Le plan du Canada dans un contexte de déplacement du centre de gravité de l’économie mondiale - Discours du ministre du Commerce, l’honorable François-Philippe Champagne, devant la Chambre de commerce de la région de Toronto

Discours

Le 30 novembre - Toronto, Ontario

Sous réserve de modifications. Ce discours a été traduit en conformité avec la Politique sur les langues officielles du gouvernement du Canada et révisé aux fins d’affichage et de distribution conformément à sa politique sur les communications.

Merci de cet accueil très chaleureux.

Je suis très heureux d’être ici.

Vous savez tous que le commerce est essentiel à notre prospérité actuelle et future. C’est pourquoi je suis ici pour parler de notre plan pour stimuler la croissance de notre économie, créer des emplois et uniformiser les règles du jeu afin que chaque travailleur, producteur, agriculteur, pêcheur, entrepreneur et investisseur – que ce soit les femmes ou les hommes – puisse être concurrentiel et réussir sur la scène mondiale.

Par ailleurs, vous savez tous qu’il n’y a pas meilleur endroit pour faire des affaires que le Canada.

En cette époque où les entreprises cherchent absolument à investir, nous sommes un véritable modèle de stabilité et de prévisibilité.

En tant que premier pays dans le monde à adopter une politique de multiculturalisme, le Canada a fait plusieurs fois la preuve qu’un pays peut être plus fort non pas en dépit de ses différences, mais grâce à elles.

La diversité est un fait, mais l’inclusion est un choix. Le Canada a choisi la diversité et nos villes sont devenues des fenêtres sur le monde.

Nous croyons à l’établissement d’une économie axée sur une croissance propre qui est aussi inclusive qu’innovatrice.

Nous avons simplifié nos programmes de soutien aux entreprises et conçu des fonds stratégiques pour stimuler l’innovation et appuyer les investissements de grande qualité.

Nos collèges et universités de calibre mondial ont diplômé la main-d’œuvre la plus scolarisée de l’OCDE [Organisation de coopération et de développement économiques].

Dans la nouvelle économie, nous sommes conscients qu’il faut avoir accès aux plus grands talents du monde, où qu’ils soient.

Le Canada se classe au deuxième rang des pays du G-20 pour les affaires, selon Forbes, puisqu’il offre aux entreprises les coûts d’exploitation les plus bas parmi les pays du G-7 et bénéficie des systèmes bancaire et juridique les plus solides du monde.

Le commerce fait partie de notre ADN. Les Canadiens comptent seulement pour 0,5 % de la population mondiale, mais nous représentons 2,5 % du commerce international.

De façon remarquable, les deux tiers de notre produit national brut sont attribuables aux exportations et aux importations.

Il n’est pas exagéré de dire que la prospérité économique actuelle de notre pays repose sur le commerce.

Cela dit, pour assurer notre prospérité économique dans l’avenir, nous devons nous renouveler et réorienter notre approche.

Depuis la Deuxième Guerre mondiale le Canada n’a jamais eu une aussi bonne occasion, une occasion cruciale, de démontrer son leadership.

Je crois que nous devons tous accepter la nécessité de la diversification et que nous n’atteindrons véritablement cet objectif qu’en adoptant un programme commercial plus progressiste.

C’est le bon moment pour nous d’entrer en scène.

Il s’agit d’une question de qualité des emplois. Il s’agit d’offrir et de révéler tous nos talents afin que les personnes qui travaillent fort puissent être concurrentielles et réussir dans les secteurs de demain.

Après tout, nous parlons de gens.

Permettez-moi de vous expliquer l’approche de notre gouvernement pour saisir de nouvelles occasions, mais d’abord, un mot sur l’ALENA [Accord de libre-échange nord-américain]. Ma collègue Chrystia Freeland mène ces négociations et elle a été très claire : nous défendrons et conserverons les éléments de l’ALENA que les Canadiens jugent essentiels pour notre intérêt national.

Nous défendrons toujours l’intérêt national du Canada, les valeurs canadiennes, et continuerons de travailler fort et de façon constructive pour moderniser l’ALENA.

J’imagine que la plupart d’entre vous se sont mobilisés parce que vous comprenez le lien crucial entre une économie concurrentielle à l’échelle mondiale et notre qualité de vie ici au pays.

Avant d’aller plus loin, permettez-moi d’expliquer la raison pour laquelle nous pensons qu’un programme commercial progressiste est si essentiel. Laissez-moi expliquer pourquoi maintenant, plus que jamais, nous devons songer à l’acceptabilité sociale.

Comme l’a indiqué le premier ministre Trudeau, le commerce d’aujourd’hui est différent de celui que nous faisions il y a 25 ans.

De trop nombreux groupes, surtout les femmes, les Autochtones, les jeunes et les nouveaux arrivants, ne profitent pas des retombées du libre-échange.

Les travailleurs, les entreprises familiales, les jeunes entrepreneurs qui mettent au point un produit destiné à la vente en ligne, les pêcheurs et les agriculteurs, tous ont besoin de voir qu’ils ont un avenir dans le commerce et de voir le gouvernement travailler fort pour les protéger.

En tant que gouvernement, nous croyons que l’uniformisation des règles du jeu pour ces gens d’affaires leur permettra d’être concurrentiels et de réussir eux aussi.

Les plus petits entrepreneurs doivent pouvoir franchir cette première étape sur les marchés étrangers; nous souhaitons que tout le monde ait la certitude de pouvoir y arriver.

Voilà pourquoi nous devons nous assurer que les avantages des échanges commerciaux s’étendent à la classe moyenne, pas seulement aux personnes les plus riches. Voilà aussi pourquoi nous devons protéger et améliorer le système basé sur les règles que nous avons contribué à mettre en place et sur lequel nous avons fondé notre prospérité.

Nous pouvons améliorer les chances de succès en intégrant des éléments progressistes adéquats dans les accords commerciaux. Nous devons mettre les gens à l’avant-plan.

C’est pourquoi j’étais fier d’être le ministre du Commerce international qui a été le premier, parmi les pays du G20, à intégrer un chapitre sur le genre dans un accord commercial (dans notre accord avec le Chili). C’est également la raison pour laquelle nous avons affirmé clairement et sans équivoque que le commerce progressiste est la seule voie de l’avenir.

Nous ne pouvons éliminer des pans entiers de notre économie ou des groupes entiers de personnes, et nous ne le ferons pas. La puissance de notre économie provient justement de notre diversité.

Et n’oubliez pas : nous avons contribué à rédiger les règles qui gouvernent le commerce, et nous pouvons nous assurer qu’elles sont mises à jour et réécrites afin d’assurer notre prospérité future.

Permettez-moi maintenant de préciser ma pensée lorsque je dis que « c’est le bon moment pour nous d’entrer en scène », ainsi que les secteurs où nous devrions nous diversifier.

Nous entamons d’ailleurs ce périple à partir d’une remarquable position de force.

Maintenant que l’AECG [Accord économique et commercial global] est en vigueur – ce qui facilite nos échanges avec l’Union européenne – et que le processus de modernisation de l’ALENA est lancé, notre pays a aujourd’hui un accès préférentiel à 1,2 milliard de consommateurs parmi les marchés les plus lucratifs du monde.

Nos pêcheurs chargent des avions complets de homards destinés à l’exportation, notre bœuf et notre porc, notre canola et notre bois d’œuvre sont maintenant exportés en franchise de droits de douane et nos entreprises peuvent maintenant exercer leurs activités comme si elles étaient physiquement situées au cœur de l’Union européenne.

Avec l’Accord économique et commercial global, nous avons créé une nouvelle norme pour les accords commerciaux, qui servira de modèle à des relations commerciales redynamisées et renouvelées partout dans le monde.

Quelle est la prochaine étape?

Le centre de gravité de l’économie mondiale se déplace d’ouest en est.

Les marchés de la région de l’Asie-Pacifique émergent rapidement comme de nouvelles puissances économiques en matière de commerce et d’investissement.

La part du PIB [produit intérieur brut] mondial de l’Asie excède désormais la part de l’Union européenne et celle des États-Unis. L’Asie contribue à la croissance mondiale à hauteur de plus de 50 %.

L’Asie abrite plus de la moitié de la population mondiale, de plus en plus prospère et mobile, et le Canada est conscient des possibilités offertes en matière de commerce, d’éducation et de tourisme.

À l’heure actuelle, la région de l’Asie-Pacifique revêt une grande importance pour les entreprises du Canada.

Quatre des cinq principaux partenaires commerciaux du Canada, dont la Chine qui est le 2e, sont membres de l’APEC [Coopération économique Asie-Pacifique].

Pour assurer notre croissance à long terme et mettre en place une économie qui fonctionne pour la classe moyenne, il est essentiel d’accroître le commerce et l’investissement avec nos partenaires de la région.

En effet, il s’agit d’une zone où émerge une nouvelle classe moyenne, qui compte déjà des centaines de millions de personnes.

Cette croissance mène à une augmentation de la demande de produits, certes, mais aussi à une augmentation de la demande pour une meilleure qualité de vie.

Souvenez-vous des homards dont je vous ai parlé? Ils ont tous été vendus en huit minutes sur Alibaba. Des avions atterrissent ici avec des produits de qualité, et les pêcheurs et producteurs canadiens obtiennent le prix fort.

Pour tirer profit de cette occasion, nous remuons ciel et terre pour obtenir l’avantage du premier arrivé, à nos conditions, et pour uniformiser les règles du jeu pour les Canadiens.

C’est pourquoi je suis si fier d’avoir amorcé des pourparlers exploratoires en vue de conclure un éventuel accord de libre-échange avec l’ANASE [Association des nations de l’Asie du Sud-Est].

L’ANASE, c’est quelque 640 millions de personnes. Cela représente un marché presque deux fois plus important que celui des États-Unis.

Si l’on réunissait toutes les nations de l’ANASE, on obtiendrait alors un marché, qui par sa taille, serait le sixième partenaire commercial du Canada. Nous avons donc accru nos consultations avec les ambassadeurs dans chacun des pays de l’ANASE et nous avons un ambassadeur permanent auprès de l’ANASE.

En outre, le Canada travaille d’arrache-pied pour multiplier ses liens en matière de commerce et d’investissement dans tout le Pacifique. 

Après tout, nous sommes une nation du Pacifique.

Pour ce qui est du Japon, notre gouvernement a récemment fait des progrès réels vers un nouvel accord qui pourrait être plus lucratif et plus viable qui permettrait aux Canadiens d’avoir accès à ce marché.

On s’est entendu sur les éléments essentiels, notamment sur le fait que l’environnement et les droits des travailleurs formeront les piliers du nouveau Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP) et seront assujettis à des mécanismes de règlement des différends.

Nous avons aussi défini des démarches à suivre  en vue de nous attaquer à des dossiers qui demeurent problématiques pour les Canadiens. Nous allons redoubler d’efforts auprès des parties prenantes pour bien veiller sur leurs intérêts au cours du processus.

Le commerce devrait être une progression vers le sommet et non pas une course vers le bas.

Il faut maintenant avoir une vue d’ensemble de la situation, protéger tous nos atouts et anticiper les coups possibles de façon à réussir non seulement dans cinq ans, mais aussi dans 20 ans et dans 50 ans.

En Inde, nous devons multiplier les échanges commerciaux et augmenter les investissements pour qu’ils reflètent les nombreux liens historiques et culturels que nous avons avec le pays, ainsi que les liens que nos peuples entretiennent.

Aujourd’hui, le commerce bilatéral entre nos deux pays se chiffre à 8 milliards de dollars. Je pense que nous pouvons faire beaucoup mieux.

C’est pourquoi le ministre Bains, le ministre Garneau et moi-même avons effectué il y a deux semaines une des plus importantes missions commerciales de notre histoire, dans cinq villes en Inde.

Une délégation commerciale de plus de 150 membres a démontré qu’il fallait faire plus et a démontré les avantages que les deux parties pourraient tirer d’investissements accrus.

J’ai aussi souligné l’importance d’agir rapidement au sujet de l’Accord sur la promotion et la protection des investissements étrangers et de l’APEG, qui sont depuis longtemps dans l’impasse, car nous avons besoin de ces instruments pour assurer notre succès ainsi que pour nous attaquer franchement aux problèmes.

Je sais que la question des exportations de légumineuses a causé de vives préoccupations.

Nous avons eu un certain succès avec les prolongations à court terme et nous avons un bon plan pour le long terme, qui permettra de répondre aux besoins de l’Inde en matière de sécurité alimentaire.

J’ai rappelé à mes homologues à plusieurs reprises que cette approche n’aide pas leur réputation comme partenaire commercial. Les agriculteurs feront une rotation de cultures et passeront à autre chose.

Avec le ministre MacAulay, nous avons soulevé la question régulièrement et fréquemment.

Par ailleurs, nous avons tracé la voie à suivre pour bonifier notre statut de membre au sein de l’Alliance du Pacifique, qui regroupe la Colombie, le Mexique, le Pérou et le Chili.

Au nord, au sud, à l’est et à l’ouest, le Canada obtient de meilleures conditions commerciales, tout en réalisant progressivement ses objectifs importants en matière de genre, pour les travailleurs et pour l’environnement. Nous progressons réellement.

Certains d’entre vous auront entendu des spéculations récentes au sujet de la relation entre le Canada et la deuxième économie du monde, c’est‑à‑dire la Chine.

Nous continuons de peser prudemment le pour et le contre, mais j’aimerais vous donner une idée des discussions qui sont en cours.

Même si nous ne sommes pas d’accord sur tous les dossiers, les discussions avec ce membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU sur l’Arctique, la défense (Corée du Nord, mer de Chine méridionale), le développement en Afrique, la stabilité dans la région, la consolidation de la paix et les changements climatiques sont non seulement nécessaires, elles sont impératives.

Lorsque le Canada noue le dialogue avec les autres pays, lorsqu’il établit et renforce ses relations, nous pouvons tous en tirer profit pas seulement sur le plan financier, mais au chapitre du rehaussement des normes qui découle des échanges avec le Canada.

Le Canada a toujours fixé la barre haute et a toujours cherché à contribuer à la progression de l’humanité par son engagement.

Alors que nous envisageons les prochaines étapes – et je me joindrai au premier ministre pour le voyage en Chine cette fin de semaine -  nous devons voir le Canada pour ce qu’il est aujourd’hui : un pays du G7, un des principaux architectes des organismes multilatéraux du monde, un artisan de la paix très déterminé ainsi qu’un symbole de stabilité et de prévisibilité.

Nous ne sommes pas uniquement 35 millions de Canadiens, mais un marché situé entre l’est et l’ouest, qui bénéficie déjà d’un accès préférentiel – grâce à l’AECG et à l’ALENA – à 1,2 milliard de consommateurs dans les marchés les plus lucratifs du monde.

Notre défi est le suivant : quel est le meilleur moyen de faire en sorte que le Canada soit encore mieux placé à long terme.

D’un point de vue économique, soyons clairs sur ce qui est en jeu pour notre classe moyenne.

Aujourd’hui, les échanges commerciaux bilatéraux entre le Canada et la Chine totalisent plus de 90 milliards de dollars par année. Ce chiffre devrait doubler encore (et encore) d’ici 2025.

C’est donc un milliard de consommateurs dont la prospérité croît rapidement, ce qui génère une plus grande demande de produits de qualité.

Vu cet incroyable potentiel encore inexploité – des deux côtés – nous cherchons à déterminer si un cadre permettant de régler les problèmes et de prioriser la primauté du droit est mieux que l’approche ponctuelle favorisée par le gouvernement précédent.

Nous étudions la possibilité et la manière de fournir les moyens et les protections nécessaires afin que nos petites et moyennes entreprises puissent être concurrentielles et réussir – de façon à nous permettre d’uniformiser les règles du jeu.

Et nous faisons déjà affaire avec la Chine.

Par exemple, les canneberges des Maritimes connaissent un vif succès en Chine. Nous devrions rendre cela possible pour chaque producteur dans chacune des régions du pays!

Pour 9 provinces et territoires sur 13, la Chine figure actuellement parmi leurs cinq principaux marchés d’exportation. La Chine est maintenant le deuxième partenaire commercial de six de ces provinces et territoires.

La vision à court terme mise en place durant les années Harper coûte beaucoup trop cher : les relations sont importantes, surtout lorsqu’il s’agit d’accès pour les Canadiens qui travaillent fort pour réussir, de mesures de protection pour nos travailleurs ou de la défense et de la promotion de nos valeurs.

Nous avons entamé des pourparlers exploratoires concernant la participation continue des intervenants et nous avons appris de ceux qui nous ont précédés comme l’Australie.

Depuis le début, nous avons indiqué clairement à nos amis chinois – au fil de nos discussions exploratoires – que si nous allions de l’avant, cela prendra du temps.

Nous prendrons le temps nécessaire pour comprendre les besoins et les préoccupations des travailleurs et des familles du Canada.

En matière de commerce, les Canadiens s’attendent à ce que nous soyons résolus et fermes dans la promotion de nos valeurs à l’étranger, dans la préservation et la protection de notre sécurité nationale, tout en faisant croître notre économie pour la classe moyenne et ceux qui travaillent fort pour en faire partie.

Nous devons continuer de voir le portrait d’ensemble et planifier nos actions en conséquence.

À titre de ministre du Commerce international, je consacre beaucoup de mon attention à l’Asie.

Évidemment, il y a beaucoup de travail à faire et il faudra du temps pour bien faire les choses.

Il faudra du temps pour offrir une approche exhaustive au Pacifique – et voir le portrait d’ensemble!

Pour réussir, nous devons unir nos efforts dans notre quête d’un commerce progressiste.

C’est notre chance, saisissons-la! Soyons ambitieux! Faisons du commerce une réalité au service des gens!

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