Laura Secord

Laura Secord est une héroïne de la guerre de 1812. Méconnue de son vivant, elle est désormais un symbole du patriotisme canadien.

Peinture de Lorne Kidd Smith, v. 1920

À propos de Laura Secord

En apparence, Laura Secord est une femme ordinaire. Elle n’appartient ni à la classe paysanne ni à la noblesse. Elle n’a ni expérience ni commission militaire. Son père, un patriote dans la guerre d’indépendance américaine, est considéré comme un rebelle par les Canadiens patriotiques. Il arrive au Canada après l’exode des loyalistes et des terres lui sont données, sur lesquelles il fonde ce qui deviendra Ingersoll.

Laura Secord a 20 ans lorsque sa famille déménage à Queenston en 1795.

La majorité des terres cédées à son père sont reprises pour des raisons politiques. Ce dernier ne s’est jamais établi à Ingersoll, demeurant plutôt aubergiste pour le reste de sa vie. Lorsque son père déménage près de Toronto, Laura reste à Queenston.

À une date inconnue, elle épouse James Secord, issu d’une riche famille huguenote française. Toutefois, comme ce dernier a grandi dans un camp de réfugiés pendant la guerre d’indépendance, il est peu fortuné. Les Secord s’installent à Saint-David en 1797. Laura devient mère au bout de deux ans et retourne à Queenston quelques années plus tard. Elle a cinq enfants lorsque la guerre éclate en 1812.

James sert dans la milice de Lincoln sous le général Brock. Lorsqu’il est blessé au cours d’une bataille, Laura accourt à son chevet et retourne avec son mari dans une maison pillée pour s’occuper de lui.

Photo: Niagara Parks Commission

Propriété familiale de Laura Secord

La célèbre marche de Laura Secord

L’été suivant, les Américains envahissent de nouveau le Haut-Canada. Ils prennent comme prisonniers les hommes aptes au combat et s’emparent de maisons à Queenston. Le 21 juin 1813, Laura Secord surprend une conversation concernant des plans pour attaquer un avant-poste commandé par le lieutenant FitzGibbon.  

Le matin suivant, elle s’enfuit et parcourt 32 kilomètres à pied pour prévenir le lieutenant FitzGibbon.

L’attaque est repoussée de deux jours en raison de retards au quartier général des Américains.

Le 24 juin 1813, des guerriers autochtones du Québec se rassemblent sous le commandement du capitaine Dominique Ducharme. Ces guerriers attaquent la colonne des Américains et mènent une longue bataille contre leurs troupes. Des renforts britanniques, canadiens et autochtones arrivent à temps pour être témoins de la capitulation de la force américaine. Les guerriers autochtones ont ainsi livré seuls la bataille de Beaver Dams et forcé 542 soldats américains à capituler à l’aide de simples canons de campagne.

Le capitaine Dominique Ducharme demande au lieutenant FitzGibbon de négocier la capitulation, croyant sa maîtrise de l’anglais insuffisante pour discuter avec le commandant américain.

Bien que les Américains sachent que des habitants de la ville ont transmis de l’information sur leurs déplacements, aucune mention n’est faite de la participation de Laura Secord. FitzGibbon, promu par le colonel Isaac Brock avant la guerre de 1812, ne peut compter que sur des exploits militaires pour obtenir une promotion. Il s’attribue donc tout le crédit de l’affaire, mais rédige toutefois des lettres attestant la bravoure de Laura en 1820, 1827 et 1837.

Malgré tout, la contribution de Laura Secord à la guerre semble se perdre dans l’histoire. Cette dernière tente à plusieurs reprises de faire reconnaître son rôle, mais sans succès.

La famille éprouve des difficultés financières, notamment après la mort de James en 1841, lorsque sa modeste pension de guerre prend fin.

Laura Secord ne reçoit qu’une seule marque de reconnaissance durant sa vie. En 1860, alors qu’elle est âgée de 85 ans, le prince de Galles lui remet 100 £, une somme considérable pour l’époque.

Laura Secord voit la naissance de la Confédération canadienne et meurt en 1868. Elle est enterrée au cimetière Drummond Hill à Niagara Falls.

À compter de 1880, les gens commencent à s’intéresser au personnage. Les suffragettes ont besoin de vraies héroïnes comme modèles. Au fil des années, l’histoire de Laura Secord est racontée à de nombreuses reprises et les honneurs abondent :

Lettre de FitzGibbon datée de 1820

Le lieutenant FitzGibbon écrit ce témoignage pour Laura Secord en 1820 :

Je certifie par la présente que Mme Secord, épouse de James Secord de Queenston, est venue à Beaver Dam au mois de juin 1813 et m’a communiqué des renseignements concernant une attaque planifiée par l’ennemi contre le détachement sous mon commandement qui occupait occasionnellement une grande maison en pierres à cet endroit. Ces renseignements se sont avérés exacts et un détachement a effectivement marché vers Beaver Dam, le matin du deuxième jour après que ces renseignements nous soient parvenus, sous le commandement du lieutenant-colonel Boerstler, détachement qui a été capturé. Mme Secord est arrivée à ma station au coucher du soleil d’un jour exceptionnellement chaud, après avoir marché douze miles, ce que je croyais alors impossible pour quelqu’un d’aussi svelte et d’apparence aussi délicate.

Lettre de FitzGibbon datée de 1827

Afin d’apporter son soutien à la pétition de James Secord pour une carrière de pierres à Queenston, le lieutenant FitzGibbon écrit ce témoignage pour Laura Secord :

Je certifie par la présente que le 22e jour de juin 1813, Mme Secord, épouse de monsieur James Secord de Saint-David, est venue à moi à Beaver Dam après le coucher du soleil, depuis sa maison à Saint-David en passant par une route sinueuse et en parcourant une distance de douze miles. Elle m’a informé que son mari avait appris d’un officier américain la nuit précédente qu’un détachement de l’armée américaine, alors à Fort George, serait envoyé le lendemain matin (le 23) dans le but de surprendre et capturer un détachement du 49e régiment, alors à Beaver Dam, sous mon commandement. En réponse à cette information, j’ai placé les guerriers autochtones sous le commandement de Norton avec mon propre détachement dans le but d’intercepter le détachement américain et de nous en occuper pendant la nuit du 22. L’ennemi n'est cependant venu qu’au matin du 24, lorsque son détachement a été capturé. Le colonel Boerstler, leur commandant, lors d’une de nos conversations, a entièrement confirmé les renseignements qui m’avaient été communiqués par Mme Secord, me confirmant que la tentative n’avait pas eu lieu le 23 comme il était initialement prévu.

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