindbis est courante en Afrique, en Asie, en Australie, en Europe, au Moyen-Orient, en Scandinavie et en Russie Note de bas de page 4 Note de bas de page 7 Note de bas de page 8 Note de bas de page 12 . Le taux d’incidence annuel dans les régions endémiques des pays touchés varie de 2,7 pour 100 000 en Finlande à 2,9 pour 100 000 en Suède et jusqu’à 18 pour 100 000 en Carélie du NordNote de bas de page 12 Note de bas de page 13 . De tous les arbovirus connus, il s’agit de celui qui est le plus largement répandu; il touche tous les groupes d’âgeNote de bas de page 6 . Les enfants sont souvent infectés, mais ils développent seulement une maladie subclinique6FNote de bas de page 14 . La morbidité est la plus élevée chez les femmes âgées entre 45 et 65 ans13. La plupart des cas cliniques en Finlande sont signalés en août et en septembreNote de bas de page 8 .

GAMME D’HÔTES : Les humains, les oiseaux résidents, migrateurs ou sauvages (hôtes importants et amplificateurs) et, parfois, les petits mammifères et amphibiens3Note de bas de page 10 . Le virus Sindbis peut infecter une grande variété de vertébrés; il a été l’objet d’études approfondies en tant que modèle d’encéphalite aiguë chez la sourisNote de bas de page 10 .

DOSE INFECTIEUSE : Inconnue.

MODE DE TRANSMISSION : Le virus Sindbis est transmis par la piqûre de nombreuses espèces de moustiques ornithophiles (Anopheles, Mansonia, Aedes, Culiseta et Culex)3Footnote 6Footnote 7. Ce virus a aussi été isolé chez des tiques, ce qui sous-entend que ces dernières peuvent également transmettre le virus15Footnote 16.

PÉRIODE D’INCUBATION : Jusqu’à 10 jours6Footnote 9.

TRANSMISSIBILITÉ : Aucune donnée ne révèle la possibilité d’une transmission interhumaine directeFootnote 2.

SECTION III – DISSÉMINATION

RÉSERVOIR : La faune aviaire constitue le réservoir biologique (probablement asymptomatique)Footnote 7. La grive vraie constitue l’hôte amplificateur principal, de même que la grive litorne et la grive mauvis. La prévalence de l’infection est plus élevée chez les grandes espèces de passereaux que chez les plus petites espèces17. Les oiseaux résidents et migrateurs peuvent contribuer à l’épidémiologie de la maladieFootnote 8.
 
ZOONOSE : Oui, indirectement par les moustiques.

VECTEURS : Principalement les espèces Aedes, Culex et Culiseta, et peut-être les tiquesFootnote 6.

SECTION IV – VIABILITÉ ET STABILITÉ

SENSIBILITÉ AUX MÉDICAMENTS : Aucun traitement particulierFootnote 2. Les antiviraux à base de dioxane font toutefois l’objet d’un examen aux fins du traitement de la maladie causée par le virus Sindbis18.

SENSIBILITÉ AUX DÉSINFECTANTS : Sensible à l’éthanol à 70 % (V/V), à l’hypochlorite de sodium (de 500 à 1 000 ppm de chlore libre), au peroxyde d’hydrogène accéléré et aux composés d’ammonium quaternaire19Footnote 20.

INACTIVATION PHYSIQUE : Le virus est sensible à des températures supérieures à 58 °C21. L’infectivité virale en regard du facteur VIII est réduite au moyen du tri-N-butyl-phosphate (TNBP) et de Tween 80, ou encore d’une exposition à la chaleur à une température de 60 °C pendant 30 heures au plus 22. Il est possible d’inactiver le virus pendant la fabrication d’un vaccin contre l’hépatite B à partir de plasma en le soumettant à deux cycles de chaleur, c’est‑à‑dire à 103 °C pendant 90 secondes et à 65 °C pendant 10 heures23.

SURVIE À L’EXTÉRIEUR DE L’HÔTE : Le virus Sindbis peut infecter des cultures cellulaires et y survivre à faible température et à faible pH 24Footnote 25. Il peut également survivre longtemps dans diverses matières biologiques22Footnote 23.

SECTION V – PREMIERS SOINS ET ASPECTS MÉDICAUX

SURVEILLANCE : Surveiller l’apparition de symptômes. Un test ELISA avec capture des IgM est disponible aux fins de la démonstration des anticorps de type IgM spécifiquement dirigés contre le virus. Ce test est principalement utilisé pour établir le diagnostic. Un dépistage des IgM peut être effectué chez les patients au moyen d’un dosage immunoenzymatique, de même qu’un dépistage des anticorps totaux, effectué au moyen d’un test d’inhibition de l’hémagglutinationNote de bas de page 3 . Les IgM peuvent être détectés au cours des 8 premiers jours de la maladie, et les IgG, au cours des 11 premiers jours de la maladieNote de bas de page 9 . Le nombre d’IgM augmente pendant la phase aiguë de la maladie, puis a tendance à décroître lentement pendant 3-4 ans, et ce, sans égard aux symptômes persistantsNote de bas de page 10 . Le diagnostic est rarement établi par l’isolement du virus dans le sang; il est plus souvent établi à partir du liquide vésical. Une technique par RT-PCR nichée est disponible pour procéder à la démonstration des espèces propres au virusNote de bas de page 3 Note de bas de page 7 .

Remarque : Les méthodes de diagnostic ne sont pas nécessairement toutes disponibles dans tous les pays.

PREMIERS SOINS ET TRAITEMENT : Le traitement vise à atténuer les symptômes. Dans les cas d’arthrite persistante, les corticostéroïdes et l’acide acétylsalicylique sont à éviter. On conseille plutôt d’utiliser le diclofénac ou un autre AINSFootnote 7.

IMMUNISATION : Aucune pour le momentFootnote 6.

PROPHYLAXIE : Pour freiner la transmission, protéger les patients des vecteurs (moustiques)Footnote 2.

SECTION VI – DANGERS POUR LE PERSONNEL DE LABORATOIRE

INFECTIONS CONTRACTÉES EN LABORATOIRE : Aucun cas signalé à ce jour.

SOURCES ET ÉCHANTILLONS : Le virus peut être isolé chez les moustiques infectésFootnote 26, ainsi que dans les lésions cutanées et dans des échantillons de sang total ou de sérum de patients fébriles3Footnote 10. Le virus Sindbis peut également être présent dans le système nerveux central, le sang et le foie d’oiseauxFootnote 7.

DANGERS PRIMAIRES : Piqûre d’aiguille et aérosolsFootnote 27.

DANGERS PARTICULIERS : Aucun.

SECTION VII – CONTRÔLE DE L’EXPOSITION ET PROTECTION PERSONNELLE

CLASSIFICATION PAR GROUPE DE RISQUE: Groupe de risque 2.

EXIGENCES DE CONFINEMENT : Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 2 pour le travail avec des matières, cultures ou animaux infectieux ou potentiellement infectieux.

VÊTEMENTS DE PROTECTION : Sarrau. Gants, lorsqu’un contact direct de la peau avec des matières infectées ou des animaux est inévitable. Une protection pour les yeux doit être utilisée lorsqu’il y a un risque connu ou potentiel d’éclaboussure Footnote 27.

AUTRES PRÉCAUTIONS : Toutes les procédures pouvant produire des aérosols ou mettant en cause des concentrations ou des quantités élevées doivent s’effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB). L’utilisation d’aiguilles, de seringues et d’autres objets tranchants doit être strictement restreinte. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelle Footnote 27.

SECTION VIII – MANUTENTION ET ENTREPOSAGE

DÉVERSEMENTS : Laisser les aérosols se déposer et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie‑tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyer.

ÉLIMINATION : Décontaminer toutes les matières à éliminer contenant l’agent infectieux ou ayant été en contact avec celui‑ci par stérilisation à la vapeur, désinfection chimique, rayonnement gamma ou incinération.

ENTREPOSAGE : L’agent infectieux doit être entreposé dans des contenants étanches étiquetés de façon appropriée.

SECTION IX – RENSEIGNEMENTS SUR LA RÉGLEMENTATION ET AUTRES

INFORMATION SUR LA RÉGLEMENTATION : L’importation, le transport et l’utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l’Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l’Agence canadienne d’inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.

DERNIÈRE MISE À JOUR : Novembre 2011

Préparée par : Direction de la règlementation des agents pathogènes, Agence de la santé publique du Canada.

Bien que les renseignements, opinions et recommandations présentés dans cette Fiche de renseignements proviennent de sources que nous jugeons fiables, nous ne nous rendons pas responsables de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l’utilisation de ces renseignements. Comme on découvre fréquemment de nouveaux dangers, il est possible que ces renseignements ne soient pas tout à fait à jour.

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