Section 4 : Des cadres sains pour les jeunes du Canada – Les comportements à risque sur le plan de santé

4 Les comportements à risque sur le plan de santé

par Hana Saab et Matthew King

Pourquoi importe-t-il de tenir compte des comportements à risque sur le plan de la santé?

Le comportement de l’adolescent se caractérise souvent par l’adoption de certaines conduites à risque, adoption que nombre d’experts estiment essentielle à la maturation et à l’acquisition de la capacité d’établir des relations satisfaisantes avec les pairs. Bien qu’ils fassent partie du développement sain de l’adolescent, les comportements à risque sur le plan de la santé ne menacent pas moins de donner lieu à l’apparition de problèmes plus graves et d’amener l’adolescent à adopter un mode de vie irréfléchi. Il importe de surveiller les tendances en matière de comportements à risque chez les jeunes sur le plan de la santé pour mieux cibler les stratégies de réduction des méfaits et les campagnes de promotion de la santé.

Comment l’incidence des comportements à risque pour la santé est-elle évaluée par l’Enquête HBSC?

L’Enquête HBSC examine quatre grandes catégories de comportements à risque, à savoir le tabagisme, la consommation d’alcool, la consommation de drogues et les rapports sexuels. Nous avons demandé à tous les élèves de la 6e à la 10e année de nous indiquer l’âge auquel ils ont fumé leur première cigarette ainsi que la fréquence à laquelle ils fument maintenant. Nous leur avons aussi demandé de nous préciser l’âge auquel ils ont pour la première fois bu de l’alcool et celui auquel ils se sont pour la première enivrés, les types de boissons alcoolisées qu’ils consomment et la fréquence à laquelle ils les consomment.

Le questionnaire distribué aux élèves de 9e et de 10e année comportait pour sa part des questions sur la fréquence d’utilisation du cannabis et d’autres drogues telles que l’ecstasy, les amphétamines, les méthamphétamines (p. ex., crystal meth et meth), l’héroïne, l’opium ou la morphine, les médicaments sur ordonnance (pour se droguer, par exemple des tranquillisants comme le Valium ou la kétamine ou des sédatifs comme le Seconal), la cocaïne (incluant le crack), la colle ou d’autres solvants (inhalés), le LSD (acide), les champignons magiques, le Ritalin (pour se droguer) et les stéroïdes anabolisants (pour changer leur apparence ou améliorer leur performance athlétique).

Nous avons aussi demandé aux élèves de 9e et de 10e année s’ils avaient déjà eu des relations sexuelles et, dans l’affirmative, quel était leur âge au moment de leurs premières relations. Nous leur avons également demandé s’ils avaient utilisé un condom ou un autre moyen de contraception au moment de leurs dernières relations sexuelles.

Sur quoi le présent chapitre porte-t-il?

Drogues 101 : L’ecstasy est une drogue à usage récréatif fortement associée depuis longtemps à certains volets de la culture adolescente. C’est une drogue synthétique psychoactive ayant des propriétés stimulantes et hallucinogènes. Les amphétamines et les méthamphétamines sont des stimulants du système nerveux central, raison pour laquelle elles sont souvent appelées « speed ». Les hallucinogènes sont des drogues qui modifient les sens et les perceptions des gens qui en consomment. Certains proviennent de plantes, telles que les « champignons magiques », alors que d’autres, le LSD par exemple, sont fabriqués en laboratoire. La psilocybine, ingrédient actif des champignons magiques, a des effets et une structure chimique semblables à ceux du LSD. Les stéroïdes anabolisants sont en général populaires auprès des garçons, qui les consomment afin d’améliorer leur apparence physique.

Nous verrons dans ce chapitre l’âge auquel les élèves ont fumé leur première cigarette (plus qu’une bouffée), le pourcentage d’élèves qui déclarent avoir fumé du tabac chaque jour en 2006 et les années précédentes, l’âge auquel les élèves ont pour la première fois consommé de l’alcool (au moins un verre), le pourcentage d’élèves qui consomment des boissons alcoolisées chaque semaine par rapport aux années précédentes, le pourcentage d’élèves qui déclarent avoir bu suffisamment pour être vraiment ivres à au moins deux reprises, l’âge auquel les élèves ont consommé du cannabis pour la première fois et leur fréquence d’utilisation actuelle ainsi que l’évolution du pourcentage d’élèves qui déclarent avoir consommé d’autres drogues (à l’exclusion des champignons magiques, qui font pour la première fois l’objet d’une question en 2006).

Eu égard au comportement sexuel, nous verrons l’âge auquel les élèves ont leurs premières relations sexuelles, l’évolution du pourcentage des élèves de 9e et de 10e année ayant eu des relations sexuelles par rapport aux deux années d’enquête les plus récentes, l’utilisation qui est faite du condom et les moyens de contraception utilisés par les adolescents.

Nous examinons dans ce chapitre la relation qui existe entre les comportements à risque et les facteurs de protection qui semblent éviter que ces comportements ne dégénèrent ultérieurement en comportements déviants. Plus précisément, nous y étudions quatre comportements à risques – l’usage quotidien du tabac, le fait de s’être enivré à au moins deux reprises, la consommation de cannabis au cours des 30 jours précédents et le fait d’avoir une vie sexuelle active – par rapport à sept variables et paramètres contextuels : le fait de vivre avec ses deux parents, la confiance accordée par les parents et la communication avec ces derniers, le rendement scolaire, l’attitude à l’égard de l’école, la communication avec les amis, les attitudes prosociales chez les amis et l’aisance de la famille. Nous verrons que l’incidence du contexte est plus marquée pour certains comportements à risque que pour d’autres.

Usage du tabac chez les jeunes Canadiens

Juste un peu moins du tiers des élèves canadiens de 9e et de 10e année indiquent avoir déjà fumé une cigarette (figure 4.1). De ce nombre, 5 % tant chez les garçons que chez les filles déclarent avoir fumé leur première cigarette alors qu’ils étaient âgés de 11 ans ou moins, 16 % des garçons et 18 % des filles entre l’âge de 12 et 14 ans, et 6 % alors qu’ils étaient âgés de 15 ans ou plus.

Le taux d’usage quotidien du tabac ne varie pas de façon significative selon le sexe (figure 4.2). S’établissant à seulement 1 % chez les élèves de 6e année, ce taux atteint un maximum de 5 % chez les garçons de 9e année et de 6 % chez les filles de 10e année. Ces données sont corroborées par d’autres études telles que l’Enquête de 2005 sur la santé dans les collectivités canadiennes, qui relève la baisse la plus marquée du taux de tabagisme chez les jeunes de 12 à 17 ans.1

Figure 4.1: L'âge auquel les élèves ont fumé pour la première fois
Figure 4.2: L'usage quotidien du tabac

Il est encourageant de noter qu’on enregistre une tendance à la baisse du taux d’usage quotidien du tabac chez les deux sexes depuis l’Enquête HBSC de 2002 (figures 4.3 et 4.4). Seulement 4 % des garçons ont déclaré fumer chaque jour en 2006, contre 15 % en 2002, tandis que la proportion des filles déclarant qu’elles fumaient chaque jour est descendue de 11 % en 2002 à 6 % en 2006.

Figures 4.3 et 4.4: Les garçons et les filles qui fument chaque jour

Équivalent textuel - Figures 4.3 et 4.4

Consommation d’alcool chez les élèves canadiens

L’alcool demeure populaire chez les élèves canadiens, pas moins de 70 % d’entre eux ayant déclaré avoir déjà consommé de l’alcool lorsqu’ils ont atteint l’âge de 16 ans. La proportion d’élèves de 9e et de 10e année qui ont déclaré avoir consommé de l’alcool pour la première fois alors qu’ils étaient âgés de 11 ans ou moins est plus élevée chez les garçons (11 %) que chez les filles (6 %). La moitié des élèves (47 % des garçons et 53 % des filles) ont rapporté avoir consommé de l’alcool pour la première fois entre l’âge de 12 et 14 ans. Enfin, 11 % des garçons et 13 % de filles ont signalé avoir consommé de l’alcool pour la première fois alors qu’ils étaient âgés de 15 ans ou plus (figure 4.5).

Figure 4.5: L'âge auquel les élèves ont consommé de l'alcool pour la première fois

Équivalent textuel - Figure 4.5

La proportion des filles et des garçons de 6e et de 8e année qui ont déclaré consommer de la bière au moins une fois par semaine a diminué au fil des cinq enquêtes HBSC réalisées au Canada (figure 4.6). De même, la proportion des filles de 10e année qui consomment de la bière au moins une fois par semaine a constamment diminué pour descendre de 19 % en 1990 à 8 % en 2006. Bien que le taux de consommation hebdomadaire de bière ait affiché une évolution similaire chez les garçons de10e année, pour descendre de 30 % à 18 % entre 1990 et 1998, il a ensuite augmenté en 2002 avant de baisser de 9 % en 2006, pour s’établir à 18 %.

Figure 4.6: Consommation hebdomadaire de bière
Figure 4.7: Consommation hebdomadaire de vin

Équivalent textuel - Figure 4.7

Le taux de consommation hebdomadaire de vin est pour sa part plus stable. En moyenne, environ 3 % des filles 8e et de 10e année ont déclaré boire du vin au moins une fois par semaine depuis 1990, alors que le taux correspondant chez les garçons ne dépasse pas 6 % au cours de la même période (figure 4.7).

Le taux de consommation hebdomadaire de spiritueux reste plutôt faible (inférieur à 2 %) chez les élèves de 6e année tout au long des cinq enquêtes HBSC (figure 4.8). Après avoir été en régression constante de 1990 à 1998, le taux de consommation hebdomadaire de spiritueux chez les garçons et les filles de 8e et de 10e année a augmenté sensiblement en 2002 pour ensuite chuter à 4 % chez les élèves de 8e année des deux sexes et prendre une valeur moyenne de 10 % chez les élèves de 10e année (soit de 10 % chez les garçons et de 9 % chez les filles) en 2006.

Figure 4.8: Consommation hebdomadaire de spiritueux

Équivalent textuel - Figure 4.8

Étant donné que 6 % des garçons et 8 % des filles de 10e année ont déclaré consommer des panachés (souvent appelés par leur nom en anglais cooler) au moins une fois par semaine (figure 4.9), il est toutefois possible que ces derniers soient en voie de se substituer aux boissons alcoolisées traditionnelles. On ne dispose cependant pas de données conjoncturelles venant étayer cette observation puisque l’élément faisait pour la première fois l’objet d’une question en 2006.

Le pourcentage d’élèves consommant de l’alcool en quantité suffisante pour s’enivrer augmente constamment en fonction de l’année d’études, au point où près de deux cinquièmes (39 %) des élèves de 10e année déclarent s’être vraiment enivrés au moins deux fois (figure 4.10). Quelle que soit l’année d’études considérée, ce pourcentage est similaire chez les garçons et chez les filles.

Figures 4.9 et 4.10: Consommation hebdomadaire de panachés, et les élèves qui ont déjà été "ivres"

Équivalent textuel - Figures 4.9 et 4.10

Le pourcentage d’élèves ayant déjà consommé de l’alcool en quantité suffisante pour s’enivrer à au moins deux reprises était plus élevé en 1990, première année où l’Enquête HBSC a été menée au Canada (figure 4.11). Ce taux est demeuré relativement stable chez les élèves de 6e et de 8e année après 1994, mais il a légèrement diminué chez les élèves de 10e année entre 2002 et 2006.

Figure 4.11: Les élèves qui on déjà été "ivres"

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