Rapport de la séance de dialogue sur la promotion et la protection du français

« Plongeons dans l’avenir pour agir maintenant ! »

1. Introduction et contexte

La Direction générale des langues officielles du ministère du Patrimoine canadien a organisé, le 20 mars 2025, à l’occasion de la Journée internationale de la Francophonie, une première séance de dialogue sur la protection et la promotion du français au Canada. Cette initiative contribue à la mise en œuvre de l’engagement de protection et de promotion du français de la Loi sur les langues officielles modernisée en 2023.

L’événement hybride invitait les participants à se projeter en 2035. L’objectif était d’identifier les défis et occasions dans les domaines liés à la francophonie canadienne. Cette démarche s’inspire de la prospective stratégique et vise à identifier des actions concrètes pour promouvoir et protéger le français.

Les participants représentaient une grande diversité d’horizons et de secteurs : jeunes francophones et francophiles de partout au Canada, représentants d’associations jeunesse, d’institutions postsecondaires, fonctionnaires fédéraux, représentants d’organismes communautaires, d’institutions culturelles et d’organismes œuvrant dans le domaine de l’éducation et la promotion du bilinguisme. Une attention particulière a été portée à la représentation des jeunes, identifiés comme porteurs de l’avenir de la francophonie canadienne.

Les discussions se sont concentrées sur trois thèmes principaux qui reflètent les différentes dimensions de la vitalité francophone à travers le Canada, touchant autant les communautés en situation minoritaire que le Québec :

Ces trois dimensions sont interconnectées et essentielles pour assurer qu’une personne puisse véritablement choisir de vivre sa vie en français au Canada, depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte, en passant par ses études, sa carrière, sa vie familiale et son engagement communautaire.

Le contexte géopolitique actuel constitue une occasion de mettre en valeur l’importance de la francophonie canadienne dans toute sa diversité, du Québec aux communautés acadiennes, de l’Ontario français aux francophonies de l’Ouest et du Nord, tant au niveau économique que comme pilier distinctif de l’identité canadienne.

Les discussions ont révélé que les défis et occasions pour la protection et la promotion du français se manifestent différemment selon les contextes linguistiques du pays. Tandis que le Québec, en situation de majorité francophone, fait face aux pressions de la mondialisation et de la concurrence culturelle internationale, les communautés francophones en situation minoritaire luttent davantage pour la vitalité de leurs espaces francophones. Ces réalités distinctes, loin de diviser, appellent à des stratégies complémentaires qui reconnaissent tant les défis spécifiques à chaque contexte que les forces communes de la francophonie canadienne dans toute sa diversité.

Figure 1 : Faits saillants de la séance de dialogue
Figure 1 : Faits saillants de la séance de dialogue - version texte

Faits saillants de la séance de dialogue

Cinq messages clés :

  • Renforcer la sécurité linguistique
  • Français : réalité culturelle vivante
  • Leadership et financement stables
  • Intégrer les jeunes pleinement
  • Technologies au service du français

Vue d'ensemble de la séance de dialogue :

  • Plus de 80 Participants en présentiel et virtuel
  • Trois Thèmes principaux explorés
  • Neuf groupes de discussion
  • Plus de 30 Actions concrètes proposées

Trois dimensions de la francophonie explorées

Le français à l'école et au travail :

  • Pénurie d'enseignants en français
  • Déconnexion formation-marché du travail
  • Sécurité linguistique en milieu professionnel
  • Manque d'incitatifs pour le secteur privé

Le français dans la culture :

  • Découvrabilité limitée des contenus
  • Compétition avec les plateformes anglophones
  • Financement insuffisant des artistes
  • Attractivité numérique auprès des jeunes

Le français dans la communauté :

  • Renouvellement des organismes
  • Services en français inégaux
  • Défis de l'immigration francophone
  • Urbanisation et communautés rurales

2. La vitalité de la langue française et de l’identité francophone

Constats

Défis principaux identifiés

  • Renforcer la sécurité linguistique pour favoriser l’engagement des jeunes francophones
  • Perception du français comme matière scolaire plutôt que réalité culturelle vivante
  • Sentiment d’appartenance insuffisamment développé chez les locuteurs du français
  • Métissage linguistique perçu tantôt comme menace, tantôt comme richesse
  • Relations limitées entre le Québec et les communautés francophones en situation minoritaire

Sécurité linguistique

Le développement de la sécurité linguistique est une opportunité essentielle pour tous les francophones du Canada, ouvrant la voie à un épanouissement linguistique riche et varié, malgré les défis contextuels existants. Dans les communautés en situation minoritaire, renforcer la sécurité linguistique implique de consolider la légitimité de parler français et de valoriser la diversité des accents. Pour développer leur sécurité linguistique, les jeunes francophones ont besoin de soutien pour surmonter leur crainte de commettre des erreurs, leur tendance à passer rapidement à l’anglais et leurs doutes concernant leur maîtrise du français. Cette approche est particulièrement importante dans les environnements majoritairement anglophones, où les francophones peuvent ressentir des pressions pour conformer leur expression linguistique aux attentes du milieu. Les participants ont témoigné de situations où ils se sont sentis contraints d’adapter leur accent ou leur façon de s’exprimer.

Au Québec, promouvoir la sécurité linguistique signifie encourager l’usage confiant du français dans tous les milieux de travail, particulièrement ceux dominés par l’anglais tels les domaines technologiques. La culture organisationnelle de certains milieux peut contribuer à un sentiment d’isolement linguistique, incitant les francophones à limiter leur usage spontané du français. Cette dynamique constitue un frein important à l’engagement envers la langue française.

« Une bonne idée serait d’arrêter de juger les locuteurs, et permettre aux gens de parler la langue… car juger les gens dans une société qui se déclare ouverte et inclusive, qui catégorise les francophones par origine, etc., c’est un comportement de loser avec un grand ‘L’. »

Perception du français

Au-delà de ces enjeux de sécurité linguistique, le français est souvent perçu comme une matière scolaire ou une obligation administrative plutôt qu’une réalité culturelle vivante. Cette perception crée une barrière conceptuelle qui empêche de nombreux jeunes de reconnaître comment ils peuvent utiliser pleinement la langue dans toutes les dimensions de leur vie. Les participants ont souligné que l’apprentissage du français met trop souvent l’accent sur l’orthographe et les règles grammaticales au détriment de sa dimension culturelle et expressive.

Cette approche décourage l’exploration spontanée de la langue et limite la compréhension de ses possibilités créatives et identitaires. De plus, l’environnement social majoritairement anglophone crée des conditions où les occasions d’usage authentique du français se raréfient progressivement après la fin des études. Les jeunes développent ainsi des rapports compartimentés à leur langue, ne percevant pas toujours comment elle peut s’intégrer naturellement dans leurs loisirs, leurs relations sociales ou leurs aspirations professionnelles. Cette fragmentation empêche l’émergence d’un attachement émotionnel profond qui pourrait soutenir un usage spontané et diversifié du français.

« J’ai fini l’école, j’ai fini le français. »

Espaces francophones

Le sentiment d’appartenance est un facteur crucial pour l’engagement envers la langue française. Cependant, les participants ont souligné que les espaces francophones authentiques et les occasions de pratique naturelle du français demeurent insuffisants pour les jeunes qui se retrouvent souvent isolés dans leur usage de la langue. Le manque d’espaces francophones limite les possibilités de développer une relation vivante avec la langue. Les discussions ont donc mis l’accent sur l’urgence de multiplier et de diversifier les espaces francophones accueillants et inclusifs où les personnes peuvent pratiquer la langue sans crainte du jugement, quelle que soit leur maîtrise ou leur origine.

Ces lieux de pratique doivent transcender les cadres institutionnels traditionnels pour offrir des contextes variés où le français devient naturellement la langue de communication et d’échange. L’enjeu consiste à créer un réseau d’espaces francophones interconnectés. Ces espaces permettraient une pratique régulière et valorisante de la langue. C’est essentiel pour renforcer l’attachement des locuteurs à leur identité francophone.

Évolution du français et relations interprovinciales

Les participants ont reconnu que le français évolue constamment au contact d’autres langues. Plutôt que de voir cette évolution comme une menace, les participants suggèrent de l’accepter comme un phénomène naturel qui peut enrichir la langue. Le métissage linguistique constitue une réalité vécue par de nombreux jeunes francophones.

Les participants considèrent que les relations entre le Québec et les communautés francophones en situation minoritaire sont insuffisamment développées malgré leur potentiel. Les échanges entre ces communautés restent limités et parfois marqués par une méconnaissance mutuelle, alors que le Québec demeure un allié naturel dans la promotion du français.

Les francophiles représentent un potentiel sous-exploité pour la vitalité du français. Les participants ont souligné la déconnexion entre les diplômés des programmes d’immersion et les communautés francophones établies, privant les deux groupes d’occasions d’enrichissement mutuel. Les francophiles pourraient naturellement servir de pont entre les communautés francophones et la majorité anglophone, mais leur intégration dans l’écosystème francophone demeure insuffisante. Cette situation limite les possibilités de développer des alliances stratégiques qui transcendent les clivages linguistiques traditionnels.

Au-delà de nos deux langues officielles, plusieurs participants ont évoqué l’importance du plurilinguisme comme une force distinctive du Canada. Cette réflexion sur le plurilinguisme s’étend à la reconnaissance de la diversité croissante de la francophonie canadienne elle-même, enrichie par l’immigration francophone qui apporte de nouvelles perspectives culturelles et linguistiques. Pour les participants, il n’y a pas une seule culture francophone au Canada, mais bien une mosaïque de francophonies qui illustrent sa richesse. Dans ce contexte plus large, les discussions ont également fait ressortir une certaine tension entre la promotion du français et celle des langues autochtones, parfois perçues comme étant en compétition pour des ressources limitées.

Actions proposées

Promotion de la sécurité linguistique

Promotion du français comme réalité culturelle vivante

Renforcement de l’identité francophone

Collaboration interprovinciale

3. Éducation, formation et marché du travail

Constats

Défis principaux identifiés

  • Pénurie d’enseignants en français qui sert parfois de prétexte pour réduire les programmes
  • Programmes d’échanges linguistiques et stages insuffisamment financés
  • Perception du français comme contrainte plutôt qu’atout économique
  • Écart entre la formation et les besoins réels du marché du travail
  • Coût de la vie affectant l’accessibilité de l’éducation en français
  • Impact du télétravail créant à la fois des défis et des opportunités

Continuité du parcours éducatif

La continuité du parcours éducatif en français présente des défis variés selon les régions. Tandis que certaines communautés manquent d’options postsecondaires en français, d’autres affrontent la concurrence des programmes anglophones prestigieux qui attirent leurs étudiants. Partout au pays, le défi est de maintenir la qualité et la pertinence des programmes en français.

Ces défis de continuité éducative prennent des formes distinctes selon les contextes linguistiques. Dans les communautés en situation minoritaire, l’enjeu principal demeure la survie même des programmes en français et leur attractivité face à la concurrence anglophone. Le Québec maintient l’enseignement de l’anglais langue seconde tout au long du secondaire, contrairement aux autres provinces où l’enseignement du français langue seconde peut s’arrêter plus tôt. Cette différence structurelle alimente les débats québécois sur l’équilibre délicat entre la protection du français et le développement de compétences bilingues nécessaires dans le marché du travail actuel.

La relation entre les programmes d’immersion française et les écoles francophones révèle une tension ou une compétition contre-productive. Les deux réseaux développent souvent en parallèle des outils pédagogiques, des formations pour enseignants et des activités culturelles similaires, sans coordination suffisante. Cette situation entraîne une utilisation moins efficace des ressources déjà limitées et réduit potentiellement la qualité des services offerts.

Les participants ont identifié une lacune importante : les francophiles, surtout les diplômés d’immersion française, s’intègrent mal aux communautés francophones établies. Malgré leur formation linguistique et leur attachement au français, ces individus demeurent souvent en marge de l’écosystème francophone, tant au niveau éducatif que professionnel. Cette déconnexion prive les communautés francophones de ressources humaines précieuses tout en limitant les occasions pour les francophiles de contribuer activement à la promotion du français dans leurs milieux.

« L’intérêt du français doit être dans la vie, pas juste dans un cahier d’école. »

Pénurie d’enseignants et défis pédagogiques

La pénurie d’enseignants en français est un défi majeur qui sert parfois de prétexte pour réduire les programmes d’immersion. Les conditions de travail difficiles poussent certains enseignants à quitter la profession, exacerbant cette pénurie et son impact sur la qualité de l’enseignement.

Partout au Canada, l’enseignement du français fait face aux mêmes défis : s’adapter au numérique, maintenir la qualité de la langue malgré les textos et les réseaux sociaux, et former des enseignants qui maîtrisent les nouvelles technologies.

Les programmes d’échanges linguistiques et de stages, bien que reconnus comme des leviers importants, affrontent des obstacles considérables : manque de financement et difficulté à attirer des participants en raison de compensations financières insuffisantes.

Français dans le monde professionnel

Dans le monde professionnel, le français est souvent perçu comme une contrainte plutôt qu’un atout économique et professionnel, ce qui limite sa valorisation sur le marché du travail. Le secteur privé, qui pourrait jouer un rôle crucial dans la promotion du français, a besoin d’incitatifs concrets pour valoriser et utiliser cette langue dans une logique de marché.

Avec la mondialisation, tous les francophones du Canada jonglent entre le français et l’anglais au travail, mais cette réalité prend des formes distinctes. À Montréal, les entreprises naviguent constamment entre le français pour leurs opérations locales et l’anglais pour leurs relations d’affaires internationales, maintenant souvent un environnement bilingue. Dans les communautés en situation minoritaire comme à Toronto ou Moncton, les professionnels affrontent une pression plus forte pour « passer complètement à l’anglais, » comme l’a souligné un participant en notant que « la loi du capitalisme » influence les choix linguistiques des entreprises privées.

Facteurs socio-économiques

L’écart entre la formation offerte en français et les besoins réels du marché du travail contribue à réduire l’attrait des programmes d’études en français et la perception de leur pertinence, affectant les choix éducatifs des jeunes.

L’impact du coût croissant de la vie influence l’accessibilité de l’éducation en français et les choix linguistiques des individus. Les contraintes financières peuvent conduire à privilégier des options éducatives en anglais, perçues comme offrant de meilleures perspectives économiques.

L’évolution des modes de travail crée des défis et des occasions. Le télétravail en est un bon exemple, car il peut affecter négativement la culture d’entreprise et la sécurité linguistique en réduisant les interactions en personne, mais offre également la possibilité de maintenir les populations francophones dans leurs communautés d’origine, particulièrement dans les régions rurales. De même, l’intelligence artificielle transforme l’environnement de travail en modifiant les compétences de communication et de résolution de problèmes, tout en offrant des outils d’assistance linguistique qui pourraient faciliter l’utilisation du français dans des contextes professionnels.

Actions proposées

Renforcement du corps enseignant

Continuité et cohérence du parcours éducatif

Valorisation économique du français

Formation, marché du travail et accessibilité

Adaptation aux nouvelles réalités du travail

4. Culture, médias et environnement numérique

Constats

Défis principaux identifiés

  • Découvrabilité limitée des contenus culturels francophones face aux plateformes anglophones
  • Intelligence artificielle insuffisamment adaptée aux réalités linguistiques francophones
  • Manque de visibilité et de financement des artistes francophones hors Québec
  • Attractivité numérique du français auprès des jeunes sur les plateformes en ligne
  • Médias francophones fragilisés par les législations sur les plateformes numériques
  • Désinformation accentuée par le manque de sources d’information en français

Découvrabilité et visibilité des contenus francophones

La création, la diffusion et surtout la découvrabilité des contenus culturels francophones sont des enjeux majeurs. La domination des plateformes anglophones et des algorithmes qui ne favorisent pas la diversité linguistique est un obstacle important à la visibilité des contenus en français, qui peinent à émerger face à l’augmentation du contenu médiatique en anglais.

« On est en compétition avec du contenu partout dans le monde. »

Tous les artistes francophones du Canada affrontent le défi du rayonnement dans un univers numérique dominé par l’anglais, mais leurs réalités diffèrent significativement. Au Québec, malgré un écosystème culturel francophone plus robuste, les créateurs doivent rivaliser avec les géants internationaux comme Netflix, YouTube et TikTok pour capter l’attention des jeunes.

Dans les communautés en situation minoritaire, le défi est double. Il faut concurrencer l’offre anglophone globale et pallier le manque de contenus francophones régionaux. Cette situation crée un cercle vicieux qui limite l’engagement des jeunes envers la culture francophone.

« Il faut rendre le français cool. »

Les artistes francophones de toutes les régions du Canada, surtout dans les communautés en situation minoritaire, affrontent des défis considérables : reconnaissance limitée, difficultés d’accès au financement pour la création et la diffusion, et barrières à la mobilité entre les différentes régions, limitant leur rayonnement. L’attractivité du français auprès des nouvelles générations sur les plateformes numériques est un défi particulier, car le français peine souvent à être perçu comme tendance ou pertinent dans l’univers numérique des jeunes.

Défis pour les médias francophones

La place des médias francophones face aux géants numériques suscite des préoccupations, particulièrement dans le contexte de la Loi sur les nouvelles en ligne (C-18). Cette législation a entraîné des conséquences imprévues pour les médias francophones minoritaires après que Meta ait bloqué les contenus d’actualités sur ses plateformes, affectant de façon disproportionnée les communautés qui dépendent davantage des médias sociaux pour accéder à des informations en français.

La désinformation dans l’espace francophone est un enjeu crucial. Les francophones ont parfois moins accès à des sources d’information fiables dans leur langue, ce qui pourrait les rendre plus vulnérables à la désinformation et affaiblir la cohésion communautaire.

Impact des technologies

L’impact des technologies, notamment l’IA, sur la diversité des accents et expressions régionales du français inquiète les participants qui craignent un effacement des régionalismes et des accents avec la standardisation qu’imposent souvent les outils en ligne, menaçant la richesse linguistique des communautés.

Le concept d’une intelligence artificielle (IA) spécifiquement conçue « par et pour » la francophonie (FrancophonIA) a suscité un vif intérêt. Les discussions ont mis en lumière les lacunes des systèmes d’IA actuels qui ne comprennent pas toujours bien les demandes en français, ainsi que des préoccupations concernant le contenu francophone qui sera utilisé pour enrichir ces systèmes à l’avenir.

Accessibilité

Les participants ont également souligné l’iniquité d’accès entre les plateformes francophones et anglophones, notant que les contenus en français sont souvent payants alors que leurs équivalents anglais sont gratuits. Cette barrière économique rend plus difficile d’inciter les jeunes à payer pour des contenus en français. L’offre illimitée de diffusion anglophone gratuite aggrave le problème.

L’accessibilité financière de la culture francophone est un obstacle pour les jeunes. L’augmentation du coût de la vie contraint souvent les jeunes à faire des choix entre différentes activités culturelles, au détriment parfois de la culture francophone, soulignant le besoin de solutions adaptées à leurs moyens.

Actions proposées

Amélioration de la découvrabilité et de l’accessibilité culturelle

Soutien aux artistes et à la création

Présence numérique et engagement des jeunes

Renforcement de l’écosystème médiatique et lutte contre la désinformation

Protection de la diversité linguistique et intégration culturelle

5. Gouvernance, renouvellement et services en français

Constats

Défis principaux identifiés

  • Engagement insuffisant des jeunes dans les organismes et initiatives francophones
  • Structures de gouvernance offrant peu de place aux voix des nouvelles générations
  • Dédoublement des efforts entre différents organismes limitant l’impact collectif
  • Immigration francophone confrontée à des objectifs ambigus et des défis d’intégration
  • Services en français présentant d’importantes disparités régionales
  • Modèle de financement défavorisant structurellement les petites communautés

Engagement des jeunes et renouvellement

La participation et l’engagement des jeunes dans les organismes et initiatives francophones sont insuffisants. Les jeunes sont trop peu consultés et il existe un manque préoccupant de renouvellement dans les organismes communautaires, menaçant la pérennité et la pertinence des initiatives francophones à long terme.

Les structures de gouvernance des organismes francophones ont révélé des lacunes importantes. Les jeunes disposent de peu de place dans les instances décisionnelles et ceux qui y parviennent manquent souvent des moyens nécessaires pour exercer une réelle influence. Cette sous-représentation contribue à un décalage entre les priorités des organismes et les besoins des nouvelles générations.

Le dédoublement des efforts entre différents organismes francophones limite l’efficacité et l’impact des initiatives. De nombreuses organisations travaillent en parallèle sur les mêmes enjeux et priorités, entraînant une dispersion des ressources déjà limitées et réduisant l’impact global des actions menées, alors qu’une approche collaborative pourrait optimiser les résultats.

« Comment influencer les jeunes à s’impliquer ? Ils ne sont pas suffisamment consultés, alors qu’ils seront les adultes de demain. »

Immigration et démographie francophone

L’immigration francophone est un facteur déterminant pour la vitalité des communautés. Les participants ont exprimé des inquiétudes concernant une possible diminution du taux d’immigration francophone et les défis d’intégration que rencontrent les nouveaux arrivants. La question de l’équilibre démographique et du maintien du poids relatif des populations d’expression française demeure cruciale.

Services gouvernementaux et financement

La disponibilité et la qualité des services gouvernementaux en français présentent d’importantes disparités régionales. Certaines communautés attendent depuis longtemps des services équivalents à ceux offerts en anglais, créant un sentiment de marginalisation et renforçant l’impression d’une banalisation progressive du français dans la sphère publique.

Le modèle de financement des initiatives francophones peut désavantager les petites communautés, car il est souvent basé sur le nombre de locuteurs seulement. Cette approche ne tient pas compte des coûts fixes inhérents à la prestation de services en français, quelle que soit la taille de la population desservie, compromettant la qualité et la pérennité des services.

Défis géographiques et sectoriels

Les défis démographiques et l’urbanisation croissante modifient profondément le paysage de la francophonie canadienne. Le mouvement de concentration dans les centres urbains crée des pôles francophones plus denses, mais affaiblit les petites communautés rurales, appelant des stratégies différenciées pour maintenir la vitalité francophone dans tous les contextes.

Les relations entre différents groupes linguistiques offrent des opportunités de synergies. Dépasser les clivages traditionnels entre francophones, francophiles et anglophones permet de construire des alliances stratégiques, tandis que la sensibilisation de la majorité anglophone à l’apport des communautés francophones peut renforcer le soutien à la promotion du français.

L’accès aux services de santé en français est problématique dans de nombreuses régions. La pénurie critique de professionnels de la santé francophones et le manque de ressources en français dans ce secteur essentiel créent des barrières importantes à l’accès aux soins pour les populations francophones, notamment les plus vulnérables comme les aînés et les enfants.

Actions proposées

Engagement et représentation des jeunes

Coordination et optimisation des ressources

Immigration et intégration francophone

Amélioration des services en français

Adaptation aux réalités géographiques et sectorielles

6. Prochaines étapes

Cette première séance de dialogue constitue le point de départ d’une démarche collaborative plus large et prometteuse pour l’avenir du français au Canada. Les participants ont exprimé un engagement fort envers un avenir dynamique pour cette langue vivante et vibrante, reconnaissant à la fois sa richesse et les défis auxquels elle est confrontée. Cet engagement se traduit par une volonté de travailler ensemble, au-delà des silos traditionnels, d’être innovants dans les approches et solutions proposées, de donner une place prépondérante aux jeunes dans cette démarche, et de mobiliser toutes les parties prenantes, y compris les francophiles et les anglophones.

Cette initiative s’inscrit directement dans la mise en œuvre de l’engagement de protection et de promotion du français inscrit dans la Loi sur les langues officielles modernisée en 2023. Les constats et recommandations de cette séance alimenteront le travail interministériel en cours. Ils contribueront aussi à l’élaboration du prochain Plan d’action pour les langues officielles. Cette approche intégrée permettra d’assurer une cohérence et une complémentarité entre les différentes initiatives gouvernementales visant à renforcer la vitalité du français au Canada.

Dans cette optique, les prochaines étapes consisteront à favoriser des échanges stratégiques entre les principales parties prenantes afin d’explorer des avenues d’action potentielles et de progresser vers une vision concertée. La voix des jeunes, qui a particulièrement marqué cette première rencontre par sa pertinence et sa vision prospective, continuera d’occuper une place centrale dans la suite de cette démarche. Cette perspective se combinera aux expertises sectorielles et à l’expérience des organismes établis. Ensemble, elles permettront de mieux comprendre les enjeux actuels et émergents. Le dialogue continu et inclusif avec tous les acteurs de la francophonie demeurera un pilier fondamental de ce processus collaboratif.

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2025-07-08