Établissement d'une collection de référence de bryophytes de l'île Victoria

Auteurs

  1. E.R. Cox, Université de l'Alberta, Edmonton, Alberta, Canada, ercox@ualberta.ca
  2. I.D. Hogg, Station canadienne de recherche dans l’Extrême-Arctique, Cambridge Bay, Nunavut, Canada
  3. C. La Farge, Université de l'Alberta, Edmonton, Alberta, Canada

Référence suggérée

Cox, E.R., Hogg, I.D. et La Farge, C. 2020 Établissement d'une collection de référence de bryophytes de l'île Victoria. Savoir polaire : Rapport Aqhaliat, volume 3, Savoir polaire Canada, p. 23–27. DOI : 10.35298/pkc.2020.06.fra

Article

Les bryophytes (mousses et hépatiques) sont une composante dominante de la végétation arctique. Elles présentent des adaptations particulières pour survivre dans des conditions environnementales extrêmes. Les populations arctiques adaptées aux climats désertiques polaires peuvent facilement interrompre leur activité métabolique pendant les périodes sèches et redémarrer lors de la réhumidification (un processus connu sous le nom de poïkilohydrie) et survivre aux cycles de gel-dégel en se déshydratant (Proctor et al., 2007). Les bryophytes de l'île Victoria ont rarement été documentés dans la littérature scientifique, et seules quelques collections ont été réalisées (Persson et Holmen, 1961). Les espèces de bryophytes répondront différemment à un réchauffement climatique et sont susceptibles d'être des indicateurs importants des changements de l'écosystème (Lang et al., 2012).

Au cours de deux saisons de terrain, plusieurs sites de l'île Victoria ont été visités, la plupart d'entre eux se trouvant autour de Cambridge Bay et de Wellington Bay (Figure 1). Ces collectes ont déjà permis de trouver 75 espèces de mousses et 12 d'hépatiques, dont 46 n'avaient pas été signalées auparavant pour l'île Victoria. Quelques découvertes notables incluent :

  1. Splachnum vasculosum : une espèce appartenant à la famille des mousses Splachnaceae qui ne pousse que sur les excréments ou les os (Figure 2). Contrairement à S. vasculosum, d'autres membres de la famille des Splachnaceae, comme Tetraplodon mnioides, sont communs sur l'île Victoria (Figure 3).
  2. Fissidens osmundioides : une petite mousse que l'on trouve rarement dans les milieux arctiques, qui se distingue par des feuilles qui se replient en une poche.

En plus de ces études de base sur la biodiversité, une mousse arctique commune, Aulacomnium turgidum (mousse à fils gonflés), a été sélectionnée pour une étude plus intensive de la génétique de ses populations. Cette mousse présente un intérêt particulier en raison de son aire de répartition limitée à l'Arctique alpin, de sa présence dans les avant-plans glaciaires et de sa reproduction principalement clonale dans l'archipel arctique canadien (Figure 4).

Les échantillons de bryophytes collectés sur l'île Victoria contribuent à la flore bryophyte arctique connue et fournissent du matériel pour une bibliothèque de codes-barres génétiques qui sera utilisée comme bibliothèque de référence des espèces arctiques. Ces données génétiques peuvent également être utilisées pour suivre le déplacement des espèces dans l'écosystème (par exemple, les régimes alimentaires des autres espèces). Les spécimens feront également partie de la collection de référence située dans l'herbier de la Station canadienne de recherche dans l’Extrême-Arctique (SCREA) à Cambridge Bay, au Nunavut. Ils seront accessibles aux chercheurs de passage et aux membres de la communauté locale qui pourront s'en inspirer et les développer. Plus important encore, ils permettront d'établir une base de référence des occurrences des espèces pour une surveillance continue des changements qui se produisent autour de Cambridge Bay, sur l'île Victoria et, plus largement, dans l'Arctique.

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Figure 1 : Carte des sites visités sur l'île Victoria, au Nunavut, en 2018 (carrés) et 2019 (cercles). L'étoile désigne Cambridge Bay. Barre d'échelle = 50 kilomètres. Encart montrant la carte du Canada avec la zone d'étude (soulignée).

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Figure 2 : Splachnum vasculosum avec des sporophytes (c'est-à-dire des structures reproductrices en forme de parapluie).

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Figure 3 : Tetraplodon mnioides poussant sur une bouse.

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Figure 4 : Aulacomnium turgidum collecté près du campement de la zone de surveillance intensive.

Références

  • Lang, S.I., et al. 2012. Arctic warming on two continents has consistent negative effects on lichen diversity and mixed effects on bryophyte diversity. Global Change Biology, 18:1096-1107.
  • Longton, R.E. 1988. Adaptations and strategies of polar bryophytes. Botanical Journal of the Linnaean Society, 98:253-268.
  • Persson, H. and Holmen, K. 1961. Bryophytes Collected during the Arctic Field Trip of the Ninth International Botanical Congress. The Bryologist, 64:179-198.

Savoir polaire Canada

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