Lucie Tedesco, commissaire de l'Agence de la consommation en matière financière du Canada, lance le rapport de recherche intitulé « Financer une auto : tendances du marché »
Déclaration
Le 8 mars 2016
Le texte prononcé fait foi.
Bonjour à tous et merci d’être ici.
Je m’appelle Lucie Tedesco et je suis la commissaire de l’Agence de la consommation en matière financière du Canada. Aujourd’hui, l’Agence rend public son dernier rapport de recherche intitulé Financer une auto : tendances du marché. C’est à titre de dirigeante de l’Agence que je vous présenterai un résumé des principaux éléments du rapport et des mesures que l’Agence prendra pour aider les consommateurs du pays à s’y retrouver dans le marché du financement automobile.
Pour la plupart des Canadiens, l’acquisition d’une automobile est le deuxième achat en importance qu’ils feront au cours de leur vie. Les Canadiens sont de plus en plus nombreux à se tourner vers les prêts à long terme pour financer cet achat et à prolonger leur période de versements jusqu’à huit ou neuf ans, par opposition à la durée habituelle d’un prêt qui s’étend sur cinq ans.
Même si les Canadiens paient leurs véhicules sur ces périodes de temps plus longues, ils ne les conservent pas plus longtemps. Nombre d’entre eux continuent à échanger leur véhicule après seulement quatre ou cinq ans tandis qu’ils pourraient devoir plus d’argent sur leur véhicule que la valeur de l’automobile. Cela est couramment appelé « capital négatif. »
La durée plus longue d’un prêt et des versements moins élevés et plus fréquents peuvent donner aux consommateurs la fausse impression qu’ils peuvent se permettre un achat et les rendre plus vulnérables et plus exposés aux risques financiers. De nombreux consommateurs intègrent leurs prêts existants à de nouveaux prêts et, si je peux me le permettre, entrent ainsi dans une « spirale d’endettement automobile. » Cela pourrait compromettre leur capacité à respecter leurs obligations de crédit.
Lorsque le rapport fut complété, j’ai constaté que cette popularité croissante des prêts automobiles à long terme au Canada est préoccupante. Cette tendance se manifeste au moment où les Canadiens ont un taux d’endettement record. La Banque du Canada a récemment signalé que l’endettement des ménages au Canada a considérablement augmenté, ce qui rend l’économie et le système financier plus vulnérables aux chocs négatifs touchant les revenus et les taux d’intérêt. Le financement automobile est un élément important de ce portrait global. Au cours des dernières années, la croissance de l’endettement attribuable aux prêts automobiles a dépassé celle de toute autre forme d’endettement des consommateurs, y compris les hypothèques.
En 2015, les Canadiens ont acheté 1,9 million de véhicules neufs, établissant ainsi un record pour une troisième année de suite. Le secteur automobile canadien occupe une place importante dans l’économie. Cependant, nous notons également que les prêts-autos à long terme présentent certains risques pour les consommateurs.
Les consommateurs qui sont de plus en plus nombreux à étaler le remboursement de leur prêt automobile sur 7, 8 ou 9 ans ne courent non seulement le risque de se retrouver avec un capital négatif, mais aussi de payer davantage qu’ils ne l’auraient fait s’ils avaient choisi un prêt d’une durée plus traditionnelle. Les frais d’intérêt s’accumulent sur une plus longue période et le prêt est remboursé plus lentement. De plus, si les consommateurs reportent leurs dettes de prêts automobiles à un nouveau prêt, cela peut faire augmenter le coût d’emprunt.
Les prêts à plus longs termes, qui se traduisent par des versements mensuels moins élevés, peuvent être attirants pour les consommateurs, mais peuvent également les encourager à acquérir un véhicule trop cher pour leurs moyens.
En effet, les données sur les ventes montrent que les Canadiens achètent des véhicules plus gros et plus chers : des VUS et des véhicules de luxe. En se concentrant sur la taille des versements mensuels, les consommateurs peuvent omettre d’examiner le coût total de leur achat. Le principe est le même que celui des hypothèques de 40 ans qui peuvent inciter une famille à acquérir une maison plus chère que si la période d’amortissement n’était que de 25 ans.
Parmi les recommandations formulées dans le rapport, il y en a deux sur lesquelles je voudrais attirer votre attention ce matin. La première est que les consommateurs doivent déterminer le montant qu’ils peuvent se permettre de payer pour un véhicule avant de se rendre chez le concessionnaire. Et, la deuxième, est que les consommateurs doivent aller chercher diverses propositions de concessionnaires et de prêteurs pour obtenir le taux le plus concurrentiel pour financer l’achat de leur véhicule. En somme, les consommateurs devraient passer autant de temps à chercher le type de financement qui leur convient qu’à magasiner le type de véhicule qui répondra à leurs besoins.
Mesures prises par l’Agence
L’Agence reconnaît que l’achat d’une automobile peut être long et complexe.
Ainsi, pour aider les consommateurs à prendre des décisions éclairées, l’Agence s’attend des institutions financières sous réglementation fédérale qu’elles énoncent, de manière plus claire et concise, dans les conventions de crédit le coût total du financement d’un véhicule, et ce, qu’elles prêtent directement l’argent au consommateur ou qu’elles passent par un intermédiaire, comme un concessionnaire.
L’Agence a aussi élaboré de nouveaux produits d’information en ligne pour aider les consommateurs à s’orienter à travers les méandres du financement automobile. Ces ressources, qui peuvent être consultées sur le site Web de l’Agence, guident les consommateurs dans leur réflexion : Vaut-il mieux louer ou acheter? Quel est le coût total d’un véhicule? Quels risques y a-t-il à se retrouver avec un capital négatif?
Enfin, nous collaborerons aussi avec les gouvernements des provinces et des territoires pour donner aux consommateurs les renseignements dont ils ont besoin pour prendre des décisions responsables au moment de financer l’achat d’un véhicule.
À l’extérieur des grands centres urbains du pays, la plupart des gens dépendent de leur automobile pour se rendre au travail et répondre aux besoins de leur famille. L’Agence reconnaît que la plupart des Canadiens ont besoin d’emprunter de l’argent quand vient le temps de se procurer un véhicule. Il est donc essentiel que les consommateurs aient accès à un marché de financement automobile juste et fonctionnel.
Il est aussi important pour les consommateurs de comprendre que même si la prolongation de la durée d’un prêt peut se traduire par une baisse des versements mensuels, elle peut aussi les rendre plus vulnérables aux événements imprévus.
Nous croyons qu’en prenant ces mesures, les consommateurs pourront mieux déterminer quel véhicule et quelle option de financement leur conviennent et respectent leur budget.
Merci de votre attention et j’aimerais maintenant inviter Michael Rothe, un représentant du gouvernement de l’Ontario à prendre la parole.
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