Allocution d’ouverture de l’honorable Chrystia Freeland, ministre des Affaires étrangères, à l’occasion de sa comparution devant le Comité permanent du commerce international

Discours

Le discours prononcé fait foi. Le présent discours a été traduit en conformité avec la politique sur les langues officielles du gouvernement du Canada, et il a été révisé en vue d’être affiché et distribué en conformité avec sa politique de communication.

Le 19 juin 2018, Ottawa

Merci, Monsieur le Président. J'aimerais commencer par souligner le fait que nous nous réunissons aujourd’hui sur le territoire traditionnel des Algonquins.

Je suis ici aujourd'hui pour parler des relations commerciales entre le Canada et les États-Unis, et j'aimerais profiter de l'occasion pour remercier les Canadiens et les leaders à la grandeur du pays pour la démarche unifiée que présente le Canada. C’est avec une grande humilité et reconnaissance que je souligne cet effort collectif, et je tiens à rendre un hommage particulier aux premiers ministres des provinces et des territoires du pays, aux dirigeants syndicaux, aux chefs d'entreprise et au Conseil de l'ALENA pour les efforts considérables qu'ils ont déployés jusqu'à maintenant. Je tiens également à remercier les députés de tous les partis, les maires, les représentants de la société civile et un si grand nombre de Canadiennes et Canadiens.

Les relations économiques entre le Canada et les États-Unis sont très importantes, et l'un des facteurs qui s’est avéré le plus décisif pour le Canada est l’unité dont il fait preuve. C'est absolument essentiel. C'est un message puissant pour tous les Canadiens ainsi que pour les Américains.

Merci, Monsieur le Président et mes collègues, de m’offrir cette occasion de m’adresser au comité aujourd’hui. Je ferai de mon mieux pour vous faire part du point de vue du gouvernement sur les droits de douane imposés par les États-Unis sur l’acier et l’aluminium provenant du Canada, et plus généralement, sur l’état des négociations de l’ALENA.

Laissez-moi commencer par les droits de douane.

Monsieur le Président, le Canada est le pays ami, allié et voisin le plus proche des États-Unis. Nous partageons la plus longue frontière non militarisée du monde. Nos soldats ont combattu et sont morts côte à côte pendant la Première Guerre mondiale, la Seconde Guerre mondiale, ainsi qu’en Corée, en Afghanistan et en Irak. Comme je l’ai dit à plus d’une reprise maintenant, l’idée que nous puissions constituer une menace à la sécurité nationale des États-Unis — le prétexte sous lequel nos voisins ont imposé ces droits de douane sur les exportations canadiennes d’acier et d’aluminium — est non seulement absurde; elle est insultante.

Ces droits de douane imposés en vertu de l’article 232, Monsieur le Président, sont illégaux aux termes des règles de l'OMC et de l'ALENA. En fait, nous avons intenté une action à l'OMC et une autre en vertu du chapitre 20 de l'ALENA. En tant que partisans de l'ordre international fondé sur des règles, y compris dans le domaine du commerce, il était très important pour nous de prendre ces mesures juridiques.

Le Canada n'a pas le choix que de riposter — en adoptant une intervention mesurée, parfaitement réciproque, dollar pour dollar — ce que nous continuerons de faire. Le 31 mai, le premier ministre et moi-même avons annoncé que le Canada a l'intention d'imposer des droits de douane sur les importations d'acier, d'aluminium et d'autres produits en provenance des États-Unis, ce qui représente la valeur totale des exportations canadiennes de 2017 touchées par les mesures américaines.

Monsieur le Président, cela représente une valeur totale de 16,6 milliards de dollars, soit la plus importante mesure commerciale prise par le Canada depuis la Seconde Guerre mondiale.

Depuis cette annonce, nous avons publié deux listes de marchandises : une liste qui sera assujettie à des droits de 25 %; une deuxième qui sera assujettie à des droits de 10 %. Ces contre-mesures ne s'appliqueront qu'aux marchandises en provenance des États-Unis. Elles prendront effet le 1er juillet 2018 et resteront en vigueur jusqu'à ce que les États-Unis éliminent leurs mesures officielles de restriction du commerce contre le Canada. Les consultations sur ces listes se sont conclues le 15 juin.

Il convient de noter, Monsieur le Président, afin d'éviter que les coûts ne se répercutent sur les familles et les consommateurs canadiens, que nous avons délibérément fait en sorte que les produits énumérés puissent être facilement obtenus auprès d'entreprises canadiennes ou de partenaires commerciaux non américains.

J'aimerais profiter de l'occasion pour remercier les Canadiens pour leur contribution. Veuillez continuer d’envoyer vos commentaires au ministère des Finances.

Au fur et à mesure que nous établissons ces mesures, nous agissons en étroite collaboration avec nos partenaires aux vues similaires de l'Union européenne et le Mexique. Eux aussi sont des alliés des États-Unis.

Monsieur le Président, personne ne sortira gagnant de cette attitude du « chacun pour soi ». Les consommateurs américains et les entreprises américaines en paieront aussi le prix. Le Canada va se porter à la défense de l'ordre international fondé sur des règles.

Nous ne chercherons pas à aggraver la situation, mais nous ne cèderons pas.

À en juger par les commentaires que j'ai reçus au cours des dernières semaines, d'innombrables Canadiens de toutes les allégeances politiques sont d'accord. Bon nombre d'entre eux appuient notre décision de défendre les travailleurs et les consommateurs canadiens. Je tiens à remercier tous les députés de la Chambre des communes, en particulier Tracey Ramsey, pour la motion de consentement unanime que nous avons adoptée. Ceci témoigne de l'unité canadienne sur cette question. J'aimerais également remercier nos dirigeants provinciaux et territoriaux, y compris le premier ministre désigné Doug Ford, le premier ministre Scott Moe, le premier ministre John Horgan, ainsi que le Congrès du travail du Canada et tant d'autres, pour leur appui.

Une chose que je tiens à souligner, Monsieur le Président, c'est que ces mesures commerciales injustifiées des États-Unis n'ont aucune incidence sur les négociations en cours entre le Canada, les États-Unis et le Mexique en vue de moderniser l'Accord de libre-échange nord-américain.

En ce qui concerne le Canada, il s'agit de questions tout à fait distinctes. C'est également le cas en vertu du droit américain, étant donné que l’article 232 concerne la sécurité nationale.

Nous savons que l'ALENA est bénéfique à nos trois pays. Lorsqu'il s'agit du commerce entre le Canada et les États-Unis, nos relations sont équilibrées et mutuellement avantageuses. En fait, en ce qui concerne les échanges de marchandises et de services dans leur ensemble, les États-Unis affichent un léger excédent commercial avec le Canada.

Les États-Unis enregistrent également un excédent en ce qui concerne le commerce des produits manufacturés, le commerce des produits agricoles et le commerce de l'acier.

Et, comme nous le savons tous, le Canada est le plus important marché des États-Unis — plus grand que la Chine, le Japon et le Royaume-Uni réunis.

Une entente modernisée bénéfique pour tous qui profite aux trois partenaires de l'ALENA est possible, Monsieur le Président, et nous travaillons d'arrache-pied et patiemment pour atteindre ce résultat.

J'ai fait valoir ce point jeudi lorsque j'ai rencontré le représentant au Commerce des États-Unis, Robert Lighthizer, à Washington, et à une autre reprise lors d'une conversation avec lui lundi. J'ai également eu une conversation constructive samedi avec le secrétaire d’État, Mike Pompeo, lorsque nous avons discuté de l'ALENA. Je demeure convaincue qu'il y a de la bonne volonté de toute part et un désir d'aller de l'avant.

Les trois pays sont d’avis que nous pouvons continuer à travailler ensemble et que nous allons travailler fort pendant l'été.

Je vous remercie infiniment. Maintenant, je serai heureuse de répondre à vos questions.

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