Discours de la ministre des Affaires étrangères lors de la réception du prix Eric M. Warburg d’Atlantik-Brücke

Discours

Le 8 décembre 2018 – Berlin (Allemagne)

Le discours prononcé fait foi. Ce discours a été traduit en conformité avec la Politique sur les langues officielles du gouvernement du Canada et révisé aux fins d’affichage et de distribution conformément à sa politique sur les communications.

Mes chers amis, je suis honorée d’être parmi vous ce soir, et de recevoir ce prix qui témoigne non seulement de l’importance de la relation transatlantique, mais aussi des liens étroits qui existent entre le Canada et l’Allemagne. Je suis très reconnaissante à Atlantik-Brücke.

Je suis très honorée d’être parmi vous ce soir. Dans notre monde troublé, je ne saurais trouver un meilleur modèle qu’Eric Warburg, dont l’engagement à l’égard des idéaux démocratiques, de la primauté du droit et des droits de la personne sont une source d’inspiration pour nous tous. Je tiens également à remercier chaleureusement Friedrich Merz d’être ici ce soir et de m’avoir présentée si aimablement. Je tiens par-dessus tout à le remercier pour son dévouement réel et soutenu à l’égard de la mission et du travail d’Atlantik-Brücke. Merci aussi à mon ami et partenaire Heiko. C’était un discours remarquable, et c’est un véritable plaisir de travailler en si étroite collaboration avec toi.

Nous sommes tous ici ce soir parce que nous reconnaissons l’importance de la relation transatlantique. Comme je représente un de vos deux partenaires d’outre-Atlantique, le partenaire légèrement plus petit que l’autre, pour être exact, permettez-moi de souligner le rôle énorme qu’ont joué les États-Unis dans la création et la gouvernance de notre alliance transatlantique. Nous devons tous beaucoup à nos amis américains, et au nom du Canada, permettez-moi de dire, ce soir, à quel point nous sommes reconnaissants envers nos voisins du Sud.

En qualité de négociatrice principale du Canada dans le cadre des négociations de l’ALENA qui ont pris fin récemment, négociations qui ont connu un dénouement heureux, d’ailleurs, je suis bien consciente que les États‑Unis tentent de rajuster leurs alliances les plus anciennes et les plus fortes. Toutefois, après avoir participé à des réunions de l’OTAN et de l’OSCE cette semaine, je suis certaine que le partenariat transatlantique est plus essentiel et plus universellement apprécié de tous ses membres qu’à peut-être tout autre moment.

Mais l’heure est venue pour les adeptes enthousiastes du transatlantisme et du multilatéralisme, comme le Canada et l’Allemagne, de se faire à l’idée qu’au XXIe siècle, les pays comme les nôtres doivent affirmer leur rôle de chefs de file et doivent trouver ensemble des moyens créatifs et efficaces de le faire.

J’aimerais commencer sur une note personnelle. À la fin des années 1980 et dans les années 1990, j’ai étudié et travaillé comme journaliste dans ce qui était à l’époque l’URSS, qui est devenue, pendant que j’y vivais, l’Ukraine indépendante et la Russie.

L’expérience que j’ai vécue en observant de l’intérieur l’effondrement de ce vaste régime autoritaire apparemment puissant a profondément façonné ma manière de penser.

Ce fut un moment euphorique, un moment où il était tentant d’imaginer la démocratie libérale comme étant à la fois incontournable et invulnérable.

Vous avez entendu la phrase merveilleuse de Martin Luther King Jr., disant que « l’arc de l’univers moral est long, mais il tend vers la justice. » C’était une époque où les mots de M. King semblaient tout à fait vrais.

Permettez-moi de souligner ici à quel point l’alliance transatlantique était au cœur et au début de cette ère optimiste.

La suite de l’histoire peut être associée à la vie de deux hommes hors du commun : Eric Warburg ainsi que le regretté et remarquable George H.W. Bush, qui s’est vu décerner ce prix en 2002. Leur expérience en tant que jeunes hommes avant et pendant la Seconde Guerre mondiale les a amenés tous deux à consacrer leur vie à faire en sorte qu’une telle chose ne se reproduise plus jamais.

Ces deux hommes avaient compris que l’établissement d’un partenariat transatlantique et, à terme, l’unification de l’Europe et de l’Allemagne étaient au cœur de ce projet.

Au moment de sa création, ce partenariat transatlantique a été conçu pour n’être qu’une composante de base, qui allait tout de même devenir la pierre angulaire d’un ordre multilatéral fondé sur des règles et ayant une portée beaucoup plus large.

Surtout, le système était conçu pour que d’autres nations puissent y adhérer. Et c’est ce qui s’est produit.

L’Allemagne a été réunifiée, et plusieurs pays de l’ancien Pacte de Varsovie ainsi que les pays de l’ancienne Union soviétique ont été accueillis dans l’UE et l’OTAN.

En Asie, en Afrique, en Amérique latine et dans les Caraïbes, les pays en développement se sont joints à ces institutions et en ont accepté les règles, ce qui a procuré à leur population des niveaux de vie toujours plus élevés.

Toutefois, bien que cette évolution ait été et demeure positive dans son ensemble, ayant permis des gains sociaux extraordinaires, notamment en ce qui concerne la réduction de l’extrême pauvreté, le prolongement de la durée de vie et la diminution de la mortalité infantile, l’une des hypothèses formulées pour expliquer cette évolution mondiale s’est révélée fausse.

C’était l’idée que les pays autoritaires qui se joignaient à l’économie mondiale et s’enrichissaient finiraient inévitablement par adopter les libertés politiques occidentales. Cela n’a pas toujours été le cas. En fait, ces dernières années, même certaines démocraties ont pris la tangente contraire et ont glissé vers l’autoritarisme — notamment et tragiquement, le Venezuela. Et certains pays, ici en Europe, qui avaient entrepris le difficile passage du communisme au capitalisme démocratique ont reculé. L’exemple le plus menaçant est celui de la Russie, mais il n’est pas le seul.

Même la Chine, qui a accompli l’une des grandes réalisations des derniers temps par son succès économique, grâce auquel des centaines de millions de personnes sont sorties de la pauvreté, est une rebuffade à l’égard de nos croyances quant au caractère inéluctable de la démocratie libérale.

Même au sein du club des riches démocraties occidentales, nous assistons localement à une montée des mouvements antidémocratiques qui cherchent à saper de l’intérieur nos sociétés ouvertes.

Aujourd’hui, l’idée que la démocratie pourrait vaciller, voire être renversée, là où elle était auparavant florissante, peut sembler farfelue.

Mais d’autres grandes civilisations se sont élevées, puis sont tombées. Il serait prétentieux de croire à tout prix qu’il en sera autrement pour nous.

Comme le dit Robert Kagan dans son nouveau livre — dont j’ai pris connaissance grâce à Heiko — l’ordre libéral étant comme un jardin, c’est-à-dire artificiel et perpétuellement menacé par les forces de la nature, il faut sans cesse et à jamais lutter contre les plantes grimpantes et les mauvaises herbes qui cherchent constamment à le détruire de l’intérieur et à l’envahir de l’extérieur. Aujourd’hui, nous voyons partout des signes indiquant que la jungle reprend le dessus.

Alors, comme les socialistes russes du XIXe siècle l’ont déjà demandé : « Que faire? »

Voici ce que je réponds : Il est temps pour la démocratie libérale de riposter.

Nous devons, à l’instar de Yeats, nous réclamer de « l’ardeur des passions » dans notre lutte pour la démocratie libérale et pour ce qui la soutient, un ordre multilatéral fondé sur des règles.

Et le commerce est le domaine le plus important où il faut commencer cette lutte.

Ce n’est pas par hasard que l’une des premières étapes de la création de l’ordre libéral après la Seconde Guerre mondiale a été la fondation de la Communauté européenne du charbon et de l’acier. Il s’agissait de la première étape vers l’Union européenne. Elle a aussi grandement réduit la menace de guerre entre la France et l’Allemagne de l’Ouest.

Le commerce fondé sur des règles ne garantit aucunement la paix entre les nations, mais il y contribue certainement.

Et c’est pourquoi notre lutte commune pour un commerce libre et équitable est une part essentielle de la lutte contre la résurgence de l’autoritarisme.

Nous avons pris un bon départ!

En cette époque de protectionnisme croissant dans le monde entier, le fait que nous ayons réussi ensemble à mener à bien les négociations relatives à l’AECG [Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne] est un triomphe.

J’aimerais plus précisément souligner le rôle particulier de l’Allemagne dans la conclusion de cet accord, le rôle du gouvernement de l’Allemagne et des législateurs allemands, ainsi que de l’industrie, et surtout le rôle décisif des syndicats de l’Allemagne.

L’AECG fonctionne, et ce, des deux côtés de l’océan Atlantique.

Au port de Montréal seulement, nous avons constaté année après année une augmentation de 20 % des marchandises traversant l’Atlantique.

De plus, depuis l’entrée en vigueur de l’AECG, les exportations de véhicules et de pièces automobiles provenant d’Allemagne ont augmenté de 168,1 %.

Ces exemples sont les meilleurs arguments que nous puissions présenter à nos populations pour leur montrer combien le libre-échange est une bonne chose.

Ils renforcent la nécessité de miser sur les réussites de l’AECG pour lutter ensemble en faveur du libre‑échange fondé sur des règles. Et c’est ce que nous faisons.

Nous sommes des alliés dans le combat pour soutenir, réformer et renouveler l’OMC et son mécanisme de règlement des différends, une question sur laquelle nous avons travaillé ensemble lors d’une réunion des ministres du Commerce que le Canada a accueillie en septembre dernier.

Nous sommes des alliés, à l’OMC et ailleurs, dans notre contestation des 232 tarifs illégaux et injustes sur l’acier et l’aluminium.

Nous devons en faire plus!

Il peut être difficile à l’heure actuelle d’imaginer que les partisans du libre‑échange fassent de nouvelles percées.

Toutefois, ne sous‑estimons pas notre puissance collective. Après tout, l’UE, le Japon et le Canada représentent ensemble presque 30 % du PIB mondial, plus que n’importe quel pays seul.

En fait, maintenant que sont conclus l’AECG, l’accord commercial UE‑Japon et le PTPGP, il est peut-être temps d’envisager les manières de rapprocher tous les pays aux vues semblables et favorables au commerce. Pourquoi pas une zone commerciale UE‑PTPGP?

La deuxième bataille que nous devons mener ensemble est celle qui consiste à défendre et à renouveler le multilatéralisme fondé sur des règles lorsqu’il est question de droits de la personne, de droit international, de multilatéralisme et de la survie même de notre planète.

Ni les Canadiens ni les Allemands ne veulent vivre dans un monde où le pouvoir a raison, où le vol, le meurtre et l’invasion sont non seulement tolérés, mais deviennent, en pratique, les outils les plus efficaces de l’art politique. Nous ne voulons pas vivre dans un monde où deux ou trois grandes puissances se partagent le butin, ne laissant aux autres qu’à choisir leur camp et se contenter des restes.

Mais soyons francs.

Nous sentons tous l’invasion de la jungle dans notre jardin démocratique libéral.

L’affaiblissement de l’ordre fondé sur des règles a permis que les Rohingyas deviennent la cible d’un génocide au Myanmar et que les habitants du Venezuela soient victimes de crimes contre l’humanité.

Cet affaiblissement a dévasté la Syrie, où le régime d’Assad a bombardé ses propres citoyens avec des armes chimiques interdites.

La souffrance en Syrie est loin d’être terminée, et nous devons tous en Occident assumer la responsabilité morale de notre inaction collective.

Cependant, au lieu de maudire l’obscurité, nous pouvons choisir d’allumer une bougie.

Et c’est précisément ce que nous avons fait dans le cadre des efforts entrepris par l’Allemagne, le Canada et le Royaume-Uni en vue de sauver certains des Casques blancs, ces braves Syriens qui se sont unis pour porter secours à leurs concitoyens et documenter les crimes de guerre.

Ensemble, nous — Heiko, Jeremy Hunt et moi — avons dirigé cette importante initiative. De plus, les États‑Unis ont joué, avec enthousiasme et efficacité, un rôle de soutien essentiel sans lequel cette réussite humanitaire n’aurait pas été possible. Cela illustre bien comment nous devons collaborer et faire preuve d’initiative dans cette nouvelle ère du partenariat transatlantique.

J'ai rencontré des Casques blancs il y a quelques semaines. Un homme de 39 ans a déclaré à quel point il avait hâte de voter pour la première fois de sa vie. D’autres ont exprimé le désir de créer une version canadienne des Casques blancs, ou de devenir ambulanciers ou pompiers, c’est-à-dire être, dans leur nouveau milieu de vie, la bougie qui illumine le chemin des autres.

Ces personnes sont traumatisées. Mais elles sont aussi posées et dignes. Et nous sommes fiers de les accueillir.

Le combat pour la démocratie libérale et l’ordre multilatéral fondé sur des règles qui la soutient exige aussi de défendre les droits de la personne, ce qui comprend bien sûr les droits des femmes. Même quand on nous dit de nous mêler de nos affaires ou que ces questions délicates devraient être discutées seulement derrière des portes closes. Et même quand parler entraîne des conséquences.

Cela implique de défendre la liberté d’expression et la liberté de la presse, comme nous l’avons fait avec plusieurs alliés ces dernières semaines en dénonçant le meurtre abject du journaliste Jamal Khashoggi.

En vertu de la loi Magnitski du Canada, nous avons récemment imposé des sanctions ciblées à 17 personnes qui, selon notre gouvernement, sont responsables ou complices du meurtre de M. Khashoggi.

Tant qu’on n’aura pas mené une enquête transparente et crédible, ce dossier n’est pas clos pour le Canada.

Parce que les faits comptent. La vérité compte. La justice compte.

La défense de l’ordre multilatéral fondé sur des règles suppose aussi la défense de l’inviolabilité des frontières. C’est la dure leçon que l’Europe a apprise en subissant deux guerres mondiales sanglantes. Et c’est pourquoi vous avez été si fermes dans la défense de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.

Les actions récentes de la Russie près de la mer d’Azov et dans le détroit de Kerch sont une violation très dangereuse de l’ordre international fondé sur des règles.

À la réunion annuelle de l’OSCE à Milan cette semaine, Heiko a proposé d’élargir la Mission de surveillance spéciale de l’OSCE en Ukraine pour l’étendre aux régions de la mer Noire et de la mer d’Azov. Il s’agit d’une excellente proposition, et le Canada l’appuie fermement.

Au centre de l’ordre d’après-guerre multilatéral fondé sur des règles se trouvent les Nations unies, où le Canada travaille en étroite collaboration avec l’Allemagne.

En septembre dernier, j’ai eu le plaisir de participer avec Heiko à une activité organisée par l’Allemagne sur les femmes, la paix et la sécurité. Notre gouvernement a été heureux de rétablir le rôle historique du Canada à titre de champion du maintien de la paix, y compris notre service actuel au Mali.

Et nous sommes impatients de travailler avec l'Allemagne dans les mois à venir sur les questions de non-prolifération, tel que mentionné par Heiko ce soir.

L’engagement qui nous pousse à protéger l’ordre multilatéral fondé sur des règles doit aussi nous inciter à l’action en ce qui concerne le plus grand défi de notre temps : les changements climatiques.

Seuls, ni le Canada ni l’Allemagne ne peuvent en faire assez.

Mais nous pouvons sauver le monde en agissant de concert.

Je tiens à prendre un moment pour rendre hommage à un homme que beaucoup d’entre vous connaissent. Il s’agit de Stéphane Dion, ambassadeur du Canada en Allemagne et envoyé spécial auprès de l’Union européenne et de l’Europe. L’ambassadeur Dion est une figure emblématique de la politique canadienne. Il a été un pionnier de nos efforts de lutte contre les changements climatiques. Merci Stéphane.

Maintenant, je voudrais conclure sur une note personnelle, avec l’analogie du jardin de Kagan.

Je suis la fille d’un fermier.

Pas d’un fermier quelconque. Je suis la fille d’un fermier du nord de l’Alberta, le dernier coin du continent nord-américain où la forêt a été remplacée par des champs.

Ma famille vivait sur un lot de colonisation, ce qui signifie qu’elle avait reçu une terre du gouvernement et devait en contrepartie la défricher pour en faire une terre cultivée. Je me souviens très bien d’être montée sur le tracteur de mon père dans mon enfance, pendant qu’il défrichait lentement la terre avec une charrue défonceuse très lourde et très étroite, fabriquée expressément à cette fin au Canada.

Il n’y a plus de terre à défricher au Canada, même pas dans le nord de l’Alberta, où mon père est toujours fermier. Mais nous devons travailler assidûment pour préserver le jardin de nos démocraties nationales.

Nous tous, les démocraties libérales engagées du monde, avons comme première obligation de nous assurer que nos jardins démocratiques intérieurs sont florissants.

Nous assistons en ce moment à une résurgence des nationalismes d’extrême droite qui sèment la division et gagnent en popularité en attisant la haine de « l’autre ». Nous savons tous où cette haine peut mener. Nous devons lutter de toutes nos forces contre cette résurgence.

Nous devons aussi accepter nos erreurs passées et nous en excuser. À cet égard, l’Allemagne est un exemple pour nous.

Chaque pays a ses propres malheurs historiques. Le Canada doit également affronter les démons de son histoire, surtout quand il s’agit, entre autres, des peuples autochtones du Canada. Comme vous l’avez démontré, admettre ses torts passés n’est pas une faiblesse, mais une force.

Nous devons défendre notre presse indépendante comme une institution centrale de la démocratie, même quand elle nous critique, et peut-être surtout quand elle le fait. Nous, les politiciens, devons respecter nos juges et leur indépendance, même quand ils se prononcent contre nous, et peut-être surtout quand ils le font.

Nous devons lutter pour la société ouverte, contre la société fermée. Nous devons lutter pour la complexité de la vérité démocratique, contre la simplicité séduisante de la rhétorique autoritaire. Il faut bâtir des ponts et faire tomber les murs.

Alors, et alors seulement, nous aurons empêché la jungle de repousser.

Si j’étais encore journaliste, je serais peut-être tentée d’écrire un article sarcastique à mon sujet ce soir, pour souligner qu’il n’y a rien de bien courageux à appuyer avec enthousiasme l’alliance transatlantique et la démocratie libérale dans une salle remplie d’invités d’Atlantik-Brücke, tous en smoking ou en robe de soirée.

Après tout, les prêcheurs de haine, les colériques populistes de l’extrême droite et de l’extrême gauche, c’est contre des groupes comme les nôtres qu’ils se démènent. Ils aiment soutenir que les ordres internationaux fondés sur des règles ainsi que les institutions multilatérales, comme l’ONU, l’OMC et UE, et même la démocratie libérale en soi sont des complots élitistes visant à aider une petite minorité tout en marginalisant le reste du monde.

Rien ne pourrait être plus faux. Lorsque la jungle reprend le dessus, ce sont les plus faibles qui sont les premiers à en souffrir.

Mais il est aussi vrai que dans nos pays, au cours des dernières décennies, le capitalisme démocratique a été plus avantageux pour le 1 % le plus riche que pour les 99 % restants. Par conséquent, alors que nous cultivons nos propres jardins au XXIe siècle, nous devons nous assurer que les fruits de ces jardins sont récoltés par la majorité, et non le contraire.

Pour ce faire, nous devons tenir compte des préoccupations légitimes de nos populations tout en faisant valoir le bien-fondé de la démocratie libérale.

Je ne sais pas comment convaincre les citoyens de l’Allemagne, mais voici ce que je dis aux Canadiens : je sais que les Canadiens appuient l’immigration et la diversité. Après tout, plus de la moitié des habitants de Toronto, la ville que je représente au Parlement, sont nés à l’extérieur du Canada.

Nous savons que l’immigration est une force économique et que le multiculturalisme est une valeur canadienne fondamentale. Toutefois, les Canadiens veulent également que notre système d’immigration soit juste et que nous contrôlions nos frontières. C’est notre travail, comme politiciens, de nous en assurer.

Les Canadiens savent que les changements climatiques existent réellement et que nous avons la responsabilité d’agir à cet égard. Cependant, les Canadiens veulent également conserver leur emploi et être en mesure de reconduire leurs enfants à leur pratique de hockey. C’est notre travail, comme politiciens, de nous en assurer.

Les Canadiens sont ouverts au libre-échange et à l’innovation technologique, mais ils veulent s’assurer que la richesse découlant de ces forces économiques soit partagée et qu’elle ne les laisse pas sans emploi pendant que leurs patrons s’enrichissent. C’est notre travail, comme politiciens, de nous en assurer, également.

Il est également de notre devoir, comme politiciens, de confronter ceux qui mentent au sujet de notre système d’immigration, de la science des changements climatiques ou de l’économie du commerce, dans le but de semer la peur et le doute à des fins politiques. Nous ne pouvons rester muets devant le mensonge, peu importe d’où il vient, dans les assemblées législatives, à la télévision ou sur les médias sociaux. Nous devons nous y opposer.

Si nous parvenons à le faire, nous gagnerons la lutte pour la démocratie libérale dans nos pays. Notre jardin transatlantique s’épanouira et notre Atlantik‑Brücke sera solide.

Merci.

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