Discours de la ministre Freeland à l’occasion de la 15e assemblée plénière du Congrès juif mondial

Discours

Le 24 avril 2017 — New York (New York)

La version prononcée fait foi. Le présent discours a été traduit en conformité avec la politique sur les langues officielles du gouvernement du Canada, et il a été édité en vue d’être affiché et distribué en conformité avec sa politique de communication.

Je tiens d’abord à remercier le président du Congrès juif mondial, l’ambassadeur Ron Lauder. Merci beaucoup!

Je tiens également à remercier David Cape, président du CERJI [Centre consultatif des relations juives et israéliennes].

Je suis accompagnée de l’un de nos principaux ambassadeurs, Marc-André Blanchard.

Nous ne tarissons pas d’éloges pour cette personne que j’ai l’honneur d’appeler mon ami, mon enseignant et mon mentor. Il s’agit du grand Canadien d’origine juive, Irwin Cotler. Irwin est également présent aujourd’hui.

Enfin, j’aimerais remercier la deuxième personne grâce à qui je suis ici aujourd’hui. C’est un bon ami à moi depuis plus de deux décennies maintenant, j’ai nommé le rabbin Yaakov Bleich, grand rabbin d’Ukraine.

C’est un plaisir et un honneur pour moi d’être ici aujourd’hui. Je vous remercie pour l’accueil chaleureux et l’invitation à participer à la présente assemblée. À titre de ministre des Affaires étrangères du Canada, je veux souligner l’importance des sujets abordés ici.

Hier, c’était Yom Ha-Shoah [Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste].

Je veux me joindre à vous pour commémorer les six millions de Juifs qui ont perdu la vie pendant l’Holocauste, de même que les citoyens roms, les personnes handicapées, les membres de la communauté lesbienne, gaie, bisexuelle, transgenre et queer, et bien d’autres encore.

Lorsque le premier ministre israélien David Ben Gourion a inauguré le 27e jour de Nisan à titre de journée annuelle du souvenir, la date a été choisie pour commémorer l’anéantissement de la communauté juive de Varsovie qui, avant la guerre, était la deuxième plus importante communauté juive au monde, juste après la grande communauté juive de la ville de New York.

Ce jour nous rappelle à tous que nous ne devons jamais oublier ce terrible chapitre de l’histoire humaine, et que nous ne devons jamais le laisser se répéter ni rester passifs lorsque les droits de la personne sont bafoués, où que ce soit. Il ne peut y avoir de place dans ce monde pour les préjugés, la violence, l’intolérance, le génocide ou la persécution. Nous avons appris cette leçon à nos dépens. Répétons-le tous ensemble, en le pensant sincèrement : plus jamais.

Je suis vraiment honorée de m’adresser à vous à l’occasion du Congrès juif mondial. Depuis sa création en 1936, cette organisation a lutté fièrement, bravement et efficacement pour les droits du peuple juif et des communautés juives du monde entier et, ce faisant, elle a défendu les droits fondamentaux universels. Notre premier ministre Justin Trudeau a eu le privilège de rencontrer le président [du Congrès] Ron Lauder en octobre de l’année dernière, et le premier ministre m’a dit combien cette conversation avait été importante, puisqu’ils avaient parlé des valeurs communes du Congrès juif mondial et du Canada, et du besoin de collaborer pour lutter contre l’antisémitisme dans le monde entier.

Je voulais aussi commencer par remercier le Congrès juif mondial d’avoir dénoncé très fortement les meurtres horribles des fidèles musulmans en janvier dernier à Québec. Merci. Cette dénonciation m’a beaucoup touchée. Elle a aussi beaucoup touché les Canadiens, et j’ai trouvé que vous aviez choisi les mots justes. Aussi, je citerai ce que vous avez dit au Canada.

« Nous ne devons pas nous laisser intimider par le terrorisme; nous devons chérir notre liberté, y compris la liberté de culte. Nous devons nous défendre les uns les autres, et nous devons nous entraider – que nous soyons de religions différentes ou de pays différents. Le fléau du terrorisme ne sera vaincu que si nous sommes unis dans notre détermination à le vaincre. »

Je suis entièrement d’accord avec vous. Je vous remercie pour cette importante déclaration, et je suis si fière de la réponse des Canadiens, y compris de la population juive du Canada, à cet ignoble attentat.

Dans l’esprit de ce message, j’aimerais vous parler aujourd’hui de ce que nous pouvons tous faire afin de promouvoir la tolérance et l’inclusion, et de défendre les droits de chacun de vivre leur vie sans haine et discrimination. Je sais qu’il s’agit d’un thème central dans le programme du Congrès juif mondial et du gouvernement du Canada, ainsi que dans mon propre programme.

Nous venons tout juste de parler de la Shoah et, malheureusement, après toutes ces années, nous assistons toujours à des incidents motivés par la haine contre des groupes religieux. J’affirme, à regret, que le peuple juif est le groupe religieux le plus susceptible d’être la cible de crimes haineux au Canada. C’est une honte et nous devons absolument en discuter.

Ces crimes haineux peuvent prendre de nombreuses formes, que ce soit du vandalisme, des graffitis, de la propagande haineuse ou des commentaires racistes en ligne. Dans ma propre circonscription du centre-ville de Toronto, le Centre communautaire juif Miles Nadal a récemment fait l’objet d’une alerte à la bombe tout à fait déplorable. De telles situations se produisent. Elles sont réelles et nous devons faire tout en notre pouvoir pour les dénoncer.

Selon nos plus récentes données, 17 p. 100 de tous les incidents motivés par la haine au Canada ciblent des Juifs, et ce, malgré le fait qu’ils représentent moins de 1 p. 100 de la population canadienne. C’est tout à fait inacceptable. Le gouvernement du Canada est déterminé à assurer la sûreté et la sécurité de la communauté juive du Canada.

Vous pouvez constater à quel point notre communauté [juive] est formidable. Vous le savez tous, car la délégation que j’ai devant moi et qui participe à cette assemblée est remarquable. Je suis très fière d’elle.

Dans son plus récent budget déposé le mois dernier, le gouvernement du Canada a doublé le financement accordé à un programme d’infrastructure de sécurité qui aide les collectivités à se protéger contre les crimes haineux en fournissant de l’équipement, comme des caméras de surveillance et des systèmes d’alarme. Nous avons travaillé en étroite collaboration avec la communauté juive, y compris dans ma circonscription et d’autres collectivités touchées, pour veiller à ce que le programme réponde à leurs besoins.

Les récents incidents nous rappellent, ici au Canada, que la société inclusive et généreuse que nous souhaitons bâtir est un travail en cours, précieux et délicat, que personne ne tient pour acquis. Les programmes comme celui-ci constituent d’importantes initiatives qui protègent le droit de tous les Canadiens d’être libres de pratiquer leur religion et de conserver leur culture.

Au Canada, nous savons et nous croyons que notre force réside dans notre diversité. Il s’agit d’une valeur fondamentale de notre pays. Le gouvernement est extrêmement préoccupé par la montée de la xénophobie, du racisme et de l’antisémitisme à l’échelle mondiale, qui est ancrée dans la croyance erronée selon laquelle la diversité représente une menace.

C’est la raison pour laquelle, en septembre dernier, le Canada a organisé conjointement avec Israël, les États-Unis et l’Union européenne un forum de haut niveau sur l’antisémitisme mondial au siège des Nations Unies. Voilà pourquoi le Canada fait fièrement partie, en plus de 30 autres États, de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste, dont le mandat est de promouvoir l’éducation et la recherche sur l’Holocauste. Comme l’ambassadrice Bokova [Irina Bokova, directrice générale de l’UNESCO] vient tout juste de le mentionner, c’est aussi la raison pour laquelle le Canada a annoncé en septembre le lancement d’un projet de 600 000 dollars en partenariat avec l’UNESCO et le Musée commémoratif de l’Holocauste des États-Unis, dans le but d’améliorer le savoir sur le génocide. Le Canada est fier de ce rôle.

Permettez-moi maintenant d’aborder un autre sujet qu’il est malheureusement urgent de traiter, soit celui de notre lutte contre l’extrémisme violent. Cette lutte, nous devons la mener dans chacun de nos pays, et nous devons la mener à la grandeur de la planète.

Tout comme vous, j’admire énormément Irwin Cotler, et je vais faire référence à un discours important qu’il a prononcé et qui a guidé notre démarche dans la lutte contre le terrorisme. M. Cotler a souligné qu’en matière de terrorisme, de sécurité et de droits de la personne, toute approche de principe commence par le fait de reconnaître qu’« il n’existe aucune contradiction entre la protection de la sécurité et la protection des droits de la personne. »

Il s’agit là d’un point très important, car il ne faut pas oublier que, par nature, le terrorisme est une attaque contre la sécurité d’une démocratie et contre les droits les plus fondamentaux de ses habitants – le droit à la vie, à la liberté et à la sécurité de la personne. La lutte contre le terrorisme défend et protège la sécurité de nos démocraties et des droits fondamentaux de la personne, en réponse à cette menace. Comme l’a souligné M. Cotler, « la lutte contre le terrorisme représente la protection de la sécurité humaine dans son sens le plus profond. »

Il a également attiré l’attention sur un principe tout aussi important, à savoir que toute mesure de lutte contre le terrorisme doit toujours respecter l’état de droit. Aucune personne ni aucun groupe ne devrait subir de traitement différent et discriminatoire. La torture doit être condamnée dans tous les cas et partout. Voilà les principes qui guident le Canada dans sa lutte contre le terrorisme, des principes tout aussi valables aujourd’hui qu’il y a dix ans lorsque vous les avez énoncés, Irwin.

Suivant une approche fondée sur les droits de la personne, l’action de notre gouvernement vise principalement à appuyer par des faits les mesures de prévention et d’intervention. Pour améliorer ces mesures chez nous au Canada, nous sommes en train de mettre sur pied un bureau du coordonnateur de la sensibilisation des collectivités et de la lutte contre la radicalisation. À titre de société ouverte, pluraliste et démocratique, le Canada est résolu à devenir un chef de file mondial de la lutte contre la radicalisation. Nous croyons vraiment qu’il nous faut agir en ce sens dans notre pays, et c’est avec détermination que nous suivons cette voie.

Le plus souvent, la prévention de la radicalisation est plus efficace si elle commence dans les collectivités, en coopérant avec les dirigeants locaux afin d’établir tôt des moyens d’intervention adaptés aux conditions du milieu. Au Canada, nous nous sommes fermement engagés à lutter contre le terrorisme, mais évidemment, la menace provient souvent de l’extérieur de nos frontières.

L’extrémisme violent est un phénomène mondial, et la région du Moyen-Orient est particulièrement préoccupante. C’est pourquoi notre gouvernement a annoncé un investissement de plus de 1,6 milliard de dollars sur trois ans dans le cadre de notre stratégie pour le Moyen-Orient. Il s’agit là d’une initiative globale, intégrée et soutenue, en collaboration avec nos alliés, pour vaincre Daech et venir en aide aux enfants, aux femmes et aux hommes dans le besoin.

Le Canada, qui travaille avec ses partenaires, est pleinement engagé dans cette campagne. Et je tiens à vous l’assurer, puisque nous oublions parfois de le dire haut et fort, il s’agit d’une bataille que nous sommes en train de gagner et que nous gagnerons. Nous sommes du bon côté de l’histoire. Daech est une secte meurtrière, haineuse et rétrograde. Nous pouvons remporter et nous remporterons ce combat. Nous devons avoir le courage de nos convictions.

Au sujet de la Syrie, je tiens à souligner que notre gouvernement appuie sans réserve les frappes ciblées et limitées des États-Unis. C’est ce que notre premier ministre a affirmé devant le Parlement au lendemain des frappes. Cette intervention était importante, et nous appuyons sans réserve notre allié. Nous croyons également qu’il importe de prendre acte de la responsabilité morale qu’assument les deux principaux alliés du régime Assad, la Russie et l’Iran, dans l’utilisation d’armes chimiques. Il est crucial pour nous, tout comme il l’est pour la communauté internationale, de mettre la pression sur ces deux pays. Le Canada s’y engage complètement.

Dans le cadre de notre stratégie pour le Moyen-Orient, nous apportons également des contributions non négligeables pour stabiliser le Liban et la Jordanie, parmi lesquelles, et non des moindres, l’accueil jusqu'à maintenant de plus 40 000 réfugiés syriens. Ces gens sont désormais Canadiens. Ils sont résidents permanents. Dorénavant, leur pays, c’est le Canada.

Je fais mention de la contribution canadienne à cette région en particulier, parce que, comme nous le savons tous, la stabilité de ces pays est intrinsèquement liée à la sécurité d’Israël. Il s’agit là d’un objectif international fondamental du Canada.

Depuis 2014, notre programme de lutte contre le terrorisme nous a permis d’allouer 14 millions de dollars aux mesures de la lutte contre l’extrémisme violent que nous prenons en collaboration avec d’autres pays. Nous envisageons d’investir 13 millions de dollars supplémentaires pour prévenir la radicalisation, plus particulièrement au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie.

Une des façons de lutter contre le terrorisme consiste à démanteler les réseaux financiers. L’une des initiatives propres au Canada en la matière est son commandement de la Force opérationnelle interalliée 150, au sein de laquelle nous interceptons les activités de trafic illicite en mer, lesquelles sont essentielles à la survie des groupes extrémistes. Nous participons à cette force multinationale pour assurer la sécurité maritime dans la mer Rouge, le golfe d’Aden, l’océan Indien et le golfe d’Oman. Lorsque le Canada s’efforce de lutter contre l’extrémisme et le terrorisme, surtout au Moyen-Orient, Israël figure toujours comme un partenaire naturel et un proche allié. Ce pays constitue aussi une motivation importante. Des programmes comme ceux-là contribuent à la sécurité d’Israël. Il s’agit là de l’un des objectifs internationaux fondamentaux du Canada.

Permettez-moi de vous dire que le Canada est un grand allié et un ami proche de l’État juif, engagé dans un partenariat mutuellement avantageux qui a contribué à renforcer les valeurs et les intérêts communs à nos deux démocraties depuis près de 70 ans. Aujourd’hui, nous coopérons étroitement dans les domaines de la sécurité publique, de la défense ainsi que du commerce et, en tant que ministre du Commerce, je m’étais employée à actualiser notre accord de libre-échange avec Israël; nous avons presque terminé les parties sur l’investissement, l’innovation et l’éducation.

Nos peuples sont également intimement liés. En effet, plus de 390 000 Juifs vivent au Canada, ce qui représente la quatrième communauté juive en importance au monde. Mais en tant que fière Canadienne, permettez-moi de vous dire que c’est également la meilleure à mon avis. La majeure partie de cette communauté juive se situe dans ma circonscription du centre-ville de Toronto, que j’ai le privilège de représenter à titre de députée. Et je suis tellement fière de la communauté juive canadienne.

De plus, 20 000 Canadiens vivent et travaillent en Israël. La semaine prochaine, j’aurai l’honneur de célébrer le Jour de l’indépendance d’Israël, organisé par l’ambassadeur d’Israël Nimrod Barkan, à son ambassade à Ottawa.

J’aimerais conclure par l’affirmation suivante : le Canada soutient fermement Israël. Notre engagement envers la sécurité d’Israël et de ses voisins est indéfectible et inébranlable. Nous appuyons le droit d’Israël d’assurer sa sécurité et son droit de vivre en paix, et nous nous engageons à assurer la paix globale, juste et durable au Moyen-Orient. Nous sommes solidaires d’Israël et des communautés juives du Canada et du monde entier, et nous sommes bien conscients que, malheureusement, aujourd’hui plus que jamais, un soutien doit être apporté et qu’il est important de le dire haut et fort.

J’espère qu’à l’issue de la présente réunion, nous serons tous en mesure de réaffirmer notre engagement à promouvoir la paix et l’inclusion, et à combattre la haine, la discrimination et la terreur. Il reste beaucoup de travail à faire, et je suis impatiente de collaborer étroitement avec le Congrès juif mondial et chacun d’entre vous dans les jours et les années à venir.

Je vous remercie.

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