La ministre Joly s'adresse au Conseil des droits de l'homme des Nations Unies

Discours

Le 28 février 2022 - Genève, Suisse - Affaires mondiales Canada

Contrôle à la livraison

Il y a une terrible ironie dans notre réunion au Conseil des droits de l'homme.

La création de ce Conseil et du Haut-Commissariat aux droits de l'homme a été une étape supplémentaire dans nos efforts communs pour faire progresser les droits de la personne, l'égalité des genres, les droits des autochtones, les droits des personnes handicapées et de la communauté LGBTI, et de tous ceux qui cherchent à s'affirmer et la protection de la dignité de la personne.

Le long arc de cette quête remonte aux débuts de la civilisation humaine et, dans l'histoire récente, a été marqué par les grands revers auxquels nous avons été confrontés dans les terribles guerres qui ont créé des difficultés pour tant de personnes.

L'ironie est que nous nous réunissons à un moment où la capitale d'un État souverain et membre de ce Conseil, l'Ukraine, est directement menacée. Les explosions se font sentir alors que beaucoup cherchent refuge dans les stations de métro souterraines. Les images qui défilent sur nos écrans collectifs de l'Ukraine sont déchirantes.

Cette guerre tue des innocents, forçant les Ukrainiens à fuir leurs foyers et leur pays. Cette invasion et cette guerre sont le choix du gouvernement de la Fédération de Russie et de ses dirigeants et, en particulier, la décision du président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine.

L'invasion russe de l'Ukraine — la plus grande menace à la paix mondiale depuis 7 décennies — est une série d’actions froides, calculées et soigneusement planifiées par le Kremlin.

Au cours des derniers mois, nous avons dit que la Russie positionnait des troupes et du matériel pour envahir l'Ukraine. La Russie a dit que ce n'était pas le cas, qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter. La Russie a menti.

Nous avons dit que les rassemblements militaires russes le long de la frontière se poursuivaient. La Russie a déclaré que les exercices étaient terminés et qu'elle retirait ses troupes. C'était un autre mensonge.

La Russie nous a dit que ses exercices militaires au Bélarus se termineraient le 20 février. Cette semaine, le Bélarus a servi de rampe de lancement aux forces russes alors qu'elles envahissaient l'Ukraine. Le Bélarus et la Fédération de Russie ont menti.

Les dirigeants de la Russie sont les seuls responsables de cette crise : ils ont choisi de recourir au mensonge et à la violence pour tenter de porter atteinte à l’état de droit et de violer les droits de la personne.

Pire, elle tente de justifier leur guerre en diffusant une fausse rhétorique et en tentant de manipuler les principes des droits de la personne pour soutenir sa violence illégale et illégitime.

C'est le faux récit que la Russie essaie de répandre, tant ici au sein de ce Conseil que dans le monde entier. Permettez-moi de dire directement au représentant de la Russie : les droits de la personne sont universels et ne peuvent être manipulés pour justifier la guerre et le crime.

Les Ukrainiens russophones et les peuples parlant l'ukrainien sont, avant tout, des citoyens du monde et ont le même droit fondamental de vivre en paix en vertu du droit international. C'est ce que représente ce Conseil. C'est ce que représente le Canada.

Le régime russe défie le système international de paix et de droit, et la Charte même que nous avons élaborée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. La Russie a essayé de tourner en dérision notre système international, de forcer un retour à un monde où « la force fait le bien ». Nous ne permettrons pas que cela se produise.

Rappelons-nous quelques-unes des choses extraordinaires qui ont été réalisées. Nous avons signé des traités, convenu de déclarations, ratifié des pactes et bâti des institutions. Nous avons laborieusement construit un système multilatéral qui repose sur 2 principes clés : que tous les États sont égaux et souverains, et que les droits de la personne et les libertés fondamentales sont universels et essentiels à la dignité humaine.

Le ciment de tout cela est la prémisse que les règles sont essentielles, car elles empêchent les abus de pouvoir et la corruption.

Cette menace à l'ordre international fondé sur des règles et, donc, à la sécurité et aux droits de la personne de tous les Ukrainiens, et en fait de tous les peuples du monde, n'est plus théorique.

L'invasion non provoquée, illégale et injustifiable de l'Ukraine par la Russie est une violation grave de la Charte des Nations Unies, qui interdit la menace ou l'usage de la force contre l'intégrité territoriale ou l'indépendance politique d'un État. Cette interdiction est une règle fondamentale du droit international que tous les États doivent respecter et qui fonde notre façon de vivre ensemble sur cette planète. Nous exigeons que la Russie mette fin à son attaque armée illégale et illégitime, et nous condamnons les violations des Conventions de Genève.

Cette invasion met en danger la vie de millions d'innocents. Les actions de la Russie menacent gravement les droits de la personne des Ukrainiens, notamment le droit à la vie, à la liberté et à la sécurité de la personne.

Le Canada soutient l'Ukraine et les Ukrainiens alors qu'ils luttent pour leur liberté et pour le droit de choisir leur propre avenir.

Nous avons également vu de nombreuses informations faisant état de citoyens russes eux-mêmes se rassemblant sur les places et dans les rues du pays pour dénoncer cette invasion illégale et illégitime. Ils ont fait l'objet de violences et d'arrestations arbitraires.

Nous appelons la Russie à respecter les droits de la personne non seulement des Ukrainiens, mais aussi de ses propres citoyens, qui, par milliers, sont descendus dans la rue pour protester contre cette guerre injuste.

L'invasion de l'Ukraine par la Russie rend le travail de protection des droits de la personne encore plus urgent. La protection des vies civiles doit être la plus haute priorité de la communauté internationale.

 Nous continuons d'appeler la Russie à cesser immédiatement son attaque. Plus aucune vie ne devrait être perdue.

La souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine doivent être respectées. La volonté démocratique du peuple ukrainien doit être respectée. Leurs droits fondamentaux doivent être véritablement protégés.

Aujourd'hui, alors que des millions d'Ukrainiens souffrent de l'indignité de la guerre, nous aussi sommes confrontés à notre propre responsabilité : parler et agir; exiger, au nom de l'humanité, que la Russie de Poutine mette fin à cette folie.

Le monde regarde et les générations futures se souviendront de la façon dont nous avons affronté ce moment. Qu'on dise de nous que nous avons surmonté des intérêts étroits pour parler d'une seule voix contre la tyrannie et l'agression ainsi qu’en faveur de la paix et de la liberté.

Merci.

Détails de la page

Date de modification :