ARCHIVÉ - Fiche de renseignements
Maladie mains-pieds-bouche liée à l'entérovirus 71
La maladie mains-pieds-bouche (MMPB), ou stomatite vésiculeuse avec exanthème, est une affection courante chez les enfants. Elle est due à une infection par un entérovirus non poliomyélitique, en l'occurrence le virus Coxsackie A16, A4, A5, A9, A10, B2 ou B5 ou encore l'entérovirus 71. Les principaux virus en cause sont le virus Coxsackie A16 (CAV-16) et l'entérovirus 71 (EV-71).
De vastes éclosions de cas de MMPB à CAV-16 et à EV-71 se sont déjà produites. Les éclosions de cas de MMPB à CAV-16 n'ont pas été associées à des complications importantes ni à des décès. Il est intéressant de noter que certaines éclosions de cas de MMPB à EV-71 ont été associées à des complications neurologiques graves et à des mortalités considérables, tandis que d'autres ont été associées à relativement peu de complications et de décès.
Maladie mains-pieds-bouche
La MMPB touche généralement les enfants de 11 ans et moins. Elle se caractérise par de la fièvre, des lésions buccales et des éruptions cutanées sur les mains, sur les pieds et sur les fesses. Les lésions buccales sont des vésicules s'ulcérant rapidement sur la muqueuse buccale, sur la langue, sur le palais et sur les gencives. Les éruptions cutanées prennent la forme de lésions papulovésiculeuses sur la paume des mains, sur les doigts et sur la plante des pieds, qui persistent généralement de 7 à 10 jours, ainsi que de lésions maculopapuleuses sur les fesses. Parmi les autres symptômes possibles, notons des malaises, des maux de gorge, des vomissements et la diarrhée. La maladie, considérée comme bénigne, se résorbe spontanément, mais des complications peuvent survenir, particulièrement si l'infection est causée par l'EV-71. Les complications possibles comprennent les affections suivantes : encéphalite, méningite lymphocytaire bénigne, paralysie flasque aigüe, œdème pulmonaire, hémorragie pulmonaire et myocardite. La plupart des décès liés à la MMPB sont dus à un œdème ou à une hémorragie pulmonaire.
Entérovirus 71
L'EV-71 est un entérovirus non poliomyélitique. Les entérovirus non poliomyélitiques sont des virus à acide ribonucléique (ARN) qui sont présents partout dans le monde. L'infection est généralement asymptomatique ou associée à une légère maladie non spécifique. Des affections plus graves peuvent survenir, particulièrement chez les jeunes enfants, à savoir : exanthème (y compris la MMPB), herpangine, conjonctivite, encéphalite, méningite lymphocytaire bénigne, paralysie flasque aigüe, troubles respiratoires aigus et myopéricardite. Il importe de noter que l'infection à EV-71 peut entraîner des complications même en l'absence de signes cliniques de MMPB. Cela a notamment été le cas lors d'une vaste éclosion de cas d'infection à EV-71 en Bulgarie.
L'EV-71 est transmis par contact direct avec les sécrétions du nez ou de la gorge, avec la salive, avec le liquide provenant d'ampoules ou avec les selles d'une personne infectée. L'infection est particulièrement contagieuse durant la première semaine de maladie aigüe, mais le virus peut être éliminé dans les selles pendant des semaines. La période d'incubation varie entre trois et cinq jours. Le profil épidémiologique varie selon la région géographique et le climat. L'incidence est plus forte l'été et l'automne dans les climats tempérés, tandis qu'elle reste stable toute l'année dans les climats tropicaux.
Diagnostic de laboratoire
Le diagnostic de laboratoire est rarement nécessaire pour les cas de MMPB non compliqués. Dans les cas compliqués, le diagnostic peut être établi en isolant le virus par culture d'échantillons des voies respiratoires supérieures et des selles ou d'échantillons de liquide céphalorachidien, de biopsie ou de lésions cutanées. On peut faire appel à des cultures virales et/ou à des techniques moléculaires telles que l'amplification en chaîne par polymérase (PCR) et le séquençage; cependant, les cultures destinées à obtenir un isolat viral constituent la méthode de choix pour le typage précis de la souche virale. Le Laboratoire national de microbiologie (LNM) de Winnipeg, qui est responsable du typage des entérovirus, demande aux provinces et aux territoires de lui envoyer tous leurs isolats dans le cadre de la surveillance continue des entérovirus. Une augmentation de quatre fois du titre d'anticorps neutralisants dans les échantillons de sang durant la phase active de la maladie et la convalescence peut être un signe d'infection récente. Cependant, cette observation peut être difficile à réaliser, puisque la séroconversion des patients peut avoir déjà commencé lorsque les symptômes se manifestent.
Traitement
Il n'existe aucun produit antiviral de traitement ou de prophylaxie spécifique contre l'infection à EV-71. Le traitement, qui vise à offrir un soutien, est concentré sur la prise en charge des complications. L'administration intraveineuse d'immunoglobulines peut s'avérer utile pour prévenir des affections graves chez les patients atteints d'un déficit immunitaire ou d'une maladie présentant un danger de mort.
Prévention
En général, on croit que durant les éclosions de cas de MMPB à EV-71, la transmission survient principalement par voie respiratoire. La transmission des entérovirus est favorisée par des facteurs tels que les mauvaises pratiques d'hygiène et les logements surpeuplés. L'une des mesures préventives les plus importantes est l'amélioration des conditions d'hygiène et d'assainissement. Les autres mesures pouvant être prises pour éviter de devenir infecté par un entérovirus comprennent : se laver les mains souvent, surtout après avoir changé les couches d'un bébé ou après avoir été aux toilettes; désinfecter les surfaces contaminées avec de l'eau de Javel (20 ml/l d'eau); et laver les vêtements souillés. Comme les virus sont résistants à de nombreux désinfectants, il est important d'utiliser des désinfectants chlorés (eau de Javel) ou iodés. Durant les épidémies, la fermeture d'écoles ou de garderies peut être considérée pour réduire le risque de transmission, particulièrement chez les jeunes enfants. Il n'est pas nécessaire de limiter les déplacements et le commerce.
Références
Bible JM, Pantelidis P, Chan PKS et al. Genetic evolution of enterovirus 71: Epidemiological and pathological implications. Rev. Med. Virol. 2007;17:371-379.
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Heymann DL. “Coxsackievirus Diseases”
in Control of Communicable Diseases Manual 18th Ed. American Public Health Association, 2004.
Ho M, Chen ER, Hsu KH et al. An epidemic of Enterovirus 71 infection in Taiwan. NEJM 1999;341(13):929-935.
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Lin TY, Twu JS, Ho MS et al. Enterovirus 71 outbreaks, Taiwan: Occurrence and recognition. EID;9(3):291-293.
Autres fiches de renseignement
CDC Q&A's : Non-polio Enteroviruses. CDC, novembre 2000. (en anglais seulement)
Aide-mémoire : Entérovirus non poliomyélitiques. OMS, mai 2002.
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