Le ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, Ralph Goodale, prononce un discours au cours de la Conférence des Associations de la Défense et de la Conférence sur la sécurité et la défense de 2016 de l'Institut de la CAD à Ottawa

Discours

Ottawa (Ontario)
Le 18 février 2016

Tel que prononcé

Je vous remercie sincèrement de votre accueil et de votre présentation aujourd’hui. Monsieur le Président, chers invités distingués, Mesdames et Messieurs, bonjour. Permettez-moi de commencer en remerciant l’Institut de la Conférence des Associations de la Défense de m’avoir invité à me joindre à vous aujourd’hui. Le travail d’informer les Canadiennes et les Canadiens au sujet des questions de défense et de sécurité nationale et d’obtenir leur participation à une discussion réfléchie et à un dialogue est excessivement important, peut-être aujourd’hui plus que jamais.

Je suis reconnaissant de cette première occasion de participer à ce forum. Comme vous pouvez l’imaginer, je traverse une courbe d’apprentissage assez accélérée depuis les dernières semaines et les deux ou trois derniers mois. Je reçois beaucoup de conseils spontanés.

Cela suggère, à mon avis, une situation très positive et une soif pour un grand nombre de Canadiens à traiter des enjeux si cruciaux pour notre pays. Comme vous le savez, le portefeuille de la Sécurité publique est énorme et complexe, le Ministère lui-même ayant sa fonction de protection civile essentielle, en plus, bien sûr, de la Gendarmerie royale du Canada, du Service canadien du renseignement de sécurité, de l’Agence des services frontaliers du Canada, de la Commission des libérations conditionnelles du Canada et ensuite d’un éventail d’organes d’examen associés à ces divers organismes.

Tout cela représente plus de 65 000 employés et près de 9 milliards de dollars en dépenses annuelles. Le portefeuille de la Sécurité publique est le plus important portefeuille non militaire du gouvernement du Canada, et il porte la responsabilité principale de protéger les Canadiens. Étant donné la publication entièrement transparente des lettres de mandat du premier ministre à tous ses ministres du Cabinet, vous êtes certainement au courant des missions ambitieuses qu’il souhaite voir s’accomplir.

En ce qui a trait à la sécurité publique, les menaces contre les Canadiens peuvent prendre différentes formes, comme le crime, le terrorisme, les catastrophes naturelles, les situations liées à du temps violent, les urgences de santé publique et bien d’autres. Aujourd’hui, je veux me concentrer sur nos priorités de sécurité nationale liées au terrorisme, à la radicalisation à la violence et à la cybersécurité ainsi que sur l’importance vitale de la collaboration et de la mobilisation efficace du public alors que nous nous attaquons à ces enjeux.

Autrement dit, je veux obtenir votre aide, et j’en ai besoin. Inextricablement liés à mon mandat sont les deux impératifs qu’il faut réaliser de pair. Premièrement, nous devons être efficaces dans la protection des Canadiens, tout en protégeant les valeurs canadiennes, nous droits et libertés et le caractère ouvert, généreux, diversifié et inclusif de notre pays, autrement dit, les qualités qui font du Canada ce qu’il est.

Ceux qui nous attaqueraient veulent changer tout cela. Ils détestent notre façon de vivre. Ils cherchent à susciter la division, la peur et le mépris dans tout ce que nous faisons. Ils veulent que nous voyions nos voisins d’un autre œil. Ils détestent la tolérance et le compromis. Le pluralisme est un anathème pour eux. La liberté, la démocratie et le respect des différences humaines sont à mépriser. Nous ne pouvons pas jouir de nos droits et libertés individuels sans sécurité collective efficace.

Nous devons parvenir à cette sécurité collective d’une manière qui ne nuit pas à l’essence même de ce que nous cherchons à protéger. C’est souvent un juste milieu difficile à atteindre. Le premier défi important du nouveau gouvernement est arrivé avec notre initiative urgente de secourir et de réinstaller 25 000 réfugiés syriens sortis du fléau mortel de l’EIIL et d’un gouvernement syrien brutalement dysfonctionnel. Il s’agit d’un projet humanitaire important et d’envergure dans la meilleure tradition canadienne.

Nous l’avons proposé la première fois il y a près d’un an maintenant. Il a su obtenir le soutien initial des maires et des premiers ministres provinciaux ainsi que des ONG et d’autres organismes dans tout le pays, mais il fallait l’exécuter convenablement, sans compromettre la qualité du travail de sécurité nécessaire pour protéger les Canadiens et pour favoriser le succès à long terme du projet. Ce principe, pas de compromis pour la sécurité, était ferme et solide dès le départ.

Conçue par l’entremise de la meilleure expertise du ministère de la Citoyenneté, de l’Immigration et des Réfugiés, de la GRC et du SCRS et de l’ASFC, notre approche comporte plusieurs couches de vérification de la sécurité. La sélection initiale d’un rôle de nouveaux arrivants éventuels au Canada a été effectuée avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, ou UNHCR, selon des critères particuliers fondés sur ceux qui sont les plus vulnérables et qui présentent le moins de complications, comme les familles avec de jeunes enfants.

Chaque adulte est interviewé en profondeur un par un par des professionnels de l’immigration canadienne qualifiés. Des données biométriques sont collectées. Tous les renseignements sont vérifiés en fonction des bases de données canadiennes et américaines pour détecter tout indicateur rouge pour la sécurité ou la criminalité. Si quelque chose dans les données ou l’entrevue soulève la préoccupation de l’agent de l’immigration, le dossier est simplement mis de côté et l’intervieweur passe à la personne suivante. Il y a littéralement des millions de personnes qui attendent de l’aide.

Lorsqu’ils sont en attente de venir au Canada, les identités sont vérifiées de nouveau à plusieurs reprises afin d’éviter l’infiltration avant qu’une personne monte à bord de l’avion. À leur arrivée ici, les réfugiés sont rencontrés et vérifiés encore par des agents frontaliers de l’ASFC comme tous les nouveaux arrivants au Canada. Pour mettre cela dans le contexte, l’ASFC traite quelque 270 000 personnes qui cherchent à entrer au Canada tous les jours ouvrables réguliers.

Dans le cadre de notre initiative visant les réfugiés syriens, le nombre total de nouveaux arrivants depuis novembre dernier est maintenant de près de 22 000, en voie d’atteindre notre but d’ici la fin du mois. Les organismes d’aide à l’établissement, les bénévoles, les donateurs, les communautés et les Canadiens en général ont répondu chaleureusement et avec compassion à ce projet, montrant encore une fois que le Canada est un pays qui est fondé sur la diversité et plus fort grâce à elle.

Oui, nous sommes un pays fondamentalement sécuritaire et paisible, mais nous ne sommes pas à l’abri d’une tragédie, comme le démontrent les événements horribles survenus à Saint-Jean-sur-Richelieu et à Ottawa en octobre de 2014. L’année 2015 fut une autre année d’horreur et de pertes sur le plan international, deux fois en France, à San Bernardino et ailleurs. Cette nouvelle année a débuté avec la perte douloureuse de vies canadiennes à Jakarta et au Burkina Faso. Il faut faire preuve d’une vigilance inébranlable.

Les Canadiens ont besoin de savoir que les membres de leurs services de police, de sécurité, de renseignement et de défense sont forts, professionnels et assidus pour faire le travail difficile que nous leur demandons en tout temps. Entre autres choses, ils évaluent et réévaluent constamment le niveau de la menace pour le Canada et les Canadiens, tous les facteurs pertinents sont surveillés et pris en compte. Aujourd’hui, le niveau de la menace pour le Canada demeure inchangé, au niveau moyen, comme c’était le cas en octobre de 2014.

Mais nous demeurons toujours alertes, tout comme devraient l’être les Canadiens. Au début de la semaine, je me trouvais à Washington pour une réunion avec nos alliés Five Eyes de la sécurité et du renseignement, les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Nous entretenons d’excellentes relations et l’ordre du jour était rigoureux lorsque nous nous sommes penchés sur des manières d’améliorer notre collaboration. Vous ne serez donc pas étonnés d’apprendre que les questions comme la lutte contre la radicalisation et la lutte contre les menaces cybernétiques figuraient bien en évidence à l’ordre du jour international de cette semaine.

Tout comme ces mêmes sujets ont été abordés vigoureusement le mois dernier lors d’une réunion provinciale-territoriale des ministres de la Justice et de la Sécurité publique qui a eu lieu à Québec et, quelques jours plus tard, les mêmes sujets étaient abordés par les maires et les municipalités aux réunions de la Fondation des municipalités canadiennes (FMC). Dans tous ces forums et bien d’autres, y compris les groupes commerciaux, les décisionnaires, les intervenants et les leaders d’opinion jonglent avec les mêmes enjeux de base qui dominent ma lettre de mandat.

Dans un monde d’incertitude et de risque et de changements rapides, avons-nous les outils nécessaires pour protéger la population, utilisons-nous tous nos outils de façon à protéger nos valeurs fondamentales en tant que société et, si nécessaire, comment ces deux impératifs parfois concurrentiels peuvent-ils être réconciliés? Un point commun est la nécessité d’inclusion, d’analyse et de débats éclairés et réfléchis. Pas par la peur, pas par la naïveté, mais bien par la mobilisation du public.

C’est dans ce but que j’ai noté une contribution intéressante au discours public, hier seulement. L’ancien président de l’ASFC, Luc Portelance, et l’ancien directeur adjoint du SCRS Ray Boisvert ont publié un document approuvant généralement les améliorations proposées par notre gouvernement dans la revue et l’examen rigoureux des organismes de sécurité et du renseignement, et ils nous encouragent par le fait même de combler les défaillances dans l’efficacité des organismes. C’est exactement ce que nous nous proposons de faire.

En réponse à Messieurs Portelance et Boisvert, le professeur en droit de sécurité nationale Craig Forcese est cité comme affirmant qu’il est aussi d’accord avec tout cela. Je sais que tout se joue dans les détails, mais j’espère que notre détermination à consulter et à mobiliser les Canadiens sur tous ces enjeux portera ses fruits de manière positive et, je l’espère, un certain consensus se dégagera quant à la meilleure façon de procéder. Un moment unique s’est présenté dans le contrecoup douloureux des tragédies d’octobre 2014 où les Canadiens auraient pu s’unir dans la cause commune visant à trouver cet équilibre délicat entre la sécurité et les droits et libertés individuels.

Tout le pays partageait au même moment le deuil de ces malheureuses journées. Nous avons eu de la sympathie les uns pour les autres, y compris les personnes de tous bords au Parlement. On ressentait clairement que les lois et les procédures devaient être renforcées et il y avait une volonté concrète d’essayer très fort de collaborer pour y parvenir. Malheureusement, le gouvernement de l’époque a décidé de procéder de manière différente.

Le moment extraordinaire de collaboration potentielle s’est évaporé et une nouvelle législation que beaucoup de Canadiens ont trouvé problématique de bien des façons, notamment le projet de loi C-51, en est ressortie. Nous nous sommes engagés à cerner et à corriger ces problèmes, et il est impératif que nous le fassions. Nous amorçons une consultation générale sur le cadre de sécurité nationale du Canada afin d’entendre l’avis des parlementaires, des experts en la matière, du grand public et aussi de nos partenaires étrangers.

Par exemple, comment faire pour nous assurer de ne pas porter atteinte aux droits des citoyens de protester, de manifester et de défendre leurs droits? Comment pouvons-nous remédier aux lacunes des soi-disant listes d’interdiction de vol afin de veiller à une utilisation strictement appropriée des données, de garantir des mécanismes de recours appropriés, de retirer des noms de la liste s'il y a lieu et d’assurer beaucoup moins de résultats faussement positifs, tout en veillant à la plus grande sécurité possible des voyages en avion et au fait d’empêcher les apprentis-terroristes de devenir des combattants à l’étranger?

Quelle est la définition précise appropriée de la propagande terroriste? Pendant la campagne électorale de l’an dernier, certains commentaires ont exprimé le fait que la définition de la loi était si vaste et tournée de telle manière qu’elle pouvait bien avoir touché certaines publicités électorales au cours de la campagne. De toute évidence, la définition a besoin d’être améliorée quelque peu. Que doit-on faire pour s’assurer que nous respections la Charte dans tout ce que nous faisons?

En ce qui concerne les revues et l’examen plus solides des questions liées à la sécurité et au renseignement, nous sommes déterminés à mettre sur pied un nouveau comité de parlementaires qui participeront à ce processus. Chacun de nos partenaires de Five Eyes a déjà établi un tel instrument parlementaire pour protéger l’intérêt public. Le Canada est actuellement l’anomalie. Il est plutôt intéressant de noter que Sheila Fraser, lorsqu’elle occupait le poste de vérificatrice générale, a recommandé une telle innovation il y a plus d’une décennie.

Ma prédecesseure, Anne McLellan, a en fait présenté une législation provisoire pour créer cet instrument parlementaire, mais, lorsque le gouvernement a changé en 2006, l’idée a disparu. Nous rétablirons cette initiative, ou nous la réaliserons. Nous tirerons des leçons des expériences des autres pays. Nous écouterons les Canadiens et produirons un modèle véritablement canadien qui fonctionnera bien pour nous. Nous examinerons les autres niveaux et instruments de revue et d’examen approfondi qui conviennent pour de nouveau veiller à deux choses : que nos services de police et de sécurité soient efficaces pour nous protéger, et que nos valeurs, nos droits et nos libertés soient respectés.

Ma lettre de mandat traite aussi de la menace de radicalisation. Si nous voulons protéger notre mode de vie ouvert et inclusif, nous devrions aspirer à être les meilleurs au monde à comprendre la radicalisation et les personnes qui sont les susceptibles de succomber à ses effets trompeurs. Comment survient-elle? Comment pouvons-nous contrecarrer cette idéologie négative et les messages qui attirent certains, surtout les jeunes gens? Qui est le mieux placé pour intervenir lorsqu’il est encore temps d’éviter une tragédie? Comment pouvons-nous sensibiliser les bonnes communautés, les bonnes familles, les bons modèles au bon moment?

Le gouvernement du Canada a mené des travaux de recherche utiles dans ce domaine par l’intermédiaire de son programme Kanishka. Des mesures de mobilisation ont été lancées par mon Ministère et par la GRC. Des villes comme Montréal, Calgary, Edmonton et Toronto et la province de Québec ont pris des mesures importantes à l’échelle locale ou au sein de leurs administrations.

D’autres pays élargissent leurs bases de connaissances et ils ont hâte de les échanger. Nous établirons un nouveau bureau canadien de sensibilisation communautaire et de coordination de lutte contre la radicalisation, et nous trouverons un meilleur nom à donner à ce que nous avons l’intention de créer.

L’objectif est d’être efficace, de trouver, de promouvoir et de communiquer les meilleures façons de bâtir et de maintenir des communautés en santé et résilientes, ainsi que des personnes en santé et résilientes.

Enfin, permettez d’aborder brièvement les questions cybernétiques. Nous vivons dans un monde hautement réseauté où l’innovation technologique pousse toujours vers l’avant, créant de grands progrès pour notre qualité de vie accompagnés de menaces en constante évolution pour notre sécurité.

La cybersécurité compte beaucoup pour le Canada, parce que les Canadiens sont les plus grands utilisateurs d’Internet par habitant au monde. Nous dépendons des technologies de l’information pour exploiter nos entreprises, pour communiquer à tous les sujets et pour vivre au quotidien. Nos systèmes d’infrastructure essentielle sont fortement cyberdépendants. Imaginez la vitesse à laquelle tout cela a changé. La première fois que j’ai été élu au Parlement, le télécopieur n’avait pas encore été inventé. Il y a eu beaucoup de changements.

Nous devons veiller à ce que notre capacité à composer avec tout cela soit aussi sophistiquée que la capacité des personnes qui souhaitent utiliser la technologie pour nous porter préjudice. En termes globaux, le cabinet Lloyds de Londres a estimé qu’en 2015, le cybercrime avait coûté environ 400 milliards de dollars aux entreprises dans le monde entier. Une autre étude laisse entendre qu’avant la fin de cette décennie, le coût mondial passera à plus de 2 billions de dollars. Nous devons travailler afin de renforcer continuellement notre résilience à cette activité potentiellement dévastatrice.

Il faut protéger l’infrastructure, dont la majorité est dans le secteur privé et/ou sous compétence provinciale. Nous devons nous améliorer dans le domaine de l’identification des menaces et des vulnérabilités, nous protéger, protéger nos clients et nous préparer aux interruptions et aux reprises. Notre Centre canadien de réponse aux incidents cybernétiques joue un rôle clé pour nous aider à défendre les systèmes vitaux extérieurs au gouvernement fédéral.

Les travaux de ce Centre sont réellement impressionnants. La GRC vient de publier une nouvelle stratégie afin de mieux combattre le cybercrime. Les grandes sociétés du secteur privé ont annoncé en décembre la création d’un nouvel Échange canadien de menaces cybernétiques afin de mieux éclairer et mobiliser leurs efforts dans le secteur privé. Mais presque tout le monde partage le sentiment qu’il est possible d’en faire plus, et qu’il faut en faire beaucoup plus. De concert avec plusieurs de mes collègues du Cabinet, nous mènerons un examen approfondi de toutes les mesures actuelles qui protègent les Canadiens et notre infrastructure essentielle contre les cybermenaces.

C’est un autre domaine classique où une mobilisation importante est essentielle et il est urgent de mieux éclairer les décisions en matière de politique que doivent prendre les gouvernements. Nous voulons tirer parti des merveilles qui peuvent être créées par la technologie de l’information, mais nous devons aussi comprendre parfaitement les risques et nous défendre contre eux. Dans tous ces domaines, cybernétiques et tous les autres que j’ai abordés, cet Institut – pour revenir à mon point initial – a un rôle très utile à jouer. Vous réunissez un large éventail de Canadiens très bien informés et mobilisés.

Du point de vue du gouvernement, nous voulons que des renseignements exacts soutiennent la prise de décisions fondées sur des données probantes. Nous voulons que les discussions, les analyses et les débats soient réfléchis. Nous voulons des consultations ouvertes et inclusives qui rassurent les Canadiens sur le fait que leur participation n’est pas seulement une façade, mais qu’elle est importante et qu’elle a un impact. Au bout du compte, pour reprendre le thème de la lettre de mandat, nous voulons un système de sécurité nationale qui est efficace à protéger les Canadiens et auquel les Canadiens peuvent se fier en toute confiance pour protéger leurs valeurs et leur mode de vie. Nous avons tous partie liée, et nous devons réussir. Je vous remercie beaucoup de votre attention.


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