Lancement de la prochaine étape de l'enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées

Discours

Notes d'allocution pour
l'honorable Carolyn Bennett, ministre des Affaires autochtones et du Nord

 

Gatineau, Québec
le 3 août, 2016

 

Priorité au discours prononcé

 

Merci, Thank you, Meegwetch, Qujanamiik, Marsee et Mahsi Cho.

Je vous remercie, aînée Claudette Commanda, pour votre belle prière et pour nous avoir accueillis sur le territoire algonquin traditionnel. 

Je remercie l’animatrice, Gina (Wilson), et les joueurs de tambours qui se sont déplacés ici aujourd’hui pour jouer pour nous.

J’ai le privilège de pouvoir compter sur de nombreux partenaires pour procéder à cette annonce.

En particulier, je tiens à saluer les survivantes, les membres des familles et les proches qui sont ici aujourd’hui.

Je tiens aussi à saluer les dirigeants des organisations autochtones nationales qui sont parmi nous aujourd’hui.

Merci à tous de votre présence.

Nous sommes ici pour souligner un jalon important de l’enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.

L’enquête nationale représente une étape importante du processus de réconciliation avec les Autochtones du Canada.

C’est aujourd’hui que se termine officiellement l’étape préalable de l’enquête.

Nous remettrons d’ailleurs tous les commentaires reçus à une commission nationale indépendante qui dirigera une enquête officielle en vertu de la Partie 1 de la Loi sur les enquêtes.

Il s’agit d’une importante étape d’un long processus.

Pour moi, ce processus a commencé il y a plus dix ans lorsque j’ai rencontré plusieurs familles qui sont ici aujourd’hui.

Leurs récits concernant la disparition ou le meurtre tragique de leur mère, de leur fille, de leur tante ou de leur cousine étaient déchirants.

Je me souviens des cérémonies honorifiques percutantes des Sœurs par l’esprit qui ont été organisées pour les familles lors de l’Assemblée générale annuelle de l’Association des femmes autochtones du Canada.

Si nous sommes ici aujourd’hui, c’est grâce à ces femmes et à ces familles courageuses qui savaient que quelque chose de très grave se produisait.

Elles savaient qu’une enquête était nécessaire afin d’obtenir justice et guérison, et de mettre fin à cette terrible tragédie qui perdure.

D’un océan à l’autre, il est devenu évident pour beaucoup d’entre nous que le taux élevé de femmes et de filles autochtones disparues et assassinées ne peut être ignoré.

Le projet de la Poupée sans visage de l’Association des femmes du Canada et, plus récemment, le décès de Tina Fontaine, de Loretta Saunders et de Rinelle Harper ont sensibilisé les Canadiens au fait que cette vulnérabilité et cette injustice doivent cesser. 

Le 8 décembre 2015, le gouvernement du Canada a commencé à prendre des mesures.

C’est à ce moment que nous avons annoncé la mise sur pied de l’enquête, en commençant les consultations sur sa composition.

À l’hiver et au printemps, un grand nombre de survivantes, de membres des familles, de proches des victimes ainsi que de travailleurs sociaux de première ligne ont eu le courage de se faire entendre et d’exprimer leurs opinions concernant le format de cette enquête.

Mes collègues, l’honorable ministre de la Justice et procureur général du Canada et la ministre de la Condition féminine, et moi-même les avons écoutés avec respect.

Nous avons été inspirés par leur franchise, leur sagesse et leur perspicacité.

De Thunder Bay à Iqaluit, de Halifax à Vancouver, nous avons tenu 18 séances en personne.

Nous avons rencontré plus de 2 100 survivantes, membres des familles et proches, qui ont participé à ces séances de consultation préalables à l’enquête.

Plus de 4 100 personnes ont pris le temps de faire des observations en ligne.

Beaucoup de gens ont trouvé difficile de raconter leur expérience.

Au nom de tous les Canadiens, nous tenons à les remercier pour leur courage et leur force.

Les récits que nous avons entendus étaient crus et extrêmement personnels.

Ils n’ont laissé planer aucun doute quant à la nécessité urgente de se pencher sur les causes fondamentales et systémiques de cette violence, notamment le racisme, le sexisme et l’incidence durable du colonialisme.

Plus précisément, elles nous ont dit que les systèmes de maintien de l’ordre et de protection de l’enfance devaient être réévalués.

Elles nous ont signalé que les responsables de l’enquête devaient être habilités à formuler des recommandations pertinentes par rapport aux responsabilités fédérales, provinciales et territoriales.

On nous a répété à plusieurs reprises que l’enquête devait être indépendante des gouvernements.

On nous a demandé de privilégier une approche qui tient compte des différences régionales et de la diversité des peuples autochtones canadiens au détriment d’une approche unique.

On nous a aussi dit clairement que cette initiative devrait être dirigée par les Autochtones et que les femmes devraient y jouer un rôle important.

C’est avec une grande fierté que j’annonce aujourd’hui avec tous nos partenaires le début de la prochaine étape de l’enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.

Les travaux de la commission seront répartis entre cinq commissaires.

Nous avons nommé une commissaire en chef, l’honorable Marion Buller.

La juge Buller est une personne d’une grande intégrité dont je respecte et j’admire le travail.

Son expérience au sein du système provincial de justice pénale en tant que juge issue des Premières Nations apporte une perspective unique et inestimable à l’Enquête.

Elle prône une pratique qui tient compte des traumatismes.

Pour mener à bien ses tâches, la juge Buller comptera sur l’aide de quatre commissaires :

  • Michèle Audette;
  • Qajaq Robinson;
  • Marilyn Poitras; et
  • Brian Eyolfson.

Ces personnes extraordinaires mettront à profit la richesse et la diversité de leur expérience personnelle, universitaire et professionnelle pour écouter, documenter et révéler les causes systémiques de la violence faite aux femmes et aux filles autochtones du Canada, et pour formuler des recommandations de mesures efficaces pour s’y attaquer.

Elles écouteront les témoignages en français, en anglais et en inuktitut, et ensemble, elles procéderont à l’examen très difficile de la violence disproportionnée commise contre les femmes et les filles autochtones au pays, en appliquant les droits de la personne, le droit féministe et le droit autochtone, et en tenant compte du savoir traditionnel autochtone.

Il s’agit d’une journée historique.

Pour la première fois dans l’histoire du Canada, les dix provinces et les trois territoires ont officiellement adhéré à l’établissement d’une commission d’enquête, ce qui permettra à cette dernière de faire son travail sans difficulté.

Les provinces et les territoires sont en voie d’adopter des décrets qui permettront que des questions qui relèvent de leur compétence soient examinées dans le cadre de l’enquête; il s’agira ainsi d’une véritable enquête nationale.

Par conséquent, la commission sera habilitée à convoquer des témoins et à exiger la production de documents dans toutes les administrations.

Les modalités de l’enquête exigent que les commissaires se penchent d’abord sur les causes systémiques et sous-jacentes de la violence.

Ensuite, ils examineront les politiques et les pratiques institutionnelles visant à s’attaquer à la violence contre les femmes et les filles autochtones.

Elle pourra notamment se pencher sur la conduite des policiers et le déroulement des enquêtes policières, de même que sur les politiques de protection de l’enfance et d’autres institutions.

Par la suite, ils recommanderont des mesures concrètes et efficaces afin d’éliminer les causes systémiques de la violence et d’accroître la sécurité des femmes et des filles autochtones.

Enfin, ils recommanderont des façons d’honorer et de commémorer les femmes et les filles autochtones qui ont disparu ou ont été assassinées.

Nous remercions les organismes autochtones nationaux, les organisations féminines et de première ligne ainsi que nos nombreux partenaires pour leur collaboration soutenue à l’hiver et au printemps.

Un grand merci également aux personnes de partout au pays qui ont fourni des conseils et de l’orientation, notamment les membres de l’ancienne commission et les experts en droit autochtone, par l’entremise de l’Osgoode Law School.

Surtout, nous remercions les mères, les filles, les tantes, les nièces, les cousines et tous les membres de la famille qui ont continué à défendre cette cause et à mettre en lumière cet enjeu crucial.

Je suis très heureuse que le mandat de la Commission témoigne de la diversité des points de vue exprimés lors du processus préliminaire.

Les commentaires recueillis ont guidé l’élaboration du mandat de la Commission.

Comme promis, même si la Commission ne fait que commencer son travail, nous n’attendrons pas pour prendre des mesures immédiates pour contrer la violence faite aux femmes et aux filles autochtones.

Je cède maintenant la parole à ma collègue, la ministre Hajdu, qui fournira plus de détails sur la violence fondée sur le sexe et ses causes sous-jacentes et nous livrera sa pensée sur cet important jalon.

Merci, Thank you, Miigwetch, Marsee, Mahsi Cho et Qujanamiik.

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