Histoire de la sécurité des jouets
Transcription
[Son de pouls]
[Musique]
Annie J. Stewart : Bonjour, mon nom est Annie Stewart.
Bienvenue à Canadiens en santé, un endroit où nous offrons des conversations nuancées avec des experts de la santé.
Notre discussion d'aujourd'hui porte sur la sécurité des jouets. Des jouets, on en trouve dans toutes les maisons, mais aussi dans les CPE et les garderies et de façon encore plus abondante après la période des fêtes. Les jouets peuvent être une source de plaisir pour toute la famille et un outil nécessaire à l'apprentissage chez les enfants, à condition qu'ils soient sûrs.
Pour en parler avec moi, je vais m'entretenir avec Jean-François Lalande, ingénieur principal de la Direction générale de la santé environnementale et de la sécurité des consommateurs à Santé Canada.
Mais, d'abord, bien que le balado Canadiens en santé vous soit présenté par Santé Canada et l'Agence de la santé publique du Canada, nos discussions ne vont pas nécessairement toujours refléter les politiques du gouvernement du Canada. Ce sont des discussions informelles, pas un communiqué de presse.
Maintenant, parlons de la sécurité des jouets.
[Musique]
Annie : Donc, Jean-François, bonjour et bienvenue à Canadiens en santé.
Jean-François Lalande : Merci Annie. Je suis content d'être ici.
Annie : Donc, je veux rappeler à nos auditeurs qu'on enregistre avant Noël, mais, quand vous allez écouter ce balado là, vous serez sans doute en face d'une montagne de nouveaux jouets suite au passage du Père Noël. Donc toi, Jean-François, tu es ingénieur, mais tu es aussi papa.
Jean-François : Oui, je suis un papa de deux enfants, un garçon de 12 ans et un garçon de 9 ans.
Annie : Donc dans ta vie personnelle et professionnelle, les jouets tu connais quand même assez ça.
Jean-François : Quand même, oui.
Annie : Quand même. Donc moi aussi, j'ai trois enfants. Comme maman, je suis consommatrice de jouets. Donc, si tu avais à me conseiller en tant que professionnel, sur quel aspect des jouets est-ce que tu me dirais de prêter tout particulièrement attention?
Jean-François : Quand qu'on va au magasin pour acheter des jouets, il y a une panoplie d'articles qui s'offrent à nous. Pis ces jouets-là vont être utiles ou amuser les enfants de tous âges, de plein d'âges différents. Donc, c'est très important de choisir un jouet qui est approprié pour l'âge de l'enfant.
Par exemple, un petit nouveau-né ou un bébé de 1 an n'utilisera pas les mêmes jouets, puis n'interagira pas avec son environnement de la même façon qu'un enfant de 12 ans, par exemple. Le nouveau-né ou le nourrisson va avoir tendance à ramper par terre, puis à prendre un objet. Son premier réflexe sera de le mettre dans sa bouche, donc il est important d'éviter les jouets avec des petites pièces, parce que ça risque de présenter un danger d'étouffement.
Par contre, l'enfant de 12 ans, lui, va plus explorer les limites du jouet, donc va peut-être vouloir s'amuser ou avoir des scénarios dans sa tête qui vont le pousser à utiliser à la limite du jouet. Donc c'est important de prendre ça en considération quand on choisit un jouet. Bien lire les étiquettes pour savoir si le jouet est approprié ou non à l'enfant en fonction de son âge.
Annie : Oui, puis tu dis ça, je pense à des enfants plus âgés qui vont essayer de tirer, d'étirer ou de faire rebondir des jouets très fort. Donc, comme tu le disais, le jouet est vraiment utilisé à son potentiel maximal. Je veux qu'on revienne à quelque chose que tu as dit à propos des risques d'étouffement chez les enfants. Donc, quels sont les risques d'étouffement les plus courants pour les jeunes enfants quand on regarde les jouets?
Jean-François : Bien c'est notamment les petites pièces. Ces petites pièces sont avec le jouet ou si le jouet se brise, il peut y avoir de petites pièces qui vont aussi s'être relâchées. Donc il faut faire vraiment attention avec les jouets qu'on va donner à un enfant, pas de petites pièces fragiles qui pourraient facilement se briser. On parle de quelque chose qui est plus gros, qui est plus solide avec peut-être moins de petits détails, mais qui va faire en sorte qu'on va réduire le risque d'étouffement.
Donc, si l'enfant le prend et le met dans sa bouche, l'enfant ne pourra pas communiquer avec le parent. Il va avoir de la difficulté. Un enfant d'un an ne peut pas parler, donc il va essayer de pleurer, mais souvent si toutes ses voies respiratoires sont obstruées, parce que le jouet est pris dans sa gorge, il ne pourra même pas pleurer, il ne pourra même pas crier, il ne pourra même pas avertir le parent.
Puis c'est pour ça qu'il est important d'utiliser les jouets avec une supervision, mais on s'entends tous qu'on surveille pas son enfant constamment pendant qu'il joue. Donc, on garde une oreille attentive, on le regarde de temps en temps, mais si l'enfant ne peut pas communiquer avec nous, c'est un problème. Donc, les risques d'étouffement associés aux petites pièces, c'est un élément clé pour les enfants en bas âge. De 0 à 3 ans, c'est pour ce groupe d'âge qu'il faut vraiment faire attention aux petites pièces.
Annie : Ok. Et puis, parle-moi de l'emballage aussi. Parce-ce que là je pense à des cadeaux que j'ai achetés ou que j'ai donnés, que le jouet est approprié pour un bambin ou au poupon, mais il y avait tellement de petites pièces avec lesquelles on utilisait pour attacher, pour retenir le jouet en place, donc je peux me rappeler que j'ai facilement passé un quart d'heure à détacher, couper et dévisser les jouets de leur emballage pour que finalement mon enfant puisse idéalement au moins jouer avec pendant un certain temps. Donc, qu'est-ce que tu me conseilles de faire après avoir déballé un jouet?
Jean-François : Bien, je te conseille d'abord de déballer le jouet dans un environnement où tu vas voir si jamais il y a une pièce ou une attache, quelque chose qui va tomber. Souvent ce qui arrive c'est il va avoir un emballage de carton, ou peut-être le jouet va être dans un emballage plastique, puis tout ça va être relié par différentes attaches. Il peut y avoir aussi du ruban adhésif. Plein de choses vont faire en sorte que l'objet va bien paraître dans son emballage, mais l'emballage n'est pas un jouet. Le jouet c'est qu'est-ce que l'emballage contient. Donc c'est important de faire attention puis souvent on va couper les attaches, et une petite partie de l'attache peut tomber par terre. On ne s'en rend pas compte. L'enfant se promène par terre, le met dans sa bouche et s'étouffe.
Donc, en fait de recommandation, c'est le faire sur une surface où on va voir s'il y a des petites pièces qui tombent, s'il y a des attaches et bien nettoyer le tout. Et puis le sac n'est pas un jouet, le sac doit être recyclé, l'emballage en carton doit être réutilisé, recyclé, mais ça ne fait pas partie du jouet pour l'enfant en bas âge principalement.
Annie : Mais c'est intéressant, parce que tu me parle essentiellement que la sécurité des jouets c'est pas juste le jouet en soi, c'est la façon qu'il est emballé.
Jean-François : Exacte. Puis dans certains jouets électroniques, par exemple, on va avoir aussi des batteries de type boutons qui sont utilisées. Donc, c'est des petites piles plates qui ressemblent souvent la grosseur d'un 25 cents. Encore une fois, ça demeure une petite pièce qui peut être très alléchante pour un enfant. Souvent, les jouets électroniques vont parler, vont faire des sons, puis souvent ils sont pour des jeunes, des enfants de moins de 3 ans. Donc, si jamais la petite pièce et la batterie sont disponibles, l'enfant va probablement la mettre dans sa bouche.
Et puis les dangers des batteries sont complètement différents des autres petites pièces qu'il pourrait avaler. Les batteries ne sont pas inertes, les batteries ont une charge. Et puis cette charge peut être suffisante pour percer les intestins, perforer les intestins. Donc tu peux avoir, encore une fois, à l'intérieur de ton corps en avalant la pile bouton, tu peux avoir des dommages à l'interne que l'enfant ne pourra pas communiquer avec le parent.
Et puis même quand la batterie n'a plus assez d'énergie pour alimenter le jouet, la batterie contient encore de l'énergie. Cette énergie est suffisante pour causer des dommages à l'interne. Il peut avoir des batteries supplémentaires qui sont données avec le jouet. Il faut bien les ranger, les garder hors de la portée des enfants dans un endroit sécuritaire, où ils n'auront pas accès. Puis une fois la batterie utilisée, encore une fois la batterie qui est utilisée qui n'a plus assez d'énergie pour le jouet, cette batterie là il faut aussi la ranger hors de la portée des enfants, parce qu'elle détient encore assez d'énergie pour causer des blessures internes aux enfants.
Annie : Et puis je pense même au boîtier qui contient la pile, c'est de s'assurer qu'il est bien fermé. Donc, de vérifier les jouets de temps en temps.
Jean-François : Exacte, exacte. Souvent, ce sont des compartiments avec une petite vis qu'on va voir là. C'est utilisé par les fabricants de façon générale. Donc s'assurer que ça fonctionne bien, que le boîtier est bien fermé, que la petite vis elle s'enclenche bien dans le trou. Donc, ce sont des choses à vérifier effectivement là en tant que parent.
Annie : Quand on parle de très petites pièces, ça me fait penser aux aimants aussi qu'on retrouve de plus en plus dans des pièces de plastique pédagogique pour que les gens, les enfants puissent construire des formes, des motifs. Ça se retrouve dans les petites figurines, dans des toutous des fois. Donc il y a les aimants aussi que j'entendre dire que ça cause problèmes aussi.
Jean-François : Oui, les aimants ont aussi un danger potentiel différent des petites pièces. Mais, même si c'est une petite pièce, il y a des dangers additionnels aux aimants, comme il y a des dangers additionnels par rapport aux piles boutons. Souvent, les aimants vont être accessibles ou ne le seront pas. Elles se trouvent dans le jouet pour combiner différentes sections du jouet ensembles. Ces aimants-là peuvent aussi se détacher si le jouet est brisé, ou si on l'échappe par terre ou s'il y a une fissure ou quelque chose comme ça. Donc, il faut vraiment faire attention à ces choses-là également.
Annie : Puis, il y a les risques d'étouffement avec les petites piles, les petits aimants aussi. Mais quel genre de problème est-ce que l'ingestion d'un aimant peut causer?
Jean-François : L'ingestion d'un aimant, ce qui est particulier, c'est qu'elle a des pouvoirs d'attraction. Donc, souvent l'enfant n'avalera pas qu'un seul aimant s'il est accessible, il va en avaler plusieurs, comme tu l'as mentionné Annie. Il y a souvent plusieurs aimants qui sont dans un jouet. C'est plutôt rare qu'il y en aura seulement un. Puis, l'aimant une fois qu'il est avalé, il va faire son chemin à travers l'estomac, les intestins, tout ça. Puis, quand l'enfant va avaler un deuxième aimant, à ce moment-là, à l'intérieur du corps, les aimants vont essayer de...
Annie : De se rejoindre.
Jean-François :... de se rejoindre effectivement et puis en essayant de se rejoindre, ils peuvent parfois se rejoindre à travers les tissus internes et puis ça peut causer des brûlures, des perforations internes. Ça peut aussi déplacer des intestins. Donc, ton intestin peut à l'intérieur de lui-même se tourner et entraîner des blocages. Donc, les aimants sont vraiment, en tant que petite pièce, un danger vraiment vraiment important.
Puis encore une fois, un nourrisson ne te dira pas qu'il a avalé des aimants, puis on ne pourra pas le savoir, c'est difficile à détecter. Il faut absolument consulter un médecin si on présume que notre enfant a avalé des aimants. Et puis après ça le professionnel médical va pouvoir faire les examens qu'il faut pour déterminer ce qui se passe, mais des fois l'enfant, surtout un nouveau-né, va pleurer, il ne pourra pas communiquer clairement ses besoins. Et puis nous en tant que parents, on va essayer de le réconforter. On va essayer des choses comme ça. Mais, si on ne soupçonne pas qu'il a avalé un aimant, ça peut causer des dangers très sérieux à l'enfant.
Annie : Oui, c'est sérieux en fait. Je pense que c'est quelque chose auquel il faut peut-être penser avant d'acheter des jouets avec des aimants, de ce que je t'entant dire.
Jean-François : Il faut juste les observer, puis les inspecter plus régulièrement, puis être conscient du danger. Je pense que c'est la première étape. En parler aux autres parents qui ne sont peut-être pas conscients du danger par rapport aux aimants. C'est quelque chose qui doit être fait. Mais, le jouet peut quand même être sécuritaire, peut quand même être utile, peut quand même être très amusant pour l'enfant. Mais en tant que parent on a un rôle à jouer puis c'est de bien inspecter le jouet. S'il y a des aimants supplémentaires, de s'assurer que ça va pas dans la salle de jouets, de les ranger adéquatement hors de la portée des enfants.
Annie : Mhm. Tantôt, on parlait justement de ce quoi faire avec l'emballage. Tu as mentionné le guide de l'utilisateur.
Jean-François : Oui.
Annie : Parle-moi un peu de ça.
Jean-François : Bien, le guide d'utilisateur, c'est souvent la dernière chose qu'on va lire et souvent ça va se trouver avec la boîte de l'emballage dans le recyclage. Les gens vont dire : ah, c'est intuitif, je sais comment utiliser ce produit-là, c'est un jouet pour enfant, comment est-ce que ça peut être compliqué la dedans. Mais, en fait, lires les instructions, il y a des avis.
Chaque jouet est différent, chaque jouet peut avoir sa propre problématique. Il y a peut-être des instructions spéciales. Ce peut être différent d'un jouet à l'autre. Il y a une version électronique, une version non électronique, des choses comme ça dont qu'on se doit d'être informé. Puis la façon dont le fabricant va communiquer avec nous. Il va y avoir de l'information sur l'emballage effectivement qu'on doit lire, qu'on peut prendre en photo si jamais il n'y a pas de manuel. On garde le manuel de référence dans notre téléphone, mais on doit garder le manuel d'utilisateur aussi. Jeter un coup d'œil, ça va prendra quelques minutes, puis une fois que c'est fait, tu es au courant du produit, tu es au courant des détails de comment ça fonctionne. Comme ça, on va s'assurer que le jouet va être utilisé de façon adéquate et puis le parent va pouvoir savoir c'est quoi les limites du jouet aussi.
Annie : Dans les dernières années, il y a eu des articles qui parlent des perles d'eau, des perles gonflantes. Peux-tu me parler du danger que représentent ces nouveaux jouets-là?
Jean-François : Oui, les perles d'eau, ce qu'on appelle aussi les « water beads » en anglais, c'est quelque chose qui est arrivées sur le marché il y a plusieurs années, mais sont devenues de plus en plus populaires dans les dernières années, comme tu l'as mentionné.
Le danger est que ces petites pièces se gonflent en contact avec l'eau. Et puis tu as des différents formats, de toutes petites pièces, de toutes petites billes sèches qui vont grossir peut-être l'équivalent de 1 cm ou 1 cm et demi. Tu en as d'autres qui sont à l'état sec d'environ cette dimension-là, donc de 1 cm, mais qui peuvent grossir jusqu'à peut-être 4 ou 5 cm de diamètre. Donc, ça prend énormément de volume une fois que c'est en contact avec l'eau, et puis notre corps est composé majoritairement d'eau.
Donc qu'est ce qui arrive c'est les enfants vont voir ces petites pièces-là, ça ressemble à des bonbons, ça a la texture d'un bonbon. Tu le mets dans ta bouche, tu l'avales, puis là quelques heures après pendant que ça fait son chemin dans ton système digestif, et bien ça gonfle, ça l'absorbe l'eau autour, ça l'absorbe l'eau de tes intestins, puis ça gonfle et gonfle. Puis une fois que ça l'arrive à sa dimension maximale, qui est de 4 ou 5 cm, ça va causer une obstruction de ton intestin.
Encore une fois, l'enfant ne peut pas communiquer. L'enfant peut pleurer, avoir de l'inconfort, mais ce n'est pas quelque chose que tu peux voir de l'extérieur, c'est quelque chose à l'intérieur. Donc, qu'est-ce qui se passe? Puis si tu ne le sais pas que l'enfant a avalé ce genre de truc, tu vas faire de ton mieux. Mais, encore une fois, si on soupçonne que l'enfant a avalé des perles d'eau, qu'elles soient déjà gonflées ou sèches, c'est important de consulter un médecin, de faire un suivi. Le blocage ne s'en ira pas par lui-même, t'a besoin de l'aide d'un professionnel médical.
Annie : Je te demande d'être généreux dans ma réaction. Je suis un peu flabergastée. Pourquoi les gens achètent-ils ce produit? Est-ce que ça a une valeur pédagogique? Est-ce pour faire de l'art? Est-ce que...
Jean-François : À la base, ces produits sont utilisés dans un système pour l'agriculture. Donc, parce que tranquillement l'eau qui est accumulée, qui est absorbée va être relâchée, c'est utile pour arroser les plantes, des choses comme ça. C'est très décoratif aussi. Tu mets ça dans un vase dans le milieu de la table, c'est très beau, c'est très joli. Mais souvent c'est des couleurs vibrantes, les enfants vont être attirés par ça. Et puis, la texture est quand même intéressante. Tu l'utilises, c'est amusant, il y a un côté curiosité qui est satisfaite avec ce genre de produit là.
Malheureusement, souvent ces produits-là vont être utilisés avec des enfants en bas âge, parce que oui ils vont explorer beaucoup avec la texture, le toucher, mais ils vont explorer aussi beaucoup en mettant des choses dans leur bouche. Donc, oui, la partie texture est très intéressante pour un enfant, mais quand le réflexe ensuite c'est de le mettre dans sa bouche parce que ça a l'air d'un bonbon, bien là ça devient moins intéressant. Ça a une utilité pour les enfants, mais surtout pour si on veut l'utiliser à la maison comme jouet, c'est peut-être destiné à des enfants plus vieux.
Mais là, il faut faire attention. Souvent, les enfants vont partager la même salle de jeux, un enfant plus jeune avec le frère plus vieux vont partager la même salle de jeux. Donc c'est là où il faut faire attention, je reviens à ce que je disais au début, mais chaque jouet est fait pour un enfant d'un âge approprié et, dans ce contexte-là, il faut faire attention à peut-être limiter l'interaction du plus jeune avec ce genre de jouet. Les perles d'eau sont un exemple très concret que ça devrait être rangé, puis seulement utilisé sous supervision par les enfants plus vieux.
Annie : Oui, puis bien les nettoyer après avoir en fait l'usage aussi.
Jean-François : Oui, il faut vraiment bien les nettoyer, parce que ces perles-là à l'état sec sont minuscules, on parle de 1 mm ou environ, donc elles sont très petites. Ça va se répandre si tu en échappes par terre. C'est très difficile de les ramasser et puis dans un petit contenant de l'équivalent de la grosseur d'une pomme, il peut facilement y avoir à l'état sec plusieurs milliers de petites billes. Donc, tu ne pourras pas savoir si t'en manques ou si tu ne t'en manques pas après leur utilisation.
Annie : Ok, on a parlé du manuel d'instructions tantôt. Admettons que j'ai acheté un jouet, on a un nouveau jouet dans la maison, et j'ai bel et bien suivi les instructions, mais il y a toujours un problème avec le jouet. Il ne fonctionne pas bien ou il semble faire défaut. Qu'est-ce que tu me conseilles de faire?
Jean-François : À Santé Canada, on peut rapporter des incidents. Donc, si le jouet semble faire défaut, puis que ça peut causer un danger ou une blessure à l'enfant ou aux parents, je recommande fortement de rapporter ce genre d'événement sur canada.ca. Il y a des liens existent pour remplir un formulaire. Il y a aussi des bureaux régionaux qui existent où on peut appeler et parler avec quelqu'un pour rapporter notre incident. Et puis à ce moment-là, je pense que c'est la meilleure chose à faire si le produit présente un danger. Évidemment, pendant que la demande est traitée, ne pas utiliser le produit et le ranger hors de la portée des enfants…
Annie : Enlever les batteries.
Jean-François : Oui, si c'est approprié pour le jouet en question. Donc, arrêter l'utilisation puis rapporter l'incident, si ça peut causer une blessure ou présenter un danger potentiel.
Annie : On va parler de laboratoire et puis des tests qu'on fait sur les jouets. Mais avant ça, je veux qu'on parle de la liste des jouets interdits au Canada. Dans un balado précédent, on a parlé des commotions cérébrales, puis j'ai parlé de l'accident de mon frère qui à 7 mois a déboulé les marches dans sa marchette, et s'e as suivi une fracture du crâne d'une oreille à l'autre. Il s'en est remis, mais c'est quand même un accident tragique.
Les marchettes sont depuis interdites sur le marché, donc est-ce que tu peux me parler des jouets qui se sont retrouvés sur la liste de jouets interdits au Canada ou quels sont les facteurs qui font qu'un jouet peut se retrouver sur cette liste?
Jean-François : La marchette est un exemple assez...
Annie : Assez connu, assez célèbre.
Jean-François : Oui assez connu, parce qu'il y a beaucoup de gens d'une certaine génération qui ont utilisé les marchettes ou qui étaient parents, puis leur enfant a utilisé la marchette. Donc c'était quelque chose qui était très populaire à une certaine époque. Malheureusement, ton frère fait partie des statistiques ou il y a tombe en bas des marches. C'était très commun pour ce genre de jouet. Ça allait très rapidement. L'enfant avait le contrôle d'où il voulait aller et en plus il était surélevé, donc il pouvait rejoindre des choses que normalement, quand il était par terre, il ne pouvait pas rejoindre. Donc il y avait plusieurs dangers associés à ça et des produits similaires présentaient d'autres dangers.
Mais, le processus pour arriver à la liste des produits interdits, c'est vraiment la présence de dangers puis les statistiques qui reflètent que c'est pas juste des dangers potentiels, mais des dangers réels et puis qu'on peut prouver que, oui, ça a causé tellement de blessures, tellement de mortalités et, en plus, l'utilisation ne rapportait pas grand-chose. Ce n'était pas utile à ce point-là, donc le risque n'en valait pas la chandelle. Des choses comme ça vont se retrouver sur la liste des choses prohibés.
Annie : Maintenant, on va parler des tests dans les laboratoires. Toi, tu travailles dans un laboratoire, où vous faites des tests. Quels sont les éléments que vous testez? Comme moi, je pense au son, par exemple.
Jean-François : Le son, ce qui est intéressant c'est qu'on a une pièce spécifique pour tester le son. L'environnement va avoir un impact sur le son, sur la façon dont les ondes vont rebondir sur les murs, sur les objets, sur le mobilier, par exemple. Et puis la distance va aussi avoir un impact. Donc, les jouets vont être testés pour le son selon leur utilisation potentielle. Donc si on a un jouet par exemple comme un téléphone, et qu'on s'attend à ce que l'enfant l'utilise, qu'il soit collé sur ton oreille, et bien c'est à cette distance que le son va être testé. Il y a des limites qui sont établies par le Règlement sur les jouets au Canada.
Annie : Ok.
Jean-François : Et puis le jouet ne doit pas dépasser cette limite-là dans l'utilisation normale. Donc, si un jouet est utilisé à une certaine distance, on va tester le jouet à cette distance-là. Donc le niveau de son varie beaucoup ou diminue beaucoup en fonction de la distance. Donc c'est pour ça que c'est important de tester la façon qu'on prévoit que le soit utiliser.
Annie : Quel autre genre de test est-ce qu'on fait au laboratoire?
Jean-François : Il y a aussi l'aspect toxicologique. C'est à dire, en 2009, il y a eu un gros rappel par rapport au plomb dans la peinture utilisée sur certains jouets. Donc, c'est le genre de chose qu'on va tester aussi. Donc il y a plusieurs facettes qu'on teste en laboratoire et puis on fait ces tests de façon proactive. On n'attend pas nécessairement qu'il y ait un événement.
Ce genre de tests fait partie de tests qu'on fait annuellement sur certaines catégories de produits, de jouets. Par exemple, en ce moment, on teste les peluches, les toutous, et puis on peut tester, par exemple, l'année prochaine on pourrait tester la peinture sur certains jouets par exemple, certaines catégories de produits.
Annie : Parle-moi des catégories de tests que vous faites dans le lab, Jean-François.
Jean-François : Il y a beaucoup de tests qui sont faits, par exemple, je vais revenir aux petites pièces. C'est un élément super important. On va échapper le jouet par terre à différents angles, on va prendre ce qu'on croit qui va briser le jouet. C'est de cet angle qu'on va le laisser tomber. On ne lance pas le jouet par terre, on le laisse tomber sur une surface dure comme du béton ou du ciment. Et puis là on va voir s'il craque ou s'il y a de petites pièces qui sont relâchées, des choses comme ça.
Il y a certains jouets, par exemple les peluches, qui sont testés différemment. Les peluches sont quand même un jouet assez spécial. C'est le jouet qu'on va donner à son enfant quand il est nouveau-né. C'est le jouet qu'on va laisser à son enfant, même pendant qu'il dort, pendent que les parents dorment. Donc, c'est le jouet par excellence où il y a zéro supervision.
Puis, souvent, les peluches ou les toutous vont avoir des yeux durs, puis souvent les yeux ne sont pas énormes, ils sont quand même assez petits. Ils pourraient être considérés comme une petite pièce. En passant, on parle de petites pièces depuis tout à l'heure, mais juste pour donner une idée de la grosseur d'une petite pièce, c'est environ l'équivalent d'une balle de ping-pong. Donc, ça c'est la limite maximale, tout ce qui est plus petit qu'une balle de ping-pong est considéré comme une petite pièce.
Annie : Ok.
Jean-François : Donc, l'œil de la peluche ou du toutou est souvent plus petit qu'une balle de ping-pong. Et puis l'enfant va être laissé libre d'interagir avec ce jouet la pendant toute la nuit, s'il fait nuit.
[Rires]
Et puis c'est pour ça qu'il est très important de tester ça. Et puis la façon qu'on le fait c'est on suspend un poids d'environ 9 kg par l'œil et puis le poids est...
Annie : Tire vers le bas.
Jean-François :... tire vers le bas. L'œil, le nez ou d'autres pièces comme ça qui sont durs, des petites pièces qui sont attachées à la peluche, doivent être capables de soutenir...
Annie : Ce poids-là.
Jean-François :... ce poids-là sans se briser pendant 5 minutes.
Annie : Ok, ce n'est pas rien. Donc, j'essaie de penser à ce qui pourrait être plus sécuritaire. C'est donc genre si les yeux sont cousus et ne sont pas une pièce amovible, mais ça fait toute partie de la peluche à part entière.
Jean-François : Oui bien il y a plusieurs façons d'arriver à un jouet sécuritaire ou une peluche sécuritaire. La façon dont s'est attaché peut nous surprendre des fois. Tu penses que ce produit ne sera pas conforme au Règlement sur les jouets, mais finalement ce l'est. Donc, il n'y a pas vraiment d'une méthode qu'on peut dire: oui cela est très efficace, mais le parent peut très bien regarder le produit, puis en cas de doute rapporter le.
On en a parlé tantôt. Si vous pensez que le jouet présente un danger, faites un rapport d'incident, même s'il n'y a pas eu de blessure. N'attendez pas qu'il y ait une blessure, fait un rapport d'incident. Nous les ingénieurs de Santé Canada et d'autres employés vont pouvoir évaluer la situation et puis établir des mesures correctives, si nécessaire.
Annie : Donc, est-ce que ce sont les agents de sécurité des produits qui reçoivent les rapports et qui font des recherches ou la surveillance sr ces produits-là?
Jean-François : En fait, c'est une grosse équipe, Annie, qui travaille ensemble. Les agents de sécurité sont souvent là. Il y a des inspecteurs aussi qui vont faire des inspections dans les différents établissements, les différents magasins. Ils vont communiquer avec les entreprises. Tu as des ingénieurs, tu as des biologistes, tu as des chimistes, plein de gens qui vont évaluer différentes facettes de façon plus techniques sur les jouets. Ça prend vraiment plusieurs, plusieurs niveaux d'expertise dans différents domaines pour pouvoir bien évaluer les produits en question. C'est ce qu'on a dans notre groupe.
Annie : Avez-vous des acheteurs professionnels qui vont voir les tablettes, sur les étalages, puis qui choisissent les produits qui vont être testés finalement? Est-ce que les entreprises vous envoient les produits à tester? Comment ça se passe?
Jean-François : Les produits qui sont vendus au Canada ne sont pas préapprouvés, c'est-à-dire que Santé Canada ne fait pas des tests sur l'ensemble des produits ou des jouets qu'on retrouve sur les tablettes en magasin. Ce qu'on va faire par exemple c'est qu'on va faire de l'échantillonnage sélectif. On va aller choisir des jouets par exemple qu'on veut tester. La façon qu'on va choisir des jouets c'est oui il y a des inspecteurs qui vont se promener dans les magasins et regarder des nouveautés, des choses qu'ils ne connaissent pas ou des choses que, selon leur jugement professionnel, ils ont des doutes quant à leur conformité de se produit là au règlement.
Mais on va aussi se basée sur l'historique. S'il y a une compagnie ou un fabricant qui produit des jouets, par exemple, puis à chaque année, les produits qu'on teste de cette entreprise sont toujours non conformes, c'est certain qu'on va aller choisir un échantillon de cette compagnie-là. Puis ce n'est pas les compagnies qui nous envoient les échantillons, on va les acheter nous-mêmes, donc c'est la même chose qu'un consommateur obtiendrait. Donc, on s'assure que le jouet n'est modifié d'aucune façon.
Annie : Et puis, si t'a des recommandations à faire en ce qui concerne l'endroit de l'achat, par exemple des jouets de seconde main? On parle beaucoup de récupération. On essaie de jeter moins, de réduire dans le gaspillage, mais est-ce que ça s'applique aux jouets aussi?
Jean-François : La Loi canadienne sur la sécurité des produits de consommation s'applique aussi aux jouets de seconde main. C'est sûr qu'il faut faire attention quand on achète un produit. S'il a déjà été utilisé, il faut faire une inspection très rigoureuse du produit. Si on l'achète d'un usager en ligne et qu'il a déjà été utilisé par un autre enfant, et bien là, c'est difficile d'évaluer, à savoir si le produit est encore en bon état ou non. Il est donc important de faire une inspection du produit.
S'il est acheté en ligne, à ce moment-là, tu l'inspectes à la maison. Tu t'assures que toutes les pièces sont là, que le guide d'instructions est là, qu'il n'y a pas de fissure, qu'il n'y a pas rien qui semble bizarre. On peut aussi vérifier sur le site de Santé Canada pour voir si le jouet n'a pas déjà été rappelé par exemple.
Annie : Bonne idée.
Jean-François : C'est toutes des choses à vérifier quand on le reçoit. Évidemment, si on achète un produit dans un magasin d'objets de seconde main, à ce moment-là, et bien, nous, avant de faire l'achat, on peut faire des vérifications. Donc, au final, ça revient à la même chose. Il s'agit de bien inspecter un jouet de seconde main pour s'assurer que toutes est là, les instructions, puis qu'il n'y a pas de rappel pour ce produit.
Annie : Donc, pour conclure Jean-François, en tant qu'ingénieur qui travaille à Santé Canada sur la sécurité des jouets, puis surtout en tant que papa de deux enfants, quelles sont les mises en garde que tu souhaites que les gens qui écoutent ce balado mettent en pratique?
Jean-François : Je voudrais vraiment que les gens achètent des jouets qui sont appropriés pour l'âge de l'enfant. Les enfants ont des besoins différents. Un enfant de 2 ans n'aura pas les mêmes besoins qu'un enfant de 8 ans et ne s'amusera pas de la même façon avec un jouet qu'un enfant de 2 ans et un enfant de 8ans là. C'est un élément clé, donc acheter des jouets appropriés aux enfants.
Il y a de nouveaux jouets sur le marché. Par exemple, on a parlé des perles d'eau, des choses comme ça. Il y a des aimants. Il va avoir aussi des jouets électriques avec des piles boutons. Toutes ces choses-là portent des dangers potentiels qui sont différents des jouets d'autrefois, que les parents d'aujourd'hui utilisaient quand ils étaient plus jeunes. Donc, il faut vraiment faire attention, porter attention, inspecter les jouets de façon... pas à tous les jours, mais de temps en temps, faire le tour des jouets, regarder ce avec quoi les enfants jouent. S'assurer que les jouets qu'ils utilisent sont en bon état, lire les instructions c'est très recommandé. On est très conscients que les parents ne lisent pas toutes les instructions, mais y jeter un coup d'œil ou lire le guide d'instructions, ça prend quelques minutes et ça peut faire la différence.
Annie : Et à la limite, gardez-le.
Jean-François : Oui, gardez-le. Utilisez-le comme un manuel de référence plus tard si vous avez des questions. Surtout, avec les jouets électroniques, ça se complexifie. Il y a plein de fonctions, donc il faut vraiment faire attention à ça.
Annie : Des bons conseils, merci beaucoup, Jean-François. Ça a été vraiment agréable.
Jean-François : Merci Annie.
[Son de pouls]
Annie : Merci d'avoir été à notre écoute.
Trouvez Canadiens en santé sur toutes les plateformes où vous trouvez habituellement vos balados, ainsi que canada.ca ou YouTube. Abonnez-vous et laissez-nous une mention j'aime pour ne rien manquer de la série Canadiens en santé. Pour rester à l'affût de tous les sujets qui vous tiennent à cœur, visitez-le canada.ca/santé.
[Musique]
En savoir plus
- Sécurité des jouets – Canada.ca
- Sécurité des aimants – Canada.ca
- Sécurité des piles : Piles boutons – Canada.ca
- Recherche avancée – Rappels, avis et avis de sécurité – Canada.ca
- Les perles gonflant dans l'eau peuvent mettre la vie de jeunes enfants en danger | SGC RAS
Visitez notre galerie du balado Canadiens en santé pour consulter les épisodes précédents.