Donner une voix aux préoccupations des Autochtones en matière de bien-être
Une étude sur la sécurité alimentaire et d’autres questions liées à la santé et à la culture qui contribue à élargir la portée des questions actuellement prises en compte dans les évaluations.
Par Beth Gorham, rédactrice indépendante
Avis de non-responsabilité : Cet article a été commandé pour montrer comment fonctionne le processus d’évaluation d’impact et comment l’Agence d’évaluation d’impact du Canada (AEIC) mobilise le public et les groupes autochtones de diverses manières. Comme il s’agit d’une évaluation en cours, il est important de noter que les opinions qui y sont exprimées ne reflètent pas celles de l’AEIC, du ministre ou du gouvernement du Canada et ne sont données qu’à titre d’exemple. Les lecteurs sont invités à consulter le Registre canadien d’évaluation d’impact pour obtenir les renseignements les plus complets sur ce projet : Projet de la mine Beaver Dam.
Lorsque Gerald Gloade, membre de la Première Nation de Millbrook, a commencé à faire des recherches sur les répercussions potentielles d’un projet de mine d’or à Beaver Dam, il ne savait pas trop à quoi s’attendre.
En 2018, le gestionnaire de consultation pour la Première Nation de Millbrook a aidé à coordonner une étude sur l’utilisation traditionnelle des terres et des ressources qui a permis de documenter les terres et les activités de récolte des membres de la bande de Millbrook. En 2020, il s’est lancé dans une étude sur le bien-être, mais en raison de la pandémie, il a dû essayer quelque chose de nouveau : rendre visite à des familles à leur domicile pour dresser un portrait détaillé de leur mode de vie et des défis auxquels elles sont confrontées.
Ce qui l’a le plus surpris, c’est qu’il a découvert que les habitants de Beaver Dam et de la collectivité voisine de Sheet Harbour dépensaient beaucoup plus pour leur alimentation que les habitants de villes plus centrales (comme Truro et Halifax), jusqu’à 20 % de plus.
« C’est déjà assez difficile pour eux [les membres de la Première Nation de Millbrook], dit Gloade. Ils ne peuvent pas se le permettre. C’est pourquoi les aliments traditionnels sont si importants. Ils doivent avoir accès à la terre pour pouvoir chasser et pêcher. »
L’étude intitulée Beaver Dam Community Wellness Study de Gloade a été rendue publique au début de l’année 2022. Elle détaille les préoccupations de la bande concernant le projet de mine, notamment les effets négatifs sur la sécurité alimentaire, la qualité de l’eau et la santé mentale.
« Nous savons, grâce à notre travail de mobilisation et de consultation des collectivités, que les collectivités de la côte Est dépendent fortement des aliments traditionnels, indique le rapport. Surtout lorsqu’il s’agit de mettre des protéines sur la table, sous la forme de gibier sauvage. »
Les protéines provenant de la truite, du cerf et d’autres aliments traditionnels sont particulièrement importantes lorsque les prix de la viande sont si élevés dans les épiceries locales et les supermarchés des collectivités isolées, comme les réserves satellites de Millbrook à Beaver Dam et Sheet Harbour.
« Beaver Dam est actuellement le seul endroit de notre territoire où nous pouvons exercer nos droits de récolte, à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de la réserve, à proximité immédiate, indique le rapport. C’est également la seule assise territoriale qui n’est pas entourée de contaminants et de polluants potentiels. »
Avec le soutien de l’Agence d’évaluation d’impact du Canada (AEIC), Gloade a pu adopter une approche plus globale de la collectivité et prendre en compte les questions de santé, ainsi que la culture et le mode de vie traditionnels.
Un éventail plus large de questions est désormais pris en compte dans les évaluations des grands projets par l’AEIC, qui a remplacé l’Agence canadienne d’évaluation environnementale en 2019. La Loi sur l’évaluation d’impact, entrée en vigueur cette année-là, prévoit la prise en compte des répercussions sociales, de santé et liées au genre des projets potentiels, en plus des questions économiques et environnementales. L’AEIC met également l’accent sur les preuves scientifiques, le savoir autochtone, une large consultation des collectivités et des partenariats étendus avec les organismes gouvernementaux, l’industrie et divers experts.
Kathryn MacCarthy, gestionnaire de projet au bureau régional de l’Atlantique de l’AEIC, cite une longue liste d’organisations qui ont soutenu l’évaluation, notamment la province de Nouvelle-Écosse, le ministère fédéral des Pêches et des Océans, Environnement et Changement climatique Canada, Ressources naturelles Canada et Santé Canada. L’AEIC attend actuellement qu’Atlantic Mining NS Inc. fournisse les renseignements et les études nécessaires pour éclairer le rapport d’évaluation environnementale de l’AEIC, qui est remis au ministre de l’Environnement et du Changement climatique pour appuyer sa décision.
Au-delà d’un registre en ligne qui contient tous les jalons clés, les rapports et d’autres renseignements, une période de consultation publique a permis de recueillir les points de vue de plus de 350 personnes qui souhaitaient s’exprimer sur l’aménagement d’une mine à ciel ouvert à Beaver Dam.
« Nous essayons de mener le processus de manière respectueuse et réfléchie, déclare Mme MacCarthy. Nous écoutons et prenons en considération tous les commentaires, ce qui est important lorsque les problèmes sont complexes et difficiles à résoudre. J’ai l’impression que c’est ma petite contribution à la réconciliation. Je veux faire ma part. »
Pour Gloade, l’expérience a été « ouverte et transparente ».
« Elle nous donne une voix et une plateforme pour partager nos préoccupations », explique Gloade.
Les collectivités des Premières Nations de la côte est ont longtemps eu de la difficulté à maintenir une eau potable salubre dans les maisons appartenant à la bande. Les résidents autochtones ont été confrontés à des niveaux élevés d’arsenic, de bactéries et de particules en suspension, un problème qui pourrait s’aggraver avec une mine à proximité.
Des effets potentiels sur la santé mentale sont associés au deuil écologique et aux frustrations entourant les effets sensoriels du projet et la perte d’accès aux terres.
« Les résidents autochtones se sont habitués à un endroit calme et vierge, qui changerait en matière de bruit, de lumière, de qualité de l’air et d’activité sismique », indique le rapport de la Première Nation de Millbrook.
En plus de fournir des commentaires sur le projet minier, les études sur l’utilisation des terres et le bien-être se sont avérées bénéfiques à long terme pour la collectivité de la Première Nation de Millbrook.
« En fait, nous nous sommes servis des études pour établir un groupe de travail sur la sécurité alimentaire », explique Gloade, qui a présidé le groupe de travail depuis l’été 2022.
Le groupe de travail sur la sécurité alimentaire a élaboré un programme de provisions alimentaires qui fournit tous les deux mois jusqu’à 100 $ de produits d’épicerie de base aux foyers de la bande situés dans les réserves de Beaver Dam et de Sheet Harbour.
« Le processus de l’AEIC constitue sans aucun doute une amélioration, déclare-t-il. Il n’est pas parfait. Il reste encore beaucoup de travail à faire. Mais cela va dans la bonne direction. »


Termes
- Étude sur le bien-être
- Une étude sur l'utilisation traditionnelle des terres et des ressources qui documente les activités d'exploitation des terres et des récoltes parmi les membres de la bande des Premières Nations.
- Évaluation d'impact
- Une évaluation d'impact est un outil de planification et de prise décision servant à évaluer les effets positifs et négatifs potentiels de projets proposés.
- Mobilisation
- Une mobilisation significative signifie que le public a la possibilité de participer au processus d'évaluation d'impact, qu'il dispose des renseignements dont il a besoin pour participer, qu'il a la capacité de participer en connaissance de cause et qu'il est en mesure de constater que sa contribution a été prise en compte.
- Consultation
- Le gouvernement du Canada a l'obligation de consulter les peuples autochtones pour assurer le respect et la protection de leurs droits. L'Agence est le responsable et le coordonnateur fédéral des consultations entre la Couronne et les Autochtones sur les évaluations d'impact. L'Agence s'engage à respecter les droits des peuples autochtones, comme le reconnaît et l'affirme l'article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982 et comme l'exigent la Loi sur l'évaluation d'impact et la Loi sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
- Sécurité alimentaire
- L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture affirme qu'une personne est en situation d'insécurité alimentaire lorsqu'elle n'a pas un accès régulier à suffisamment d'aliments sains et nutritifs pour une croissance et un développement normaux et une vie active et saine.
- Loi sur l'évaluation d'impact
- La Loi est entrée en vigueur en août 2019, abrogeant la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale (2012) (LCEE 2012). La Loi est conçue pour refléter les besoins et les valeurs des peuples autochtones, du public et de l'industrie. Elle reflète un engagement en faveur de la transparence, de la prévisibilité et de la durabilité.
Détails de la page
- Date de modification :