Utilisation de l'ADN pour suivre les espèces envahissantes dans l'Arctique
Par Danielle Nowosad
À Gjoa Haven (Nunavut), les personnes âgées disent que, quand elles étaient enfants, les mouches noires piqueuses n'existaient pas — contrairement à aujourd'hui.
Étant donné que l'Arctique continue de se réchauffer à cause du changement climatique, les plantes et les animaux envahissants pourraient se déplacer vers le nord. Pour pouvoir repérer les nouveaux arrivants, nous devons savoir les espèces qui vivent actuellement dans l'Arctique. Pour certains environnements arctiques, nous ne disposons pas encore des renseignements de base importants.
Par exemple, nous ne savons pas combien de genre d'invertébrés d'eau douce — escargots, insectes, vers et autres petites créatures — vivent dans les étangs, les lacs et les rivières dans les environs d'Iqaluktuttiaq (Cambridge Bay, Nunavut). Pour le savoir, nous utilisons le codage à barres de l'ADN, une nouvelle technique qui identifie une espèce animale de façon rapide et précise à l'aide de ses gènes. Jusqu'ici, au cours de trois saisons des travaux sur le terrain, nous avons recueilli beaucoup de renseignements : 6 000 dossiers et 4 500 séquences d'ADN d'environ 140 sites de travail.
La collaboration avec les experts de la collectivité et les réponses à leurs questions constituent une grande partie de la manière dont nous faisons nos recherches. Jusqu'à cette année, nous nous reposions sur la collecte d'échantillons provenant du plus grand nombre possible de nouveaux sites, mais d'après la rétroaction de Ekaluktutiak Hunters and Trappers Organization (EHTO), l'organisation des chasseurs et des trappeurs d'Ekaluktutiak, nous procéderons à un nouvel échantillonnage de certains cours d'eau datant des années précédentes. Cela nous permettra de comparer comment les genres d'invertébrés changent au cours d'un été, et d'une année à l'autre. Les données aideront à répondre aux questions de l'EHTO sur les différences entre les années humides et les années sèches.
Jusqu'à présent, nos données comprennent environ 357 groupes d'espèces. Les plus diversifiées sont des moucherons, avec 222 regroupements d'espèces. Les insectes se reproduisent et passent leurs stades juvéniles dans l'eau douce. Il y a neuf regroupements d'espèces de mouches noires et trois de moustiques.
La base de données est utilisée à diverses fins, notamment pour faire le suivi de l'origine des organismes que nous retrouvons près de Cambridge Bay, et pour surveiller les insectes nuisibles envahissants, comme les mouches noires piqueuses à Gjoa Haven, jusque 400 km d'Iqaluktuuttiaq (Cambridge Bay). En nombre suffisant, les insectes nuisibles envahissants pourraient tuer de grands mammifères, comme le caribou et le bœuf musqué.
Nous avons à présent une énorme base de données, mais nous en avons besoin davantage pour comprendre toute la biodiversité des systèmes d'eau douce dans les environs de Cambridge Bay. Quand nous recueillons nos échantillons au cours de la saison des travaux sur le terrain de 2022, nous continuerons d'obtenir les renseignements de base essentiels qui nous permettront de repérer les espèces envahissantes à l'avenir.
Pour présenter le monde intéressant des invertébrés des étangs aux jeunes locaux, j'ai formé un partenariat avec la Kitikmeot Friendship Society (société d'amitié Kitikmeot), pour ajouter un atelier de science à leur programme d'activités.
Avec l'appui de mes collègues à Savoir polaire Canada, nous avons offert deux ateliers où nous avons recueilli des invertébrés d'un étang près de la Station canadienne de recherche dans l'Extrême-Arctique (SCREA). Nous avons ensuite regardé au microscope ce que nous avions trouvé. J'ai donné des fiches d'identification, offertes par le Centre de génomique de la biodiversité, et adapté les dessins à colorier qui décrivaient les bestioles et les habitats du coin (créés par l'artiste Shelby Bohn).
Danielle Nowosad est étudiante au doctorat à l'Université de Guelph et assistante de recherche à Savoir polaire Canada. Elle a récemment donné une présentation publique à Iqaluktuuttiaq (Cambridge Bay) au sujet de son travail sur les invertébrés d'eau douce.
Savoir polaire Canada
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