Discours de la ministre Monsef à la réunion de Journalistes pour les droits humains lors de la Journée mondiale de la liberté de la presse

Discours

Le 3 mai 2019 – Toronto (Ontario)

Seul le texte prononcé fait foi. Ce discours a été traduit en conformité avec la Politique sur les langues officielles du gouvernement du Canada et révisé aux fins d’affichage et de distribution conformément à sa politique sur les communications.

Merci, Michael.

J’aimerais commencer par souligner que nous sommes réunis sur le territoire traditionnel des Wendats, des Anishnaabeg, des Haudenosaunee, des Métis et de la Première Nation des Mississaugas de New Credit.

Une presse libre et indépendante est importante parce que la vérité est importante. La Journée mondiale de la liberté de la presse vise à célébrer l’importance primordiale de la liberté de la presse pour la dignité humaine. C’est aussi l’occasion d’évaluer l’état de la liberté de la presse dans le monde et de rendre hommage aux journalistes qui ont perdu la vie en essayant de divulguer des nouvelles que nous avons tous besoin de connaître.

Notre gouvernement défendra toujours les droits de la personne, au pays et à l’étranger. Et nous soutenons le mandat de Journalistes pour les droits humains : protéger la liberté, promouvoir l’égalité et renforcer les capacités d’une presse indépendante partout le monde.

Selon l’Organisation internationale des journalistes, 94 journalistes ont été tués dans l’exercice de leur profession entre le 1er janvier et le 14 décembre 2018. Il s’agit d’une hausse de 82 décès par rapport à 2017. 

L’intimidation et l’incarcération de journalistes sont également en hausse. 

Le monde doit protéger les journalistes. 

Pour Jàn Kuciak, 27 ans, tué en Slovaquie en février. 

Pour ceux qui ont été tués en Afghanistan, toujours l’endroit le plus dangereux au monde pour les journalistes.

Pour les cinq journalistes tués dans la salle de rédaction de la Capital Gazette à Annapolis, au Maryland.

Pour Jamal Khashoggi, tué à Istanbul en octobre dernier.

Et pour Lyra McKee, tuée il y a à peine quelques jours en Irlande du Nord.

Récemment, la ministre Freeland et son homologue du Royaume-Uni ont lancé une initiative conjointe intitulée Defend Media Freedom [ou Défendre la liberté des médias], visant à faire la lumière sur les atteintes à la liberté des médias et à s’attaquer à la flambée de violence contre les journalistes. Les 10 et 11 juillet 2019, le Canada et le Royaume-Uni accueilleront la Conférence sur la liberté des médias afin de promouvoir les objectifs de cette campagne conjointe.

Quand les journalistes et les professionnels des médias sont attaqués, le respect des droits de la personne devient plus difficile. 

Par contre, quand les journalistes ont les outils et la liberté dont ils ont besoin pour faire leur travail, leurs nouvelles peuvent faire toute la différence.

Prenez l’exemple de Sally Armstrong : de nombreux Canadiens ont pris conscience pour la première fois de la crise des droits de la personne vécue par les femmes et les filles afghanes grâce au journalisme de Sally Armstrong, en particulier à l’article révolutionnaire qu’elle a fait paraître en 1997 dans le magazine Homemakers. En se rendant en Afghanistan, alors sous le contrôle des talibans, Sally a fait la lumière sur les violations des droits de la personne qui s’y produisaient et en a informé les Canadiens. Cette information est tirée du site Web de Canadian women for women in Afghanistan, un organisme de bienfaisance sans but lucratif qui compte plus d’une douzaine de sections au Canada, dont une à Peterborough, et qui a pour objectif d’offrir une éducation aux femmes et aux filles de l’Afghanistan. Sa fondatrice a lu l’article et, comme beaucoup de Canadiens, a pensé qu’elle devait faire quelque chose. Aujourd’hui, les femmes afghanes racontent leur propre histoire. À la radio, sur papier et en ligne. Elles ont même leur propre chaîne de télévision! La première et seule chaîne de télévision afghane exclusivement diffusée par et pour les femmes, ZanTV.

Soulignons également Betty Ann Adam, une journaliste autochtone dont les recherches pour le compte du StarPhoenix ont permis de lancer une enquête publique sur le décès de Neil Stonechild, 17 ans, qui est mort de froid un soir de 1990, alors qu’il était en garde à vue. À la suite de l’enquête, le chef de police a été congédié. Une femme des Premières Nations a ensuite été nommée à la tête de la commission de police de Saskatoon.

Pensons aussi à Robyn Doolittle, dont l’enquête de 20 mois a révélé qu’un cas d’agression sexuelle sur cinq au Canada est considéré par la police comme « non fondé », ce qui signifie que la police ne croit pas que le crime a été commis. L’enquête de Robyn Doolittle a entraîné de profonds changements dans les services de police partout au Canada, y compris au sein de la Gendarmerie royale du Canada et de la police militaire canadienne. 

Les retombées de leur travail, de leurs mots, continuent de se faire sentir. 

C’est pourquoi le travail de Journalistes pour les droits humains est si crucial : l’organisme encadre des journalistes, y compris des femmes, et les forme afin qu’ils couvrent les questions des droits de la personne de manière éthique et objective dans des environnements difficiles. Il perfectionne leurs compétences afin qu’ils puissent raconter l’histoire de ceux qui n’ont jamais eu la parole, façonner le discours public et multiplier les changements positifs. 

Récemment, une couverture médiatique parrainée par Journalistes pour les droits humains a contribué au démantèlement d’une milice responsable de viols collectifs à Kisumu, près de Bukavu, dans l’est de la République démocratique du Congo. 

Des médias parrainés par Journalistes pour les droits humains ont mis en lumière les morts inutiles survenues dans le camp Rukban, alors assiégé, à la frontière entre la Syrie, la Jordanie et l’Irak. Quelques jours après la diffusion des reportages, le gouvernement de Bachar al-Assad a autorisé l’ouverture d’un corridor humanitaire vers le camp.

Aujourd’hui, j’aimerais annoncer que le gouvernement du Canada investit 11,7 millions de dollars sur quatre ans afin que Journalistes pour les droits humains puisse aider les médias à défendre et à protéger les droits de la personne en République démocratique du Congo, au Kenya, en Jordanie et au sein de la diaspora syrienne au Moyen-Orient. 

Le projet permettra d’assurer une plus grande représentation des femmes dans les médias, en tant que journalistes, gestionnaires et sources d’information. 

Le projet se concentrera sur les droits des femmes et des filles, parce que lorsque les femmes réussissent, leurs familles réussissent aussi. Les pays sont plus stables et les économies sont plus fortes. Pour y parvenir, les voix des femmes et des filles doivent être amplifiées. Leurs histoires doivent être racontées. Elles doivent écrire leurs propres histoires. Et ces histoires doivent être entendues. Lorsqu’elles le sont, nous profitons de points de vue divers et nous nous approchons plus de la vérité dans son ensemble.

Ce projet fera une différence :

  • en République démocratique du Congo, où 75 % du contenu des médias est créé par des hommes ou se concentre sur leurs expériences ; 
  • au Kenya, où seulement 10 % des articles mentionnent les droits de la personne ou l’égalité ;
  • en Jordanie, où il y a cinq fois plus d’hommes que de femmes dans les salles de rédaction.

J’aimerais profiter de l’occasion pour remercier ceux qui ont risqué leur vie pour faire triompher la vérité.

Ces étudiants qui réfléchissent à une carrière en journalisme. Les familles dont la vie ne sera plus jamais la même parce que leurs proches ne reviendront pas de leur affectation.

Journalistes pour les droits humains.

Les formateurs déjà déployés.

Ceux qui prévoient partir, vous nous représenterez bien.

Vous serez enrichis par vos expériences. Nous nous réjouissons de vous accueillir à votre retour au pays.

Quand les gens sont informés ou indignés, tenus de rendre des comptes ou inspirés, des changements se produisent. 

Vos nouvelles sont importantes.

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