Section 5 : Des cadres sains pour les jeunes du Canada – Intimidation et les bagarres
5 Intimidation et les bagarres
par Wendy M. Craig et Heather McCuaig Edge
Qu’entend-on par intimidation?

L’intimidation est un problème relationnel. Elle est une forme de comportement agressif caractérisé par la domination. Les jeunes qui exercent l’intimidation ont toujours plus de pouvoir que leurs camarades qui la subissent. Ce pouvoir peut s’acquérir du fait d’un avantage physique, psychologique, social ou systémique ou de l’exploitation de la vulnérabilité d’un autre (p. ex., obésité, problèmes d’apprentissage, orientation sexuelle, antécédents familiaux) pour susciter une détresse psychologique chez lui. À mesure que les actes d’intimidation se répètent, l’intimidateur accroît son pouvoir aux dépens de la victime de plus en plus oppressée.
Bagarres et port d’armes
Les données sur les blessures attribuables aux bagarres et à la violence sont présentées au chapitre 6.
La participation à des bagarres et le port d’armes sont aussi des comportements qui ont pour effet d’exposer les adolescents à de graves risques de blessures. Il est fréquent que la participation à des bagarres cause des lésions corporelles nécessitant l’intervention d’un médecin. Le port d’armes accroît la possibilité de blessures plus graves – pouvant même mettre la vie en danger – tant pour le jeune armé que pour les tiers.

Pourquoi l’intimidation doit-elle retenir l’attention?
L’exercice du pouvoir et le recours à l’agression liés à l’intimidation dans la cour d’école présagent que, plus tard, l’intimidateur pourra se livrer à du harcèlement sexuel ou en milieu de travail, être agressif dans ses fréquentationsou commettre des actes de violence à l’égard de son conjoint, de ses enfants ou des aînés.1 Le préjudice et la crainte vécus par les jeunes victimes d’intimidation peuvent aussi avoir des répercussions sur leurs relations d’adultes. Mais c’est peut-être la dynamique de destruction qui caractérise les relations fondées sur l’intimidation qui a les conséquences les plus graves, dans la mesure où les relations sont le fondement d’un développement sain et du bien-être tout au long de la vie. Qui plus est, la recherche sur l’intimidation a permis de déterminer l’existence d’un effet intergénérationnel : il est probable que les parents qui ont eu recours à l’intimidation dans l’enfance aient des enfants qui intimideront leurs camarades à leur tour.2
Se sentir en sécurité dans ses relations avec les autres est un droit fondamental. Tous les enfants et les adolescents ont le droit d’être en sécurité et à l’abri de l’intimidation. L’intimidation porte atteinte à la sécurité et au bien-être des enfants et des adolescents qui en sont victimes, ceux qui intimident les autres et ceux qui savent que le phénomène se perpétue. Les jeunes victimes d’intimidation risquent de souffrir d’anxiété, de dépression et de troubles somatiques.3 Les jeunes qui posent des actes d’intimidation et de harcèlement n’en sont pas pour autant à l’abri des séquelles : la recherche a démontré qu’ils risquent d’éprouver à long terme des problèmes liés à l’adoption d’un comportement antisocial et à la toxicomanie.4,5 Afin de prévenir ces répercussions défavorables à long terme, il est essentiel de favoriser le développement harmonieux de l’enfant et de protéger son bien-être, comme l’exige la Convention relative aux droits de l’enfant des Nations Unies.6
Comment l’incidence de l’intimidation, des bagarres et du port d’armes est-elle évaluée par l’enquête HBSC?
Types de victimisation étudiés :
- physique : as-tu reçu des coups ou des gifles ou été bousculé( e), poussé(e) ou enfermé(e)?
- verbale : astu reçu des insultes, a-t-on ri de toi ou as-tu été victime de taquineries déplaisantes?
- indirecte : est-ce qu’on t’empêché(e) de prendre part à une activité ou as-tu été mis(e) à l’écart des autres ou complètement ignoré(e)?
- harcèlement sexuel : d’autres élèves ont-ils raconté des blagues ou fait des gestes ou des commentaires de nature sexuelle à ton sujet?
- raciale : d’autres élèves ont-ils fait des remarques désobligeantes sur votre race ou la couleur de ta peau?
- religieuse : d’autres élèves ont-ils fait des remarques désobligeantes sur ta religion?
- électronique : as-tu été victime de harcèlement pendant que tu utilisais l’ordinateur, le courrier électronique ou le téléphone cellulaire?
Pour évaluer l’incidence de l’intimidation et de la victimisation, nous avons demandé aux élèves combien de fois ils avaient été victimes d’intimidation à l’école au cours des derniers mois et à combien de reprises ils avaient pris part à des actes d’intimidation contre un ou des élèves au cours de la même période. Le choix de réponses offert était le suivant : jamais, une ou deux fois, deux ou trois fois par mois, environ une fois par semaine et plusieurs fois par semaine. Les élèves qui ont déclaré avoir été victimes d’intimidation au moins une fois au cours de la période visée ont été classés comme des victimes d’intimidation, ceux qui ont déclaré avoir pris part à des actes d’intimidation au moins une fois au cours de la période visée ont été classés comme des auteurs d’actes d’intimidation (intimidateurs) et ceux qui ont rapporté à la fois avoir intimidé et avoir été victimes d’intimidation ont été classés comme des intimidateurs-victimes. Nous avons aussi posé aux élèves des questions concernant les formes d’intimidation dont ils avaient été victimes.
Afin d’évaluer l’incidence des bagarres et du port d’armes, nous avons demandé aux élèves combien de fois ils avaient pris part à une bataille au cours des 12 mois précédents, avec qui ils s’étaient bataillés, le nombre de jours où ils avaient porté une arme telle qu’une arme à feu, un couteau ou une massue au cours des 30 jours précédents et, le cas échéant, la sorte d’arme qu’ils avaient portée.
Sur quoi le présent chapitre porte-t-il?
Nous examinerons dans le présent chapitre le pourcentage d’élèves que regroupait chacune des trois catégories définies (victimes, intimidateurs et intimidateurs-victimes) en 2002 et en 2006, les tendances qui se dégagent eu égard aux formes de victimisation, la fréquence des bagarres et leurs protagonistes et les sortes d’armes portées par les garçons et les filles, puis nous verrons la relation qui existe entre l’intimidation et divers contextes sociaux (structure familiale, milieu scolaire, groupes de camarades et conditions socioéconomiques).
L’ampleur du problème de l’intimidation au Canada

L’analyse des données recueillies dans le cadre de l’enquête HBSC de 2002 a révélé aux chercheurs que le Canada occupait le 26e et le 27e rang parmi les 35 pays participant à l’enquête pour ce qui concerne la proportion d’élèves ayant déclaré avoir pris part à des actes d’intimidation et en avoir été victimes, respectivement.7
On peut voir à la figure 5.1 l’évolution du pourcentage d’élèves regroupés dans chacune des trois catégories définies entre 2002 et 2006. On y constate que le nombre d’élèves déclarant avoir été impliqués dans des actes d’intimidation est en légère régression.

Équivalent textuel - Figures 5.2 et 5.3
De façon générale, le nombre de cas de victimisation signalés par les élèves diminue de la 6e à la 10e année (figure 5.2). La proportion des élèves, toutes années d’études confondues, ayant déclaré avoir été maltraités environ une fois ou deux au cours des mois précédents était assez uniforme. Enfin, le pourcentage d’élèves ayant déclaré qu’ils étaient victimes d’intimidation au moins une fois par semaine s’établissait entre 2 et 9 %. Les garçons étaient beaucoup plus nombreux que les filles à déclarer avoir intimidé les autres (figure 5.3), le pourcentage de garçons adoptant ce comportement atteignant un sommet de 37 % en 9e année et le pourcentage correspondant de filles atteignant un sommet de 28 % en 8e et 9e années. La majorité des élèves ont indiqué qu’ils ne se livraient pas souvent à des actes d’intimidation. Toutefois, une faible minorité d’élèves (de 1 à 5 %) manifestent régulièrement ce type de comportement agressif.

Équivalent textuel - Figure 5.4
Un nombre élevé d’élèves de l’échantillon de l’enquête HBSC ont déclaré qu’ils étaient à la fois des intimidateurs et des victimes (figure 5.4). Les garçons de 8e et de 9e année ont toutefois déclaré être à la fois intimidateur et victime plus souvent que les filles des mêmes années d’études.
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