Dans les coulisses de la science : La santé buccodentaire et notre santé globale : Balado Canadiens en santé - Épisode 8

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Stéphanie Perrier Bélanger : Bonjour et bienvenue à Canadiens en santé : Dans les coulisses de la science. Une plate-forme qui nous permet de vous fournir des informations scientifiques sur les sujets de santé qui comptent pour nous tous au Canada. Je suis votre animatrice, Stéphanie Perrier Bélanger. Depuis notre enfance, on entend souvent parler de l'importance de se brosser souvent les dents, de passer le fil dentaire et d'aller consulter notre dentiste de façon régulière.

Mais saviez-vous que nos habitudes d'hygiène buccodentaire peuvent aussi avoir un impact direct sur notre santé globale ? Maintenir une bouche et des dents saines pourrait prévenir des problèmes de santé graves, comme le diabète et les maladies cardiovasculaires. La semaine dernière, Anita s'est entretenue avec Lisette Dufour, Conseillère principale en santé buccodentaire, sur l'importance de notre bouche et de nos dents tout au long de notre vie.

Aujourd'hui, Lisette est de retour avec nous pour parler des liens entre la santé buccodentaire et notre santé globale. Nous allons entrer dans le vif du sujet dans un instant, mais d'abord un petit mot officiel de nous. Le balado Canadiens en santé vous est présenté par Santé Canada et l'Agence de la santé publique du Canada.

Notre objectif est de partager avec vous des informations pertinentes sur la santé. Cela dit, nos discussions ne vont pas nécessairement toujours refléter les positions ni les politiques officielles du Gouvernement du Canada. Ok, parlons maintenant de la santé buccodentaire et notre santé globale.

Stéphanie : Bonjour Lisette, comment ça va?

Lisette Dufour : Ça va bien!

Stéphanie : Ça va bien, merci. Écoute, merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui. Donc on rentre dans le vif du sujet. On parle souvent de santé buccodentaire, l'importance de maintenir une bonne santé buccodentaire pour prévenir les caries par exemple. Mais on sous-estime peut-être le lien entre la santé buccodentaire et la santé globale, la santé générale des gens.

Puis je voulais commencer d'entrée déjà en te demandant c'est quoi le lien entre la santé buccodentaire et la santé générale ? Parce que la recherche scientifique, on le sait, en parle de plus en plus.

Lisette : T'as absolument raison Stéphanie, parce que maintenant la recherche et la science nous démontrent de plus en plus que les personnes qui souffrent de maladies parodontales - la maladie des gencives qui est un petit peu plus sévère que la petite gingivite qu'on pense - bien, à ce moment-là, ce qui arrive, c'est que les bactéries qui sont associées à cette infection bien ils rentrent, elles sont dans la bouche.

Puis moins tu te brosses bien les dents, moins que tu passes le fil dentaire, plus t'as de bactéries. Alors ce qui se passe, c'est que ces petites bactéries-là préfèrent aller en dessous des gencives parce qu'elles sont ce qu'on appelle anaérobies.

Donc c'est des bactéries qui aiment pas ben ben l'oxygène. Alors ils s'en vont où est-ce qu'il y en a de moins. Puis ils vont proliférer. Ça veut dire qu'ils vont se multiplier, puis ils vont grossir. Puis là ils descendent, puis ils s'en vont dans le flot sanguin. Ça veut dire que partout où est-ce qu'il y a du sang, la bactérie va se descendre là.

Alors, quand on parle qu'il y a des associations bien, il y a des associations avec des maladies cardiaques comme les AVC, les accidents vasculaires cérébraux. Bien communément en français, puis en anglais on appelle ça souvent le stroke. Alors il y a des incidences là-dessus, puis sur le diabète.

Donc pour les maladies comme les maladies cardiaques, qu'est ce qui se passe? C'est que les bactéries vont aller encore dans le flot sanguin, puis ils pourraient s'attaquer aussi à l'enveloppe du cœur. On ne veut pas que ça se passe. Pour le diabète, c'est un petit peu différent parce que si t'es pas capable de contrôler ton diabète, ça veut dire que ton taux de glycémie, c'est ton taux de sucre dans la bouche, c'est ça, il n'est pas contrôlé. Alors ça va être très difficile de contrôler ta maladie parodontale à cause du sucre qui va être dans la salive et vice versa.

Si je ne suis pas capable de contrôler ma maladie parodontale, je vais avoir de la difficulté à contrôler mon diabète aussi. Donc c'est pour ça qu'on appelle une relation bidirectionnelle.

Stéphanie : Moi ce que j'aime appeler une relation inversement proportionnelle, c'est plus notre santé buccodentaire est bonne, plus on réduit le risque de développer des maladies cardiovasculaires, diabète, etc.

Lisette : T'as tout compris, t'as tout compris. Puis maintenant la recherche est en train de regarder s'il n'y a pas d'impact sur d'autres maladies chroniques parce qu'on a des indications que la maladie parodontale pourrait avoir des effets sur la démence, sur l'obésité.

Mais on a besoin de plus de recherche. On n'est pas rendus là.

Stéphanie : Avant de s'aventurer dans le… ces sujets-là précisément.

Lisette : Exactement. D'ailleurs, je voulais juste mettre un petit à côté que je ne sais pas si t'étais au courant mais Statistique Canada sont en… s'affairent à ramasser des données maintenant pour les prochains deux ans chez les Canadiens.

Donc Statistique Canada sont partis avec leur clinique mobile pendant deux ans de temps, ce qu'ils vont faire ce qu'on appelle un "road show". Ils vont faire seize, seize villes. Puis toi, si tu es appelée par Santé Canada, puis par Statistique Canada, tu pourrais devenir un bénévole puis participer à cette enquête-là. Il va avoir des mesures sur la santé, mais aussi sur la santé buccodentaire.

On a plein de mesures cliniques sur la santé buccodentaire qui vont être, qui vont être en mesure de se faire collecter. Le Bureau du dentiste en chef au Canada, c'est le bureau qui a maintenant recommandé des mesures cliniques avec l'aide de dix universités à travers le Canada. Et puis toutes ces données-là, elles sont validées par l'Organisation mondiale de la santé de façon à ce que le Canada puisse se comparer à comment les autres pays font aussi en frais de mesures cliniques, en frais de l'état santé buccodentaire.

Stéphanie : La performance aux pays, finalement. Ah - c'est intéressant.

Lisette : Exactement, exactement! Oui, fait que je pense qu'en vingt vingt-cinq ils vont terminer de faire la collecte, ils vont analyser les données, alors il va y avoir des résultats qui vont sortir. Fait que ça, c'est excitant pour tous les chercheurs canadiens, puis les chercheurs autres qu'au Canada.

Alors je crois qu'on va être en mesure d'établir de plus en plus de recherches sur l'association entre la santé buccodentaire puis les maladies chroniques.

Stéphanie : Exactement. En parlant, Lisette, de maladies cardiovasculaires, diabète, etc., je suis curieuse de savoir si dans tes– je pense que c'est plus de quarante ans d'expertise avec la santé buccodentaire– si t'as un exemple à donner aux gens qui dans le fond démontre le lien entre la santé générale et une bonne visite chez notre professionnel de la santé buccodentaire. T'as un exemple concret à donner.

Lisette : Absolument. J'ai quelques exemples. Écoute, les gens devraient penser quand ils vont chez le dentiste ou quand ils vont au cabinet dentaire ou quand ils vont chez leur professionnel de la santé buccodentaire, t'as besoin d'une évaluation. Alors ce qu'ils vont regarder c'est qu'ils vont faire un bilan de santé, qu'ils vont regarder le type de médicaments que tu utilises, et qui vont aussi prendre la pression artérielle. Alors, je ne sais pas si tu sais le petit coffre que tu mets sur le bras, puis tu fais "pouche, pouche, pouche!" ?

Stéphanie : Qui serre ? Oui!

Lisette : Qui serre ? Exactement! Alors plusieurs fois, ça m'est arrivé lors de cette prise là où j'ai vu qu'il y avait une prise artérielle très élevée, plus élevée que si le patient était anxieux. Alors ce que j'ai fait, c'est… tu arrêtes, tu arrêtes le bilan de santé, tu le dis au patient, puis quand il revient des fois subséquentes, on m'a remercié parce que finalement, il est allé voir son médecin. Puis il y avait bel et bien un problème de pression artérielle.

Je ne sais pas si t'es au courant, mais on appelle ça le "silent killer". Quand tu as une pression artérielle élevée, bien, il y a un gros risque d'accidents cérébraux vasculaires, mais il n'y a pas de symptômes. On n'est pas tout le temps au courant que notre pression est élevée, alors c'est très dangereux.

Mais les médicaments peuvent très bien régulariser ça. J'ai un autre exemple. Stéphanie, qui est super bonne…

Stéphanie : Avant je t'arrête, j'ai juste une petite question par curiosité. Si la pression artérielle d'un patient qui vient vous voir est trop élevée, est ce qu'on poursuit la consultation avec le dentiste ou on arrête?

Lisette : Bien, ça dépend.

Ça dépend combien élevée parce qu'on sait qu'elle peut être élevée parce que t'es anxieuse d'être chez… au bureau, hein? Ça cause tout le temps une petite anxiété parce que tu vas chez le dentiste, t'as peur de l'inconnu, t'es pas certain, surtout s'il va avoir une piqûre. On a tout le temps un petit peu peur.

Alors t'as un point où ce que tu sais que la pression artérielle peut être élevée jusqu'à tel… tel rythme. Mais plus haut que ça, ça peut devenir dangereux. Alors on ne poursuit pas ou si le point est déjà bas, on continue. Puis on demande aussi au patient comment est-ce qu'il se sent par rapport à ça durant…

Stéphanie : Ok, je comprends.

Lisette : Durant l'évaluation

Stéphanie : Vas-y avec le deuxième exemple, je suis curieuse de savoir.

Lisette : Le deuxième, c'est un petit peu… C'est des collègues de travail qui m'ont parlé que, une personne, un homme était allé faire son bilan de santé. Puis il est allé chez l'hygiéniste dentaire. C'était un bureau, un cabinet d'hygiéniste dentaire.

Et puis lors de l'évaluation, on ne regarde pas juste les dents. On regarde les tissus environnants, c'est-à-dire les joues, la lèvre. Et puis elle a… elle a vu qu'il y avait une lésion sur une joue. A ce moment-là, on prend les mesures, elle regarde toutes ces mesures-là. Puis elle a appelé le médecin de famille de cette personne-là. Quand le monsieur est revenu un an plus tard et c'était bel et bien une lésion carieuse, c'était bel et bien une lésion précancéreuse.

Et puis la personne a dû passer à travers la chimio et la radio. Mais quand on va chez le médecin, on ne pense pas tout le temps d'ouvrir notre bouche. Puis le médecin ne nous fera peut-être pas ouvrir la bouche parce que souvent, ça ne fait pas partie de son bilan de santé à lui.

Stéphanie : Ce n'est pas un premier réflexe si on veut.

Lisette : Bien, non, bien, non. Alors à moins que tu dises à ton médecin que t'as mal à la bouche ou que t'as décelé quelque chose de bizarre, souvent la bouche ne sera pas ouverte. Alors c'est pour ça que j'ai trouvé cette histoire-là assez–écoute, ça c'est une histoire, mais il doit y en avoir d'autres que j'ai même pas au courant.

Alors c'est très important d'avoir un dépistage de cancer de la bouche. Puis ça c'est fait à chaque fois que tu vas voir, ça devrait être fait à chaque fois que tu vas voir ton dentiste ou ton hygiéniste dentaire.

Stéphanie : Le professionnel de la santé buccodentaire, ce qui est… ça nous démontre vraiment le lien entre les deux, puis l'importance de maintenir une bonne santé buccodentaire pour ensuite être capable de détecter certaines maladies qu'on n'aurait pas autrement pu détecter.

Merci beaucoup Lisette d'avoir été avec nous aujourd'hui pour parler de l'impact de notre santé buccodentaire sur sa santé générale. Beaucoup d'exemples concrets, une très bonne vulgarisation. Puis, en terminant je vais te demander pour nos auditeurs qui aimeraient avoir plus d'informations, plus de détails en ce qui concerne leur santé buccodentaire, à quel endroit ils peuvent aller, quelles sont les ressources qui existent ?

Lisette : L'endroit le plus facile, c'est d'aller sur le gouvernement du Canada sur le site internet, puis taper les mots clés santé buccodentaire. Ils vont trouver une panoplie d'informations là-dessus sur comment prendre soin de ses dents dépendant des âges, pour tous les âges.

Je pense que ça va être le lien le plus facile, parce qu'il y a des liens qui sont là-dessus aussi, qui vont être très informatif pour eux.

Stéphanie : Parfait, c'est noté, merci encore beaucoup.

Lisette : Merci Stéphanie.

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