COVID-19 : L’histoire étonnante de PRIMED d’Edmonton
Lorsqu'on lui demande comment se sont déroulés les derniers mois à la tête du principal fournisseur d'équipement de protection individuelle (EPI) du Canada, David Welsh, président et chef de la direction de PRI‑MED, hésite quelques secondes avant de répondre.
« Tout est un peu flou en ce moment », dit-il.
Voilà qui n’est guère étonnant.
Les journées de travail ont été très longues et épuisantes, et les demandes démesurément élevées.
Pour cette entreprise d'Edmonton en activité depuis 25 ans, l'histoire de la COVID-19 a commencé en janvier dernier, en Chine, où elle possède trois usines de fabrication.
Les trois usines étaient fermées le 24 janvier pour les célébrations du Nouvel An chinois. Le même jour, les autorités sanitaires chinoises ont annoncé le premier décès lié à la COVID-19 en dehors de la province du Hubei, le principal foyer d'infection au pays. La Chine comptait alors 830 cas confirmés et 25 décès.
Les usines de PRI‑MED sont toutes situées en dehors de la province du Hubei, qui est l'un des principaux centres de production d'EPI et de produits connexes en Chine.
Pour les plus de 900 employés de PRI‑MED, le long congé du nouvel an censé durer toute une semaine a pris fin abruptement après un jour.
« Le gouvernement chinois nous a demandé de rouvrir et de commencer à fabriquer des masques », raconte M. Welsh. « Normalement, nous ne vendons pas aux Chinois. Nous les avons aidés cette fois-ci en leur fournissant environ 30 millions de masques. »
Vu la façon dont la propagation de la COVID-19 s'est déroulée et l'implication précoce de PRI‑MED, l'entreprise a été l'une des premières au monde, sinon la première, à mettre en place des mesures pour protéger son personnel contre le virus. Ces mesures comprennent la sécurisation des usines, la vérification de la température des employés, des mesures d'éloignement physique dans les installations et des pauses-repas échelonnées.
« Je suis heureux de pouvoir dire qu'aucun employé de nos trois usines n'a contracté le virus », affirme M. Welsh.
La Chine a décrété le confinement pendant les six semaines qui ont suivi, ce qui a rendu l'exportation impossible. Les usines ont toutefois continué de produire et de fournir des produits pour les efforts locaux de lutte contre l'épidémie.
« Nous avions accumulé toute une réserve de masques », affirme M. Welsh. « Alors, à la réouverture des frontières, nous avions des quantités massives de produits à acheminer vers le Canada et nos autres partenaires dans le monde. Comme nous sommes le principal fournisseur d'EPI au secteur canadien de la santé, nous nous soucions surtout de répondre aux besoins de ces clients. Et ces besoins augmentaient rapidement. »
Il est heureux que la demande liée à la COVID-19 soit arrivée au milieu de l'hiver, alors que les entrepôts de PRI‑MED sont généralement bien stockés.
PRI‑MED a des entrepôts à Vancouver, à Edmonton et à Toronto, ainsi que des distributeurs ailleurs au pays.
Lorsque la demande canadienne a commencé à augmenter pendant la pandémie, PRI‑MED a accru sa capacité de fabrication en Chine et, à la fin de mars, l’entreprise a accepté de fournir au gouvernement fédéral des millions de pièces d'EPI.
« L'EPI est toujours en demande pendant la saison de la grippe. Donc, quand vient janvier, nos stocks au Canada sont toujours très élevés. »
Les quantités sont impressionnantes : des milliers de combinaisons et des millions de gants, blouses et masques chirurgicaux.
La commande du gouvernement fédéral devrait être entièrement satisfaite d'ici l'automne, les combinaisons et les masques demandés étant pour ainsi dire tous fournis.
Au-delà de sa propre capacité de production, les relations de longue date que l'entreprise entretient avec le milieu manufacturier chinois lui ont permis de s'approvisionner en matériaux supplémentaires auprès de partenaires chinois.
La production et la distribution d'aussi grandes quantités de produits chirurgicaux sont complexes sur le plan logistique.
« Normalement, nous n'avons pas à gérer des clients qui achètent trop, épuisent nos stocks et créent des pénuries pour les autres », explique M. Welsh. « Mais dans cette situation-ci, si nous avions suivi le principe du premier arrivé, premier servi, nous aurions fait un gâchis de notre chaîne d'approvisionnement. Les clients auraient acheté 50 fois leur quantité normale. Nous aurions probablement pu vendre tout notre stock canadien à une seule région sanitaire. »
PRI‑MED s'est concentré sur l'approvisionnement de ses clients actifs du secteur des soins de santé afin de contribuer à la lutte contre la COVID-19.
« Nous avons la grande responsabilité de servir les établissements de soins canadiens actifs », ajoute-t-il. « Nous avons donc dû refuser de servir quiconque n'était pas un fournisseur de soins de santé de première ligne. »
M. Welsh estime que si PRI‑MED, qui a des clients dans le monde entier, pouvait multiplier sa production par 100, elle la vendrait toute.
PRI‑MED compte beaucoup sur ses cadres supérieurs de longue date en Chine.
« Ils sont totalement bilingues », indique M. Welsh, « Au plus fort de cette crise, je leur parlais souvent au téléphone, de jour comme de nuit, alors qu'ils s'employaient à surmonter toutes les difficultés. Ils sont des experts dans leur domaine et font partie intégrante de ce que nous sommes. »
« Nos employés sont fiers de ce qu'ils ont accompli », ajoute M. Welsh. « Nous produisons une quantité incroyable de produits. Nous pourrions faire entrer un milliard de masques au Canada d'ici la fin de 2020. C'est au-delà de tout ce que nous pensions possible. »
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