ARCHIVÉ - Ensemble des troubles causés par l'alcoolisation fœtale

 

Connaissances et attitudes des professionnels des soins de la santé en matière de syndrome d'alcoolisation fœtale : Résultats d'une enquête nationale

Connaissances et attitudes des professionnels des soins de la santé en matière de syndrome d'alcoolisation fœtale : Résultats d'une enquête nationale

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Sommaire exécutif

L'ensemble des troubles causés par l'alcoolisation fœtale (ETCAF) est un terme générique employé pour décrire la gamme des conséquences qui peuvent survenir chez un individu dont la mère a consommé de l'alcool pendant la grossesse. Ces conséquences peuvent inclure des déficiences physiques, intellectuelles, comportementales et d'apprentissage permanentes. L'expression ETCAF n'est pas proposée en vue de son emploi comme diagnostic clinique.

L'ETCAF, première cause non-génétique d'incapacité mentale du monde occidental, touche environ 1 % des Canadiens. On a estimé les coûts supplémentaires à vie pour un individu atteint à 1,4 million de dollars canadiens, mais les conséquences sociales et les effets sur la santé des personnes atteintes par l' ETCAF, leurs familles et la société sont sans doute plus importantes encore.

Dans le cadre de la présente enquête, les chercheurs ont recueilli des renseignements auprès de professionnels des soins de la santé (échantillon aléatoire de 5 361 pédiatres, psychiatres, obstétriciens et gynécologues, sages-femmes et médecins de famille) afin de déter-miner leurs attitudes et connaissances actuelles concernant le SAF et la consommation d'alcool pendant la grossesse. Le taux de réponse au questionnaire a été de 41,3 % , partant d'un taux minimal de 31,1 % chez les médecins de famille pour atteindre un taux maximal de 63,5 % chez les sages-femmes.

Les renseignements recueillis permettent de mieux définir vers quels secteurs il y aurait lieu d'orienter les initiatives pédagogiques et les domaines où les professionnels des soins de la santé ont besoin d'aide pour mieux traiter des questions et enjeux complexes inhérents à la consommation d'alcool pendant la grossesse. De plus, ces renseignements fournissent des données de base qui pourraient s'avérer utiles pour déterminer l'efficacité des projets éducatifs et des politiques qui sous-tendent la pratique des professionnels des soins de la santé.

La méthodologie de l'enquête et le questionnaire ont été élaborés à la suite de consultations auprès de divers groupes de fournisseurs de soins de santé et d'experts cliniques, dont le Comité consultatif national sur le SAF de Santé Canada et des représentants de la Société canadienne de pédiatrie, de l'Association des psychiatres du Canada, de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada, du Collège des médecins de famille du Canada, de l'Association canadienne des Sages-femmes, ainsi que de spécialistes internationaux. L'enquête a été approuvée par le comité de révision scientifique de la Calgary Health Region et sa valeur éthique a reçu l'aval du Conjoint Health Research Ethics Board de l'Université de Calgary.

Cette enquête visait à faire la lumière sur les connaissances et les attitudes actuelles en matière de consommation d'alcool et de syndrome d'alcoolisation fœtale à l'échelle nationale et chez divers groupes de professionnels des soins de la santé.

Conclusions et recommandations principales

En général, les résultats de l'enquête révèlent que les fournisseurs de soins de santé canadiens, bien que sensibles à divers aspects de l'ETCAF, auraient besoin d'éducation et de formation additionnelles pour mieux traiter les femmes à risque d'avoir un enfant atteint de l'ETCAF, les personnes atteintes de l'ETCAF et leurs familles. Les conclusions mettent aussi en évidence la nécessité d'aider les fournisseurs de soins de santé à établir des diagnostics précis et à bien aiguiller leurs patients.

Une analyse plus approfondie des conclusions de l'enquête fait ressortir l'importance d'interven-tions spécifiques afin que les professionnels des soins de la santé soient plus en mesure d'aider les individus atteints de l'ETCAF, leurs familles et les fournisseurs de soins. Les conclusions suggèrent donc des changements et des améliorations sur plusieurs plans :

Recommandations en matière d'éducation et de pratique professionnelle

  • Des améliorations sont nécessaires au plan de l'utilisation et de la mise en oeuvre d'outils de dépistage normalisés sur la consommation d'alcool chez les femmes enceintes. Bien que la plu-part des professionnels des soins de la santé (94 %) interrogent les femmes enceintes à propos de leur consommation d'alcool, seuls 62 % d'entre eux disent utiliser un outil de dépistage normalisé. Les femmes les plus susceptibles de ne pas être identifiées incluent celles âgées de plus de 35 ans, qui boivent occasionnellement, qui ont un niveau d'éducation élevé, qui ont des antécédents d'abus sexuel ou émotionnel et qui ont un statut économique plus élevé. Pour améliorer le taux et l'effi-cacité du dépistage, les gouvernements provinciaux et territoriaux pourraient intégrer des outils de dépistage normalisés sur la consommation d'alcool à tous les dossiers prénataux et encourager les médecins à faire remplir le questionnaire en bonne et due forme par toutes leurs patientes enceintes.

  • Il convient d'améliorer la mise en oeuvre des lignes directrices pour la pratique clinique exis-tante qui recommandent que les femmes ne consomment pas d'alcool pendant la grossesse. Seulement 88 % des professionnels offrent des conseils fondés sur ces lignes directrices. De plus, il existe d'importantes variations régionales, 75 % des professionnels offrant ces conseils au Québec à comparer à plus de 90% dans les Prairies.

  • Il convient d'améliorer l'échange d'information entre les professionnels des soins de la santé et les patientes sur les sujets divers. Ceci s'applique particulièrement à la définition d'une consom-mation modérée d'alcool chez les femmes qui ne sont pas enceintes et à la consommation d'alcool et de drogues en période prénatale et pendant la grossesse. Moins de la moitié des professionnels interrogés en discutent souvent avec les femmes en âge de procréer.

  • Il convient d'améliorer la formation en matière de diagnostic du SAF. Seulement 60 % des professionnels interrogés reconnaissent que l'information la plus exacte permettant de diagnostiquer le SAF est la présence d'un groupe de symptômes incluant un retard de croissance, des troubles du système nerveux central et des traits faciaux caractéristiques. D'ailleurs, plus de la moitié d'entre eux ont indiqué que l'absence d'une formation spécifique sur le SAF limitait leur aptitude à poser un diagnostic précis.

  • La compréhension qu'ont les professionnels des handicaps secondaires à long terme associés au SAF pourrait être approfondie. Bien que 70 % des répondants soient conscients du fait que le SAF est associé à des troubles affectifs à long terme, seuls 35 % d'entre eux font le lien entre le SAF et un comportement sexuel inapproprié.

  • Il convient de clarifier et de transmettre efficacement la terminologie utilisée pour décrire les effets de l'alcool sur le foetus. Ceci s'avérerait utile aux patients, aux fournisseurs de soins et aux autres professionnels de la santé responsables des soins aux personnes atteintes et à leurs familles.

  • Il convient d'améliorer la capacité d'intervention des professionnels auprès des femmes enceintes qui ont une dépendance à l'alcool ou en abusent et auprès des personnes atteintes du SAF. Les résultats de l'enquête révèlent que moins de 60 % des professionnels des soins de la santé se sentent prêts à le faire. Un plus grand nombre de professionnels (70 %) se disent prêts à recourir à des ressources pour ces patientes. Les résultats indiquent aussi que les professionnels ne sont généralement pas intéressés à recevoir une formation pour faire du counselling en toxicomanie, mais préféreraient disposer d'un registre de spécialistes en consultation, de lignes directrices sur la pratique clinique pour le diagnostic du SAF, de ressources vers lesquelles aiguiller les femmes qui ont des problèmes d'alcool ou de documentation ou d'une formation en matière de SAF.

Recommandations en matière de politiques

  • Élaboration par les associations professionnelles de la santé d'un consensus quant aux lignes directrices régissant une consommation modérée d'alcool chez les femmes qui ne sont pas enceintes et la consommation d'alcool chez les femmes qui risquent une grossesse non planifiée. Puisque 85 % des fournisseurs de soins de santé traitent systématiquement de la contraception, ces derniers pourraient fournir, à la même occasion, de l'information sur la consommation d'alcool et sur le SAF.

  • Élaboration de lignes directrices pour conseiller et traiter les femmes enceintes qui consomment de l'alcool pendant la grossesse. Cette approche permettrait de réduire les disparités à l'échelle de la pratique. À titre d'exemple, 65 % environ des médecins disent toujours discuter des effets nocifs de l'alcool lorsqu'une femme leur signale une consommation d'alcool modérée, ce qui sous-entend que 30 % ne le font pas. De plus, 85 % des médecins discutent toujours des effets nocifs de l'alcool ou conseillent aux femmes de ne pas boire d'alcool, lorsqu'elles signalent une consommation occasionnelle excessive d'alcool ou une importante consommation d'alcool pendant la grossesse; de ce nombre, 53 % orientent ces deux catégories de consommatrices d'alcool vers un traitement.

  • Développement de ressources liées à la consommation d'alcool pendant la grossesse et à ses conséquences. Ceci doit servir d'outil de référence à l'usage des fournisseurs de soins de santé et de leur clientèle.

Recommandations en matière de recherche

  • Définir les stratégies les plus efficaces pour informer les femmes des risques inhérents à la consommation d'alcool pendant la grossesse et pour réduire la consommation d'alcool chez les femmes susceptibles de devenir enceintes. La recherche devrait permettre de mesurer l'efficacité respective des différents intermédiaires dans la diffusion de l'information et l'incitation au changement de comportement (c.-à-d., les dirigeants communautaires, les leaders d'opinion, les professionnels des soins de la santé autres que les médecins (pharmaciens, infirmières), les mères naturelles et les enseignants).

  • Sensibiliser les gens à la prévalence de la consommation d'alcool pendant la grossesse et définir les caractéristiques des femmes qui consomment de l'alcool et ne prennent aucune mesure contraceptive. Cette information est essentielle à l'élaboration d'interventions pertinentes et ciblées.

  • Déterminer la prévalence du SAF. Puisque le taux de prévalence du SAF au sein de la population générale est très mal connu et que les outils et les lignes directrices qui pourraient aider à poser un diagnostic sont rares, il arrive souvent que les incidences du SAF soient mal diagnostiquées ou sous-diagnostiquées.

  • Mettre en place un système de surveillance pour mieux comprendre la distribution et la prévalence du SAF. Cette approche permettrait d'identifier les groupes à risque, d'améliorer les traitements offerts aux individus et aux familles et de produire de meilleurs résultats.

  • Mener des enquêtes régulières auprès des professionnels des soins de la santé, afin d'évaluer l'impact des stratégies pédagogiques et des programmes de soutien sur leurs attitudes et connaissances. Ceci permettrait de mieux carner l'évolution des connaissances et le degré de sensibilisation des professionnels des soins de la santé.

Les résultats de l'enquête révèlent que nombre de professionnels des soins de la santé ont une bonne compréhension de base des questions de consommation d'alcool pendant la grossesse et le SAF mais qu'il existe des écarts évidents entre les régions et les groupes professionnels quant aux connaissances et attitudes. Les données font clairement ressortir la nécessité d'offrir des programmes de formation normalisés qui répondent aux besoins de chaque groupe de professionnels des soins de la santé.

Table de matières

1. Introduction et méthodologie
But, objectifs et questions de recherche
Méthodologie

2. Situer l'ETCAF dans son contexte
Prévalence et coûts de l'ETCAF
Professionnels des soins de la santé et l'ETCAF

3. Identification et prévention de l'ETCAF
Importance et rôle de la prévention
Action préventive au Canada
Résultats de l'enquête
Discussion entourant les résultats

4. Diagnostiquer l'ETCAF
Valeur du diagnostic
Résultats de l'enquête
Discussion entourant les résultats

5. Recommandations
Pleins feux sur l'éducation et la pratique des professionnels
Pleins feux sur les politiques
Pleins feux sur l'identification de la recherche

Références

Annexes
Annexe A : Taux de participation, taux de réponse et description type
Annexe B : Tables de données
Annexe C : Questionnaire d'enquête

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