Discours de la ministre Bibeau à l’occasion de l’événement parallèle sur la lutte contre les changements climatiques grâce au renforcement du pouvoir des femmes et des filles en milieu rural, lors de la 62e session de la Commission de la condition de la femme des Nations Unies

Discours

Le 12 mars 2018 – New York, États-Unis

Sous réserve de modifications. Ce discours a été traduit en conformité avec la Politique sur les langues officielles du gouvernement du Canada et révisé aux fins d’affichage et de distribution conformément à sa politique sur les communications.

Je vous remercie pour cette chaleureuse présentation.

Je suis très heureuse d’être ici aujourd’hui pour parler d’un sujet qui s’avère particulièrement important en vue de bâtir un avenir inspirant et positif pour tous : le renforcement du pouvoir des femmes et des filles en milieu rural en tant que moyen de lutter contre les changements climatiques.

Étant donné que 46 % de la population mondiale vit en milieu rural, il est évident que le combat contre la pauvreté extrême et la famine sera gagné ou perdu dans les régions rurales des pays en développement.

Les femmes à qui j’ai parlé dans plusieurs de mes voyages m’ont dit qu’elles sont déjà en première ligne de la lutte contre les changements climatiques.

Bon nombre d’entre elles sont vulnérables aux changements climatiques, car leurs moyens de subsistance dépendent largement de ressources naturelles sensibles aux variations climatiques.

Ces femmes sont souvent des agricultrices : 43 % des femmes qui vivent dans les pays en développement travaillent en agriculture. Et 79 % des femmes dans les pays les moins développés subviennent à leurs besoins grâce à l’agriculture.

Elles travaillent avec vigueur et dévouement pour soutenir leur famille et leur collectivité, et ce, souvent avec un salaire ou une reconnaissance médiocres. Une femme mariée sur trois n’a aucun contrôle sur les dépenses ou les achats importants de sa famille.

Et pourtant, les femmes accomplissent trois fois plus de travail non rémunéré que les hommes. Elles transportent l’eau et le bois combustible, cuisinent les repas et prennent soin des jeunes, des malades et des aînés, tout en essayant de gagner leur vie.

Nous sommes arrivés à un point décisif pour les femmes : elles parlent plus fort et se font entendre.

Le Canada est d’avis que le meilleur moyen d’éliminer la pauvreté est de créer des conditions qui permettront aux femmes et aux filles de réaliser leur plein potentiel.

C’est pourquoi le Canada a adopté l’an dernier sa Politique d’aide internationale féministe.

Le Canada est déterminé à faire entendre la voix des femmes et à promouvoir leur leadership à tous les niveaux. Par exemple, dans le cadre de l’initiative Voix et leadership des femmes, nous avons versé 150 millions de dollars afin d’appuyer, dans les pays en développement, les mouvements et les organisations de femmes de la société civile qui font la promotion des droits des femmes et des filles, renforçant ainsi leur pouvoir social, économique et politique.

En Haïti, j’ai récemment annoncé que le programme soutiendra 30 organisations locales et réseaux de défense des droits des femmes.

Ancrées dans leur collectivité, les organisations de femmes jouent un rôle clé dans la définition des besoins et des priorités, dans la remise en question du statu quo et dans la responsabilisation des gouvernements.

Nos partenaires doivent faire participer les femmes aux processus décisionnels et s’assurer que leurs projets répondent à leurs besoins particuliers.

La Politique d’aide internationale féministe du Canada reconnaît également que les femmes et les filles sont touchées de façon particulière par les effets néfastes des changements climatiques.

Nous soutenons donc le leadership des femmes et leur prise de décisions dans les efforts d’atténuation des changements climatiques et d’adaptation à ceux-ci. Nous renforçons leur résilience face aux chocs climatiques et nous les formons à pouvoir assurer une gestion durable des ressources naturelles.

Nous veillons aussi à ce que la planification, l’élaboration des politiques et les décisions financières du gouvernement en matière de changements climatiques tiennent compte des défis particuliers que doivent relever les femmes et les filles.

En outre, je crois que nous devons axer nos efforts sur les femmes en milieu rural, et ce, non pas simplement parce qu’elles se trouvent dans une position vulnérable, mais surtout parce qu’elles ont du pouvoir et qu’elles présentent un énorme potentiel de changement positif.

Les femmes qui vivent en milieu rural sont vraiment au premier plan de la sécurité alimentaire et de la lutte contre les changements climatiques.

Par conséquent, l’agriculture est un facteur clé de la résilience. Mais cela ne s’applique pas à toutes les formes d’agriculture : il faut des méthodes agricoles adaptées au climat et conçues pour les petits exploitants agricoles novateurs.

Les agriculteurs qui savent comment s’adapter aux conditions changeantes sont plus résilients aux chocs climatiques. En fait, l’adaptation est la clé de la réussite et de la prospérité de ces petites entreprises.

Jamais je ne pourrai oublier Ibodo, une femme que j’ai rencontrée au Burkina Faso. Sa petite exploitation agricole lui permettait de subvenir aux besoins de famille et de vendre des produits sur le marché.

Grâce à la formation supplémentaire offerte dans le cadre de divers programmes canadiens, Ibodo a pu augmenter ses profits. Sa fille a ainsi pu terminer ses études et se forger un avenir meilleur au lieu d’être obligée de se marier très jeune.

En fait, Ibodo a connu un tel succès qu’elle a pu installer un panneau solaire sur le toit de sa maison.

C’est un exemple impressionnant de quelqu’un qui a appris à s’adapter aux changements climatiques.

Comme en discuteront nos intervenants, nous savons que les petits États insulaires sont parmi les premiers touchés par les impacts des changements climatiques.

C’est pourquoi le Canada est intervenu rapidement à la suite des ouragans qui ont frappé les Caraïbes l’automne dernier. Nous nous sommes engagés à verser 100 millions de dollars sur cinq ans pour appuyer les efforts de reconstruction des États souverains des Caraïbes ainsi que pour les aider à s’adapter – et être ainsi plus résilients – aux changements climatiques.

J’ai été ravie d’apprendre qu’en République dominicaine, près de la moitié des personnes formées pour évaluer les dommages aux bâtiments étaient des femmes.

La participation des femmes des régions rurales est essentielle au respect des objectifs et des engagements pris dans l’Accord de Paris, car les femmes sont des innovatrices et des chefs de file dans la transition vers des solutions durables.

Pour les appuyer, nous devons faire respecter leurs droits et leur donner les ressources et les occasions pour ce faire.

Comme je l’ai mentionné, les femmes qui vivent en milieu rural n’ont pas le même accès ou le même contrôle que les hommes en ce qui concerne les terres et les ressources productives.

Les recherches montrent que si c’était le cas, la production alimentaire augmenterait de 30 %, soit suffisamment pour mettre 150 millions de personnes à l’abri de la faim.

Les investissements dans l’agriculture adaptée au climat et dans les entreprises locales dirigées par des femmes se traduisent par une croissance qui profite à tout le monde.

Cela dit, pour éliminer les inégalités entre les genres, les hommes et garçons devront nous aider à remplacer les lois et les normes culturelles discriminatoires de sorte que les femmes deviennent des partenaires à part entière.

Dans notre politique, nous reconnaissons que l’innovation est nécessaire à des changements concrets et durables. Et nous devons renforcer nos partenariats.

Nous examinons diverses possibilités pour accroître les effets de notre enveloppe de 150 millions de dollars destinée aux organisations locales de femmes, en faisant appel à des organisations philanthropiques.

À la suite de notre annonce en juin dernier, la Fondation Bill-et-Melinda-Gates s’est engagée à l’automne 2017 à verser 20 millions de dollars pour appuyer les organisations locales de femmes.

Le Canada sait comment parvenir à un consensus et rassembler les gens. Je dis souvent que l’aide financière pour le développement international n’est qu’une partie de notre travail. À nos yeux, il est fondamental de faire preuve de leadership.

Nous pouvons inciter d’autres pays à poursuivre leur participation aux institutions mondiales. Le Canada a toujours joué un rôle de conciliateur dans le monde, qu’il s’agisse du maintien de la paix, des droits de la personne ou des changements climatiques.

La grande priorité du Canada en matière de politique étrangère est la nécessité d’appuyer un ordre international fondé sur des règles, ainsi que toutes les institutions connexes, et de trouver des moyens de renforcer et d’améliorer ces institutions.

Nous avons assuré un solide leadership dans les négociations sur l’adoption d’un plan d’action pour la parité hommes-femmes lors de la COP 23 (23e Conférence des parties). Ce plan vise à favoriser l’intégration des considérations relatives aux genres dans les mesures de lutte contre les changements climatiques et à encourager la création de ressources liées au climat qui tiennent compte des besoins des femmes et des filles.

Nous continuerons à veiller à ce que les femmes soient présentes à la table des négociations internationales sur le climat.

Vous pouvez compter sur le Canada pour défendre les droits des femmes ainsi que la pleine participation des femmes et des filles afin de bâtir un monde plus pacifique, plus inclusif et plus prospère.

J’ai maintenant hâte d’entendre ce que les intervenants ont à dire.

Je vous remercie.

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