Mot de la fin : Le diabète au Canada : Perspective de santé publique sur les faits et chiffres

Mot de la fin

Le nombre de Canadiens et Canadiennes atteints de diabète augmente à un rythme effarant. En 2008/09, un Canadien sur 15 vivait avec le diabète. De plus, selon des données canadiennes récentes, il y aurait jusqu'à 20 % des personnes actuellement atteintes de diabète dont la condition n'aurait toujours pas été diagnostiquée. De 1998/99 à 2008/09, la prévalence standardisée selon l'âge du diabète diagnostiqué a augmenté de 70 %. Bien que le taux d'incidence n'ait augmenté que légèrement au cours de la même période, l'augmentation relative la plus forte de nouveaux cas diagnostiqués fut observée dans le groupe d'âge des 30 à 44 ans. Si les tendances actuelles de l'incidence et de la mortalité se maintiennent, on estime qu'en 2018/19, pas moins de 3,8 millions de Canadiens et Canadiennes seront atteints de diabète.

En 2008/09, 200 000 Canadiens et Canadiennes ont reçu un diagnostic de diabète; près de la moitié étaient âgés de 45 à 64 ans. L'obésité contribue de façon importante au développement du diabète dans ce groupe d'âge. En effet, près de la moitié (47,5 %) de ceux qui sont atteints de diabète déclarent être obèses, par rapport à seulement 19,1 % chez ceux qui ne le sont pas. Étant donné que l'âge est également un facteur déterminant du diabète de type 2, le vieillissement de la cohorte du « baby-boom » est amorcé et continuera d'avoir des répercussions sur l'incidence et la prévalence du diabète au Canada.

L'incidence du diabète n'a pas augmenté suffisamment au cours de la dernière décennie pour expliquer la nette hausse de la prévalence observée, ce qui est une indication claire que cette hausse est en grande partie le résultat de la plus longue durée de la maladie chez les sujets diagnostiqués du diabète. Alors que ce phénomène est probablement dû à l'amélioration des soins et des traitements, il peut également indiquer un dépistage plus précoce chez les sujets atteints de diabète non diagnostiqué ou que l'apparition du diabète se produit à un plus jeune âge. Cependant, cela implique que plus les personnes vivent longtemps avec le diabète, plus il y a un risque de développer des complications à long terme débilitantes, comme de l'insuffisance rénale terminale, la cécité ou l'amputation d'un membre inférieur. Par ailleurs, le diabète ne touche pas que les personnes qui vivent avec cette maladie et leurs proches, il a aussi des répercussions majeures sur le réseau de la santé au Canada. Sous l'effet combiné de la hausse de la prévalence du diabète et de l'augmentation des coûts des soins de santé, les coûts économiques associés au traitement et à la gestion du diabète devraient augmenter considérablement au cours des prochaines années.

Bien que certains aspects de la situation actuelle semblent de mauvais augure, la multiplication des efforts de prévention peut contribuer à juguler la hausse des coûts humains et économiques associés au diabète. L'atteinte et le maintien d'un poids santé et la pratique d'activité physique sont des interventions fondamentales à la fois pour prévenir le diabète et pour le gérer adéquatement. Il faut tenter de maîtriser l'épidémie d'embonpoint et d'obésité qui sévit présentement, notamment chez les enfants, les adolescents et les jeunes adultes. D'autre part, les Canadiens et Canadiennes doivent s'activer davantage. Non seulement l'activité physique aide-t-elle les personnes à gérer leur poids, mais elle contribue aussi, de façon indépendante, à augmenter la sensibilité à l'insuline. En ce moment, une importante initiative nationale visant à contrer l'obésité chez les enfants est en cours de développement. Convenue entre les ministres de la Santé des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, cette stratégie de collaboration vise à faire de l'obésité chez les enfants une priorité nationale par la mise en œuvre de Freiner l'obésité juvénile : Cadre d'action fédéral, provincial et territorial pour la promotion du poids santé.

S'il est certain que les soins et la prise en charge des personnes atteintes de diabète se sont améliorés au cours de la dernière décennie, on peut encore faire mieux. Il faut constamment insister sur un contrôle adéquat de la glycémie, un dépistage plus rigoureux et un traitement plus intensif des complications et des facteurs de risque de maladies cardiovasculaires (comme l'hypertension artérielle, l'hyperlipidémie et le tabagisme).

Sans remettre en question leur importance, à elles seules, les interventions au niveau individuel ne sont pas suffisantes. L'adoption d'habitudes de vie plus saines est complexe et sujette à l'influence de facteurs socio-économiques plus globaux. Citons en exemple la mise en marché agressive de boissons et d'aliments nocifs à la santé et l'aménagement urbain axé sur le transport en voiture, qui jouent un rôle déterminant dans les habitudes de la population quant à l'alimentation et à l'activité physique. Il faut appliquer des politiques publiques visant la promotion d'une alimentation saine et des aménagements propices à l'activité physique.

De plus, tel que mentionné dans ce rapport, la répartition du diabète n'est pas uniforme à travers le Canada. La répartition géographique du diabète montre qu'au Canada, les taux sont plus élevés dans l'Est du pays, notamment à Terre-Neuve-et-Labrador, en Nouvelle-Écosse et en Ontario et que les taux sont plus faibles dans l'Ouest et le Nord, notamment en Alberta et au Nunavut. Après un ajustement pour l'âge, les populations des Premières Nations apparaissent particulièrement touchées, avec des taux de deux à trois fois supérieurs au reste de la population. Les immigrants d'origine autre qu'européenne ont eux aussi des taux de prévalence plus élevés. Enfin, il faut accorder une attention particulière à deux autres populations : les enfants et les jeunes, d'une part et, d'autre part, les femmes en âge de procréer. La hausse des taux d'embonpoint et d'obésité chez les enfants et les jeunes ainsi que celle des taux de diabète ont de quoi inquiéter, car l'apparition de la maladie à un jeune âge se traduit par un risque accru de complications qui y sont associées et entraîne des conséquences tout au long de la vie. Par ailleurs, outre les répercussions à court terme du diabète gestationnel sur la mère et le fœtus qui sont bien connues, il est également démontré que le diabète gestationnel augmente le risque d'embonpoint, d'obésité et de diabète chez l'enfant plus tard au cours de sa vie. Malgré l'existence d'importantes initiatives nationales comme l'Initiative sur le diabète chez les Autochtones et Freiner l'obésité juvénile : Cadre d'action fédéral, provincial et territorial pour la promotion du poids santé, il faudra continuer d'investir dans des efforts ciblés sur ces populations.

En conclusion, le rapport met en évidence certaines nouvelles positives, comme la relative stabilité des taux d'incidence depuis dix ans et une longévité accrue chez les personnes atteintes de diabète. Il n'en reste pas moins qu'il fait aussi la démonstration d'une importante hausse du nombre de personnes vivant avec le diabète et des répercussions de cette hausse sur le réseau de la santé. Par ailleurs, le rapport souligne l'effet majeur de l'obésité sur le développement du diabète chez les jeunes adultes, ce qui laisse présager une nouvelle vague de diabète au Canada.

Détails de la page

Date de modification :