Revue de la littérature sur l’immunogénicité des vaccins contre le zona
Sommaire
Le zona est une infection virale aiguë causée par la réactivation du virus varicelle-zona (VVZ). Le VVVCZ, un vaccin à virus vivant (atténué) contre le zona, est offert au Canada depuis de nombreuses années. Un nouveau vaccin recombinant (sous-unitaire) contre le zona (VRZ) nommé Shingrix a été approuvé au Canada en octobre 2017. La présente revue de l’immunogénicité des vaccins contre le zona a pour but d’acquérir une compréhension approfondie de l’immunogénicité des vaccins à virus vivant et des vaccins sous-unitaires. Elle a été effectuée en combinaison avec une vaste revue de l’efficacité clinique et de l’innocuité des vaccins contre le zona à l’appui des recommandations formulées dans la déclaration du CCNI intitulée « Recommandations à jour sur l'utilisation des vaccins contre le zona », publiée le 30 août 2018.
Une stratégie de recherche a été élaborée en collaboration avec un bibliothécaire de référence du gouvernement fédéral (Bibliothèque de la santé) et a été vérifiée par le groupe de travail sur le zona du CCNI. Quatre bases de données (MEDLINE, EMBASE, Cochrane Central et PsychInfo) ont été interrogées le 5 juin 2017 (une mise à jour a été effectuée le 12 octobre 2017). Dans le cadre de la présente revue de la littérature, 52 études pertinentes ont été incluses dans la synthèse des données probantes. En plus de cette recherche, un examen des affiches liées aux vaccins contre le zona consultées au cours de l’IDWeekMC 2017 a été effectué afin d’obtenir les renseignements les plus récents. Ces études visaient à évaluer l’immunogénicité du vaccin à virus vivant dans la population générale et les populations particulières, l’immunogénicité du VRZ dans la population générale et les populations particulières, ainsi que l’administration concomitante avec d’autres vaccins. Les données probantes extraites sur le sujet étaient de différents types, notamment des essais contrôlés randomisés (ECR) et des études de cohortes, et de qualité diverse (de bonne à piètre qualité).
Les corrélats sérologiques de protection humorale ou cellulaire contre le zona chez les patients ayant déjà contracté le VVZ ne sont pas manifestes et n’ont pu être clairement établis comme marqueurs de protection Note de bas de page 1,Note de bas de page 2. Il semblerait que les cellules CD4+ et CD8+ jouent un rôle central dans la prévention de la réactivation du VVZ Note de bas de page 3. En outre, les tests en laboratoire offerts sur le marché pour évaluer l’immunité de l’infection naturelle au VVZ ne sont pas assez précis pour diagnostiquer l’immunité d’un vaccin antérieur Note de bas de page 4. Par conséquent, les études évaluant l’immunogénicité des vaccins contre le zona doivent être interprétées avec prudence.
Le VVVCZ s’est avéré immunogénique dans toutes les études dans la population générale. Dans les études sur les vaccins à virus vivant, l’immunité humorale était généralement mesurée d’après les niveaux d’anticorps anti-VVZ, tandis que l’immunité à médiation cellulaire (IMC) était mesurée à l’aide des cellules formant des taches (CFT) à interférons gamma propres au VVZ avec la technique ELISPOT ou des essais sur la fréquence des cellules répondantes dans les cellules mémoires CD4+. La durée du suivi allait jusqu’à 3 ans Note de bas de page 5, ce qui donne à penser que la protection se prolonge pour la même durée au moins. Il semble que la corrélation entre l’IMC et le rythme de croissance de la concentration d’anti-VVZ soit plus forte avec la protection clinique que les niveaux absolus d’anticorps anti-VVZ Note de bas de page 6,Note de bas de page 7. La réponse immune chez les personnes de 50 à 59 ans semble plus importante que chez les personnes de plus de 60 ans Note de bas de page 8,Note de bas de page 9,Note de bas de page 10. En outre, le VVVCZ était généralement immunogénique chez les personnes immunodéprimées, que leur état soit attribuable à une maladie ou à une thérapie immunosuppressive Note de bas de page 11,Note de bas de page 12. Chez les patients atteints d’une hémopathie maligne Note de bas de page 13,Note de bas de page 14,Note de bas de page 15, ayant une tumeur solide maligne Note de bas de page 13, souffrant de polyarthrite rhumatoïde et suivant des traitements immunosuppresseurs Note de bas de page 16, atteints de la maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI) et prenant des immunomodulateurs Note de bas de page 17,Note de bas de page 18, ainsi que les patients atteints du VIH (virus de l’immunodéficience humaine) dont le nombre de cellules CD4 était supérieur à 200 Note de bas de page 13, le vaccin à virus vivant atténué s’est avéré immunogénique. Aucune réponse immunitaire n’a été induite par le vaccin uniquement chez certains groupes de patients ayant subi une greffe de cellules souches hématopoïétiques (CSH). L’administration concomitante du VVVCZ avec d’autres vaccins comme le vaccin antipneumococcique ou le vaccin antigrippal ne semble pas avoir plus d’incidence sur l’immunogénicité que la vaccination non concomitante Note de bas de page 19,Note de bas de page 20 .
De façon analogue, le VRZ s’est révélé immunogénique dans toutes les études menées dans la population générale. Dans les études sur les vaccins sous-unitaires, l’immunité humorale était généralement mesurée d’après les niveaux d’anticorps anti-gE, tandis que l’IMC était mesurée d’après les niveaux des cellules CD4+ avec au moins deux marqueurs d’activation (y compris l’expression des interférons gamma, des IL-2, des TNF alpha ou des ligands de CD40). Le suivi le plus long s’est déroulé sur une période de 9 ans, et il a été démontré que les marqueurs immunitaires demeuraient supérieurs par rapport au niveau de référence Note de bas de page 21. Contrairement au vaccin à virus vivant, le VRZ semble aussi être immunogénique chez tous les adultes de plus de 50 ans Note de bas de page 22,Note de bas de page 23. L’immunogénicité semble demeurer telle quelle, qu’il soit administré avec un vaccin à virus vivant ou non Note de bas de page 24, par exemple, le Varilrix, un vaccin à virus vivant contre le virus varicelle-zona. Un résumé laisse aussi entendre que le VRZ est immunogénique chez les patients ayant déjà reçu le vaccin à virus vivant au moins 5 ans avant l’administration du VRZ (durée moyenne de 6,7 ans), et ne révèle aucune différence dans l’immunogénicité chez ceux ayant reçu un vaccin à virus vivant antérieurement par rapport aux personnes auxquelles aucun vaccin à virus vivant n’avait déjà été administré Note de bas de page 25. Le VRZ semble également immunogénique chez les personnes immunodéprimées. Une étude a démontré que l’IMC et l’immunité humorale étaient importantes chez les patients atteints du VIH, même avec un nombre de cellules CD4 supérieur à 200 si les patients subissaient un traitement antirétroviral (TAR) Note de bas de page 26. Une autre étude semble indiquer que, dans le cas des patients ayant subi une autogreffe de CSH, le VRZ pouvait induire une importante réponse immunitaire humorale et à médiation cellulaire Note de bas de page 27. Selon trois résumés, le VRZ était au moins partiellement immunogénique chez les patients atteints d’une hémopathie maligne Note de bas de page 28, ayant une tumeur solide maligne Note de bas de page 29 ou ayant subi une transplantation rénale et suivant une thérapie immunosuppressive chronique Note de bas de page 30. Une étude semble indiquer que l’administration concomitante du VRZ avec le vaccin antigrippal n’était pas associée à une diminution de l’immunogénicité Note de bas de page 31.
Une étude comparative qui est uniquement disponible sous forme de résumé pour le moment permet de penser que le VRZ pourrait mieux induire une réponse des cellules mémoires T que le VVVCZ Note de bas de page 32.
En définitive, de nombreuses données semblent indiquer que le VVVCZ et le VRZ sont tous les deux immunogéniques aussi bien dans la population générale que dans les populations particulières. En outre, selon une étude comparative, il semble plausible que l’immunogénicité du VRZ soit supérieure à celle du VVVCZ si l’on se fie à la réponse supérieure des cellules mémoires T.
Une revue documentaire est disponible en ligne en format PDF sur le site Web Publications du gouvernement du Canada. Pour obtenir le rapport sous un autre format, veuillez communiquer avec nous par courriel : phac.naci-ccni.aspc@canada.ca.
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