Critique de livre - Pyves, Richard - Courage, Sacrifice And Betrayal: The Story of the Victoria Rifles of Canada, 60th Battalion, in the First World War
Critique préparée par le major (à la retraite) Murray Robertson, officier d’infanterie de la Réserve à la retraite

Toronto, Canada
ECW Press, 2018
384 pp.
ISBN : 978-1-77041-464-8
Courage, Sacrifice and Betrayal présente un historique personnel des officiers et du personnel qui ont formé le 60e Bataillon des Victoria Rifles, un bataillon du Corps expéditionnaire canadien (CEC) de la Grande Guerre qui a initialement été recruté à Montréal. On y raconte l’histoire de la formation, de l’instruction (y compris l’instruction initiale du Canada), du service et de la dissolution éventuelle de l’unité.
Les lecteurs et les lectrices cherchant une description détaillée des principales batailles auxquelles l’unité a participé devront chercher ailleurs. Cette étude offre d’excellentes descriptions des membres du personnel de l’unité, de leur origine, de la façon dont ils se sont enrôlés et de la façon dont ils ont été entraînés et déployés à l’étranger. Elle décrit la formation de l’unité en Angleterre, son déplacement en France et en Belgique, et son introduction dans les tranchées. Le livre comprend également des croquis de cartes qui sont utiles et qui ajoutent au contexte.
Tout au long de l’ouvrage, les expériences individuelles de ceux qui appartenaient à l’unité sont puissamment transmises. L’auteur utilise des lettres envoyées aux membres de la famille et en provenance de ceux-ci. Il inclut des photos de lieux, de l’équipement et d’autres souvenirs. Les lettres provenant du Canada sont particulièrement intéressantes. Bien que ce critique ait lu de nombreux ouvrages qui comprennent des lettres provenant de la maison et des soldats au front, les occasions de lire ceux de la famille et des amis sont peu communes.
En effet, Courage, Sacrifice and Betrayal présente essentiellement l’histoire personnelle des officiers et des membres qui ont constitué l’un des bataillons de combat du CEC. Il contient des photos individuelles (et de certains groupes) de plus de 200 membres de l’unité, personnalisant leur expérience d’une manière que peu d’œuvres contemporaines ont réussie. On y trouve également de courtes biographies de membres notables et ordinaires de l’unité, dont le commandant, le lieutenant-colonel Arthur Gascoigne, le sergent Edward Pyves (grand-père de l’auteur) et le soldat A.Y. Jackson, qui deviendra plus tard l’un des artistes fondateurs du Groupe des sept. Les comptes rendus de ce qui est arrivé aux membres de l’unité après la Grande Guerre pourraient bien représenter la meilleure partie du volume.
L’inclusion par Pyves de données sur pratiquement tous les officiers et soldats qui ont servi dans le 60e Bataillon des Victoria Rifles est tout aussi excellente. Cela comprend le nom, le grade atteint, la date et le lieu de naissance, la date et le lieu du décès, ainsi que l’emplacement des tombes des soldats (si connu). Cela comprend également tous les honneurs ou récompenses reçus, la date des blessures et l’endroit où les membres du bataillon ont été transférés. Le résultat est un travail qui permet aux lecteurs de s’identifier d’une manière unique aux histoires personnelles des membres de l’unité.
Le récit de Pyves de la dissolution de l’unité peu après la crête de Vimy est également remarquable. En fait, cet événement a rarement, voire jamais, fait l’objet d’une publication, encore moins d’un examen. Pyves note ici qu’il a été décidé après Vimy que le CEC comptait trop d’unités du Québec et de la Colombie-Britannique et pas assez de l’Ontario et de la Nouvelle-Écosse. C’est parce que l’Armée de terre avait fait un effort concerté afin de maintenir les unités régionales provinciales avec des remplaçants de la même région/province. Pour diverses raisons, le Québec et la Colombie-Britannique étaient initialement surreprésentés et, en 1917, leurs unités ne pouvaient être maintenues qu’avec des remplaçants provenant d’autres provinces. Il s’agit sans doute d’un héritage du processus de recrutement quelque peu chaotique que l’Armée canadienne a connu en 1914 et 1915. Au bout du compte, il semble que les autres provinces étaient mécontentes que leurs rôles importants ne soient pas reconnus aussi pleinement que leurs sacrifices l’exigeaient.
Comme d’habitude au Canada, la politique était omniprésente; un changement a donc été apporté. L’histoire officielle ne mentionne que brièvement ce changement, et d’autres travaux comme celui de Tim Curry fournissent également peu de détails. Les soldats en service dans les unités dissoutes ont été transférés à d’autres unités au front, et tous les efforts ont été déployés pour veiller à ce que les soldats aillent dans leurs unités régionales/provinciales. Bien que les démantèlements aient sans aucun doute été éprouvants et difficiles pour les soldats en cause, il y avait en fait de bonnes raisons politiques pour lesquelles certaines unités ont été remplacées. Cela dit, il convient de répéter que de telles décisions sont souvent hautement politiques dans le contexte canadien.
En somme, Courage, Sacrifice and Betrayal est un excellent ouvrage. Il donne un aperçu d’un Canada qui n’existe plus ainsi qu’une nouvelle perspective sur le Canada et la Grande Guerre. Compte tenu de l’impact énorme que la Première Guerre mondiale a eu sur l’évolution du Canada et de la société canadienne – impact qui continue de se faire sentir aujourd’hui – c’est un livre que tous les Canadiens et les Canadiennes doivent lire.
Cet article a été publié pour la première fois dans l’édition d’avril 2024 du Journal de l’Armée du Canada (20-2).
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