Allocution de Jane Rooney, chef du développement de la littératie financière, à la Conférence du G20

Discours

Numériser les finances, l'inclusion financière et la littératie financière 

26 janvier 2017
Wiesbaden, Allemagne
Conférence du G20

La version prononcée fait foi.

Présentation

Merci Annamaria (Lusardi) pour cette aimable présentation et l'occasion de m’adresser à l’auditoire lors de cet atelier.

Comme dans d'autres pays du G20, l'économie canadienne, au cours de la dernière décennie, a été caractérisée par des taux d'intérêt historiquement bas. Cependant, les ménages canadiens consacrent maintenant une part plus faible que jamais de leur revenu disponible à l’épargne, et à 167 %, leur ratio de dette au revenu disponible trône à un sommet historique.

De plus, je peux affirmer sans risquer de me tromper qu'au Canada, comme dans la plupart des économies du G20, les produits et les services financiers sont devenus de plus en plus complexes; les gens font des transactions à un rythme plus rapide à cause de la technologie; et la responsabilité revient maintenant aux consommateurs de prendre davantage de décisions pour eux-mêmes.

La littératie financière a toujours été importante, mais elle l'est encore plus dans un tel environnement.

L'ère numérique et les occasions de tirer parti de la technologie 

Le Canada est l’un des pays les plus branchés au monde. Plus de 70 pour cent des gens possèdent un téléphone intelligent, et la plupart des consommateurs ont accès à Internet. Dans un monde qui se numérise, nous devons être à l'affût de chaque occasion d'utiliser la technologie pour simplifier la vie des gens.

Les fournisseurs de services financiers ont été à l'avant-garde dans leur utilisation de la technologie à de nombreux égards. Pensez seulement à leurs avancées dans le domaine des services bancaires mobiles et avec quelle facilité les consommateurs peuvent maintenant, grâce à la technologie, effectuer des paiements avec leurs cartes de crédit et de débit (par exemple, avec la technologie « Tapez et partez ») et avec les appareils mobiles. Les consommateurs demandent de la rapidité, de la commodité et des récompenses, ce qui dicte les tendances à l'échelle mondiale.  Au Canada, le volume et la valeur des transactions de paiements « sans contact » ont augmenté de 70 pour cent en 2015.  De plus, la croissance des virements en ligne est la plus fulgurante – le volume de transactions a atteint 120 millions, pour une valeur de 45 milliards de dollars, au Canada seulement. Et, comme nous le savons, les services bancaires mobiles ne cessent de croître – 44 pour cent des Canadiens ont effectué au moins une partie de leurs opérations bancaires au moyen d’un appareil mobile en 2015, soit une hausse de 11 points de pourcentage par rapport à 2014.

La numérisation et la technologie doivent également être au cœur de nos interventions pour rehausser les niveaux de littératie financière des consommateurs.

Je vais vous donner un exemple de comment nous nous sommes servis d’une application mobile pour éduquer les consommateurs et influencer les comportements entourant l'établissement d'un budget.

Dans le cadre de notre recherche, nous avons déterminé que l'établissement d'un budget était un fondement de la santé financière, parce que cette habitude aide les gens à gérer leur argent et leurs dettes, à économiser, ainsi qu’à planifier pour l'avenir. À la lumière de la recherche récente, nous savons qu'il s'agit d'une méthode particulièrement efficace lorsque les gens vivent du stress sur le plan financier. Selon nos données gouvernementales, moins de la moitié des Canadiens ont un budget, mais, lorsque les gens en ont un, 93 % des gens affirment le suivre « habituellement » ou « toujours ».

La preuve nous indique que les gens qui connaissent le plus les finances, qui sont le plus confiants dans ce domaine et qui sont les plus compétents en la matière ont tendance à faire un budget. L'ACFC a constaté que les gens de plus de 55 ans à l’approche de l'âge de la retraite qui ont un budget et le respectent sont deux fois plus susceptibles d'avoir une bonne idée de combien d'argent ils ont besoin pour leur retraite comparativement à ceux qui n'en ont pas. Et nous avons appris que les messages reçus par les consommateurs au moyen de leur appareil mobile contribuent à changer les comportements.

Laissez-moi vous en dire davantage à ce sujet. 

En 2016, nous avons mené un projet pilote axé sur l'établissement d'un budget à l’aide d'une application mobile appelée Carotte boni. Cette application offrait aux consommateurs des points de récompense. En échange, ils devaient répondre à de courts questionnaires et recevoir des messages d'éducation financière à propos de l'établissement d'un budget. Nous avons fait un suivi avec les utilisateurs de l'application et nous avons constaté qu'elle avait eu des retombées impressionnantes.

À la fin du projet pilote, nos résultats préliminaires indiquaient que les connaissances des utilisateurs de l'application sur l'établissement d'un budget avaient augmenté (de 57 pour cent à 67 pour cent, soit une hausse de 10 points de pourcentage).

De même, le pourcentage de gens qui étaient « confiants » en leur capacité d’établir et de suivre un budget était passé de 32 pour cent à 37 pour cent. Le pourcentage de gens qui étaient « très confiants » en leur capacité d’établir et de suivre un budget avait doublé, passant de 11 pour cent à 22 pour cent.

Enfin, après le projet pilote, 14 pour cent des gens qui ne faisaient pas de budget avaient commencé à en faire un.

Défis liés à la place de plus en plus grande du numérique dans l'avenir

Je suis convaincue que l'optimisation de notre utilisation des outils numériques est une façon puissante d'atteindre les consommateurs et de favoriser un changement de comportement positif. Le défi est le suivant : comment tirer parti des résultats de cette recherche et lancer une application mobile à laquelle le plus grand nombre possible de Canadiens dans l'ensemble du pays, y compris les populations les plus vulnérables, auront accès et recours?

Comme c’est le cas pour de nombreux autres pays, au Canada, certains groupes disposent d'un accès limité à la technologie, ce qui comprend certaines régions, mais également certains segments de la population.

L'accès à la technologie et la littératie numérique auront une importance de plus en plus cruciale pour la littératie financière.

Nous savons que cela est un enjeu de portée internationale et nous somme chanceux d’avoir des réseaux comme le Réseau international sur l’éducation financière avec lesquels nous pouvons adresser ces questions collectivement et apprendre les uns des autres.

Ainsi, comme dernière remarque sur le Canada, j'ai été ravie lorsque l'organisme de réglementation de la diffusion et des communications a annoncé le mois dernier qu'il allait donner accès à Internet à plus de Canadiens dans les régions mal desservies. Dans son annonce, il a déclaré que l'accès Internet à large bande était un « service de base », une affirmation avec laquelle je suis complètement d'accord. Cette mesure contribuera grandement à répondre à une partie du problème d'« accès à la technologie », que je considère comme l'un des plus grands défis que nous devons relever pour avoir des retombées optimales sur les consommateurs avec nos interventions dans le domaine de la littératie financière au cours des années à venir.

Merci de m’avoir permis de vous parler. Je suis prête à répondre à vos questions.


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