Allocution de la ministre Gould au Conseil international du Canada

Discours

La conférence inaugurale : La politique étrangère selon le peuple canadien

 

Le 9 novembre 2020 – Ottawa (Ontario) (virtuel)

Sous réserve de modifications. Ce discours a été traduit en conformité avec la Politique sur les langues officielles du gouvernement du Canada et révisé aux fins d’affichage et de distribution conformément à sa politique sur les communications.

Il y a près d’un an, je devenais ministre du Développement international, et si cette année ne m’a enseigné qu’une seule chose, c’est le besoin d’insister sur le fait que les liens qui unissent notre monde sont intimement liés les uns aux autres, qu’il s’agisse de la sécurité, de la santé mondiale, des inégalités ou encore des changements climatiques. Le Canada est profondément touché par ce qui se passe dans le monde.

Il est révélateur que le prix Nobel de la paix ait été décerné cette année au Programme alimentaire mondial « pour ses efforts de lutte contre la faim, pour sa contribution à l’amélioration des conditions de paix dans les zones touchées par les conflits et pour avoir joué un rôle moteur dans les efforts visant à empêcher l’utilisation de la faim comme arme de guerre ».

Au cours de la dernière année, la COVID-19 a, manifestement, dominé l’ordre du jour. Pourtant, son émergence n’a pas mis fin aux autres crises humanitaires actuelles au Venezuela ou au Yémen, elle n’a pas mis fin aux souffrances des Rohingyas et elle n’a pas fait disparaître le virus Ébola. Au cours de la dernière décennie, le nombre de personnes ayant besoin d’aide humanitaire est passé de 69 millions à plus de 250 millions aujourd’hui. Tous ces problèmes et toutes les personnes touchées par ces crises avaient déjà besoin de notre aide. La COVID-19 a aggravé les difficultés et rendu la vie de ces millions de personnes vulnérables encore plus difficile. Elle a accru la pression sur le système humanitaire mondial.

En présentant le Programme alimentaire mondial, le Comité norvégien du prix Nobel a également souligné que « la nécessité d’une solidarité internationale et d’une coopération multilatérale est plus évidente que jamais ». Je suis tout à fait d’accord, même si je sais que certaines personnes pensent le contraire, considérant que ce qui arrive cette année donne un signal clair que le Canada devrait renoncer à ses engagements multilatéraux et adopter une approche plus ferme et intéressée à l’égard du monde.

En tant que ministre du Développement international, je suis profondément en désaccord avec cette approche et avec l’affirmation selon laquelle le Canada se portera mieux s’il fait cavalier seul. Là où il faut être plus clair, c’est en expliquant mieux les raisons pour lesquelles nous croyons que le multilatéralisme est la voie à suivre, et non une fin en soi. Le multilatéralisme dans l’intérêt du multilatéralisme n’est pas l’objectif. C’est plutôt la façon dont nous comptons utiliser le système multilatéral pour façonner un monde plus apte à relever les défis collectifs auxquels nous sommes tous confrontés, et ce en tant que Canadiens, mais aussi en tant que citoyens du monde.

Dans les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, les responsables de l’ordre international actuel ont réfléchi à ce qui pourrait être fait pour que le monde n’ait pas à revivre des horreurs comme celles qui venaient de se produire, à 2 reprises. Dans ce but, ils ont instauré un système qui limitait les ambitions des grandes puissances, enchâssait le caractère sacré de la souveraineté de l’État et établissait un système de liens économiques qui rendait la guerre impossible. Le système actuel a, par exemple, marqué le début d’une ère de paix entre les grandes puissances qui n’avait pas été observée depuis le Congrès de Vienne; il a mis en place un réseau de relations économiques qui a fait reculer la pauvreté dans le monde entier, et il a jeté les bases d’une amélioration des résultats en matière de santé pour les populations de partout dans le monde. Par ailleurs, le Canada est un des pays qui a le plus profité de ce système. Cependant, les défis auxquels nous faisons face aujourd’hui sont différents. Alors qu’à cette époque l’objectif était fondamentalement préventif, le nôtre doit être proactif.

Nous devons constamment chercher à renouveler et à renforcer le système actuel fondé sur des règles et à réformer certaines institutions multilatérales afin qu’elles puissent relever les défis d’aujourd’hui et de demain. Des éléments importants du système actuel sont sous tension et souvent trop lents à répondre aux problèmes intra-États et d’action collective à l’échelle mondiale. Nous constatons que les conflits intra-États sont plus nombreux et que le nombre de personnes déplacées est plus important qu’il ne l’a jamais été. Nous constatons que les règles qui régissent le traitement de ces personnes sont constamment attaquées et que de plus en plus d’États décident que ces règles ne s’appliquent plus. Nous assistons à des tentatives visant à réduire les progrès réalisés en matière d’égalité des genres et de droits des femmes, et nous observons la dégradation environnementale et les changements climatiques se transformer en menaces déterminantes pour notre existence collective.

Face à ces défis et à d’autres encore, il est vraiment tentant d’abandonner en adoptant le principe du « sauve qui peut » et de remettre en question le bien-fondé de poursuivre la diplomatie de Pearson. Pourtant, c’est précisément maintenant que nous devrions nous rappeler ce qu’est cette diplomatie. Pour Pearson, l’intérêt national et l’internationalisme composaient les 2 côtés d’une même médaille. Parce qu’un monde plus pacifique, plus prospère et plus durable est en fin de compte un monde meilleur pour le Canada. Il disait souvent qu’au moment de se demander « Quel genre de Canada voulons-nous? », nous devions aussi nous demander : « Quel genre de monde voulons-nous? »

Notre réaction à la COVID-19 nous offre la réponse. En tentant de composer avec un problème d’action collective, plus de 180 pays se sont unis pour veiller à vacciner en priorité les personnes les plus vulnérables dans le monde entier par l’intermédiaire de l’Accélérateur ACT [dispositif pour accélérer l’accès aux outils de lutte contre la COVID-19] et de son mécanisme COVAX. De même, les efforts déployés par le Canada pour encourager des solutions multilatérales à la reprise économique sont nécessaires pour aider les pays en développement aux prises avec les conséquences de la pandémie. Ces efforts ne sont pas parfaits, mais ils sont préférables à l’option de faire cavalier seul, une option beaucoup plus risquée, beaucoup plus dangereuse, beaucoup plus sombre et beaucoup plus solitaire.

Plus tôt cette année, j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec Mary Robinson et, en réfléchissant aux leçons que nous pouvons tirer de la COVID-19, elle a résumé ce que je crois que nous devons retenir de cette expérience, à savoir que la gouvernance est importante, que la science est importante, que la compassion est importante, que l’action collective est importante, et qu’en changeant leur comportement, les personnes peuvent influencer les résultats de façon à obtenir un effet coordonné. Cela s’est vérifié dans le monde entier lorsque nous avons vu comment différents pays ont réussi à gérer – ou non – l’éclosion de COVID-19 à l’intérieur de leurs frontières.

C’est cette notion de collaboration entre les peuples du monde entier qui me captive en ce moment. Les défis auxquels nous faisons face aujourd’hui sont des menaces collectives pour l’humanité : les changements climatiques, la santé, les inégalités. À tout le moins, la COVID-19 nous a enseigné que peu importe à quel point nous tentons de nous isoler du monde, nous sommes intimement et étroitement liés. Je crois qu’une action multilatérale coordonnée sera nécessaire pour relever ces défis collectifs.

C’est dans ce contexte que j’aimerais vous parler de mes priorités à l’égard du développement international du Canada pour la prochaine décennie, alors que nous travaillons à l’atteinte des Objectifs de développement durable [ODD]. Je crois sincèrement que nous avons une réelle occasion de restructurer l’ordre international de façon à mieux répondre aux enjeux qui exigent une action collective dans l’intérêt des Canadiens et des personnes les plus vulnérables dans le monde.

Premièrement, nous maintiendrons notre engagement à l’égard de notre approche féministe. Bien qu’elle ne soit pas nouvelle, elle est fondamentale. Comme j’ai pu le constater lors de plusieurs conversations que j’ai eues ces 9 derniers mois, il est apparemment révolutionnaire de maintenir le cap. J’aimerais vous expliquer pourquoi je pense qu’il est très important de poursuivre sans relâche la mise en œuvre complète de la Politique d’aide internationale féministe.

Au niveau le plus fondamental, la Politique d’aide internationale féministe est importante parce qu’elle modifie la façon dont le Canada prend ses décisions concernant l’aide au développement international. Elle place la question de l’égalité des genres au centre de la réflexion du Canada en consacrant 15 % de l’aide à des projets axés sur la promotion de l’égalité. En procédant ainsi, nous modifions les systèmes qui discriminent la moitié de la population, et c’est en changeant ces structures bien établies que nous pourrons instaurer un meilleur climat de paix, de sécurité et de prospérité.

La Politique va toutefois au-delà de l’égalité des genres. Bien sûr, cet aspect est important, mais notre approche va plus loin. Notre approche féministe signifie que nous devons reconnaître, examiner et transformer la dynamique du pouvoir. Elle signifie l’adoption d’une approche intersectionnelle fondée sur les droits de la personne. Elle signifie notre volonté d’adopter une action antiraciste concertée et délibérée dans nos programmes et nos processus. Elle signifie que nous cherchons à rejoindre les personnes les plus vulnérables et les plus marginalisées et que nous voulons les soutenir afin qu’elles expriment leurs voix.

Deuxièmement, nous poursuivrons l’engagement de longue date du Canada envers la santé dans le monde et son leadership dans ce domaine.  Nous continuerons à établir et à soutenir un cadre d’intervention qui réponde aux besoins de tous. Cela signifie que nous devons poursuivre nos réalisations jusqu’au bout.

Dans le contexte de la COVID-19, cela signifie s’attaquer à la pandémie aussi directement que possible en assurant un accès équitable aux vaccins, aux traitements et aux diagnostics. C’est pourquoi le Canada joue un rôle de premier plan dans l’Accélérateur ACT et le mécanisme COVAX. Nous avons versé 120 millions de dollars à l’Accélérateur ACT et 440 millions de dollars à COVAX, cette deuxième somme étant répartie également entre le mécanisme d’autofinancement et le système de garantie de marché du mécanisme COVAX.

Il convient de noter que le mécanisme COVAX représente maintenant la plus importante collaboration multilatérale depuis l’Accord de Paris sur le climat. Le COVAX compte 186 participants qui représentent plus de 85 % de la population mondiale, dont 94 participants autofinancés. Il nous offre un exemple non seulement de la façon dont le multilatéralisme peut fonctionner, mais aussi de son importance devant des défis mondiaux tels qu’une pandémie.

Cependant, en dépit de la réussite que représente la simple mise en place de ces mécanismes, nous demeurons à un moment critique dans le domaine de la santé dans le monde. Les systèmes du monde entier sont soumis à des pressions incroyables et croissantes, et leurs faiblesses actuelles sont exposées. La COVID-19 nous a clairement montré les terribles conséquences de l’impossibilité d’accéder aux soins de santé. Nous devons donc nous engager à travailler en faveur de l’accès universel aux soins de santé. Nous pouvons déjà constater les conséquences dévastatrices des nombreuses interventions interrompues ou retardées en raison de la COVID-19. Les campagnes de vaccination, les interventions nutritionnelles et les approches communautaires à l’égard de la santé ont été essayées et améliorées au cours des dernières décennies, permettant de sauver des millions de vies. Il est inadmissible de penser que nous perdons du terrain sur tant de fronts, surtout à l’aube de la Décennie d’action pour réaliser les objectifs de développements durables (ODD) des Nations Unies.

Comme je l’ai dit plus tôt, le défi fondamental de la COVID-19 dans les pays en développement est qu’elle aggrave et exacerbe presque tous les autres défis sanitaires, de manière souvent très différente. De plus, la pandémie nous a permis de constater à quel point les soins de santé et les droits de la personne sont étroitement liés. Nous avons observé comment certains ont choisi d’exploiter ce moment pour réduire les services de soins de santé essentiels au nom de la gestion de la COVID-19. Les confinements permettent de contenir la propagation, mais ils entraînent également d’inquiétantes hausses de la violence sexuelle et fondée sur le genre, ainsi que de l’exploitation des enfants et des jeunes et de la violence dirigée contre eux. C’est pourquoi j’ai également porté une attention particulière à la continuité de l’enseignement et travaillé avec les pays partenaires à la réouverture sécuritaire des écoles lorsque la situation le permet. Les écoles sont souvent des lieux sûrs pour les filles et les garçons. Nous savons à quel point l’éducation est essentielle à leur bien-être actuel et futur.

De plus, des millions de femmes et de filles dans le monde font maintenant face à de graves défis en matière de santé et de droits sexuels et reproductifs. Cette situation est aggravée par le fait que les chaînes d’approvisionnement médicales sont redirigées vers l’achat d’équipement de protection individuelle et la réalisation de tests de dépistage, souvent au détriment d’autres services et fournitures essentiels, notamment la planification familiale, l’accès à la contraception et à des avortements sûrs et légaux, ainsi qu’à des soins post-avortement. À mesure que nous progressons, nous devons continuer à travailler à obtenir une intégration réelle de la santé et des droits sexuels et reproductifs, y compris dans les situations d’urgence, dans les systèmes de santé du monde entier.

Pour assurer la progression de nos résultats, nous devons aussi braquer les projecteurs sur les ODD qui n’ont pas reçu autant d’attention que les autres. L’ODD 2 constitue un bon exemple. Nous savons qu’en raison de la pandémie, le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire (690 millions en 2020) pourrait augmenter de 130 millions d’ici la fin de 2020. Selon le Programme alimentaire mondial, si la tendance actuelle se maintient, le nombre de personnes souffrant de la faim atteindra 840 millions d’ici 2030. La malnutrition aggravera probablement aussi les effets de la COVID-19 sur les mères et les enfants. Nous avons vu à quel point les systèmes alimentaires et les chaînes d’approvisionnement sont fragiles, et les conséquences désastreuses possibles. Nous allons en faire plus pour aider à mettre fin à la malnutrition chronique.

Troisièmement, nous ferons notre part pour lutter contre les changements climatiques. Bien que la COVID-19 ait secoué le monde, ses effets, bien qu’indéniablement terribles, sont bien faibles par rapport à la menace existentielle que représentent les changements climatiques, en particulier pour les plus pauvres et les plus vulnérables qui, nous le savons, en ressentiront les effets les plus extrêmes. Je rappelle à tous que ces populations sont celles qui ont le moins contribué au problème – une situation qui doit choquer notre sens le plus fondamental de l’équité.

Notre objectif n’est rien de moins que de bâtir un monde meilleur qui soit respectueux de la nature et neutre en carbone. Cela signifie que nous allons consacrer plus de ressources aux pays les moins avancés et diversifier davantage nos partenaires de mise en œuvre. Cela signifie aussi que nous allons intégrer la réflexion sur le climat, la nature et la biodiversité dans nos activités et veiller à ce que nos programmes adoptent une approche intersectionnelle et féministe pour lutter contre les changements climatiques.

Cela signifie en partie qu’il faut en faire davantage pour aider les populations qui sont déjà touchées par les changements climatiques. Par exemple, nous savons que les changements climatiques exercent une pression accrue sur un système alimentaire déjà fragile, car les terres sont moins productives, les cultures ne sont plus adaptées aux conditions et le fardeau est plus lourd pour les responsables de la production alimentaire. En Afrique subsaharienne, 70 % des petits producteurs agricoles qui appuient le système alimentaire sont des femmes. Pour ces femmes, les changements climatiques ne sont pas un raz-de-marée imminent. Pour elles, il a déjà balayé la plage.

Nous savons aussi que, à mesure que l’humanité empiète sur le monde naturel à un rythme alarmant, nous mettons nos vies et nos moyens de subsistance en plus grand danger. On pense que les agents zoonotiques, tels que la COVID-19, sont liés à notre empiétement continu dans les espaces sauvages. Nous devons faire des investissements sérieux et soutenus dans l’agriculture durable, la conservation, les mesures d’atténuation des risques de catastrophe et, bien sûr, l’énergie propre.

Nous avons en fait commencé à faire ces investissements. En 2016, le Canada s’est engagé à verser 2,65 milliards de dollars pour réduire les gaz à effet de serre à l’échelle internationale. Nous commençons déjà à voir les fruits de ces investissements. À ce jour, nous estimons que les investissements du Canada devraient permettre une réduction de 176 mégatonnes d’émission de gaz à effet de serre. De plus, nos projets ont des incidences concrètes sur le terrain. Par exemple, plus tôt cette année, le gouvernement du Canada s’est associé à la Banque de développement des Caraïbes pour créer le Fonds Canada-CARICOM pour l’adaptation au climat. Ce Fonds renforcera la résilience dans la région en contribuant au paiement des primes du Mécanisme d’assurance contre les risques liés aux catastrophes dans les Caraïbes pour 9 pays de la région. Dans le contexte actuel, il permettra à ces pays de libérer des budgets pour financer leur réponse à la COVID-19, mais il les aidera aussi à assurer la reconstruction après la prochaine saison d’ouragans catastrophiques.

En nous appuyant sur les conversations que j’ai eues avec des intervenants ici au Canada et ailleurs dans le monde, nous avons tiré d’importantes leçons de cette première vague de programmes. Nous savons que les femmes et les agriculteurs sont en première ligne de la lutte contre les changements climatiques. Veiller à ce que nos programmes répondent à leurs besoins, tant sur le plan de l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre que de l’adaptation aux réalités des changements climatiques, sera un principe directeur de ce que nous ferons à l’avenir. Nous reconnaissons aussi le rôle important que joue la nature dans l’absorption du carbone., Je suis enthousiaste à l’idée d’intégrer des solutions axées sur la nature dans nos futurs travaux. La collaboration avec les collectivités locales, les peuples autochtones et les militantes nous aidera à trouver des solutions durables à la crise climatique.

Alors que le monde s’inquiète avec raison des conséquences de la pandémie sur les acquis du développement, les répercussions des changements climatiques sont encore plus inquiétantes. Nous travaillerons sous la direction des collectivités locales et en partenariat avec elles pour nous assurer qu’elles profitent non seulement de nos investissements pour le climat, mais qu’elles sont aussi des agents clés de la solution.

Quatrièmement, pour y parvenir, nous devons aussi nous concentrer sur le renforcement de la gouvernance démocratique. Il est de plus en plus évident qu’il existe un lien direct entre la confiance des citoyens dans les institutions qui les gouvernent et leur volonté de suivre paisiblement les conseils de ces institutions. En outre, la transparence et la responsabilisation dans la communication des données sur la santé sont primordiales pour que les gouvernements nationaux et la communauté mondiale puissent réagir efficacement à la pandémie actuelle. Nous devons demeurer fermes dans notre engagement à défendre les droits de la personne; c’est en temps de crise que les libertés civiles, la liberté d’expression et la liberté de la presse sont les plus importantes.

Nous savons à quel point le fonctionnement des institutions publiques est important pour le développement durable. Le Canada a beaucoup à offrir au monde en ce qui concerne la coopération en matière de gouvernance, c’est-à-dire la primauté du droit, l’administration fiscale et la redistribution de la richesse, et une fonction publique professionnelle et compétente. Ce n’est peut-être pas l’un des aspects les plus palpitants du développement international, mais c’est certainement l’un des plus importants. Souvent, une des incidences les plus significatives du travail lié à la gouvernance est de favoriser un environnement qui établit des conditions propices à l’épanouissement des droits, de la participation démocratique, de la croissance économique et des pratiques durables. Une gouvernance efficace est également nécessaire pour que les pays en développement puissent attirer des investissements privés, un facteur important pour connaître une croissance économique inclusive et durable.

En écoutant toutcela, je me rend compte que cela semble ambitieux. Il est question de santé, de nutrition, de climat et d’environnement, de sécurité alimentaire, d’égalité des genres et de gouvernance. C’est certainement beaucoup. Mais nous savons que dans ces domaines, rien ne peut être fait de manière isolée. Ces domaines d’intervention sont tous intimement liés, de sorte qu’essayer d’en aborder un en ignorant les autres ne mènera pas à la réussite.

Lorsque je repense aux leçons que Mary Robinson a tirées de notre réponse à la COVID-19, à savoir que les questions de gouvernance, de compassion, de science et d’action collective sont importantes, je me demande dans quelle mesure chacune de ces observations s’applique à chacun des domaines que je viens de mentionner. Cette réflexion m’apporte beaucoup d’espoir en l’avenir parce qu’elle m’apprend que nous savons ce que nous devons faire. En ayant cette compréhension, la bataille est à moitié gagnée. Nous devons maintenant agir et réagir. Il est certain que le Canada ne peut y arriver seul. Mais nous pouvons former des coalitions et travailler avec nos partenaires, nos alliés, nos amis actuels et nouveaux du monde entier par l’intermédiaire de nos institutions multilatérales et en dehors de celles-ci, pour favoriser la réalisation de nos priorités communes, car notre santé, notre sécurité, notre prospérité et, très franchement, notre survie collective en dépendent.

Je sais qu’au sein de la communauté du développement, il peut être dérangeant pour certains de me voir émettre l’idée que le développement s’inscrit dans notre politique étrangère. La politique étrangère du Canada est axée sur la création d’occasions pour le Canada et les Canadiens de façonner le monde dans lequel nous voulons vivre, et notre travail dans ce domaine traduit cette volonté. Fondée sur le féminisme, l’inclusion, les droits de la personne et la durabilité, la Politique d’aide internationale féministe est une incroyable réalisation en vue de bâtir un monde meilleur, plus compatissant et plus résilient.

Je pense surtout qu’à l’heure actuelle, avec la crise de la COVID-19 et la crise du climat qui sont aggravées par les conflits dans de nombreux endroits, nous avons tous besoin d’un peu d’espoir. Les objectifs et les priorités que nous cherchons à atteindre dans le monde devraient reposer sur le principe fondamental qu’un monde meilleur est possible. Il n’est pas naïvement idéaliste de vouloir réaliser un programme qui vise à rendre la vie plus saine, plus juste, plus équitable et plus durable pour les populations du monde entier. Cette aspiration est ancrée dans les réalités et les contraintes qui nous sont imposées en tant qu’acteurs du système mondial. Ce n’est pas parce que la réalité est dure qu’il faut renoncer à essayer de rendre le monde un peu meilleur. C’est pourquoi le multilatéralisme est encore pertinent aujourd’hui. C’est pourquoi la diplomatie de Pearson est encore pertinente aujourd’hui, et c’est certainement ce que l’aide internationale du Canada représente.

Personnes-ressources

Guillaume Dumas
Attaché de presse
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