Allocution de Jane Rooney, chef du développement de la littératie financière, à la Conference Board du Canada

Discours

Bien-être financier et préparation à la retraite

Le 23 janvier 2017
Toronto (Ontario)

La version prononcée fait foi.

Bonjour à tous! Merci pour cette aimable présentation, John (Brewer).

Je suis très heureuse d’avoir été invitée à cette conférence. Je voudrais remercier le Conference Board du Canada d’avoir organisé cette rencontre.

Et je me réjouis de voir combien vous êtes nombreux à partager ma passion pour la littératie financière.

Je dis toujours que j’exerce le meilleur métier du monde, car il consiste à aider les Canadiens.

En novembre dernier, c’était le Mois de la littératie financière (MLF). Pendant toute cette période, mon équipe et moi avons sillonné le pays pour parler aux Canadiens et aux différents acteurs concernés.

D’un bout à l’autre du pays, il a été abondamment question de l’importance de la littératie financière et des mesures à prendre collectivement pour l’améliorer au Canada.

La première activité du MLF était une conférence sur la littératie financière organisée par Comptables professionnels agréés du Canada. Au cours du MLF, j’ai également assisté au lancement de programmes destinés aux jeunes et aux nouveaux arrivants et d’une nouvelle application qui aide les jeunes à se renseigner sur l’argent. J’ai parlé avec 150 enseignants de l’Ontario et j’ai participé à d’autres activités.  

Nous prenons constamment des décisions d’ordre financier : nous décidons de rester locataires ou de devenir propriétaires; nous optons pour la carte de crédit la mieux adaptée à nos besoins; nous décidons si nous aurons les moyens de partir en vacances pendant l’hiver; ou nous choisissons d’économiser pour l’éducation de nos enfants.

À cette conférence, il est autant question des enfants du millénaire que des retraités. C’est important, car la littératie financière est un apprentissage permanent.

Il s’agit de montrer aux jeunes, tôt dans leur vie, les avantages de la gratification différée, ce qui, selon les recherches effectuées par le Consumer Financial Protection Bureau des États-Unis, devrait commencer entre trois et cinq ans.

La littératie financière, c’est aussi discuter des façons de dépenser et d’épargner, dans les repas en famille.

C’est se familiariser, à l’école, avec les questions d’argent et les finances personnelles.

C’est aider les gens dans notre milieu de travail.

Et c’est planifier sa retraite.

Une génération entière de jeunes qui entrent sur le marché du travail est confrontée à une forte précarité de l’emploi. Ces jeunes ne peuvent pas forcément parvenir à obtenir un poste permanent. Il est aussi possible qu’ils ne puissent pas bénéficier d’un régime de retraite offert par l’employeur.

Nous vivons dans un monde numérique, et les produits financiers sont de plus en plus complexes.

Au Canada, la dette des ménages est trop élevée et le niveau d’épargne est chroniquement bas.

À cela s’ajoute le vieillissement de la population.

Parallèlement, nos études montrent que les connaissances financières sont parfois très lacunaires, en particulier chez les femmes, les Canadiens à faible revenu et les Autochtones.

C’est pourquoi les questions dont nous discutons aujourd’hui sont si éminemment pertinentes et importantes.

Certes, il reste encore de nombreux obstacles à surmonter. Mais nous avons aussi l’occasion d’améliorer concrètement la vie des Canadiens.

Que fait l’Agence de la consommation en matière financière du Canada (ACFC)?

Certains d’entre vous savent ce que nous faisons au sein de l’ACFC. Je vois des visages familiers, et quelques-uns d’entre vous ont travaillé avec nous.

Pour les personnes qui nous connaissent moins, je rappelle que nous sommes chargés de la stratégie nationale sur la littératie financière. Nous collaborons également avec les différentes parties prenantes afin de réaliser les objectifs de cette stratégie.

Nous travaillons avec d’autres ministères, les provinces, des entreprises, des associations sans but lucratif et des réseaux populaires de littératie financière de tout le pays. Nous travaillons avec des gens qui, comme beaucoup d’entre vous, sont aux premières lignes pour aider les Canadiens.

Notre mandat est de réglementer et de surveiller les institutions financières. En outre, nous communiquons aux consommateurs, et à nos organisations partenaires, de l’information objective qui aide les gens à prendre des décisions responsables pour eux et leur famille.

Stratégie nationale

Nous avons élaboré une stratégie nationale, car beaucoup de Canadiens n’ont pas les connaissances, les compétences, ni la confiance en soi nécessaires en ce qui concerne les décisions liées à l’argent. Je tiens à en parler brièvement, car nous voulons que vous nous aidiez tous à mettre en œuvre cette stratégie.

Je considère la littératie financière comme une responsabilité partagée : le gouvernement, le secteur privé, les organisations communautaires et les particuliers ont tous un rôle à jouer.

Dans mon travail, je suis soutenue par un comité directeur national composé d’experts de tout le pays. Elizabeth Mulholland de l’organisation Prospérité, qui viendra nous parler cet après-midi, a été membre de mon comité. J’annoncerai les noms des membres du nouveau comité dans deux semaines et je me réjouis à l’idée de pouvoir aller de l’avant grâce à leur appui.    

La Stratégie nationale pour la littératie financière – Compte sur moi, Canada comprend trois objectifs pour aider les Canadiens à:

  • gérer leur argent et leurs dettes intelligemment.
  • planifier et épargner pour l’avenir.
  • prévenir la fraude et l’exploitation financière et s’en protéger.

Nous avons un sous-comité de recherche qui oriente également nos travaux. Simon Brascoupé, qui fera une présentation aujourd’hui, en est membre.

Plan de recherche national

Nous venons de terminer le Plan de recherche national pour la littératie financière 2016-2018. Ce plan porte sur quatre domaines d’action prioritaires :

  • réduction de la dette des ménages,
  • établissement d’un budget,
  • augmentation de l’épargne,
  • complexité croissante des produits et services financiers.

Nous effectuerons de la recherche pour trouver des moyens de modifier les comportements dans ces domaines.

Pourquoi ces quatre domaines d’action prioritaires?

Réduction de la dette des ménages

Premièrement, la réduction de la dette des ménages. Comme Brigitte (Parent) l’a déjà mentionné, l’endettement des Canadiens représente 167 % de leur revenu.

Autrement dit, pour chaque dollar de revenu imposable, leur dette s’élève à 1,67 $, ce qui comprend les crédits à la consommation, les prêts hypothécaires et les prêts non hypothécaires.

Vous avez peut-être aussi lu un rapport récent d’Equifax Canada selon lequel la faiblesse des taux d’intérêt et la baisse du cours du pétrole sont liées à la hausse de la dette à la consommation et les défauts de paiement.

Il est vraiment important que les consommateurs gèrent leurs dettes et nous essayons de les aider à le faire.

L’avantage d’établir un budget

Deuxièmement l’établissement d’un budget. Nos études révèlent que cela est essentiel pour s’engager sur la voie du bien-être financier. Un budget aide les consommateurs à épargner, à vivre selon leurs moyens et à planifier toutes les étapes de leur vie, y compris la retraite.

À la question de savoir s’ils établissaient un budget, moins de la moitié des Canadiens (46 %) ont répondu par l’affirmative. Toutefois, 93 % de ceux qui font un budget, le respectent « en général » ou « tout le temps ».

Ce pourcentage est uniforme pour tous les segments démographiques étudiés; et il est identique, quels que soient le revenu et le sexe.

Chez les personnes approchant l’âge de la retraite (personnes non retraitées de plus de 55 ans), celles qui établissent un budget et le respectent sont deux fois plus susceptibles que les autres de savoir combien elles doivent épargner pour leur retraite.

Un budget est un outil à la fois élémentaire et efficace. C’est pourquoi nous voulons que plus de gens en établissent un.

Troisièmement, l’épargne revêt aussi une importance prioritaire. Au cours de l’automne, l’Association canadienne de la paie a publié les résultats de son enquête nationale auprès des travailleurs canadiens. Cette enquête révèle que beaucoup d’entre eux parviennent à peine à joindre les deux bouts.

Près de la moitié des répondants (48 %) ont affirmé qu’ils auraient du mal à respecter leurs obligations financières s’ils recevaient leur chèque de paie en retard, ne serait-ce que d’une semaine.

De même, 40 % des répondants ont déclaré qu’ils dépensaient la totalité de leur revenu net, voire plus.

Près de la moitié (45 %) pensent qu’ils devront travailler plus longtemps qu’ils ne l’avaient prévu il y a cinq ans.

Selon nos propres études, de nombreux ménages ne disposent pas de fonds disponibles en cas d’imprévu. Plus de la moitié des répondants puiseraient dans leurs économies en cas d’une dépense imprévue de 500 $. Les autres auraient recours à une certaine forme de crédit, y compris aux prêts sur salaire dans certains cas.

Complexité croissante des produits et des services

Enfin, un quatrième domaine prioritaire nous intéresse : la complexité croissante des produits et des services financiers qui, comme nous le savons, peut à la fois poser de grandes difficultés aux consommateurs et leur offrir de grandes possibilités.

Nous suivons toutes ces tendances et cherchons des moyens d’aider les Canadiens.

La littératie financière a une incidence sur les personnes âgées ou sur celles proches de la retraite.

Lorsque je suis entrée en fonction, nous avons consulté des Canadiens de tout le pays. Nous nous sommes d’abord concentrés sur les personnes âgées et les personnes proches de la retraite.

La bonne nouvelle, c’est que les Canadiens sont plus actifs et vivent plus longtemps qu’avant.

Mais cela signifie aussi qu’ils doivent prévoir en conséquence. En moyenne, les Canadiens qui atteignent l’âge de 65 ans aujourd’hui peuvent s’attendre à vivre jusqu’à 86 ans.

Les personnes qui arrêtent de travailler à 65 ans pourraient devoir financer leur retraite pendant 21 ans, voire plus.

Tous les cinq ans, Statistique Canada mène l’Enquête canadienne sur les capacités financières pour l’ACFC.

Selon les dernières données – recueillies lors de l’enquête de 2014 –, moins de la moitié des personnes proches de la retraite savent combien elles doivent économiser.

Nous constatons également une hausse de l’endettement chez les retraités.

Ce dernier constat est très préoccupant. Un grand nombre de personnes dans ce groupe ont un revenu fixe. Que se passera-t-il si les taux d’intérêt augmentent?

L’insuffisance de l’épargne a aussi des conséquences pour la prochaine génération de retraités : ceux-ci ne savent pas combien ils doivent économiser pour mener le style de vie souhaité.

Application Carotte boni et établissement du budget

Que devons-nous donc faire pour modifier le comportement des consommateurs?

Étant donné l’engouement pour les services bancaires mobiles, nous avons décidé, cet été, d’utiliser la technologie numérique pour essayer d’améliorer les habitudes financières. Craig (Alexander) a mentionné que c’est plutôt à la technologie, et non à la mondialisation, que nous devons nous adapter.

Nous avons mis à l’essai une application mobile, connue sous le nom de Carotte boni, qui offre aux consommateurs des points de fidélisation s’ils posent certains gestes simples.

Pour obtenir des points, les consommateurs devaient apprendre à établir un budget.

Andreas (Souvaliotis), de CAROTTE perspectives, vous en dira plus à ce sujet cet après-midi.

Pendant un mois, nous avons envoyé une série de messages éducatifs, de jeux-questionnaires et de questions à des consommateurs et avons fait un suivi de leurs réactions.

Nos résultats font ressortir une amélioration des connaissances et de la confiance des consommateurs lorsque vient le temps d’établir un budget. À la fin de cette activité :

  • les connaissances sur l’établissement du budget ont augmenté de 10 %, passant de 57 % à 67 %;
  • le pourcentage des personnes ayant « confiance » dans leur capacité d’établir un budget et de le respecter est passé de 32 % à 37 %;
  • le pourcentage des personnes ayant « une grande confiance » dans leur capacité d’établir un budget et de le respecter est passé de 11 % à 22 %, ce qui correspond au double!

Selon l’analyse des résultats préliminaires, le nombre de personnes qui établissent un budget a augmenté sensiblement. Après avoir utilisé l’application, 14 % des personnes qui n’établissaient aucun budget ont commencé à le faire.

Cette initiative m’emplit d’enthousiasme, car ce que nous voulons, en fin de compte, c’est modifier les tendances et influer de manière positive sur le comportement des consommateurs. Nous souhaitons trouver de nouveaux moyens d’utiliser la technologie pour influencer les comportements, mais nous explorons également d’autres possibilités.

Nous savons que le milieu de travail est un endroit important pour parler de littératie financière et mon nouveau comité directeur sur la littératie financière accordera une attention particulière à ce domaine important.

Cette conférence a lieu parce que les choses ont changé en milieu de travail. J’ai aussi parlé de la complexité de plus en plus grande des produits financiers. De même, il incombe de plus en plus aux particuliers de prévoir leurs revenus de retraite.

Parallèlement, nous savons que les finances sont une cause majeure de stress qui nuit à la santé mentale et physique, comme Brigitte (de Sun Life) l’a indiqué. C’est un point auquel nous devons tous prêter attention.

Dans tout le Canada, des efforts importants sont déployés pour aider les employés en milieu de travail. Mais nous devons faire plus.

Nous voulons que les employés soient en bonne santé. Et les Canadiens ne sont pas aussi bien préparés pour la retraite qu’ils le devraient. Nous avons tous un rôle à jouer pour les aider.

Les entreprises et les organisations n’ont pas besoin de réinventer la roue : il existe beaucoup d’excellents programmes pour aider les employés.

Je sais que certains d’entre vous aujourd’hui travaillent dans le secteur des assurances. L’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes vient de lancer un microsite pour aider les consommateurs, intitulé Bientôt la retraite?

La Great-West Life, les Comptables professionnels agréés du Canada et la Financière Sun Life sont des chefs de file en ce qui a trait à la littératie financière au travail.

Elles ont toutes créé des programmes dont vous pouvez vous inspirer pour votre milieu de travail.

À l’ACFC, nous avons aussi du contenu pour vous aider, comme des outils interactifs et des programmes d’éducation en ligne, y compris Vos outils financiers.

Mon collègue Geoff présentera un certain nombre de nos outils et ressources comme la Calculatrice budgétaire.

Si tous les étudiants établissaient un budget dès qu’ils commencent à travailler, ou que la plupart des adultes tenaient un budget et le modifiaient lorsque leur situation change ou qu’ils approchent de la retraite, ce serait formidable, non?

En tant que professionnels, nous pouvons promouvoir cette chose toute simple qu’est l’établissement d’un budget. Selon nos études, la plupart des gens ne savent pas par où commencer, alors qu’il suffit de fournir à chacun un outil à cette fin.

Cette mesure est à la portée des institutions financières, des compagnies d’assurance, des employeurs, des conseillers en investissement et des établissements scolaires.

Nous voulons que les Canadiens aient le sentiment de maîtriser leur situation financière et qu’ils aient confiance en leurs décisions. Nous vous invitons à utiliser notre site Web.

Comme vous le savez, les Canadiens peuvent aussi bénéficier d’un grand nombre de crédits et de prestations, mais ils ne savent pas que ces ressources existent et elles sont souvent inutilisées.

C’est là que ceux d’entre vous qui travaillent directement avec les Canadiens peuvent les sensibiliser aux options d’épargne disponibles comme les régimes enregistrés d’épargne-études, les comptes d’épargne libres d’impôt, les régimes enregistrés d’épargne-retraite et les prestations gouvernementales.

L’exemple suivant peut vous intéresser, car il montre comment le fait de produire une déclaration de revenus peut aider les familles à faible revenu à accéder aux prestations auxquelles elles ont droit. Le Manitoba Centre for Health Policy s’est d’ailleurs penché sur cette question.

Le centre a aidé une mère à faible revenu avec deux enfants en bas âge.

En produisant sa déclaration de revenus et en accédant à divers types de crédits et de prestations, cette personne a doublé ses revenus.

La littératie financière est une responsabilité partagée et nous devons tous œuvrer de concert pour la promouvoir : au travail, à l’école, chez soi et par l’intermédiaire de différentes organisations.

J’ai eu la chance que mes parents m’aient appris à gérer mes finances personnelles. Je parle d’argent à mes fils qui sont adolescents. Certaines personnes préfèrent cependant ne pas en parler à la maison.

Aider les gens au travail est une manière formidable d’enseigner la littératie financière. Aussi, vous pouvez élargir cet enseignement en encourageant les employés à aborder la question à la maison, pendant les repas.

La littératie financière est dans l’intérêt de chacun. Elle aide l’économie, permet aux gens de mieux consommer, aide les Canadiens à rester en bonne santé en réduisant leur stress, et leur permet d’atteindre leurs objectifs financiers.

Grâce aux efforts déployés à l’ACFC et au travail formidable que vous accomplissez, nous faisons des progrès.

Nous avons cependant encore beaucoup à faire pour aider les Canadiens à bien gérer leur argent et leur dette, à établir un budget, à épargner, et à se protéger contre la fraude et l’exploitation financière.

Merci beaucoup.


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