Allocution du Ministre des Affaires étrangères devant le Comité spécial sur les relations sino-canadiennes – Enjeux de sécurité nationale dans les relations Canada-Chine
Discours
Le 7 juin 2021
Seul le texte prononcé fait foi. Ce discours a été traduit en conformité avec la Politique sur les langues officielles du gouvernement du Canada et révisé aux fins d’affichage et de distribution conformément à sa politique sur les communications.
Monsieur le Président, c’est un plaisir pour moi d’être ici avec vous aujourd’hui.
L’autoritarisme croissant et la diplomatie coercitive de la Chine constituent des défis pour les démocraties du monde entier.
Tous les pays réexaminent et réorientent leur engagement avec la Chine, et le Canada ne fait pas exception.
Nous sommes tous aux prises avec la question de savoir comment nous pouvons réconcilier nos objectifs en matière de commerce, de sécurité et de droits de la personne.
Dans ce contexte, notre approche envers la Chine est en constante évolution. Elle est résolument guidée par nos principes, nos valeurs et nos intérêts, tout en tenant compte de la complexité de nos relations avec ce pays.
La Chine devient rapidement une influence mondiale avec laquelle tous les pays doivent apprendre à coexister.
Coexister avec la Chine signifie qu’il faut reconnaître quand il est nécessaire de coopérer sur des enjeux mondiaux tels que les changements climatiques, mais cela signifie également que nous sommes en concurrence avec la Chine sur le plan commercial et dans la promotion de nos valeurs.
Cela demande également de mettre au défi la Chine lorsque les droits de la personne sont violés ou que les citoyens et les intérêts canadiens sont menacés.
Nous devons continuer à travailler avec nos partenaires du monde entier pour protéger l’ordre international fondé sur des règles et défendre les droits et libertés de la personne. Ce sont là les valeurs canadiennes fondamentales qui sous-tendent notre politique étrangère.
Mais permettez-moi d’être clair : la voie vers toute forme de relation à long terme avec la Chine requiert le retour en toute sécurité de Michael Kovrig et de Michael Spavor au Canada.
M. Kovrig et M. Spavor sont détenus illégalement depuis plus de 900 jours.
Les ramener chez eux est, et doit rester, notre priorité absolue dans nos relations avec la Chine. Point final.
Il y a 2 semaines, les 2 hommes ont reçu des visites virtuelles régulières de la part d’agents consulaires, qui ont noté leur force et leur résilience impressionnantes.
Nous continuons à demander leur libération, tout en faisant pression sur la Chine pour qu’elle permette l’accès consulaire aux autres citoyens canadiens détenus dans ce pays, notamment Huseyin Celil, afin que nous puissions confirmer qu’il se porte bien.
Nous demandons également la clémence pour Robert Schellenberg et pour tous les Canadiens condamnés à la peine de mort.
Aux côtés de nos partenaires internationaux, nous continuons de dénoncer le mauvais comportement de la Chine.
Nous avons demandé à la Chine de mettre fin à la campagne de répression systématique contre les Ouïghours et d’autres minorités ethniques musulmanes, à la lumière de nombreuses preuves faisant état de travail forcé, de rééducation politique, de torture et de stérilisation forcée.
Nous avons annoncé des sanctions contre 4 fonctionnaires et 1 entité en raison de leur implication.
Nous travaillons également avec nos alliés du G7, du Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, et du Groupe des cinq pour condamner la militarisation croissante de la Chine en mer de Chine orientale et en mer de Chine méridionale, où la Chine revendique de vastes zones, alimentant ainsi les tensions régionales.
La puissance économique de la Chine a enhardi ses ambitions et ses intérêts au-delà de la région indopacifique, où elle jouit d’une influence considérable depuis des siècles, pour s’étendre à l’ensemble du globe, y compris ici au Canada.
La volonté de la Chine de mener diverses activités secrètes et illicites au Canada et contre le Canada signifie que nous devons travailler avec d’autres ordres de gouvernement, des entreprises et des universités pour protéger la propriété intellectuelle canadienne et l’infrastructure numérique, et même protéger nos institutions démocratiques contre l’ingérence étrangère et l’ingérence électorale.
Les activités hostiles des acteurs étatiques constituent des menaces stratégiques à long terme pour le Canada. Elles peuvent miner les avantages économiques, industriels, militaires et technologiques de notre pays.
Les chercheurs et les innovateurs, par exemple, sont vulnérables à l’espionnage et au piratage.
En septembre dernier, le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie a lancé le nouveau portail intitulé Protégez votre recherche, qui fournit des outils et des conseils aux Canadiens sur la meilleure façon de protéger leur propriété intellectuelle.
En mars, le ministre de la Sécurité publique et le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie ont annoncé l’élaboration de lignes directrices précises sur les risques afin d’intégrer les considérations de sécurité nationale dans l’évaluation et le financement des partenariats de recherche.
Nous travaillons également avec d’autres pays du G7 pour contrer l’ingérence étrangère, notamment par l’intermédiaire de l’initiative canadienne appelée Mécanisme de réponse rapide, qui renforce la coordination au sein du G7 pour déceler, prévenir et contrer les menaces qui pèsent sur les démocraties des pays membres.
Malheureusement, nous observons à l’heure actuelle une recrudescence de la haine anti-asiatique depuis le début de la pandémie, au Canada et partout dans le monde.
Les Canadiens d’origine chinoise et asiatique sont nos voisins, nos collègues, nos amis et des membres de nos familles.
Ils ne devraient jamais se sentir en danger ou menacés à cause de leurs origines.
En tant que pays fermement engagé envers l’inclusion, la diversité et le multiculturalisme, nous devons agir et faire tout ce que nous pouvons pour protéger nos concitoyens contre le racisme et la discrimination.
Notre différend est avec le gouvernement de la Chine, et non avec le peuple chinois.
Conclusion
En conclusion, le poids économique et l’influence croissante de la Chine signifient qu’elle restera indéniablement une puissance mondiale.
Il s’agit du pays qui compte la plus grande population du monde. C’est aussi la deuxième économie mondiale, en voie de devenir la première.
Nous continuerons à faire évoluer et à adapter notre approche en fonction de cette nouvelle réalité.
Nous ne pouvons pas laisser la Chine fragiliser le système international fondé sur les droits de la personne et l’état de droit, qui a soutenu des décennies de stabilité et de prospérité sans précédent.
Et nous nous devons de continuer à travailler avec la Chine lorsqu’il est dans notre intérêt de le faire.
Nous continuerons à rechercher le dialogue et la coopération lorsque c’est possible, en mettant au défi la Chine de respecter le droit international et de protéger les Canadiens ainsi que nos intérêts nationaux.
Merci.
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