Un forum national sur la réconciliation pour souligner le 20e anniversaire de la Commission royale sur les peuples autochtones

Discours

Notes d'allocution pour

l'honorable, ministre des Affaires autochtones et du Nord Canada

Le texte prononcé fait foi

Le 2 novembre 2016
Winnipeg (Manitoba)

Priorité au discours prononcé

Merci beaucoup à vous tous. C’est une occasion très excitante. C’est la journée tant attendue. Merci, Thank you, Meegwetch, Qujanamiik, Nakumek, Marsee, Mahsi Cho.

Il est génial de pouvoir souligner l’importance de ce 20e anniversaire qui aura lieu ici, dans les territoires du Traité no 1, et dans la patrie du peuple métis et de beaucoup d’Inuits, ici à Winnipeg.

Comme nous le savons tous, les sources des rivières Assiniboine et Rouge ont été parcourues par les peuples autochtones pendant des milliers d’années. Ces rivières représentent le point de rencontre et des milliers d’années de communauté.

Marlene et Fred, merci de votre accueil chaleureux et de votre leadership. Comme vous le savez, j’attendais ce moment avec impatience depuis que vous m’avez présenté l’idée. Et je vous remercie aussi, sage Marlene, sage Mary et sage John, d’avoir commencé l’évènement de manière aussi extraordinaire.

Comme nous l’avons dit, nous sommes impatients de lancer le dialogue et les discussions, mais également de commencer les travaux que nous accomplirons tous ensemble, après cette activité. Je pense que ce congrès représente une étape vraiment essentielle sur notre parcours de réconciliation, alors que nous travaillons sur le thème du forum : Partager la terre, Partager un avenir. La conversation, le dialogue, les discussions et les questions joueront tous un rôle important pour faire avancer le travail vital de renouveau et de guérison, mais aussi pour traiter des enjeux difficiles et pour nous mettre tous au défi de faire mieux.

Comme Marlene et Fred le savent, j’espère vraiment que ce congrès aura des effets révolutionnaires sur le sens à donner aux relations de nation à nation, aux relations des Inuits avec la Couronne et qu’il nous permettre de voir à quoi ressemblerait la réussite à cet égard. Je vous encourage tous à faire preuve de pensée novatrice. Nous ne voulons pas répéter les mêmes vieilles façons de faire. Nous voulons atteindre l’état où nous devrions nous trouver.

Je veux en particulier saluer le travail extraordinaire de Marlene et de Fred dans le cadre de la CRPA. Marlene, comme vous le savez, a été codirectrice à la recherche, et Fred était directeur adjoint à la recherche. Je pense qu’avec les flocons de neige qu’ils arborent, ils illustrent la devise de l’Ordre du Canada : « desiderantes meliorem patriam ». Ils aspirent à une patrie meilleure. Ils représentent une richesse nationale.

Vos efforts continus, rémunérés ou non, en vue de faire progresser les droits des autochtones ont jeté une lumière importante sur ces questions au cours des 20 dernières années et bien avant cela, alors que les gouvernements successifs ont été mis au défi de suivre le rythme et d’apporter de réels changements.

Je pense que nous tous aujourd’hui tenons à remercier les commissaires pour la Commission royale sur les peuples autochtones, ainsi que la Commission de vérité et de réconciliation. Pour la CRPA, nous remercions les coprésidents René Dussault, Georges Erasmus et les commissaires Paul Chartrand, Peter Meekison, Viola Robinson, Mary Sillett et feue Bertha Wilson, au sujet de laquelle vous n’avez pas tari d’éloges.

Pour le CVR, nous remercions les commissaires Wilton Littlechild et Marie Wilson, et le président sénateur Murray Sinclair.

Si vos rapports étaient si crédibles, c’est grâce à la manière dont vous avez écouté les gens et les communautés. Vous savez que vous avez établi une référence en matière de vérité et d’engagement. Où que j’aille, on me rappelle toujours de dépoussiérer le rapport et de le relire, parce que vous avez écouté les gens.

Les commissions savent que vous devez rencontrer les gens sur place et les écouter si vous souhaitez bien faire. Il y a vingt ans, le rapport de la CRPA était le premier en son genre. Quand le rapport a été publié, les critiques et les ministres ont tous estimé que la CRPA était un exemple de réussite. Pour la première fois, les Canadiens ont pu obtenir des renseignements clairs et en profondeur sur l’histoire des relations entre le Canada et les peuples autochtones.

Le rapport déclarait notamment qu’« Après quelque 500 ans d’une relation fondée tantôt sur le partenariat, tantôt sur la domination, fluctuant du respect mutuel et de la coopération au paternalisme et aux tentatives d’assimilation, le moment est venu pour le Canada de jeter les bases d’une coexistence juste et durable avec les autochtones. »

En tant que commissaires, vous avez offert une version différente de l’histoire canadienne de celle qui était enseignée dans les écoles, à partir de la Proclamation royale de 1763 : c’est l’histoire des promesses brisées en matière de traités de la Loi sur les Indiens et des politiques d’assimilation; de la suppression, voire de la criminalisation, de la culture autochtone; et de l’horreur des pensionnats. Le rapport était cinglant. Votre conclusion principale était que l’orientation stratégique principale empruntée pendant plus de 150 ans d’abord par les gouvernements coloniaux, puis du Canada avait été la mauvaise.

Le rapport était audacieux à un moment où des déclarations audacieuses étaient nécessaires. Vous avez mentionné que les concepts comme terra nullius et la doctrine de la découverte étaient mal sur les plans factuel, juridique et moral. Le rapport disait la vérité avec force. On dit qu’une fois que vous connaissez la vérité, vous ne pouvez plus ne pas la connaître. L’embarras du Canada face à son histoire a créé un désir croissant de changement.

Le rapport était le premier à examiner les fondations de la guérison et la volonté d’entretenir une relation plus juste et honorable. Le coprésident de la Commission, Georges Erasmus, percevait la Commission comme une lueur d’espoir pour nos peuples collectifs quand il a dit : « Quel beau projet pour amorcer un nouveau millénaire! Quel lourd fardeau à laisser derrière soi! Quel merveilleux avenir de paix et d’harmonie nous attend si, ensemble, nous nous mettons à l’œuvre dès maintenant pour réaliser ce nouveau rêve national! »

Ma collègue à l’époque, l’honorable Jane Stewart, avait répondu à la CRPA par le plan d’action Rassembler nos forces ainsi qu’une déclaration de réconciliation. Quand je lis la Déclaration de réconciliation, je la trouve étrangement familière. Par exemple, elle dit : « La réconciliation est un processus continu. Pour renouveler notre partenariat, nous devons veiller à ce que les erreurs ayant marqué notre relation passée ne se répètent pas. »

Il semble que nous disons encore la même chose. Le plan d’action Rassembler nos forces avait quatre objectifs pour soutenir le renouvellement : d’abord renouveler le partenariat entre la Couronne et les Autochtones et mobiliser tous les intervenants possibles pour que la relation devienne un catalyseur pour améliorer la vie des peuples autochtones du Canada. Deuxièmement : renforcer l’exercice des pouvoirs par les Autochtones de manière à fournie aux collectivités disposent les outils nécessaires à la conduite de leur propre destinée et à l’exercice de leur droit inhérent à l’autonomie gouvernementale.

Troisièmement : concevoir une nouvelle relation financière qui assure le versement régulier de fonds qui aideront les collectivités à s’occuper de leur développement économique de façon transparente et responsable. Et quatrièmement : appuyer la croissance de collectivités autochtones fortes et saines, stimulées par le développement économique et soutenues par une solide infrastructure fondamentale d’institutions et de services.

Au-delà de ces objectifs, la ministre Stewart avait également souligné que l’engagement de la Couronne envers ce partenariat consistait à chercher ensemble des solutions au lieu de se contenter de réparer les pots cassés; à choisir résolument de négocier plutôt que de s’en remettre aux tribunaux; à s’engager à communiquer; à s’engager à mener des consultations significatives; et à s’engager à agir sans délai pour régler les préoccupations avant que des positions devenues trop ancrées imposent l’inertie.

En conclusion, elle citait une déclaration simple et profonde du juge en chef dans l’affaire Delgumukw. « Il faut se rendre à l’évidence, nous sommes tous ici pour y rester. » Je suis ici pour dire : avouons-le, dans 20 ans, il faut que les choses aient changé. Comme l’a dit Willy Littlechild lors de la première réunion avec le premier ministre en décembre dernier, « ce dont nous avons besoin est la réconcili-action. » J’espère que d’ici votre 25e anniversaire d’argent, nous aurons bien avancé dans le partage de la terre et le partage de l’avenir.

Quand j’étais nouvelle députée, j’ai compris, par le biais de la CRPA et de l’événement Rassembler nos forces, que j’ignorais totalement cette part si honteuse de l’histoire de notre pays. Je me souviens de l’activité Rassembler nos forces au Native Canadian Centre de Toronto. Je me souviens de la cérémonie de purification. Je n’en avais jamais vu auparavant et ignorais de quoi il s’agissait. Je me souviens avoir pensé : « combien de temps cela prendra-t-il? » Je me souviens m’être sentie humiliée et gênée d’en connaître si peu à ce sujet. J’avais 47 ans, j’étais une excellente étudiante, mais je ne savais rien.

Nous avons donc aujourd’hui l’occasion de revenir sur les 20 dernières années, de faire le bilan de notre progrès à l’égard de ce nouveau rêve national. En écrivant « Sans justice, il ne peut y avoir ni paix ni harmonie », les commissaires de la CRPA ont fait preuve de clarté. En mai 2006, la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens (CRRPI) a été signée par toutes les parties, y compris feu l’honorable Jim Prentice, dont la récente mort tragique nous a tous frappés et attristés.

La CRPA est devenue le plus grand procès en recours collectif de l’histoire du Canada. Elle a mené aux excuses de 2008 offertes par l’ancien premier ministre Stephen Harper concernant la politique consistant à arracher les enfants à leurs familles pour les placer dans des pensionnats, une politique qui a laissé un héritage douloureux et des conséquences incalculables dans son sillage. La CRPA nous a également apporté la Commission de vérité et de réconciliation et la feuille de route pour la réconciliation, qu’elle énonce dans ses appels à l’action.

Des 94 appels à l’action de la Commission de vérité et de réconciliation, plus de 40 recoupent des appels formulés par la CRPA, ce qui indique clairement que nous ne sommes pas allés assez loin ou rapidement. Nous ne disposons toujours pas d’une histoire générale des peuples autochtones publiée sur laquelle nous pouvons tous nous mettre d’accord, ce qui était une recommandation de la CRPA. En fait, dans le premier volume, elle recommandait au gouvernement du Canada de s’engager à publier, d’ici 20 ans, une histoire générale des peuples autochtones du Canada dans une série de volumes reflétant la diversité des nations.

Cela fait 20 ans maintenant. On attend toujours. Comme l’a affirmé la CRPA, « [e]n approfondissant notre réflexion, nous en sommes venus à reconnaître l'occasion unique qui s'offrait à la Commission d'aborder la relation entre le Canada et les Premiers peuples sous un jour nouveau - de façon holistique. Nous nous sommes rendu compte que la stratégie habituelle - attaquer les problèmes l'un après l'autre, séparément - équivalait à traiter une jambe cassée avec de l'aspirine. Nous proposons donc un programme complet de changement ».

Et voilà où nous en sommes aujourd’hui, vingt ans plus tard. Vingt ans plus tard, nous ne sommes même pas proches d’en voir la fin. Des changements visibles et concrets ont été amorcés... mais ils sont trop lents. Il nous a toujours paru évident que l’inaction est un manque de respect envers toutes les personnes qui ont témoigné devant les commissaires. Le cynisme, la passivité et le désespoir sont le résultat de l’absence de changements. Nous devons reconnaître nos échecs du passé, mais nous avons aussi la responsabilité, et l’occasion, de nous tourner vers l’avenir.

Le magnifique vitrail de Christi Belcourt à l’entrée des députés qui commémore les excuses présentées en 2008 est une des choses qui m’inspire chaque jour. Il comporte le très beau mot Ojibwé, Giniigaaniimenaaning, qui signifie « regard vers l’avenir ». Il nous rappelle que nous devons penser en fonction de sept générations à venir, et que nous traitons avec sept générations passées.

Nous devons nous tourner vers ces sept générations à venir en écoutant les jeunes ainsi que les femmes et les aînés pleins de sagesse. Je fête ce vendredi le premier anniversaire de ma cérémonie d’assermentation. Je suis fière des étapes importantes que nous avons franchies et je remercie Claudette Commanda de s’être assurée qu’il y avait de la sauge dans mes bottes ce jour-là.

Dans ma lettre de mandat, le Premier Ministre a indiqué qu’aucune relation n’est plus importante pour lui et pour le Canada que celle qu’il entretient avec les peuples autochtones, et je suis tout à fait d’accord avec lui. Comme vous le savez aussi, il y a un an, dans la lettre de mandat remise à chaque ministre, il a affirmé qu’il était temps de s’engager à l’égard d’une nouvelle relation de nation à nation entre le Canada et les peuples autochtones, une relation fondée sur la reconnaissance des droits, le respect, la confiance, la collaboration et le partenariat.

C’était une affirmation de taille parce qu’elle évoquait une approche pangouvernementale. Il ne s’agit pas seulement de la responsabilité d’un ministre. C’est la responsabilité de chaque ministre et ce ne sera pas facile dans un gouvernement qui a fonctionné en vase clos pendant si longtemps. Mais c’est le travail que nous tenterons d’accomplir ensemble. Nous sommes résolus à respecter notre engagement envers une relation de nation à nation, entre les Inuits et la Couronne et de gouvernement à gouvernement, sur la base du principe exprimé par Georges Erasmus, qui consiste à permettre au nouveau partenariat de « prendre appui sur des individus confiants et compétents ».

Nous avons promis les premiers signes de la réconciliation avant le 150 anniversaire du Canada, où nous célébrerons une année de réconciliation. Nous avons fait des progrès dans la mise en œuvre des 94 appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation; 35 de ces appels à l’action sont en cours dans les domaines de compétence fédérale. Établir enfin la commission relative à la tragédie des femmes et des filles autochtones disparues ou assassinées était une grande priorité.

J’ai été honorée de participer à ce processus, mais comme nous l’avons entendu durant la préenquête, tellement des causes de cette tragédie figurant dans le rapport de la CRPA se trouvaient dans le rapport de la Commission de vérité et réconciliation. Il faut mettre la main à la pâte et agir dès maintenant.

Nous savons aussi que dans le dernier budget, nous avons commencé à combler ces écarts cernés il y tellement longtemps afin d’apporter les changements nécessaires, notamment les changements à l’infrastructure qui étaient recommandés dans le rapport initial de la CRPA.

Comme vous le savez, nous avons fait un investissement sans précédent de 8,4 milliards de dollars pour améliorer les conditions des peuples autochtones et de leurs collectivités. Je viens tout juste de participer à la Conférence sur les infrastructures de l’APN. Cet investissement comprend des fonds d’infrastructure de 4,6 milliards de dollars sur cinq ans pour le logement, l’alimentation en eau, le traitement des eaux usées et l’éducation dans les collectivités inuites et des Premières Nations.

Comme le ministre des Finances me le rappelle, partout où il donne une allocution, la réponse la plus positive concerne sans conteste l’eau potable dans les collectivités des Premières Nations et le fait que chaque personne dans ce pays devrait pouvoir ouvrir le robinet et boire l’eau qui en coule. Je crois fermement que nous ne pourrons jamais vraiment renouveler notre relation de nation à nation tant que chaque famille de chaque collectivité des Premières Nations ne pourra pas boire l’eau du robinet.

Nous savons également maintenant qu’il est nécessaire d’offrir un environnement d’apprentissage qui respecte leur culture. Nous devons refermer l’écart gênant entre le pourcentage de jeunes Autochtones vivant dans les réserves qui ne terminent pas leurs études secondaires et celui des jeunes non autochtones, soit 62 p. 100 par rapport à seulement 13 p. 100. Nous devons écouter les jeunes. Les jeunes sont une immense source d’inspiration lorsqu’on les écoute. Les jeunes veulent préserver leur langue et leur culture. Ce que les jeunes veulent se trouve dans les programmes des terres, et qu’il s’agisse du National Inuit Youth Council ou du conseil des jeunes à Attawapiskat, ils veulent tous les mêmes choses.

Ils veulent avoir un attachement à la terre. Ils veulent connaître leur langue et leur culture et c’est ainsi qu’ils assureront leur réussite dans leurs études, leurs résultats sur la santé et leurs résultats économiques. Ils ont besoin d’une identité culturelle personnelle solide qui les conduiront à la résilience, à l’estime de soi et au sentiment qu’ils peuvent maîtriser leur destinée. Ils ont besoin d’une pédagogie autochtone axée sur l’apprentissage par la pratique.

Nous devons mettre un terme à l’approche coloniale consistant à demander aux enfants de recopier l’information sur les tableaux noirs à l’avant de la classe. Cette façon de faire ne fonctionne pas. Les enfants apprennent la physique en essayant de manœuvrer leur canot face au vent. Les enfants apprennent la biologie en nettoyant un poisson. Les enfants apprennent la chimie en utilisant le cerveau d’un chevreuil et en tannant les peaux. Il est tellement troublant de constater que nous avons encore tellement de salles de classe dans ce pays où des enseignants se tenant à l’avant de la classe lisent sur une planchette à pince.

Aucun de nous ne réussirait bien dans ce genre d’environnement. Nous devons retourner à la façon d’apprendre des Autochtones qui consistait à apprendre par la pratique. Murray Sinclair nous a rappelé le legs de la Commission royale CRPA que nous vous avons décrit une montagne, nous vous avons montré comment vous rendre au sommet et nous vous demandons maintenant de la gravir.

Nous devons présenter des excuses, avec humilité, lorsque ces excuses sont requises, si nous voulons aider les gens à panser les plaies laissées par les actes honteux qui ont été commis dans le passé.

Mais nous devons dès maintenant nous attaquer aussi, avec tous les Canadiens, au niveau de racisme inacceptable dans ce pays, et comprendre que ce sera en vain jusqu’à ce que nous puissions le nommer et le combattre, et jusqu’à ce que chaque Canadien soit prêt à corriger l’information erronée et les attitudes qui nous freinent tous.

Je crois qu’en reconnaissant et en corrigeant les injustices du passé, mais aussi en reconnaissant et en corrigeant les injustices du présent, nous nous donnons une occasion de nous tourner ensemble vers un avenir meilleur, et vers les 150 prochaines années de la Confédération.

Nous voulons que tous les Canadiens se joignent à nous dans notre démarche, et cette conférence est un outil important qui nous aidera à atteindre cet objectif. La réconciliation s’adresse à tous les Canadiens. Nous devons parler aux non-Autochtones, qui représentent 96 p. 100 de la population canadienne. Nous devons gravir cette montagne ensemble. Il sera vraiment important pour nous de reconnaître certaines des réussites.

Je pense qu’avec l’offensive de la CRPA et en entendant les propos des universités aujourd’hui, il ne sera pas facile d’« indigéniser » les universités, mais nous pouvons en voir les changements. Les universités ici dans cette ville montrent vraiment la voie pour ce qui est des connaissances autochtones et des modes autochtones d’acquisition des connaissances. Toutes les provinces et les territoires se sont engagés à changer leurs programmes d’études.

Comme l’a évoqué l’Aîné, outre le Réseau de télévision des peuples autochtones (APTN), nous avons aussi des médias grand public qui commencent à prendre acte de ces histoires qui dévoilent les injustices commises mais aussi ces histoires de réussite. Encore une fois, j’espère que dans cette position privilégiée que j’ai en tant que ministre et députée, chaque Canadien aura la même chance que j’ai de compter parmi leurs amis des Premières Nations, des Inuits et des Métis.

Il ne faudrait pas être un député pour avoir cette fenêtre incroyable sur cette culture et cette langue extraordinaires qui existaient avant l’arrivée des colons et pour avoir ces amis-là pour vous corriger à l’avenir. C’est ce que font les amis. C’est tellement important qu’en examinant les six thèmes qui ont été choisis (nation à nation; combler les écarts; mobilisation des jeunes; mobilisation des citoyens; des collectivités fortes, des collectivités en santé; passer à l’acte), nous lirons les documents et tirerons des enseignements des idées réfléchies et du travail important accompli.

Ensemble, nous devrons nous atteler à cette tâche avec tous les Canadiens. Cela veut dire que l’année prochaine, ces grandes réjouissances dans ma circonscription comprendront les hommes des résidences et logements traditionnels pour hommes autochtones au bout de la rue. Nous devons le faire ensemble. En fait, nous avons besoin que les chercheurs posent les questions difficiles et proposent des solutions vraiment importantes.

La lecture du document sur le thème nation à nation m’intéressait, soit le document complet de la Confédération qui représentait le projet de gouvernance transitoire. Si l’histoire des relations de la Couronne autochtone nous enseigne quoi que ce soit, c’est autant que la Couronne doit tenir ses promesses, elle ne peut pas assumer davantage un rôle de facilitation et d’accompagnement dans le développement social, politique et économique autochtone.

Ce n’est pas un appel à l’aimable indifférence. Nous exhortons plutôt le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux et territoriaux au niveau politique et bureaucratique à entreprendre leur propre auto-examen critique quant à savoir si leurs politiques et leurs actions continuent de maintenir l’état d’esprit colonialiste et de nuire aux progrès des peuples autochtones et à l’établissement de meilleures relations à long terme entre les Autochtones et les autres Canadiens.

L’année prochaine, avec les célébrations de Canada 150 et l’année de la réconciliation, j’espère sincèrement que nous aurons réalisé des progrès et que ces progrès seront possibles en partie grâce aux discussions que nous aurons à ce forum-ci. Nous avons un an pour travailler aux quatre thèmes que sont la réconciliation, les jeunes, l’environnement et la diversité. À certains égards, ils ont tout à voir avec la réconciliation et le devoir de poursuivre le travail entrepris.

Comme l’a dit Gord Downie lors de son spectacle il y a deux semaines, nous avons 150 années derrière nous desquelles tirer des leçons et 150 années devant nous, alors aussi bien nous mettre au travail. Comme le matin de la cérémonie de la Commission de vérité et réconciliation à Ottawa, en juin 2015, lorsque le chef héréditaire Ray Jones a cité une phrase qui vient des Gitksan, « Shed Dim Amma gauu dingu mel, », ce qui signifie qu’il faut remettre le canot à l’endroit.

J’aimerais terminer en vous racontant une petite histoire au sujet d’un canot que j’ai presque abandonné. Je devais faire une interview pour BBC Hard Talk qui porte bien son nom, mais heureusement, je revenais tout juste d’un séjour à Batoche, où j’étais aller pagayer avec des enfants de La Loche sur la rivière Saskatchewan Nord. Le journaliste m’a demandé pourquoi je pensais que cette période était plus propice, mentionnant que tout le monde avait échoué, et pourquoi je pensais que les choses pouvaient être mieux.

J’ai dit que lorsque je pagayais hier avec ces enfants issus d’une des collectivités en difficulté de notre pays, nous avions frappé une énorme roche. Nous nous sommes retrouvés dans de l’eau tellement peu profonde que nous avons dû sortir de notre canot et marcher. Mais le courant était de notre côté et nous nous sommes rendus à destination, et nous allons faire les choses correctement cette fois-ci. Thank you, Merci, Meegwetch, Qujanamiik, Nakumek, Marsee, Mahsi Cho.


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