Couverture vaccinale des adultes au Canada : Résultats de l'Enquête nationale sur la vaccination des adultes (ENVA) de 2012

Introduction

La vaccination est une réalisation importante pour la santé publique, empêchant le développement de maladies infectieuses et contribuant à la santé des Canadiens. Certaines personnes croient que la vaccination ne concerne que les bébés et les enfants. C'est faux, elle est aussi importante pour les adultes pour deux raisons principales :

  • pour prévenir certaines maladies évitables par la vaccination et réduire le risque de morbidité et de mortalité associé à ces maladies;
  • pour protéger les personnes vulnérables qui ne peuvent pas être vaccinées, ne sont pas entièrement immunisées ou ne développent pas une immunité adéquate aux vaccins.

Depuis 2001, l'Agence de la santé publique du Canada (l'Agence) évalue régulièrement le taux de couverture vaccinale des adultes à l'échelle nationale pour certains vaccins au moyen de l'Enquête nationale sur la vaccination des adultes (ENVA). Les résultats de ces enquêtes sont utilisés pour évaluer les progrès réalisés en vue d'atteindre les cibles de couverture vaccinale à l'échelle nationale, rendre compte des données estimatives de couverture vaccinale aux organismes internationaux, améliorer la planification de la préparation en cas de pandémie de grippe et mettre au point des stratégies ciblées et pertinentes de sensibilisation du public. La couverture vaccinale pour les vaccins contre la grippe saisonnière, le pneumocoque, l'hépatite B, le tétanos, la coqueluche acellulaire et la varicelle est mesurée au sein de la population générale adulte (ne résidant pas en établissement et âgée de 18 ans et plus), ainsi qu'au sein de certains groupes cibles désignés par le Comité consultatif national de l'immunisation (CCNI) Note de bas de page 1, notamment les personnes âgées (à partir de 65 ans), les adultes (âgés de 18 à 64 ans) souffrant de problèmes de santé chroniques et les travailleurs de la santé, qui présentent un risque supérieur d'exposition aux maladies évitables par la vaccination et de complications dues à ces maladies. Le questionnaire de l'enquête comprend également des questions additionnelles visant à évaluer les connaissances, les attitudes et les comportements (CAC) par rapport à l'immunisation ainsi que les raisons à l'origine des occasions de vaccination manquées.

L'Enquête nationale sur la vaccination des adultes est réalisée tous les deux ans. Un cycle récent de l'enquête a eu lieu en 2012; les éditions précédentes ont eu lieu en 2001Note de bas de page 2, 2006, 2008 et 2010. Ce rapport décrit les résultats du cycle de 2012 et présente une comparaison des estimations de la couverture avec celles des enquêtes précédentes. Il faut faire preuve de prudence lors de l'examen de ce rapport puisque les méthodes d'enquête ont évolué depuis 2001. La méthodologie est expliquée à la section suivante, tandis que les limites sont soulignées plus loin dans le rapport.

Méthodologie

Élaboration du questionnaire

Les vaccins et les groupes cibles inclus dans l'ENVA de 2012 ont été classés par ordre de priorité en consultation avec des experts en immunisation de tout le Canada et le questionnaire pour 2012 a été adapté à partir de ceux utilisés pour les ENVA de 2006, 2008 et 2010. Le questionnaire diffère de l'édition de 2006 en ce qu'il comprend des questions sur les antécédents vaccinaux ainsi que des questions visant à évaluer les connaissances, les attitudes et les comportements par rapport à la vaccination contre l'hépatite B, le tétanos, la coqueluche et la varicelle. Le questionnaire comprend aussi des questions démographiques concernant l'âge, le genre, la formation, le statut professionnel, les revenus du ménage et le pays de naissance. Pour répondre aux questions de l'enquête, les répondants devaient indiquer leurs antécédents vaccinaux de mémoire.

Échantillonnage

L'ENVA de 2012 a été menée par un entrepreneur entre le 27 août et le 26 septembre 2012. Les répondants de chaque province et territoire ont été choisis par un système d'appel aléatoire, et l'échantillonnage a été stratifié par taille de la province/du territoire et de la communauté. L'échantillon a ensuite été pondéré au moyen des données du recensement canadien de 2006 Note de bas de page 3 afin d'être représentatif de la population nationale. Au total, 3 005 répondants ont répondu à l'entrevue téléphonique (2 755 dans la population générale et 250 dans le suréchantillon des travailleurs de la santé. Le suréchantillonnage pour le groupe des travailleurs de la santé est nécessaire, car le nombre de travailleurs de la santé obtenu lors de l'échantillonnage dans la population générale serait trop faible pour donner des estimations sur la couverture avec une marge d'erreur acceptable. Cela s'explique en partie par le fait que les travailleurs de la santé représentent uniquement un faible pourcentage de la population. De ce fait, un sous-échantillon de travailleurs de la santé déterminés auparavant (listes de professionnels de la santé ou d'organisations de soins de santé par un processus de sélection aléatoire) a été utilisé comme répondants en plus des répondants de la population générale qui sont des travailleurs de la santé. Un stimulant pécuniaire a été offert aux médecins et infirmiers pour les inciter à participer à l'enquête. La cohorte totale des travailleurs de la santé basée sur le processus de recrutement avec le système d'appel aléatoire (n = 338) et le suréchantillonnage (n = 250) était de 588. Le taux de réponse pour l'enquête sur la population générale a été de 9 %, contre 12 % pour le suréchantillon des travailleurs de la santé.

Comme dans les éditions antérieures de l'enquête, les provinces et les territoires ont été invités à procéder à un suréchantillonnage pour permettre une estimation adéquate à leur échelle. Les provinces et territoires participants n'ont pas effectué de suréchantillonnage pour ce cycle d'enquête, mais cette pratique donne aux provinces et aux territoires l'occasion d'utiliser les outils d'enquête déjà élaborés par l'Agence pour estimer la couverture à l'échelle nationale. Cela permet aussi aux provinces et aux territoires d'établir les estimations de la couverture au niveau provincial/territorial. Par exemple, si une province donnée choisit de procéder à un suréchantillonnage, elle peut participer à l'enquête, et les enquêteurs réaliseront plus d'entrevues dans cette province pour que la taille de l'échantillon dans cette province soit assez grande pour pouvoir calculer les estimations de la couverture provinciale.

Les répondants ont été sélectionnés au cours de l'entretien téléphonique et classés dans les groupes cibles recommandés par le CCNI : Canadiens adultes ne résidant pas en établissement âgés de 65 ans et plus (personnes âgées), Canadiens ne résidant pas en établissement âgés de 18 à 64 ans souffrant d'un problème de santé chronique et travailleurs de la santé. Aux fins de l'enquête et conformément aux définitions du CCNI, un problème de santé chronique est défini comme une cardiopathie, de l'asthme, d'autres affections pulmonaires chroniques, un cancer, un diabète, une cirrhose, une néphropathie chronique, une affection immunitaire/immunosuppression ou un AVC. Les problèmes de santé chroniques associés à l'apparition d'une infection à pneumocoque comprennent également les sujets atteints d'asplénie anatomique ou fonctionnelle, ainsi que les maladies mentionnées ci-dessus, à l'exception de l'asthme. Environ 400 personnes ont été recrutées dans chaque groupe cible, sauf dans le groupe des travailleurs de la santé, dans lequel on a dû recourir à un recrutement supplémentaire (suréchantillonnage) pour obtenir un échantillon plus grand. Ces travailleurs de la santé supplémentaires ont été sélectionnés aléatoirement à partir des listes d'organisation de soins de santé afin d'obtenir un échantillon total de 588 sujets (388 du processus par système d'appel aléatoire et 250 de plus du processus de suréchantillonnage). Les répondants non répartis dans un groupe cible ont été inclus dans le groupe représentatif de la population générale adulte.

La marge d'erreur pour la population générale adulte est d'environ +/- 1,8 %.Pour les groupes cibles, à l'exclusion des travailleurs de la santé, la marge d'erreur, fondée sur un plus petit échantillon d'environ 400 personnes par groupe, est plus élevée, soit +/- 5 %. En raison de la taille plus importante de l'échantillon, la marge d'erreur pour les travailleurs de la santé est de +/- 4 %.

Analyse statistique

Bien que les estimations de la couverture s'appuient sur les recommandations du CCNI, les différences propres aux divers programmes d'immunisation des provinces et territoires sont prises en compte dans l'analyse. Une analyse préliminaire a été réalisée par l'entrepreneur, suivie d'autres analyses menées par le Centre de l'immunisation et des maladies respiratoires infectieuses (CIMRI) de l'Agence au moyen des logiciels SPSS et SAS. La version 15.0 de SPSS a été utilisée pour générer la fréquence d'occurrence de chaque variable. Les données de couverture vaccinale, pour tous les vaccins, ont été regroupées dans des tableaux croisés comprenant des variables démographiques et d'autres variables pertinentes, comme les facteurs de risque. Les estimations nationales pour la population générale ont été pondérées en fonction de l'âge, du genre et des estimations de la population des provinces et territoires selon les données du recensement de la population de 2006 Note de bas de page 3. Les données nationales relatives aux travailleurs de la santé ont été pondérées en fonction de l'âge et de la région. Des comparaisons entre les estimations de couverture vaccinale de 2001, 2006, 2008, 2010 et 2012 ont été effectuées, le cas échéant, au moyen des tests t de Student et des tests du chi carré. Sauf indication contraire, seules les différences significatives au niveau de confiance de 95 % (p < 0,05) sont présentées dans ce rapport. Une analyse de régression a été effectuée pour examiner les facteurs de prédiction de l'administration du vaccin contre la grippe saisonnière et du vaccin polysaccharidique contre le pneumocoque en 2001, 2006, 2008, 2010 et 2012. Des rapports de cotes bruts ont été déterminés au moyen d'une analyse à une variable et toutes les variables significatives ont été incluses dans un modèle de régression logistique ajusté. En outre, toutes les autres variables considérées comme ayant une forte influence sur le taux de vaccination ont également été incluses dans le modèle ajusté. Les résultats de l'analyse sont examinés ci-dessous.

Résultats

Les chiffres en caractères gras indiquent une différence statistiquement significative par rapport au cycle d'enquête précédent.

Tableau 1 : Estimation de la couverture vaccinale des adultes entre 2001 et 2012 concernant les vaccins contre la grippe saisonnière, le pneumocoque et l'hépatite B
Groupes à risque Estimations de la couverture en 2001 Note de bas de page 2 %
(IC à 95 %)
Estimations de la couverture en 2006 %
(IC à 95 %) N = 2 237
Estimations de la couverture en 2008 %
(IC à 95 %) N = 3 597
Estimations de la couverture en 2010 %
(IC à 95 %) N = 2 931
Estimations de la couverture en 2012 %
(IC à 95 %) N = 3 005
Cibles nationales Note de bas de page 4
Grippe saisonnière
Population générale 32,7 (31,1-34,3) 37,3 (35,3-39,2) 35,8 (34,1-37,6) 28,1 (26,5-29,7) 37,2 (35,4-39,0) S.O.
65 ans et plus 69,1 (65,0-73,2) 69,9 (65,1-74,7) 66,5 (62,4-70,6) 52,8 (48,3-57,3) 64,9 (61,4-68,4) 80% d'ici 2010
18-64 ans souffrant d'un PSC* 38,4 (35,1-41,8) 38,2 (33,3-43,1) 34,8(31,1-38,5) 58,9 (54,2-63,5) 37,7 (33,9-41,5) 80% d'ici 2010
Travailleurs de la santé** 54,8 (49,0-60,6) 69,9 (66,6-73,2) 67,8 (63,3-72,4) 74,0 (69,1-78,9) 68,6 (64,6-72,6) 80% d'ici 2010
H1N1
Population générale S.O. S.O. S.O. 45,1 (43,3-46,8) S.O. S.O.
65 ans et plus 59,7 (55,2-64,2)
18-64 ans souffrant d'un PSC* 87,2 (84,0-90,4)
Travailleurs de la santé** 92,9 (90,0-95,7)
Pneumocoque
65 ans et plus 42,2 (37,8-46,6) 38,2 (33,3-43,1) 34,0 (29,7-38,2) 37,7 (33,3-42,1) 38 (34,5-41,5) 80% d'ici 2010
18-64 ans souffrant d'un PSC 15,4 (12,5-18,3) 16,7 (12,1-21,3) 9,7 (7,0-12,4) 15,1 (12,1-18,2) 19 (14,7-23,3) 80% d'ici 2010
Hépatite B
Population générale S.O. 57,7 (54,0-61,4) 35,8 (34,1-37,5) 38,1 (36,3-39,8) 39,7 (37,9-41,5) S.O.
18-64 ans S.O. 29,2 (24,7-33,7) 39,5 (37,6-41,4) 42,4 (40,4-44,3) 41,4 (38,7-44,1)
Travailleurs de la santé 53,9 (49,4-58,4) 61,5 (58,7-64,3) 65,6 (61,7-69,5) 70,8 (67,0-74,5) 64,9 (60,9-68,9)
Note de bas de page
* PSC : problème de santé chronique, notamment cardiopathie, AVC, asthme, autres affections pulmonaires chroniques, cancer, diabète, cirrhose, néphropathie chronique, affection immunitaire/immunosuppression
Note de bas de page
** Travailleurs de la santé en contact étroit avec les patients
Tableau 2 : Estimation de la couverture vaccinale des adultes entre 2006 et 2012 concernant les vaccins contre la coqueluche acellulaire, contre le tétanos et contre la varicelle
Vaccin Estimations de la couverture en 2006 %
(IC à 95 %)
Estimations de la couverture en 2008 %
(IC à 95 %)
Estimations de la couverture en 2010 %
(IC à 95 %)
Estimations de la couverture en 2012 %
(IC à 95 %)
Cibles nationales Note de bas de page 4
Tétanos (1 dose au cours des 10 dernières années)
Population générale 46,5 (44,4-48,5) 49,9 (48,1-51,7) 46,1 (44,3-47,9) 49,7 (47,9-51,5) S.O.
Traitement après une plaie 78,3 (75,3-81,3) 76,0 (73,4-78,6) 76,3 (73,5-79,1) 78,2 (75,0-81,4) S.O.
Varicelle (dose unique)
Travailleurs de la santé** 22,5 (20,1-24,9) 25,0 (10,0-40,0) 34,2 (19,1-49,3) 42,9 (30,0-55,8) Immunité démontrée chez 100 % des travailleurs : antécédents de maladie, réaction sérologique positive ou antécédents d'immunisation
Coqueluche (1 dose à l'âge adulte)
Population générale 3,9 (3,1-4,7) 4,8 (4,0-5,5) 5,1 (4,3-5,9) 6,7 (4,9-8,5) S.O.
VPH
Population générale (jusqu'à 30 ans) S.O. S.O. 8,1 (6,0-10,3) 12,2 (7,3-17,1) S.O.
Note de bas de page
** Travailleurs de la santé en contact étroit avec les patients (n = 32).

Figure 1 : Couverture vaccinale estimée chez la population adulte générale (de 18 à 64 ans) au Canada de 2001 à 2012 pour les vaccins contre la grippe saisonnière, l'hépatite B et le VPH.

Figure 1

Équivalent textuel - Figure 1

$ L'enquête de 2001 a eu recours à une méthodologie différente de celle utilisée depuis 2006; il est donc difficile de comparer les résultats de 2001 avec ceux obtenus à partir de 2006. Une base d'échantillonnage prédéterminée a été utilisée dans le cadre de la méthodologie de l'enquête en 2001, qui a été remplacée par un système d'appel aléatoire en 2006.

* Les estimations de la couverture vaccinale contre le VPH ne sont pas disponibles avant 2010.

# L'éclosion de la grippe H1N1 en 2009 a entraîné une baisse du taux de vaccination contre la grippe saisonnière

i) Vaccination contre la grippe saisonnière

Le CCNI recommande la vaccination contre la grippe saisonnière en particulier pour les adultes exposés à un risque élevé de complications liées à la grippe, ceux susceptibles de transmettre la grippe à des personnes à risque élevé de complications et ceux qui fournissent des services communautaires essentiels Note de bas de page 5. Toutes les provinces et tous les territoires offrent des programmes d'immunisation contre la grippe saisonnière financés par les fonds publics à ces groupes cibles à haut risque. En outre, le CCNI recommande d'inciter tous les adultes en bonne santé à se faire vacciner contre la grippe saisonnière. L'analyse qui suit illustre les différences qui existent entre les programmes de vaccination contre la grippe saisonnière dans les provinces et les territoires.

En ce qui concerne l'administration du vaccin antigrippal saisonnier, si on a observé des augmentations dans la couverture estimée des travailleurs de la santé (14 % depuis 2001), la cible de 80 % de couverture vaccinale contre la grippe saisonnière recommandée à l'échelle nationale d'ici 2010 (fixée lors d'une conférence nationale de concertation) pour l'ensemble des groupes cibles n'a pas encore été atteinte Note de bas de page 4.

La proportion de répondants de la population générale ayant déclaré avoir reçu une dose de vaccin antigrippal saisonnier l'année précédant l'enquête de 2012 est de 37,2 % (voir le tableau 1). Cette proportion, qui est semblable aux chiffres observés en 2008 (35,8 %), est le signe d'un retour aux taux de vaccination contre la grippe saisonnière d'avant la pandémie dans la population générale. Au sein des autres groupes cibles recommandés par le CCNI, la couverture vaccinale contre la grippe saisonnière est restée relativement proche des chiffres observés en 2008. Les personnes âgées conservent le taux le plus élevé avec 65 %, alors que les adultes âgés de 18 à 64 ans souffrant d'un problème de santé chronique présentent la couverture vaccinale la plus faible des trois groupes cibles avec 37,7 %.

Facteurs de prédiction de la vaccination antigrippale saisonnière

Les facteurs augmentant la probabilité de se faire vacciner contre la grippe saisonnière sont les suivants : âge, profession, problème médical à risque élevé et recommandation de la part d'un professionnel de la santé. La vaccination contre la grippe saisonnière étant recommandée aux travailleurs de la santé et aux volontaires, les répondants occupant ces métiers avaient plus de probabilité d'être vaccinés contre la grippe saisonnière que les adultes d'autres professions. Les personnes présentant des problèmes médicaux à risque élevé étaient plus susceptibles de signaler avoir reçu le vaccin contre la grippe saisonnière, ce qui est probablement dû aux recommandations pour les personnes à risque élevé et, éventuellement, au fait que les personnes présentant des problèmes médicaux à risque élevé pourraient avoir un meilleur accès au vaccin.La recommandation de vaccination contre la grippe saisonnière de la part d'un travailleur de la santé pendant une consultation clinique constituait le principal facteur de prédiction relatif à cette vaccination au sein de la population générale. Il est intéressant de noter que le fait de résider dans une province ou un territoire bénéficiant d'un programme universel de vaccination contre la grippe saisonnière ne constituait pas un facteur de prédiction de la vaccination contre cette maladie une fois les autres facteurs de confusion pris en compte (p. ex. éducation, âge, profession, etc.). En outre, un niveau d'études plus avancé et des revenus du ménage plus élevés n'étaient pas associés à la vaccination contre la grippe saisonnière. Les facteurs de prédiction de la vaccination contre la grippe saisonnière en 2012 étaient semblables à ceux observés en 2006, 2008 et 2010.

ii) Vaccin polysaccharidique contre le pneumocoque (Pneu-P-23)

Le CCNI recommande d'administrer une dose de vaccin polysaccharidique contre le pneumocoque (Pneu-P-23) aux personnes âgées et, à partir de l'âge de deux ans, aux personnes souffrant d'un problème de santé chronique sous-jacent (p. ex. drépanocytose, myélome multiple, etc.) Note de bas de page 6. La vaccination par le vaccin Pneu-P-23 est financée par les fonds publics dans l'ensemble des provinces et territoires pour ces deux groupes cibles.

La couverture du vaccin contre le pneumocoque est restée stable pour les personnes âgées d'au moins 65 ans entre 2006 (38,2 %) et 2012 (38 %). Chez les adultes âgés de 18 à 64 ans ayant des problèmes de santé chroniques, la couverture du vaccin contre le pneumocoque est également demeurée stable entre 2010 (15,1 %) et 2012 (19 %). Les taux estimatifs de vaccination contre le pneumocoque sont résumés au tableau 1.

Facteurs de prédiction de l'immunisation par le vaccin Pneu-P-23

Le fait que la vaccination soit recommandée par un professionnel de la santé augmente considérablement la probabilité d'administration du vaccin Pneu-P-23. En outre, l'âge (à partir de 65 ans) et les niveaux d'étude élevés (diplôme universitaire ou plus) sont des caractéristiques qui conditionnent la vaccination contre le pneumocoque.

iii) Vaccination contre l'hépatite B parmi les travailleurs de la santé

La vaccination contre l'hépatite B est recommandée par le CCNI pour tous les travailleurs de la santé susceptibles d'être en contact avec du sang ou des produits sanguins, les personnes exposées à un risque d'infection en raison de leur mode de vie (p. ex. voyage, comportement à haut risque, etc.), les personnes ayant certains problèmes de santé chroniques, notamment l'hémophilie et d'autres maladies susceptibles de nécessiter des transfusions répétées de sang ou de produits sanguins ou une hémodialyse, les personnes atteintes d'une maladie du foie chronique ou sous traitement par des médicaments hépatotoxiques, les personnes infectées par le virus de l'hépatite C, les personnes ayant subi une greffe de cellules souches hématopoïétiques, ainsi que les personnes atteintes d'autres affections pour lesquelles des médicaments hépatotoxiques pourraient être prescrits à l'avenir Note de bas de page 1. En général, au moins deux doses de vaccin contre l'hépatite B sont requises, selon le vaccin spécifique administré et en fonction de l'obtention d'une réponse immunitaire adéquate lors d'une vaccination antérieure Note de bas de page 2. Des programmes d'immunisation systématique contre l'hépatite B ont été mis en place dans certaines provinces et certains territoires vers le milieu des années 1980 pour les nourrissons ou en milieu scolaire Note de bas de page 7. En outre, la vaccination contre l'hépatite B pour les travailleurs de la santé n'est pas financée ni recommandée dans l'ensemble des provinces et territoires. Par conséquent, en raison de la nature hétérogène des programmes d'immunisation contre l'hépatite B au Canada, il est difficile de comparer les estimations de la couverture vaccinale contre cette affection à l'échelle nationale et à l'échelle des provinces et territoires.

En 2012, la couverture vaccinale contre l'hépatite B était estimée à 39,7 % de la population générale adulte du Canada. Le taux de vaccination contre l'hépatite B était similaire chez les adultes âgés de 18 à 64 ans souffrant de problèmes de santé chroniques, soit 41,4 %. Environ 64,9 % des travailleurs de la santé en contact étroit avec les patients ont été vaccinés contre l'hépatite B en 2012 ou auparavant, ce qui constitue des niveaux de couverture vaccinale contre cette maladie supérieurs à ceux observés en 2001, lorsque cette couverture était estimée à 53,9 %.

Facteurs de prédiction de la vaccination contre l'hépatite B

Les adultes âgés de 18 à 44 ans avaient beaucoup plus de probabilités d'être immunisés contre l'hépatite B que les groupes d'âge supérieurs (de 45 à 64 ans, 65 ans et plus). En outre, un niveau d'études plus élevé et un métier de travailleur de la santé ou de volontaire étaient des facteurs associés à une plus grande vaccination contre l'hépatite B.

iv) Vaccination contre le tétanos, la coqueluche acellulaire et la varicelle

Au Canada, le vaccin pour adultes contre la coqueluche acellulaire est administré sous la forme d'un vaccin trivalent qui protège également contre le tétanos et la diphtérie (Tdap). Ce vaccin trivalent est utilisé depuis 1999 dans le pays. S'il est disponible partout pour les adolescents, son utilisation pour les adultes n'est pas encore financée par l'ensemble des provinces et territoires. Par conséquent, il n'est pas étonnant que l'estimation de la couverture vaccinale de base pour le Tdap reste faible (6,7 %), avec une légère hausse dans le temps (3,9 % en 2006).

Comme au cours des précédents cycles de l'enquête, on a demandé aux répondants de l'enquête de 2012 s'ils avaient été vaccinés contre le tétanos au cours des 10 dernières années, conformément aux recommandations du CCNI Note de bas de page 1. Le taux de couverture vaccinale antitétanique parmi la population générale est estimé à 49,7 %. Ce taux atteint 78,2 % chez les personnes ayant déclaré avoir été soignées pour une plaie au cours des 10 dernières années (voir le tableau 2).

En ce qui concerne la varicelle, parmi les adultes de la population générale sans antécédents d'immunité (9,1 % de la population générale), la couverture vaccinale a été estimée à 24,9 %, à 25,8 % chez les adultes ayant un problème de santé chronique et à 42,9 % chez les travailleurs de la santé. Parmi les travailleurs de la santé, seuls 32 % avaient subi des tests d'immunité à la varicelle avant la vaccination; en revanche, l'interprétation de ces résultats est limitée en raison de la petite taille de l'échantillon.

v) Vaccination contre les virus du papillome humain (VPH)

Le virus du papillome humain (VPH) est l'une des infections transmissibles sexuellement les plus courantes et une infection persistante peut entraîner le développement d'un cancer du col de l'utérus. La vaccination contre le VPH peut protéger contre la plupart des infections au VPH transmissibles sexuellement. Le CCNI recommande la vaccination pour prévenir les infections aux types les plus courants du VPH chez les filles avant leurs premières relations sexuelles et chez les filles de 14 à 26 ans qui sont sexuellement actives, qui ont obtenu des résultats anormaux au test Pap ou qui ont déjà contracté une infection par le VPH. Ces recommandations ont été formulées en 2007. En 2012, le CCNI a également recommandé le vaccin aux femmes plus âgées, jusqu'à 45 ans, et aux hommes âgés de 9 à 26 ans. En 2012, les programmes d'immunisation étaient axés sur l'administration du vaccin contre le VPH aux filles d'âge scolaire; et les femmes adultes et les filles plus âgées souhaitant recevoir le vaccin contre le VPH devaient assumer le frais du vaccin puisque les programmes financés par les fonds publics ne prenaient pas en charge ce vaccin chez ces personnes.

À l'occasion de l'ENVA de 2012, on a demandé aux participants jusqu'à 30 ans s'ils avaient reçu le vaccin contre le VPH. Environ 12,2 % des adultes ont indiqué qu'ils avaient été immunisés contre le VPH.

vi) Connaissances, attitudes et comportements

Source d'information sur la vaccination

Environ 51 % des travailleurs de la santé déclarent qu'ils ont la possibilité de renseigner leurs patients à propos des vaccins. Parmi les travailleurs de la santé, ce sont les médecins et les infirmiers qui fournissent le plus d'information sur la vaccination. Par ailleurs, la majorité de l'information fournie par les travailleurs de la santé a trait aux soins préventifs, dont la vaccination (75,6 %), et les avantages et l'innocuité des vaccins (37,3 %). Les questions les plus fréquemment posées aux travailleurs de la santé sur l'immunisation concernent l'innocuité, les effets secondaires ou les risques de complications des vaccins. Ces questions constituent près de la moitié (45,5 %) de toutes les questions posées aux travailleurs de la santé à propos des vaccins.

De nombreux Canadiens (65 %) préfèrent s'adresser aux travailleurs de la santé pour obtenir des renseignements sur la vaccination. Les médias, Internet et les publications sont les sources préférées d'information sur les vaccins pour 28 % des adultes.

Analyse

Les résultats de l'ENVA de 2012 révèlent que la couverture vaccinale mesurée parmi les adultes de la population canadienne générale et les travailleurs de la santé s'est améliorée au fil du temps pour certains vaccins. Malgré les progrès réalisés, toutefois, des efforts restent à faire pour inciter la population adulte à se faire vacciner et augmenter le taux de vaccination. L'estimation de la couverture vaccinale contre la grippe saisonnière dans la population générale adulte est restée relativement stable depuis 2006, soit environ 35 %. Bien que la couverture vaccinale chez les adultes de plus de 65 ans demeure élevée, elle reste en dessous des cibles nationales. Il est impératif de renforcer les efforts de sensibilisation et la collaboration des travailleurs de la santé afin de conscientiser à l'importance d'atteindre un taux de vaccination élevé chez les personnes souffrant d'un problème de santé chronique pour lesquelles le risque de complications est plus élevé. Le taux de vaccination contre l'hépatite B parmi les travailleurs de la santé a augmenté depuis 2001. Le taux de vaccination contre l'hépatite B plus élevé observé chez les jeunes reflète probablement le vieillissement de la cohorte ayant accès aux programmes de vaccination financés par les fonds publics depuis la mise en œuvre de ces programmes à partir du milieu des années 1980. L'administration du vaccin contre le pneumocoque n'a pas beaucoup varié depuis 2001, avec une couverture vaccinale toujours en dessous des cibles nationales, ce qui indique la nécessité d'améliorer la promotion de ce vaccin au sein des groupes cibles recommandés.

Les questions concernant la vaccination contre la coqueluche acellulaire et la varicelle ont été ajoutées en 2006 afin d'évaluer les estimations de la couverture vaccinale de base dans la population adulte. Depuis 1999, le vaccin pour adultes contre la coqueluche acellulaire est administré en association avec les vaccins antitétanique et antidiphtérique sous forme d'un vaccin trivalent (Tdap). Bien que le vaccin Tdap soit actuellement disponible dans l'ensemble des provinces et territoires pour les adolescents, son administration chez l'adulte ne bénéficie actuellement d'aucun financement systématique. Le nouveau vaccin contre la varicelle n'est disponible que depuis peu de temps; la varicelle étant perçue par beaucoup comme une maladie d'enfance courante, le taux de vaccination progresse lentement parmi les adultes. Par conséquent, l'estimation de la couverture vaccinale au sein de la population adulte concernant la coqueluche acellulaire et la varicelle est en augmentation depuis 2006. En revanche, les estimations observées restent faibles et en dessous des cibles nationales établies lors de la Conférence nationale de concertation sur les maladies évitables par la vaccination de 2005 Note de bas de page 4.

La couverture vaccinale antitétanitique s'est avérée faible bien que le programme soit financé depuis quelque temps déjà. L'administration du vaccin contre le tétanos était importante parmi les adultes ayant été traités pour une plaie. Toutefois, la question relative à la couverture vaccinale antitétanique couvrait une période de dix ans, donc le biais de rappel a pu entraîner une sous-estimation du taux d'immunisation. Le tétanos est une infection opportuniste grave et souvent mortelle, et le faible taux estimé de vaccination souligne la nécessité de renforcer les efforts visant à augmenter la vaccination antitétanique systématique au sein de la population générale.

Le rôle des travailleurs de la santé sur le plan de la sensibilisation des patients aux vaccins est un volet important du processus d'immunisation de la population adulte. Dans le cas des vaccins contre la grippe saisonnière et contre le pneumocoque, la recommandation d'un professionnel de la santé s'est avérée être un puissant facteur de prédiction de la vaccination; il est donc impératif d'inciter les professionnels de la santé à prendre part aux activités de sensibilisation à la vaccination. En outre, les résultats de l'enquête soulignent le besoin de sensibiliser les adultes afin de leur permettre de cerner les groupes cibles concernés par certains vaccins, ainsi que la nécessité de promouvoir la vaccination dans ces groupes vulnérables. Les campagnes et les programmes de sensibilisation à destination des groupes à haut risque, des adultes âgés de plus de 65 ans et des adultes ayant un problème de santé chronique ont réussi à transmettre l'importance de la vaccination et les recommandations relatives à l'immunisation annuelle contre la grippe saisonnière. S'il faut davantage sensibiliser le grand public au vaccin contre la grippe et à d'autres vaccins, les programmes de sensibilisation doivent continuer à se concentrer sur l'importance de l'immunisation contre la grippe saisonnière.

La couverture vaccinale parmi les adultes aux États-Unis a été mesurée en 2011 grâce au National Flu Survey (NFS) Note de bas de page 8. La couverture par le vaccin antigrippal saisonnier parmi la population générale des adultes (18 à 49 ans) qui n'appartiennent pas à un groupe à haut risque aux États-Unis a été estimée à 36,2 %, alors que 62,3 % des adultes à partir de 65 ans se sont fait vacciner contre la grippe au cours de la saison 2011-2012; ces chiffres sont proches de ceux qu'on observe au Canada pour la vaccination antigrippale. Près des deux tiers (63,4 %) des travailleurs de la santé (âgés de 19 à 64 ans) ont été vaccinés contre la grippe saisonnière. Sans grande différence avec le Canada, le taux de vaccination contre le pneumocoque aux États-Unis est estimé à 20,1 % chez les adultes (19 à 64 ans) à haut risque et à 62,3 % chez les personnes âgées de 65 ans et plus Note de bas de page 9. Certaines estimations internationales de la couverture vaccinale présentent des différences importantes par rapport aux estimations canadiennes. La variation de ces estimations peut être le reflet de différences dans la mise en application des programmes d'immunisation ou de différences dans les méthodes de déclaration de l'administration des vaccins. Les produits de vaccination peuvent également varier d'un pays à l'autre, donc avoir des conséquences sur l'administration des vaccins et le taux de vaccination. Les recommandations relatives à l'immunisation pour les groupes cibles et les définitions des groupes à haut risque varient également entre les États-Unis et le Canada, ce qui entraîne des niveaux de couverture différents au sein de la population générale. Les différences pragmatiques associées aux variations de l'épidémiologie des différentes maladies évitables par la vaccination se répercutent également sur les estimations de la couverture observées dans chaque pays et limitent les possibilités de procéder à des comparaisons. Ainsi, il faut faire preuve de prudence à l'heure d'interpréter les comparaisons.

Les limites de l'ENVA de 2012 comprennent un taux de réponse faible et un biais de rappel dû au fait que les répondants doivent déclarer eux-mêmes leurs antécédents vaccinaux de mémoire plutôt que d'utiliser un carnet de vaccination. Il est probable que les résultats autodéclarés aient des conséquences sur l'exactitude et la fiabilité des estimations de couverture. Le faible taux de réponse obtenu au cours de ce cycle de l'enquête indique que les résultats ne seront peut-être pas totalement représentatifs de la population des adultes canadiens. En outre, le manque de représentation des Premières nations, des ménages utilisant uniquement des téléphones cellulaires, des adultes vivant en institution et des nouveaux arrivants au Canada qui peuvent avoir des difficultés à répondre aux questions en français ou en anglais sont des facteurs qui limitent la généralisabilité des résultats de l'enquête à l'ensemble de la population canadienne.

L'ENVA permet de mesurer en continu la couverture vaccinale dans la population adulte au Canada et d'évaluer les progrès réalisés dans l'atteinte des cibles nationales. L'ASPC n'aura de cesse de s'efforcer d'améliorer la méthodologie d'évaluation de la couverture vaccinale et les taux de vaccination par la mise en œuvre de campagnes de sensibilisation et d'intervention communautaire à l'intention du public et des professionnels visant à promouvoir les avantages et l'innocuité de la vaccination dans le pays. Des enquêtes transversales sur la couverture vaccinale, telles que l'Enquête nationale sur la vaccination, seront menées pour évaluer la couverture vaccinale jusqu'à la mise en place d'un réseau entièrement fonctionnel de registres d'immunisation couvrant tout le pays.

Conclusion

Malgré l'amélioration des estimations de la couverture vaccinale chez les adultes canadiens, les chiffres restent inférieurs aux objectifs nationaux. La recommandation de vaccination de la part d'un professionnel de la santé a été associée à une augmentation du taux de vaccination. Par conséquent, il est nécessaire de renforcer les efforts de sensibilisation et la participation des travailleurs de la santé à la promotion des avantages de l'immunisation auprès de la population générale adulte, des personnes âgées et des personnes souffrant de problèmes de santé chroniques afin d'accroître la couverture vaccinale. Plusieurs facteurs contribuent à la couverture de certains vaccins au sein de la population générale du Canada. Inviter les provinces et les territoires à procéder à un suréchantillonnage permet d'augmenter la puissance de l'ENV et de comparer les divers programmes d'immunisation en vigueur au Canada, ainsi que les estimations de couverture vaccinale observées à l'échelle nationale et à l'échelle des provinces territoires. Cette pratique sera encouragée lors des prochains cycles d'enquête, jusqu'à la mise en œuvre de registres de vaccination pour les populations adultes dans l'ensemble des provinces et territoires du pays. Le prochain cycle de l'ENVA aura lieu en 2014.

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