Trichinella en Arctique et dans le nord du Canada
Trichinella (Trichinella nativa) est un parasite qui peut infecter la plupart des mammifères, certains oiseaux et d'autres animaux sauvages. On sait que, dans l'Arctique et le Nord du Canada, l'infection à Trichinella touche un grand nombre d'animaux sauvages, notamment le morse, l'ours polaire, le renard, le loup et d'autres espèces de mammifères marins et terrestres. Le parasite s'est adapté aux conditions arctiques et peut survivre sous forme de larve en dormance dans les tissus musculaires des animaux infectés longtemps après leur récolte, même s'ils sont congelés. Les personnes qui consomment de la viande crue, congelée ou insuffisamment cuite provenant d'un animal infecté à Trichinella peuvent être atteintes d'une maladie appelée trichinellose (ou parfois trichinose) si elles ingèrent ces larves de Trichinella.
Depuis 2017, le Collège de l'Arctique du Nunavut et la Nunavut Tunngavik Incorporated travaillent ensemble en vue d'offrir le programme de détection de Trichinella du Nunavut, lequel utilise une procédure diagnostique spécialisée mise au point par l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) pour détecter les larves de Trichinella dans les tissus musculaires des animaux sauvages. Ce programme est entièrement géré par des membres de la communauté, et des analystes de la Nunavut Research Institute et de la Nunavut Tunngavik Incorporated offrent de la formation et présentent des démonstrations aux jeunes, aux étudiants, aux chercheurs et aux autres personnes intéressées par le programme. Ces analystes sont également soumis à des évaluations des compétences annuelles qui sont réalisées par l'ACIA. Grâce à cette collaboration unique, des scientifiques et des pêcheurs du Nunavut travaillent ensemble en vue de prévenir la trichinellose et d'aider les Nunavummiut à manger des aliments traditionnels sains.
Apprenez-en davantage sur le programme de détection de Trichinella du Nunavut (en anglais seulement).
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Transcription
Père : Je suis content qu'il ne soit pas tombé à l'eau, sinon il aurait fallu qu'on le traîne jusqu'au village.
Panik : Tu as fait du bon travail, Papa. Anaana sera très heureuse.
Père : Maintenant, le plus dur du travail commence! Il faut le dépecer et le mettre dans le bateau! Ton oncle Joe devrait être là dans quelques minutes pour nous donner un coup de main.
Panik : Je n'arrive pas à croire que nous ayons attrapé un morse pour ma première chasse.
Père : Tu dois m'apporter de la chance!
Panik : Grand-mère adore la viande de morse, et elle dit que ça nous donne de la force et une bonne santé.
Père : Oui, on en fait de très bons plats locaux. Elle est pleine de vitamines et de graisses saines. Les Inuits se nourrissent de morse depuis très, très longtemps.
Panik : Papa, à l'école, ils ont dit que certains morses et ours polaires peuvent être infectés par des vers qui peuvent rendre les gens malades.
Père : Oui, certaines viandes de morses et d'ours polaires peuvent être infectées par des vers ronds. Nous devrons nous assurer que ce morse n'est pas infecté avant de le manger.
Panik : Je ne vois pas de vers!
Père : Tu ne peux peut-être pas les voir, mais il peut y en avoir quand même. Demain, nous irons au Wildlife Office et parlerons à Pauloosie. Gardons la viande au froid jusqu'à ce que nous allions le voir. Il peut nous dire ce qu'il faut faire pour s'assurer que la viande est propre à la consommation.
[Panik et son père se dirigent vers le bureau de la faune.]
Pauloosie : On m'a dit que vous aviez attrapé un morse hier… Je vous attendais!
Père : Oui, il s'agit de la première chasse de Panik et nous avons eu de la chance!
Pauloosie : Fantastique! M'avez-vous apporté un échantillon à tester?
Père : Non, pas encore. Nous ne savons pas de quel type d'échantillon vous avez besoin.
Pauloosie : Oh, d'accord. Eh bien, dans ce cas, je peux vous donner une trousse d'échantillons et vous pouvez me ramener la langue.
Panik : Les morses ont une langue?
Père : Oui, Panik. Leur langue est beaucoup plus grande que la tienne.
Pauloosie : La trousse contient des gants. Assurez-vous de les porter quand vous coupez la langue. Nous avons besoin de toute la langue, alors essayez d'en couper le plus possible. L'échantillon de langue est placé dans un sac à fermeture éclair et il vous suffit de remplir une fiche d'information, de mettre l'échantillon dans le sac et de me le rapporter.
Père : Faites-vous les tests ici?
Pauloosie : Non, nous envoyons l'échantillon dans un laboratoire à Iqaluit… et une fois qu'ils l'ont reçu, il leur faut un jour ou deux pour nous faire savoir si la viande est infectée par Trichinella. Il est important que vous ne consommiez pas la viande du morse jusqu'à ce que nous obtenions les résultats du laboratoire.
Panik : Quel genre de tests font-ils?
Pauloosie : La dernière fois que j'étais à Iqaluit, j'ai visité le laboratoire! C'est un processus intéressant.
Le laboratoire reçoit votre échantillon et prépare la viande en en broyant une partie et en la mélangeant ensuite dans un grand bocal en verre avec de l'eau chaude, de l'acide et une enzyme appelée pepsine qui aide à décomposer la viande, un peu comme le fait notre estomac.
Le mélange est ensuite placé dans un incubateur à environ 45 degrés Celsius, pour permettre aux tissus de la viande de se décomposer. Cela libère les larves de vers ronds. Il s'agit essentiellement de reproduire ce qui se passe lorsque des tissus de viande infectés sont consommés et digérés par un animal ou une personne.
Une fois l'incubation terminée, les techniciens versent ensuite l'échantillon à travers un tamis dans un grand entonnoir en verre. Le mélange reste dans l'entonnoir pendant une demi-heure, puis il est versé dans un plus petit entonnoir, et enfin une petite quantité du mélange est versée dans une petite boîte de Pétri ronde en plastique qui contient les vers ronds s'ils sont présents. Ensuite, les techniciens de laboratoire peuvent regarder la boîte de Pétri au microscope pour voir réellement les vers ronds.
S'ils constatent la présence de Trichinella dans l'échantillon, ils en prennent note, puis nettoient et désinfectent l'équipement et les surfaces du laboratoire et se lavent les mains avant de quitter le laboratoire. Ils informeront le ministère de la Santé du gouvernement du Nunavut, qui fera savoir au chasseur que la viande est impropre à la consommation si elle n'est pas entièrement cuite.
S'ils ne voient pas de Thrichinella dans l'échantillon de viande, ils informeront également le chasseur que la viande peut être consommée en toute sécurité!
Panik : Qu'est-ce qu'on fait avec notre viande si elle a des vers ronds?
Pauloosie : Le ministère de la Santé du Gouvernement du Nunavut nous dit que « la viande doit être bien cuite avant d'être consommée afin de ne pas tomber malade. La congélation ou la fermentation ne tue pas les vers. »
Père : Eh bien, il ne nous reste plus qu'à croiser les doigts et à attendre les résultats! Je suis content que ce processus ait été mis en place, car je ne voudrais pas que ma famille tombe malade.
Panik : Oui, nous aimons beaucoup la viande de morse. Et papa et moi avons eu beaucoup de plaisir sur l'eau... mais je ne veux pas tomber malade non plus. Mieux vaut prévenir que guérir!
Père : Tu l'as dit, kulu!
[Logos des partenaires: Collège de l'Arctique du Nunavut, Nunavut Tunngavik, Gouvernment du Canada]
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