Les risques du radon : Balado Canadiens en santé - Épisode 1
Transcription
Anita Michalkiewicz: Bonjour et bienvenue à Canadiens en santé, votre espace pour des conversations nuancées et des points de vue d'experts sur des sujets de santé qui comptent pour nous tous. Nous avons des ressources et des informations importantes pour vous aider, vous et votre famille, à rester en bonne santé. Je suis votre animatrice Anita Michalkiewicz.
Si je vous disais qu'il y a un gaz invisible et inodore dans votre maison qui est la cause principale du cancer du poumon chez les non-fumeurs au Canada ? Un peu effrayant, non ? C'est vrai et ça s'appelle le radon. La bonne nouvelle est qu'il existe des solutions relativement simples pour atténuer les risques. Nous allons entrer dans le vif du sujet dans un instant, mais d'abord un petit mot officiel de nous.
Canadiens en santé vous est présenté par Santé Canada et l'Agence de la santé publique du Canada. Notre objectif est de vous donner des informations et des perspectives sur des sujets de santé qui comptent pour nous tous. La discussion ne reflétera pas nécessairement les positions ou politiques officielles du gouvernement du Canada. Ceci est plutôt une conversation et non un communiqué de presse.
Maintenant, parlons du radon. Aujourd'hui, j'ai rencontré Mathieu Brossard, spécialiste régional en rayonnement à Santé Canada. Bonjour et bienvenue au balado Canadiens en santé, Mathieu. C'est un plaisir de vous rencontrer. Vous êtes spécialiste régional en rayonnement à Santé Canada. C'est un domaine qui me semble assez rare. Comment est-ce qu'on tombe dans ce domaine-là ?
Mathieu Brossard: Avant de joindre Santé Canada, je travaillais dans le domaine biomédical, en recherche sur le cancer. J'ai travaillé aussi avec beaucoup de radioactivité, on utilise les radiations comme traceurs pour étudier certaines choses. C'est ce qui m'a amené d'essayer de travailler avec des compagnies qui développaient des médicaments, à faire le saut avec Santé Canada pour travailler en prévention contre le cancer.
Anita: Prévention contre le cancer, mais spécifiquement avec le sujet du radon, le sujet qui nous intéresse aujourd'hui. Pouvez-vous nous parler un petit peu du radon ? C'est un sujet qui est de plus en plus connu des Canadiens. Je pense que les gens commencent à reconnaître que ça peut être un très grave danger pour la santé. 50 % des cancers du poumon des non-fumeurs sont associés au radon. Pouvez-vous nous parler un petit peu des dangers de la santé du radon ?
Mathieu: Le radon, c'est un gaz radioactif qui est produit par le sol. Le problème, c'est qu'il ne reste pas dans le sol, il va être capable d'infiltrer l'air intérieur. Quand on va le respirer, le radon va libérer ses radiations à l'intérieur des poumons. Là, les radiations vont attaquer les cellules, ce qui peut amener une cellule normale, avec le temps, à devenir une cellule cancéreuse.
Vraiment le risque du radon, c'est le cancer du poumon. C'est la première cause de cancer du poumon chez les non-fumeurs, la deuxième dans la population en général après le tabagisme. C'est pour ça qu'il faut faire de la prévention, parce que le cancer du poumon, ce n'est pas le cancer le plus fréquent, mais c'est le cancer qui tue le plus de gens.
Anita: On parle de rayonnement, on parle de radiation. Est-ce qu'on parle de la même sorte de radiation qu'on voit à Tchernobyl, qu'on voit dans les bombes nucléaires ? Est-ce que c'est la même chose ? Moi, quand je pensais radon au début, je pensais à peut-être juste un gaz. Là, on parle d'un gaz invisible, incolore, inodore. Est-ce que c'est vraiment comme le rayonnement d'une plante nucléaire ou c'est vraiment quelque chose de spécifique et à part ?
Mathieu: Je dirais la différence entre un accident d'une centrale nucléaire puis le radon, c'est que le radon, lui, est naturellement produit par le sol, ce n'est pas un contaminant, ce n'est pas le résultat d'un accident. C'est vraiment un gaz radioactif qui vient de l'uranium qui est présent dans le sol, donc sous les maisons, sous les bâtiments. Malheureusement, les bâtiments vont laisser rentrer ce gaz-là par les fissures, par les joints de retrait, donc les fondations ne sont pas toujours étanches.
Maintenant, les radiations, c'est les radiations. C'est-à-dire qu'une particule alpha, un rayon gamma, un rayon x, une particule bêta, ça dépend de la dose qu'on reçoit, puis où on reçoit cette dose de radiation là. Pour le radon, c'est les poumons, on respire des milliers de litres d'air par jour, donc c'est les poumons qui vont être exposés aux radiations du radon.
Anita: Quand vous dites : « On est exposé dans nos maisons. », est-ce que c'est toutes les maisons qui sont affectées ? Est-ce que c'est juste certaines maisons ? Est-ce qu'on devrait tous être inquiets de ce problème-là ?
Mathieu: On devrait tous être inquiets, parce qu'il y a du radon dans toutes les maisons au Canada. À la question, c'est de savoir combien il y en a. C'est normal qu'il y en ait un petit peu. Il y en a un petit peu dans l'air extérieur, du radon. C'est une question de concentration. C'est pour ça que ce qui est vraiment important pour les gens qui nous écoutent, c'est de faire une mesure pour savoir quel niveau de radon on a chez soi. C'est sûr que tout le monde qui nous écoute ont un certain niveau de radon dans leur intérieur.
Dépendamment d'où on nous écoute au pays, il y a des provinces qu'ils ont une maison sur quatre qui ont un problème de radon, tandis qu'il y a d'autres provinces ça va être une maison sur dix. Ça varie à l'échelle du pays, mais on a fait plusieurs études, puis on cumule des données aussi de partenaires. Ce qu'on voit, c'est qu'il y en a partout, à différents niveaux, les maisons ne sont pas toutes une à côté de l'autre, c'est pour ça qu'on recommande vraiment aux gens de mesurer pour savoir si les niveaux sont élevés.
Anita: On a établi, là, que le radon, c'est à peu près omniprésent. Il faut tester, il y a un grand risque, on va revenir à la question de tester un petit peu plus tard. Revenons un petit peu à la découverte du radon. Le radon, ce que je crois comprendre, c'est il y a un petit peu un lien canadien à sa découverte. Est-ce que vous pouvez nous en parler ?
Mathieu: Il y a eu plusieurs chercheurs qui ont étudié les radiations, là, au tournant du XIXe siècle, XXe siècle. À l'université McGill il y a eu des études de faites, il y a plusieurs isotopes du radon, sans devenir trop technique, mais y a eu des découvertes de faits près de chez nous, à l'université McGill, on s'est rendu compte que des métaux radioactifs qu'on avait purifiés émettaient des radiations de façon un peu bizarre, un peu de manière imprévisible, parce qu'on ne comprenait pas qu'un métal puisse se transformer en gaz. C'est assez spécial à imaginer, de toute façon, mais c'est ça qui se passe vraiment. C'est qu'il y a des métaux, l'uranium, puis tous les descendants de l'uranium, jusqu'au radium, sont des métaux, mais ce que les chercheurs se sont rendu compte, c'est que ce métal-là finissait par produire un gaz qui était aussi radioactif.
Anita: Ce chercheur-là, est-ce qu'il s'en est sortie indemne, après toutes ces expériences ? On pense à Marie Curie et les ondes qui--
Mathieu: Marie Curie a été beaucoup exposée aux radiations. C'est sûr que la radioprotection, à ce moment-là, ce n'était pas des choses qui étaient nécessairement très appliquées, malheureusement.
Anita: On a parlé un peu des dangers, et c'est sûr, le plus qu'on est exposé, plus qu'on est en danger d'avoir des séquelles du radon, mais pourriez-vous nous parler-- est-ce qu'il y a des symptômes quand on est exposé à radon ? Qu'est-ce qui nous arrive ? Est-ce qu'on a mal à la tête, un petit peu comme le monoxyde de carbone ? Qu'est-ce qui arrive quand on est exposé à ça ?
Mathieu: C'est ça qui est perturbant, puis c'est vrai pour les autres radiations qu'on parlait. Quand on fait un rayon X, on passe un rayon X, on fait une imagerie médicale, on est exposé à des radiations, puis on ne les sent pas. C'est la même chose pour les radiations du radon, en plus que le radon, il soit sans odeur, il n'y a pas d'odeur, il n'y a pas de couleur, on ne le voit pas, on ne va pas ressentir de symptômes vraiment. Malheureusement, quand on a des symptômes associés au cancer du poumon, c'est que le cancer est vraiment bien développé. Souvent, ce que les médecins rapportent, c'est que les cancers du poumon sont diagnostiqués à un état très avancé de la maladie. C'est un cancer qu'on guérit très mal encore aujourd'hui, d'où l'importance de faire de la prévention.
Anita: On parle de comment on peut être exposé au radon, donc on parle du sous-sol. Moi, je m'imagine très creux dans le sous-sol, dans un coin, si on est là, on habite là où on est exposé tout le temps. Est-ce que c'est le seul danger ou est-ce que le radon se promène un petit peu dans notre maison ?
Mathieu: Le radon se promène un peu, bien qu'il soit produit par le sol, il va infiltrer évidemment par l'étage le plus bas. C'est pour ça qu'on va recommander de mesurer. On va dire : « Mesurez à l'étage le plus bas que vous occupez dans la maison. » Maintenant, dépendamment du brassage de l'air, dépendamment de votre système de chauffage, de l'occupation, le radon va se distribuer plus ou moins uniformément dans la maison.
Mais, règle générale, il peut y en avoir plus au sous-sol. Si on occupe le sol, on a une chambre à coucher, une salle familiale, un bureau, avec le télétravail, de plus en plus de gens se sont aménagés des bureaux à la maison, c'est sûr qu'on va mesurer là. Si le sous-sol n'est pas utilisé, on va recommander de mesurer au rez-de-chaussée, mais ça va se brasser, ça va se mélanger avec l'air de la maison, même si c'est un gaz lourd.
Anita: Vous avez mentionné le télétravail. Les gens qui ont commencé à plus travailler de la maison, est-ce qu'on a remarqué des changements dans l'exposition au radon depuis qu'on travaille plus à la maison ?
Mathieu: Nous, on sait qu'il y a plus de radons dans les petits bâtiments résidentiels que dans les grands bâtiments, parce qu'on a fait une étude dans les bâtiments fédéraux au début du programme, puis ensuite on a fait des études dans les bâtiments résidentiels. Il y a plus de radon dans les petits bâtiments résidentiels. Certainement c'est une motivation. Déjà, à la maison, c'est notre exposition principale au radon. Maintenant, si on rajoute en plus le télétravail, mais c'est notre exposition principale. Ça, certainement, c'est une motivation de plus à vérifier ça.
Anita: Vous avez mentionné également le brassage de l'air. Pouvez-vous rentrer un petit peu plus creux dans ce sujet-là ? Qu'est-ce que vous voulez dire ?
Mathieu: C'est qu'on ne s'en rend pas compte, mais l'air c'est de la matière, on ne s'en rend pas compte parce qu'on vit dedans, on flotte, l'air est autour de nous. Un peu comme un poisson dans l'eau, il ne s'en rend pas compte ; nous, c'est l'air. C'est de la matière, de l'air. Cette matière-là, dépendamment de sa température, dépendamment comment elle est brassée, le radon qui va rentrer par le sous-sol s'il n'y a pas beaucoup de brassage-là. Par exemple, si on a des calorifères électriques dans une maison et qu'on n'a pas de système de ventilation, ce n'est pas rare de voir deux fois plus de radon au sous-sol qu'au rez-de-chaussée.
Par contre, si vous avez un chauffage à air forcé avec des prises d'air aux différents endroits de votre maison, là, dans un cottage, même sur trois étages, le sous-sol, le rez-de-chaussée, premier, les concentrations peuvent être uniformes à travers les trois étages. C'est vraiment une question de brassage d'air due à la ventilation mécanique souvent. Des fois, ça peut être des gens qui ont un foyer ou un poêle à bois au sous-sol, sous-sol non fini au milieu de la maison. La convection de l'air chaud fait aussi une espèce de brassage. Ce qui va faire que ce n'est pas parce qu'on ne va pas au sous-sol qu'on ne devrait pas se soucier du radon. Il peut y avoir des problèmes de radon au rez-de-chaussée, puis au deuxième étage aussi.
Anita: Le problème semble être peut-être un peu plus grave lors de la saison où ce qu'on chauffe, l'hiver.
Mathieu: C'est pour ça qu'on va recommander de faire la mesure en période de chauffage. L'infiltration de radon dans une maison, c'est quelque chose de dynamique, qui va varier quand même pas mal dans le temps. C'est un risque à long terme le radon. On veut savoir sur une longue période, ce à quoi quelqu’un est exposé. Pour ça, il faut faire une mesure, idéalement pendant la période de chauffage, puis on demande aux gens de laisser le détecteur 3 mois.
Les détecteurs, ça ressemble à quelque chose comme ceci. C'est des petits détecteurs qu'on trouve dans le marché privé, qui coûtent aux alentours d'une cinquantaine de dollars le détecteur, l'analyse du détecteur en laboratoire et le rapport, qui va vous donner un chiffre. Tout le monde va avoir un chiffre, parce qu'il y a du radon dans toutes les maisons. C'est de savoir est-ce qu'il y en a trop ? Si ça dépasse 200, au Canada, Santé Canada, on juge que c'est trop.
Anita: On va revenir un petit peu à la question du test des chiffres à regarder, mais pour les gens qui ont des enfants, je suis mère d'une jeune fille, ou pour les gens qui ont des animaux de compagnie, il y a toujours une inquiétude. Est-ce qu'ils sont plus à risque ? Qu'est-ce qu'on devrait faire ? Est-ce qu'il faut faire attention ?
Mathieu: Selon ce qu'on sait, les enfants ne sont pas plus à risque. Par contre, comme le radon, c'est un risque à long terme, qui devient important après plusieurs années d'exposition, puis plusieurs dizaines d'années, on respire depuis qu'on est au monde, potentiellement, on peut être exposé au radon depuis qu'on respire au jour 1, c'est pour ça que c'est important de faire de la prévention le plus tôt possible dans la vie des gens. Il y a des programmes de mesures qui ont eu lieu à certains endroits au pays, dans les écoles, comme au Québec, dans les garderies aussi. Le plus tôt on fait de la prévention pour les enfants, le plus on va réduire les cancers du poumon à long terme dans leur âge adulte.
Anita: Est-ce que les tests se font ? Vous avez parlé des garderies, est-ce que ça se fait dans les écoles également ?
Mathieu: À différents endroits au pays. Ce n'est pas uniforme, d'un océan à l'autre. Dans les provinces de l'Atlantique, il y a eu des programmes de mesure, au Québec, il y en a eu certainement. C'est quelque chose qu'on favorise. L'exposition principale demeure l'exposition résidentielle à la maison. Maintenant, c'est certain qu'on ne respire pas seulement la maison, on respire au travail, on respire à l'école, à la garderie, donc on voit de plus en plus de régulateurs et de ministères faire des démarches préventives pour mesurer. Par exemple, dans les habitations à loyers modiques au Québec, le radon a donc été mesuré. Quand les niveaux étaient élevés, ça se corrige aussi, il ne faut pas paniquer avec ça. Il y a des solutions qui existent.
Anita: Voilà ce qui nous amène vraiment, je pense que les gens vont être intéressés de savoir-- On le sait, le radon, on en a un petit peu partout dans toutes nos maisons, il faut tester. Parlez-nous un petit peu de comment ça se passe. Vous avez dit, on peut acheter le petit instrument qui ressemble à une petite balle de hockey, le petit puck de hockey. On l’achète sur le marché, ça ne coûte pas plus que 50 $, ça à l'air, et puis pour le test et avoir un rapport. On reçoit le rapport, qu’est-ce qui doit nous inquiéter, qu’est-ce qui n’est pas inquiétant et qu’est-ce qu’on fait après ?
Mathieu: Moins il y a de radon, mieux c’est. Normalement, dans un monde idéal on voudrait avoir la concentration de radon qu’on a dans l’air extérieur, ce n’est pas la réalité. En moyenne, on va avoir aux alentours de 40-50 becquerels par mètre cube, ça peut varier d’une région. Le becquerel par mètre cube, c’est l’unité de mesure. Certainement, quand on reçoit le rapport, on ne veut pas que ça dépasse 200 becquerels par mètre cube. Si ça dépasse 200, Santé Canada recommande de faire des travaux pour réduire les infiltrations, réduire la concentration. Qui dit réduire la concentration de radon dit réduire le risque de cancer du poumon.
Anita: Quand vous dites 200, ça, c’est notre limite à nous.
Mathieu: Seuil d’action.
Anita: Le seuil d’action. Là, une fois qu’on voit que c’est à 200, admettons, ou proche, ou ça dépasse, qu’est-ce qu’on fait ? Quelles sont les mesures que les gens peuvent employer là pour corriger la situation ? Est-ce que ça se fait ? Est-ce que c’est cher ?
Mathieu: Il y a des entrepreneurs certifiés qu’on trouve partout au pays, qui vont être certifiés par le Programme national de compétence sur le radon au Canada, que vous pouvez trouver en allant sur occupetoiduradon.ca, il y a les liens vers des entrepreneurs qui sont certifiés. Qu’est-ce qu’ils vont faire, ces entrepreneurs-là ? Ils vont essayer de fermer la porte au radon, ils vont essayer de l’empêcher de rentrer en réparant les fissures qui sont accessibles, les joints de retrait, tout ce qui n’est pas étanche dans les fondations par rapport au gaz souterrain là, ça va être réparé quand c’est réparable.
Ensuite de ça, ça, c’est souvent la première étape, mais il y a une deuxième étape qui est d’utiliser un ventilateur similaire au ventilateur de salle de bains. Au lieu d’aspirer l’air de votre salle de bains, on va faire aspirer le ventilateur sous la dalle de béton. Il y a un petit trou qui est fait sur la dalle de béton, puis le ventilateur est connecté. Il va devoir aspirer en permanence, puis envoyer le radon à l’extérieur. Ça, qu’est-ce que ça fait ? Ça empêche le radon de rentrer dans l’air intérieur et ça corrige presque tous les problèmes. C’est une invention canadienne d’ailleurs, ça s’appelle la dépressurisation active du sol.
Anita: Excellent. Une autre connexion canadienne au radon. J’ai pensé, on parle du Canada, on est à Santé Canada, vous êtes spécialiste à Santé Canada, mais le radon, c’est mondial, c’est un problème mondial, ce n’est pas qu’au Canada qu’on a ça.
Mathieu: Absolument. La plupart des pays ont, soit des règlements ou des directives sur le radon, l’Organisation mondiale de la santé, l’Union européenne, nos voisins américains, c’est vraiment un problème mondial. Ça va varier, le risque varie en fonction de la géologie, où on se trouve, c’est le sol qui produit le radon. Puis là, on peut mesurer pour savoir si on a des nouveaux inquiétants. Quand on a des nouveaux inquiétants, on peut corriger.
Puis, surtout, maintenant qu’on sait que le sol produit du radon quand on construit des nouvelles maisons, on peut prendre des mesures pour essayer d’empêcher le radon de rentrer.
Ça, nous, on recommande ça dans notre directive depuis 2007, déjà, et c’est intégré progressivement dans les codes de construction à travers le pays, dans un standard national aussi.
Anita: Quand les gens pensent à, par exemple, se bâtir une maison ou emménager dans une nouvelle maison ou même emménager dans un appartement, le radon devrait être une question sur leur liste de priorités ?
Mathieu: Absolument. Quand on construit une maison ou quand on s’installe dans une nouvelle maison ou dans un appartement, on va passer du temps, quand même, quand on s’installe ou quand on se construit une maison, donc ça vaut la peine de s’assurer que l’air intérieur va être bon pour la santé. Un déterminant important de la qualité d’air à l’intérieur pour la santé, c’est le radon.
Anita: Pour les gens qui sont locataires, les gens qui ne sont pas propriétaires de leur demeure, quel est le conseil que vous leur donnez ? Est-ce que c’est leur responsabilité ? C’est la responsabilité du propriétaire ? Comment est-ce qu’on s’arrange dans ce cas-là ?
Mathieu: C’est sûr que l’atténuation du radon, les travaux qui doivent être faits sur un bâtiment, c’est souvent à la charge du propriétaire, donc c’est bien qu’il y a une discussion entre le locataire, puis le propriétaire. Maintenant, il y a des précédents au pays, à savoir qu’il y a des locataires qui ont pris sur eux de mesurer le radon, qui avaient un niveau de radon élevé, qui ont pu casser leur bail et même avoir des compensations pour déménager.
Ça, il y a des précédents au pays au niveau des tribunaux compétents, qui sont souvent provinciaux dans ces domaines-là. Oui, certainement. C'est sûr que la bonne entente entre le propriétaire puis le locataire, si on peut l'avoir, tant mieux, parce que les travaux, c'est le propriétaire qui doit les faire. Il y a des précédents de reconnaître le radon comme rendant un logement impropre à l'habitation.
Anita: Est-ce qu'il y a certaines populations canadiennes qui sont plus à risque de ce fléau-là ? Je pense peut-être aux gens qui ont un plus maigre revenu, des gens qui sont déjà un petit peu marginalisés. Est-ce qu'il y a des populations plus à risque ? Est-ce que vous remarquez ça dans vos recherches ?
Mathieu: Pas tellement. Les gens qui sont plus à risque, il va y avoir la géologie du bâtiment. Maintenant, que la maison soit neuve, vieille, que la maison soit luxueuse ou pas luxueuse, le radon est produit par le sol, puis là, ça va dépendre de la concentration qu'on va avoir dans l'air intérieur. Ça va avoir à faire avec la vitesse que le radon rentre, puis comment l'air est renouvelé. Il n'y a pas beaucoup de lien.
Maintenant, si vous parlez de population à risque, les fumeurs sont une population à risque pour le radon, parce que leurs poumons sont déjà hypothéqués à cause du tabac. Si on rajoute à ça les radiations du radon, ça va vraiment augmenter les risques, beaucoup, presque multiplier les risques. Les fumeurs, c'est une population à risque pour le radon.
Anita: Encore une raison de plus pour les gens qui fument de peut-être vérifier leurs maisons pour le radon pour ne pas encore plus s'exposer à un autre danger qui pourrait les affecter et affecter leurs poumons, et intervenir. Vous, vous travaillez sur la question du cancer depuis longtemps, depuis vos études, vous l'avez mentionné au début. Le radon cause le cancer du poumon, comme quand on a discuté. J'aimerais parler un petit peu de votre motivation dans ce travail-là. Qu'est-ce qui vous a amené à travailler dans ce domaine-là ? Qu'est-ce qui vous motive, vous et vos collègues à Santé Canada, pour travailler dans ce domaine très particulier ?
Mathieu: C'est vraiment sauver des vies, protéger la santé des gens. C'est-à-dire, tout le monde va mourir un jour, mais on espère avoir une belle vie, avoir une vie en santé. Ce n'est pas drôle de développer un cancer du poumon à un certain moment dans sa vie, puis d'en mourir. J'ai déjà rencontré des gens atteints du cancer du poumon, ce n'est pas une belle maladie. La motivation, c'est vraiment de sauver des vies, d'améliorer la qualité de vie des gens aussi, parce que c'est--
Anita: Chez Santé Canada, dans votre domaine, dans vos équipes, quelles sont les prochaines étapes pour vous ? Quel est l'avenir ? Qu'est-ce que vous allez faire dans les mois et les années ? Qu'est-ce que vous espérez pour ramener la cause du radon un peu plus à l'avant plan pour les gens qui vivent au Canada ?
Mathieu: Qu'est-ce qu'on a de récent qui est publié sur notre site internet, ce sont des guides d'action contre le radon à l'intention de nos partenaires et des régulateurs. Santé Canada, on n'est pas le régulateur pour le radon. On a une directive qui est le fruit d'un comité fédéral, provincial et territorial regroupant la plupart des provinces et territoires, qui sont arrivés avec nos recommandations.
On veut avoir des discussions, puis travailler avec les régulateurs compétents. Par exemple, on parlait du logement, les autorités compétentes qui réglementent le logement ou le code de sécurité, les codes de bâtiment. Je vous dirais, c'est un peu ça l'avenir. Je vous donne un exemple : je suis impliqué dans un comité de développement du Code national du bâtiment, puis on essaie de faire évoluer les pratiques dans les bâtiments, parce que ça fait longtemps qu'on le recommande. Là, on a des signes que ce qui est fait en ce moment, ce n'est peut-être pas suffisant pour réduire les concentrations de radon. On essaie de pousser les exigences dans la construction du bâtiment vers le haut, dans les codes de bâtiment, puis à l'aide de développement de standards aussi. Je vous dirais, ce n'est pas mal ça les priorités.
Anita: Prévenir un petit peu sur le côté de la construction des nouveaux bâtiments, prévenir aussi en faisant des tests, en encourageant les gens à tester leur maison et un petit peu leur faire passer le message que malgré qu'on ne sent pas, ne voit pas, on ne goûte pas ce gaz, il pose vraiment un danger réel et tout le monde devrait tester. Pour conclure, j'aimerais vous demander, est-ce que, vous, vous testez régulièrement votre maison ? Est-ce que vous encouragez vos amis, votre famille à tester ? J'imagine que tout le monde à la table du souper familial à Noël doit savoir votre travail. Vous les encouragez ?
Mathieu: Oui. Peut-être même, il y en a qui sont tannés à l'occasion que j'en parle. Le radon, il faut savoir, on mesure le radon une fois. Ce n'est pas quelque chose de compliqué qui coûte beaucoup d'argent. On mesure le radon une fois, puis si on a un résultat bas, qu'il n'y a pas de changement à la maison, on n'a plus vraiment à s'en soucier, parce que ça va rester à peu près pareil, le risque va rester à peu près pareil. Si les risques sont bas, on n'a pas à s'en soucier ; si les risques sont élevés, au moins on le sait. On a des moyens pour réduire les risques. ll n'y a pas de raisons de vivre avec ça.
Anita: S'il y avait un message que vous aimeriez laisser à nos auditeurs et les gens qui nous regardent sur YouTube, s'il y avait un message que vous aimeriez qu'ils retiennent de tout ça, ça serait quoi ?
Mathieu: C'est que le risque de cancer du poumon de base dans la population, on ne parle pas des fumeurs, c'est de 1 %. Il y a une personne dans sa vie qui va décéder d'un cancer du poumon. Après ça, si on est exposé au radon, si on fume, ce risque-là, il augmente. On n'est pas dans un contexte à se demander : « Est-ce que c'est grave ou est-ce que ce n'est pas grave ? » Non, on sait qu'il y a un risque élevé, à la base, de cancer du poumon. Après ça, il faut prendre des actions dans notre vie pour garder ce risque-là le plus bas possible. Il est déjà élevé, c'est 1 %. Vraiment, mesurer le radon, c'est facile. Si les niveaux sont élevés, il y a des solutions qui existent.
Anita: Merci beaucoup Mathieu-
Mathieu: Merci Anita.
Anita: -de vous être entretenu avec nous, merci pour votre expertise, merci pour votre travail pour les Canadiens et Canadiennes. Merci d'avoir participé à ce balado, bonne journée.
[musique]
Anita: Nous sommes joints maintenant par Stéphanie Perrier Bélanger, notre animatrice du segment Dans les coulisses de la science. Stéphanie, bonjour.
Stéphanie Perrier Bélanger: Bonjour, Anita. Comment ça va ?
Anita: Ça va bien. On a parlé avec Mathieu Brossard du radon, on est rentré dans le vif du sujet, mais toi tu explores une partie du sujet un petit peu différente : l'environnement.
Stéphanie: Oui. On est allé gratter ça un petit peu plus avec Mathieu, c'était super intéressant. On y a amené une thématique un peu différente : les changements climatiques. Les gens, des fois, peuvent se demander, c'est quoi le lien entre changement climatique et radon ? C'est ce qu'on approfondit en--
Anita: C'est plus quelque chose qu'on fait avec nos maisons, c'est ça ?
Stéphanie: Oui, exactement. On peut penser souvent-- on pense beaucoup à l'isolation, de quelle façon être plus écoénergétique. Il y a apparemment un lien avec le radon alors on approfondit ça avec Mathieu et on apprend aussi que c'est possible de concilier efficacité écoénergétique avec être prudent en matière de radon. On explore ça avec Mathieu, puis c'est très intéressant.
Anita: L'environnement et la santé peuvent cohabiter en paix dans notre maison, on n'a pas trop à s'inquiéter, mais on explore plus ça cette semaine, dans le segment.
Stéphanie: Exactement, les deux peuvent cohabiter ensemble. Je ne dévoile pas trop le punch ici, mais je peux vous garantir que c'est bien de concilier environnement et santé.
Anita: Merci, Stéphanie.
Stéphanie: Merci à toi, Anita.
[musique]
Anita: Merci d'avoir écouté Canadiens en santé. Si vous nous regardez sur YouTube, n'oubliez pas de cliquer sur le bouton J'aime, ci-dessous, et de vous abonner pour rester à l'affût de ce qui s'en vient. Trouvez-nous partout où vous obtenez vos podcasts et laissez-nous un commentaire si vous aimez ce que vous avez entendu. Pour plus de renseignements sur les sujets de santé qui vous intéressent, visitez canada.ca/santé.
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