Écrire au GC peut être très plaisant
Par Lucy Ellis, rédactrice principale de discours, Bureau du Conseil privé
J’aime écrire depuis que je suis toute petite.
J’aime que les expressions utilisées de façon judicieuse puissent créer une image percutante; qu’un point-virgule bien placé puisse tricoter deux idées ensemble; que les listes comportant trois éléments fassent toujours bon effet.
Pour votre information, j’aime également quand l’équipe de rédaction de la vice-première ministre réussit à manier avec aplomb le tiret cadratin, ou em-dash en anglais (pour une démonstration, allez voir la version anglaise du discours sur le Budget de 2023).
Ma carrière en communications a commencé avec le Web et les médias sociaux, à l’époque où Twitter s’appelait Twitter et avait une limite de 140 caractères. Il se trouve aussi que l’analytique me passionne et qu’il n’y a rien de mieux pour moi qu’une bonne feuille de calcul Excel. Je peux donc affirmer, preuves à l’appui, que notre contenu le plus accrocheur sur les médias sociaux a été écrit à la première personne du pluriel, avec humanité, en faisant appel aux émotions, en présentant des mises à jour dignes d’intérêt et dans un langage facile à comprendre.
Nous avons également utilisé l’espacement et les sauts de ligne pour rendre les gazouillis (tweets) plus faciles à lire.
J’ai découvert la rédaction de discours un peu par hasard, en 2018. Avec de la chance et parce que le moment était propice, j’ai trouvé dans mon cheminement de carrière une voie dont je ne connaissais pas l’existence. Les discours, comme le contenu de médias sociaux, donnent de meilleurs résultats lorsqu’on crée intentionnellement un lien avec le public. On pourrait penser que ça va de de soi puisque les produits de communication visent, bien entendu, à mobiliser un public. Mais les mots, s’ils peuvent rassembler, peuvent aussi créer une distance, même si ce n’était pas voulu au départ.
Voici donc quelques-unes de mes stratégies préférées pour créer un lien entre nous et notre public. En fin de compte, je dirais qu’écrire en gardant à l’esprit son public rend la tâche encore plus agréable.
Des mots qui rassemblent
Mon professeur d’anglais de 9e année m’a appris à ne jamais utiliser la première personne dans l’écriture formelle. J’ai passé les années suivantes à me contorsionner en phrases maladroites dans lesquelles j’utilisais le pronom anglais « one » à la troisième personne. Les gens ne parlent pas comme ça dans la vraie vie. Si c’était le cas, ce serait vraiment insupportable, non?
« Nous », « notre » et « le nôtre » sont les mots magiques à utiliser pour créer un sentiment d’appartenance, de connexion; ils permettent de s’approprier collectivement un défi, une solution, ou les deux.
Il y a un temps et un lieu appropriés pour la formalité du « gouvernement du Canada », mais si vous pouvez l’éviter dans les communications et utiliser un langage plus personnel, vous devriez. Quand le greffier parle de valeurs et d’éthique dans ses discours, il parle de « notre » code. Pas son code à lui. Pas celui de la fonction publique. Notre code.
L’importance du rythme
Je ne vous dis pas d’écrire en pentamètre iambique, mais je vous conseille de prendre un moment pour réfléchir à la fluidité de votre écriture et pour vérifier si votre texte coule bien. Entre deux longues phrases, mettez-en une courte. Jouez avec les différents modes du verbe. Peut-être un fragment de phrase, comme ça?
En tant que titulaire d’une maîtrise en anglais, je vous donne la permission de faire de petites entorses à la grammaire, à l’occasion, si votre texte coule mieux ainsi. (Je sens que les réviseurs et réviseures me font de gros yeux…) Cela étant dit, vous devriez éviter la voix passive à tout prix. Personne n’aime la voix passive.
De par leur nature, les discours, comme les pièces de théâtre, sont destinés à être entendus. Ce qui veut dire que les rédacteurs et rédactrices de discours doivent réfléchir à la façon dont leurs mots sonneront quand ils seront prononcés par un orateur. D’autres formes de rédaction gouvernementale, comme les communiqués de presse ou les réponses aux médias, peuvent aussi être plus dynamiques grâce à un rythme varié.
La structure est essentielle
Personne n’aime écouter quelque chose de chaotique; un discours qui semble n’aller nulle part, c’est déroutant et inconfortable. Une introduction captivante, une thèse claire, des indications évidentes et une conclusion réfléchie aideront le public à suivre l’orateur et à se souvenir du message principal.
Raviver le sentiment de joie que procure l’écriture
L’écriture est une compétence à aiguiser et un métier à aimer. Je pense qu’on tire le meilleur parti de son travail lorsqu’on y met un peu du sien et qu’on y ajoute une bonne dose de passion.
Bonne écriture!
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