Discours du ministre Champagne devant les membres de la Chambre de commerce canado-chilienne

Discours

Le 14 mars 2017– Santiago, Chili

Sous réserve de modifications. Ce discours a été traduit en conformité avec la Politique sur les langues officielles et révisé aux fins d’affichage et de distribution conformément à la Politique de communication du gouvernement du Canada.

Je vous remercie de vos aimables paroles.

Distingués invités, mesdames et messieurs, bonjour.

C’est pour moi un immense plaisir de visiter le Chili pour la première fois à titre de ministre canadien du Commerce international.

Je tiens d’abord à remercier nos amis chiliens pour leur accueil chaleureux pendant mon séjour dans ce magnifique pays.

Je dois admettre que j’apprécie également la chaleur estivale qui règne ici : un heureux contraste avec les -18 °C, à mon départ du Canada!

Je veux aussi remercier la Chambre de commerce canado-chilienne et notre équipe de l’ambassade du Canada, dirigée par l’ambassadeur Lebleu, grâce auxquels nous sommes réunis ici cet après-midi.

Nous avons l’occasion aujourd’hui de célébrer de nombreuses réalisations, y compris un tournant dans notre partenariat économique.

Comme nous le savons tous, notre accord de libre-échange est entré en vigueur il y a 20 ans.

Il s’agissait d’un accord remarquable à plus d’un titre.

Pour le Canada, il s’agissait du premier accord de libre-échange avec un pays d’Amérique centrale ou du Sud.

Pour le Chili, c’était le premier d’une série enviable d’accords de libre-échange globaux : 25 en tout, m’a-t-on dit.

Nous pouvons compter sur le Chili en tant que partenaire attaché à un système commercial équitable et fondé sur des règles ainsi qu’à un programme commercial novateur et axé sur l’ouverture.

C’est pourquoi, au nom du gouvernement du Canada, je tiens à saluer et à remercier personnellement M. [Eduardo Frei] Ruiz-Tagle pour le rôle qu’il a joué dans l’adoption de cet accord, à titre de président du Chili, en 1997.

Je tiens également à souligner la contribution de M. Eduardo Aninat, qui, en sa qualité de ministre des Finances à l’époque, a été chargé de le négocier avec son homologue canadien d’alors, M. Roy MacLaren.

M. Aninat siège aujourd’hui au conseil d’administration de la Banque Scotia.

J’ai été ravi également d’entendre le message vidéo de mon ami et premier ministre du Canada de l’époque, M. Jean Chrétien, puisque c’est sous son mandat que cet accord a été négocié et signé.

Certes, le Canada et le Chili sont situés à chacune des extrémités du continent américain, mais ce sont deux nations du Pacifique qui résistent à la montée du protectionnisme. Nous savons que notre prospérité repose non pas sur l’isolement, mais plutôt sur l’ouverture et la poursuite du libre-échange entre les pays.

Les valeurs communes à l’origine de notre entente commerciale contribuent non seulement à notre prospérité, mais aussi au renforcement constant de nos relations fructueuses.

Le Chili est le seul pays d’Amérique du Sud dont les ressortissants bénéficient d’une exemption de visa lorsqu’ils se rendent au Canada.

Le Chili est aussi l’un de nos plus proches partenaires bilatéraux en matière de défense dans les Amériques.

Par ailleurs, le Canada fait partie des destinations de prédilection des étudiants chiliens qui souhaitent faire des études postsecondaires à l’étranger.

Nos scientifiques, nos chercheurs et nos innovateurs collaborent dans des domaines importants, comme l’environnement et la lutte contre les changements climatiques, ainsi que la gestion des ressources en eau.

Or, l’un des deux accords parallèles à notre accord de libre-échange, à savoir l’Accord de coopération environnementale entre le Canada et le Chili, facilite cette collaboration.

En novembre dernier, le Canada a annoncé une contribution de 14 millions de dollars pour aider le Chili (et le Mexique) à adopter des technologies propres et à réduire les émissions de gaz à effet de serre, comme le méthane.

Comme vous voyez, ce partenariat très diversifié résulte de démarches entreprises il y a 20 ans pour renforcer nos relations commerciales, qui font qu’aujourd’hui nos échanges continuent d’atteindre de nouveaux sommets.

En fait, les échanges bilatéraux de marchandises entre nos deux pays ont plus que triplé depuis l’entrée en vigueur de notre accord de libre-échange, pour atteindre une valeur de 2,4 milliards de dollars l’année dernière.

Cet accord a aussi contribué à créer les conditions propices à la présence d’investissements canadiens beaucoup plus importants au Chili.

À la fin de 2015, le stock des investissements directs canadiens au Chili se chiffrait à 15 milliards de dollars.

C’est ainsi que le Chili est la 1re destination pour les investissements canadiens en Amérique centrale et du Sud, et la 10e dans le monde.

Lorsque des pays entretiennent des relations commerciales, leurs populations en bénéficient, ce qui, en définitive, est notre principal objectif : faire en sorte que le commerce se développe au profit des gens.

Toutefois, en même temps que nous célébrons ces réalisations admirables, nous savons que certains n’ont pas profité autant que d’autres des bienfaits du commerce que je viens de décrire. Et, aujourd’hui, nous en voyons les conséquences.

Les personnes qui travaillent dur, dans l’espoir d’un jour faire partie de la classe moyenne, sont très inquiètes. Beaucoup, dans le monde, expriment cette inquiétude par de la colère et de l’hostilité à l’égard des accords commerciaux et de la mondialisation des échanges.

Dans ce contexte, nous nous devons de prendre au sérieux les préoccupations légitimes de nos citoyens et d’y répondre par des gestes concrets.

Comme l’a déclaré le premier ministre [Justin] Trudeau à Hambourg, le mois dernier, « le moment est venu de réaliser que cette colère et cette anxiété qui s’emparent de notre monde sont bien réelles. Et elles sont là pour rester. »

Nous devons tout mettre en œuvre pour que les bénéfices du commerce soient répartis plus largement et équitablement.

Sinon, cela ne fera que renforcer le mouvement en faveur du protectionnisme, en plus d’enhardir ceux qui s’opposent à une plus grande libéralisation et ouverture des échanges.

C’est pourquoi le Canada poursuit un programme commercial progressiste avec ses partenaires, à l’intérieur de ses frontières et dans le monde entier.

Promouvoir un commerce progressiste, c’est faire en sorte que tous les segments de la société profitent des possibilités offertes par les échanges commerciaux et l’investissement, avec un accent particulier mis sur les femmes, les peuples autochtones, les jeunes ainsi que les petites et moyennes entreprises [PME].

Il ne s’agit pas seulement de la bonne chose à faire : c’est aussi essentiel à la croissance et à la prospérité économiques.

Les PME, par exemple, sont le moteur de nos économies et un élément vital de nos communautés.

Au Canada, presque toutes les entreprises sont des PME, et celles-ci emploient 90 p. 100 de la main-d’œuvre du secteur privé.

Toutefois, seul un petit pourcentage de ces entreprises exportent. Dans notre programme commercial progressiste, ou axé sur la classe moyenne, nous accordons une importance centrale à leurs besoins et à leurs aspirations, ainsi qu’à ceux de tous les propriétaires d’entreprises et entrepreneurs non traditionnels, pour les aider à réaliser tout leur potentiel à l’exportation.

Un commerce progressiste implique également de faire preuve d’ouverture et de transparence, et d’entretenir un dialogue permanent avec la société civile et un large éventail de parties prenantes.

Il s’agit aussi de s’assurer que les accords commerciaux renferment des dispositions strictes dans des domaines importants, comme les droits des travailleurs, l’égalité des sexes et la protection de l’environnement, et qu’ils renforcent l’exercice continu, par les gouvernements, du droit de réglementer dans l’intérêt public.

En bref, il est ici question des efforts déployés pour que le commerce international soit bénéfique à la fois aux entreprises et aux citoyens. Pour qu’il soit bénéfique à la population.

Si nos efforts échouent — que nous ne parvenons pas à faire en sorte que les gens bénéficient concrètement du commerce —, alors nous n’avons plus la caution sociale nécessaire pour conclure des ententes comme celle négociée entre nous il y a 20 ans.

Le échanges commerciaux comptent pour près de 60 p. 100 de nos PIB respectifs, donc nous sommes bien conscients de l’importance d’un commerce ouvert.

Et, malgré les progrès réalisés, nous pouvons faire encore plus ensemble : il existe toujours un nouveau potentiel à exploiter au bénéfice de nos citoyens. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la modernisation de notre accord de libre-échange est une priorité pour le Canada, pour le premier ministre Trudeau, et pour moi-même, en tant que ministre du Commerce international.

À cela s’ajoutent des raisons commerciales et sociales. Et les arguments en faveur de ces efforts sont évidents. Il suffit de quelques exemples pour s’en convaincre :

  • Les principaux investisseurs étrangers dans le secteur minier chilien sont des entreprises canadiennes, dont les actifs sont estimés à 19 milliards de dollars.
  • La société Transelec, dont le PDG, M. Andrés Kuhlmann, est également président de la Chambre de commerce canado-chilienne, en est un autre bon exemple : il s’agit de la plus importante entreprise de distribution d’électricité du Chili, qui emploie près de 500 Chiliens, et elle est entièrement détenue par des investisseurs institutionnels canadiens.
  • Il convient aussi de mentionner Teleforest, une entreprise de la province de Québec, dont je suis originaire, qui a créé un dispositif de câbles novateur appelé « Sky-Log » pour récolter le bois sur un terrain en forte pente.

Permettez-moi ici de reparler brièvement du secteur minier, car, selon moi, il illustre bien les efforts novateurs que nous devons déployer lorsque nous investissons.

Comme je l’ai dit à la ministre chilienne des Mines, Mme Aurora Williams, le Canada est très fier de son industrie minière et du rôle extrêmement important de ses entreprises dans le secteur minier à l’échelle mondiale.

Nous estimons également que les gouvernements et les entreprises ont pour responsabilité de bien gérer l’environnement et les autres domaines d’intérêt public, et nous avons de fortes attentes en ce sens à l’égard des entreprises canadiennes du secteur extractif.

Par conséquent, le gouvernement du Canada évalue actuellement son approche de la responsabilité sociale des entreprises et cherche des moyens de la renforcer.

Dans cet esprit, j’aimerais saisir l’occasion de saluer les prix Premio Ellas Emprenden, remis par la Banque Scotia à des femmes entrepreneures au Chili.

Ces prix sont décernés depuis 2012 pour récompenser le leadership des femmes et leur capacité à gérer avec succès des entreprises et à contribuer à leur expansion.

J’aimerais aussi appeler l’attention sur un autre exemple d’entreprise faisant preuve d’initiative. L’année dernière, la société Teck a conclu une entente de partenariat de 1 million de dollars américains avec ONU Femmes pour promouvoir l’autonomisation des femmes autochtones dans les régions du nord du Chili.

Ce projet vise à renforcer les capacités des femmes autochtones et à aplanir les obstacles à leur participation active à la vie politique et économique.

Ces exemples illustrent parfaitement ce que le Canada s’efforce d’accomplir au moyen de son programme commercial progressiste, afin de créer des emplois et de favoriser la croissance au profit de la classe moyenne.

Nous voulons aussi être un partenaire constructif de façon à créer des débouchés pour tous les habitants de notre région.

Et, par-là, je n’entends pas seulement les Amériques. Je parle aussi de la région du Pacifique.

Dans une large mesure, le Canada est une nation du Pacifique, tout comme le Chili, et cette région revêt une importance prioritaire pour le gouvernement du Canada.

En outre, le Canada attache une importance particulière à l’approfondissement de ses liens avec l’Alliance du Pacifique.

Notre pays a, en effet, conclu des accords de libre-échange globaux et ambitieux avec chacun des quatre membres de ce bloc commercial.

Et, en juin de l’année dernière, ma prédecesseure, qui est maintenant notre ministre des Affaires étrangères, Mme Chrystia Freeland, a signé une déclaration commune de partenariat entre le Canada et l’Alliance du Pacifique. Il s’agit de la première entente de ce type à être signée par l’Alliance et un pays ayant le statut d’observateur auprès d’elle.

C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles je suis au Chili : pour assister au Dialogue de haut niveau de l’Alliance du Pacifique, qui se tiendra plus tard aujourd’hui et demain, à Viña del Mar.

Je félicite le Chili d’être l’hôte de cette rencontre importante et de fournir encore et toujours des efforts en faveur d’accords commerciaux régionaux et multilatéraux.

Alors que nous célébrons le 20e anniversaire de nos relations en tant que partenaires de libre-échange, j’espère que de bons partenaires comme la Chambre de commerce canado-chilienne nous aideront à influer sur les forces de la mondialisation pour faire en sorte que les Chiliens, les Canadiens et les citoyens de toute la planète en bénéficient plus largement.

Nous devons veiller constamment à faire valoir les avantages du commerce auprès de nos citoyens. Nous devons mettre en place un programme moderne, progressiste et ambitieux de promotion du commerce pour favoriser la croissance de la classe moyenne dans le monde, et nous devons le faire ensemble.

Je vous remercie. Muchas gracias.

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