Fiche Technique Santé-Sécurité : Agents Pathogènes – Yersinia enterocolitica

FICHE TECHNIQUE SANTÉ-SÉCURITÉ : AGENTS PATHOGÈNES

SECTION I - AGENT INFECTIEUX

NOM : Yersinia enterocolitica

SYNONYME OU RENVOI : Yersiniose, entérocolite

CARACTÉRISTIQUES : Cette bactérie appartient au genre Yersinia et à la famille des EnterobacteriaceaeNote de bas de page 1 , Note de bas de page 2 . C’est un bacille Gram négatif, de forme coccoïde, asporulé, anaérobie facultatif; il est mobile à la température ambiante mais non mobile à 37 ºC Note de bas de page 2 . Les souches mesurent habituellement 0,5‑0,8 µm par 1‑3 µm Note de bas de page 2 . Il existe 6 biotypes (1A, 1B, 2, 3, 4 et 5 selon la séquence génomique) qui englobent 50 sérogroupes différents de Yersinia enterocolitica; seulement certains sérogroupes sont cependant pathogènes pour les humainsNote de bas de page 3 ,Note de bas de page 4 . Ces sérogroupes possèdent les mêmes antigènes de surface et sont classés selon l’antigène O qu’ils expriment. Les sérogroupes O : 3 et O : 9 sont responsables d’éclosions en Europe, alors que le sérogroupe O : 8 est actif aux É.‑U. et O : 5 et O : 27 sont présents au Japon et au CanadaNote de bas de page 3 .

SECTION II - DÉTERMINATION DU RISQUE

PATHOGÉNICITÉ ET TOXICITÉ : L’infection à Yersinia enterocolitica se caractérise par une entérite, une entérocolite (en particulier chez les enfants), une fièvre (39 ºC), des selles aqueuses, des douleurs abdominales et une lymphadénite mésentérique aiguë, qui peut ressembler à l’appendiciteNote de bas de page 3 ,Note de bas de page 5 . Dans certains cas, l’infection peut s’accompagner d’une iléite terminale aiguë et d’une fièvre entériqueNote de bas de page 3 ,Note de bas de page 5 . Une à 3 semaines après l’apparition des premiers symptômes cliniques, une arthrite réactionnelle et un érythème noueux peuvent survenir et durer environ 6 moisNote de bas de page 3 . Dans de rares cas, certaines complications ont été observées : méningite, endophtalmie, conjonctivite, myocardite, pneumonie, abcès pulmonaire, hépatite, cholangite, péritonite, glomérulonéphrite, urétrite, cellulite, anémie hémolytique, thyroïdite, pharyngite et septicémieNote de bas de page 2 ,Note de bas de page 3 ,Note de bas de page 6 . L’infection est la plus dangereuse chez les sujets immunodéprimés; si elle n’est pas traitée, le taux de mortalité par septicémie peut atteindre 50 %Note de bas de page 3 .

ÉPIDÉMIOLOGIE : La maladie est répandue dans le monde entier; elle est cependant moins fréquente sous les tropiquesNote de bas de page 2 , Note de bas de page 3 . Certains sérogroupes (O : 3 et O : 9 en Europe, O : 8 aux É.‑U. et O : 5 et O : 7 au Japon et au Canada) sont spécifiques à des régions géographiques particulièresNote de bas de page 3 . La bactérie est active tout au long de l’année mais les infections culminent l’automne et l’hiverNote de bas de page 3 .

GAMME D'HÔTES : Yersinia enterocolitica a été détecté chez des humains, des animaux à sang chaud (en particulier des animaux de ferme et de compagnie), des oiseaux et, rarement, des reptiles, des poissons et des crustacés Note de bas de page 2, Note de bas de page 3. On l’a également retrouvé dans le tube digestif de porcs, de chiens et de chats qui étaient asymptomatiques Note de bas de page 3.

DOSE INFECTIEUSE : La dose infectieuse est de 10bactéries ou plus par voie orale Note de bas de page 7.

MODE DE TRANSMISSION : Une transmission interhumaine a été rarement signalée dans les écoles, les garderies et les hôpitaux Note de bas de page 2. Des cas d’infection nosocomiale et d’infection post‑transfusionnelle dus à cette bactérie ont été recensés Note de bas de page 2, Note de bas de page 8. La transmission oro‑fécale des animaux aux humains ou la consommation d’aliments contaminés (produits de porc cru, porc mal cuit, tofu et lait non pasteurisé peuvent être à l’origine d’éclosions) et d’eau non traitée sont également des modes fréquents de propagation de l’infection Note de bas de page 3-Note de bas de page 5

PÉRIODE D'INCUBATION : La période d’incubation de cette bactérie dure de 3 à 10 jours Note de bas de page 3

TRANSMISSIBILITÉ : Bien qu’elle soit rare, la maladie peut se transmettre entre humains, et la bactérie peut persister dans les selles pendant des semaines après la disparition des symptômes cliniques Note de bas de page 2, Note de bas de page 9

SECTION III - DISSÉMINATION

RÉSERVOIR : Les porcs constituent un important hôte réservoir bien que la bactérie ait été retrouvée chez plusieurs animaux à sang chaud, notamment des animaux de ferme et de compagnie Note de bas de page 2.

ZOONOSE : La maladie peut se propager des animaux aux humains par l’eau, les fèces et les aliments contaminés (par exemple porc contaminé) Note de bas de page 2, Note de bas de page 3

VECTEURS : Aucun

SECTION IV - VIABILITÉ ET STABILITÉ

SENSIBILITÉ AUX MÉDICAMENTS : Yersinia enterocolitica est sensible au chloramphénicol, aux fluoroquinolones, à la gentamicine, à la tétracycline et au triméthoprime‑sulfaméthoxazole Note de bas de page 6. Il est généralement résistant à la pénicilline et à ses dérivés et aux céphalosporines à spectre étroit Note de bas de page 7, Note de bas de page 10.

SENSIBILITÉ AUX DÉSINFECTANTS : Sensibilité au phénol à 2‑5 %, à l’hypochlorite de sodium à 1 %, à l’éthanol à 70 %, au formaldéhyde à 4 %, au glutaraldéhyde à 2 %, à l’acide péracétique à 2 %, au peroxyde d’hydrogène à 3‑6 % et à l’iode à 0,16 % Note de bas de page 11

INACTIVATION PHYSIQUE : La bactérie est sensible à la chaleur humide (121 ºC pendant au moins 12 minutes) et à la chaleur sèche (170 ºC pendant 1 heure) Note de bas de page 12

SURVIE À L'EXTÉRIEUR DE L'HÔTE : La bactérie peut survivre 448 jours dans l’eau à une température entre -4 et 8 ºC et 10 jours dans l’eau entre 20 et 30 ºC Note de bas de page 13. Elle peut survivre 10 jours dans le sol et le fumier de bovins à une température entre -4 et 30 ºC Note de bas de page 13.

SECTION V - PREMIERS SOINS ET ASPECTS MÉDICAUX

SURVEILLANCE : Surveiller l’apparition de symptômes. La bactérie peut être isolée dans les fèces, les échantillons de tissu, le sang et le pus Note de bas de page 3, Note de bas de page 6. On peut aussi diagnostiquer la maladie au moyen des méthodes PCR et ELISA Note de bas de page 3.

Remarque : Les méthodes de diagnostic ne sont pas nécessairement disponibles dans tous les pays.

PREMIERS SOINS ET TRAITEMENT : Bien que les infections par Yersinia enterocolitica évoluent habituellement spontanément vers la guérison, un traitement antibiotique est nécessaire dans les cas graves ou compliqués Note de bas de page 5, Note de bas de page 14. La gentamicine, le cotrimoxazole et la ciprofloxacine sont les antibiotiques couramment utilisés Note de bas de page 14. Une chirurgie peut être nécessaire pour traiter l’iléite terminale aiguë Note de bas de page 3.

IMMUNISATION : Aucune.

PROPHYLAXIE : Aucune.

SECTION VI - DANGERS POUR LE PERSONNEL DE LABORATOIRE

INFECTIONS CONTRACTÉES AU LABORATOIRE : Aucune

SOURCES ET ÉCHANTILLONS : La bactérie peut être présente dans les fèces, le sang ou le tissu des ganglions lymphatiques Note de bas de page 2, Note de bas de page 6.

DANGERS PRIMAIRES : L’inoculation parentérale accidentelle constitue toujours un risque lorsqu’on travaille avec des agents pathogènes, et l’ingestion de l’agent infectieux (par le biais des mains contaminées) est un danger auquel est exposé le personnel de laboratoire qui travaille avec des agents entéropathogènes Note de bas de page 7.

DANGERS PARTICULIERS : Les contacts avec des animaux infectés peuvent présenter un risque Note de bas de page 5.

SECTION VII - CONTRÔLE DE L'EXPOSITION ET PROTECTION PERSONNELLE

CLASSIFICATION PAR GROUPE DE RISQUE : Groupe de risque 2 Note de bas de page 15.

EXIGENCES DE CONFINEMENT : Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 2 pour le travail avec des matières, cultures ou animaux infectieux ou potentiellement infectieux Note de bas de page 16, Note de bas de page 17.

VÊTEMENTS DE PROTECTION : Sarrau. Gants, lorsqu’un contact direct de la peau avec des matières infectées ou des animaux est inévitable. Une protection pour les yeux doit être utilisée lorsqu’il y a un risque connu ou potentiel d’éclaboussure Note de bas de page 16.

AUTRES PRÉCAUTIONS : Toutes les procédures pouvant produire des aérosols ou mettant en cause des concentrations ou des quantités élevées doivent s’effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB). L’utilisation d’aiguilles, de seringues et d’autres objets tranchants doit être strictement restreinte. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelle Note de bas de page 16.

SECTION VIII - MANUTENTION ET ENTREPOSAGE

DÉVERSEMENTS : Laisser les aérosols se déposer et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie‑tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyer.

ÉLIMINATION : Décontaminer les matières à éliminer qui contiennent l’agent infectieux ou sont venues en contact avec celui‑ci par autoclavage, désinfection chimique, irradiation gamma ou incinération.

ENTREPOSAGE : L’agent infectieux devrait être conservé dans des contenants étanches qui sont étiquetés de façon appropriée.

SECTION IX - RENSEIGNEMENTS SUR LA RÉGLEMENTATION ET AUTRES

INFORMATION SUR LA RÉGLEMENTATION : L’importation, le transport et l’utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l’Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l’Agence canadienne d’inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.

DERNIÈRE MISE À JOUR : Décembre 2011

PRÉPARÉE PAR : Direction de la règlementation des agents pathogènes, agence de la santé publique du Canada.

Bien que les renseignements, opinions et recommandations présentés dans cette Fiche de renseignements proviennent de sources que nous jugeons fiables, nous ne nous rendons pas responsables de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l’utilisation de ces renseignements. Comme on découvre fréquemment de nouveaux dangers, il est possible que ces renseignements ne soient pas tout à fait à jour.

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