L’écart en matière de reconnaissance : les unités de reconnaissance et de sécurité de l’Armée canadienne dans l’histoire

par Major Bryce Simpson, CD

INTRODUCTIONNote de bas de page 1  

Comme l’indique le conseil d’un ancien étudiant et praticien chinois de la guerre, la reconnaissance a toujours été un élément essentiel de la guerre. Peu de gens contesteraient ce fait, mais il est également clair qu’il y a un manque de consensus au sein de l’Armée canadienne en ce qui concerne la conduite de la reconnaissance de formation. Il y a actuellement un débat sur la capacité de reconnaissance moyenneNote de bas de page 2   (la capacité fournie par les escadrons de reconnaissance de formation) du Corps blindé royal canadien (CBRC), et certaines personnes ont plaidé pour une réduction de cette capacité en faveur de ce que l’on appelle le « concept de cavalerie ».Note de bas de page 3  C’est cette question – la place des unités de reconnaissance de formation dans l’Armée canadienne – qui sera abordée dans le présent article. 

La doctrine militaire consiste en des « principes fondamentaux qui guident les forces armées dans la poursuite d’un objectif » et elle « est le fruit de perceptions épurées et de la sagesse acquise grâce à l’expérience ».Note de bas de page 4  Dans son traité fondateur On War (De la guerre), Carl von Clausewitz affirme que l’enracinement de la « théorie » militaire (doctrine) dans l’expérience historique conduit les auteurs qui cherchent à « déplacer une méthode en usage, confirmer une méthode douteuse ou en introduire une nouvelle » [traduction]Note de bas de page 5  à examiner des exemples historiques. Cependant, Clausewitz conseille la prudence dans de telles entreprises, notant que les exemples historiques « peuvent être utilisés pour soutenir les points de vue les plus contradictoires; et trois ou quatre exemples provenant d’époques et de lieux éloignés, tirés de la plus grande variété de circonstances, tendent à distraire et à embrouiller le jugement de chacun sans rien prouver » [traduction]Note de bas de page 6 . Les partisans du concept de cavalerie récemment adopté par le CBRC ont entrepris une justification historique de leur théorie, et il incombe donc aux soldats professionnels d’examiner leurs preuves

afin de déterminer si leurs conclusions sont justifiées. En s’appuyant sur une étude historique des structures de reconnaissance du CBRC, cet article démontrera que la doctrine de reconnaissance de l’Armée canadienne avant l’adoption du concept de cavalerie reposait sur une solide base d’expérience et que ces unités de reconnaissance ont été considérées à maintes reprises comme des éléments de combat essentiels d’une force terrestre moderne.

Poussez [l’ennemi] à l’action pour découvrir les principes de ses mouvements. Forcez-le à dévoiler son dispositif afin de déterminer si la position est avantageuse ou non. Harcelez-le afin de repérer ses points forts et ses points faibles. – Sun tzu, vers 500 av. J.-CNote de bas de page 7 

Figure 1 : L’écart de la cavalerie selon Matthew McInnes, « Premiers principes et la mise sur pied d’une puissance de blindés de combat », Le Journal de l’Armée du Canada 17.3 (2017), p. 89-121.
Figure 1 : L’écart de la cavalerie selon Matthew McInnes, « Premiers principes et la mise sur pied d’une puissance de blindés de combat », Le Journal de l’Armée du Canada 17.3 (2017), p. 89-121.

La figure 1 représente le concept proposé par Matthew McInnes de « l'écart de cavalerie » inoccupé dans le rôle des blindés dans le contexte actuel comme un spectre entre le « flux de reconnaissance » des régiments de véhicules blindés avec une fonction de reconnaissance, jusqu'au « flux de chars » de chars. les régiments ayant une fonction de char, les régiments blindés ayant la fonction de cavalerie se situant entre les deux extrêmes.

 

Le concept de cavalerie a été en grande partie défini par le capitaine Matthew McInnes dans un article publié en 2017.Note de bas de page 8  Bien que le concept de cavalerie ait fait l’objet de nombreuses discussions au sein du CBRC ces dernières années et que les arguments en sa faveur, qui évoluent rapidement, aient été régulièrement présentés dans d’innombrables breffages de l’Armée de terre, l’article de McInnes publié en 2017 dans les pages de ce journal reste la seule justification publiée des « premiers principes » du concept. McInnes tente de présenter un argument historique pour ce qu’il appelle « l’écart de la cavalerie », un espace conceptuel entre les sous-unités de reconnaissance et de chars du CBRC, dont la séparation doctrinale entraîne des « flux » indésirables au sein du Corps blindé.Note de bas de page 9  En outre, McInnes critique le maintien d’éléments de reconnaissance de formation au sein d’une armée, avançant que « les organisations de manœuvre axées sur la reconnaissance ne sont pas plus essentielles que les organisations de manœuvre axées sur l’attaque, car les forces de combat polyvalentes sont, de par leur nature, équipées et formées pour l’éventail complet des activités tactiques dans le spectre des opérations ».Note de bas de page 10

Figure 2 : Concept de cavalerie « escadron blindé léger » (2021)
Figure 2 : Concept de cavalerie « escadron blindé léger » (2021)

La figure 2 représente la structure organisationnelle d'un escadron de cavalerie légère selon les symboles cartographiques standard de l'OTAN, illustrant l'agencement introduit par le concept de cavalerie. Le schéma illustre un escadron comprenant quatre troupes, chacune équipée de quatre véhicules blindés légers, avec 16 soldats dans chaque troupe :

  • 1x ARMD LT
  • 1x WO CRMN
  • 2x SGT CRMN
  • 2x MCPL CRMN
  • 3x CPL CRMN
  • 7x TPR CRMN

Le QG de l'escadron dispose également de 4 VBL et d'un poste de commandement.

 

Le CBRC a officiellement accepté les affirmations historiques et les recommandations connexes formulées dans l’article de McInnes, en promulguant le concept de cavalerie dans une lettre adressée en août 2021 à tous les commandants du CBRC.Note de bas de page 11  Les préceptes du concept comprennent « l’annulation de toute la doctrine existante en matière de blindés, de “chars” et de “reconnaissance”» [traduction], et l’affirmation selon laquelle « il n’y a qu’un seul type d’escadron de combat au sein du CBRC, l’escadron de cavalerie blindée » [traduction], qui appelle à la réorganisation des sous-unités de reconnaissance en « une structure organisationnelle unique fondée sur le principe des quatre (quatre véhicules blindés de combat par troupe, 20 VBC par escadron répartis entre quatre troupes et le quartier général de l’escadron) » [traduction].Note de bas de page 12  Les anciens escadrons de reconnaissance (désormais appelés « escadrons blindés légers ») se sont vu attribuer le même spectre de tâches tactiques que les sous-unités de chars, l’accent étant mis sur les tâches offensives et défensives pour les deux types d’escadrons.Note de bas de page 13  Cet ordre a effectivement supprimé les escadrons de reconnaissance spécialisés de la doctrine de l’Armée de terre pour la première fois depuis leur création en 1940.Note de bas de page 14  Si, comme le suggère Clausewitz, « la nature même de la guerre ne nous est généralement révélée que par l’expérience » [traduction], l’analyse historique de nos structures et de notre doctrine de reconnaissance passées, à laquelle nous allons maintenant nous intéresser, démontrera qu’en tentant de combler un « écart de la cavalerie » conceptuel entre les éléments légers et lourds, le CBRC a peut-être ouvert une véritable cavité physique dans le cadre du champ de bataille de l’Armée de terre : l’écart en matière de reconnaissance.Note de bas de page 15 

LA RECONNAISSANCE DURANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE

L’expérience du CBRC en matière de reconnaissance de formation trouve son origine dans les débats doctrinaux des années 1920 et 1930 au sein de l’Armée britannique.Note de bas de page 16  Paradoxalement, étant donné l’utilisation récente du terme au sein du CBRC, une théorie connue sous le nom de « concept de cavalerie » a émergé. Celle-ci promeut la notion de véhicules blindés de combat « remplaçant simplement les cavaliers dans leur rôle mobile traditionnel » [traduction] séparément des autres armes, par opposition à des réformateurs plus radicaux qui promeuvent quelque chose de reconnaissable comme des tactiques interarmes modernes.Note de bas de page 17  Comme l’a rappelé avec amertume un officier décoré à la retraite, « très malheureusement pour le Royal Armoured Corps, l’influence de la cavalerie a prédominé » [traduction] avant la guerre et a contribué à ce qu’il a appelé le massacre généralisé des unités de VBC légers lancées sans appui interarmes intégral dans des tâches offensives pour lesquelles elles étaient presque aussi inadaptées que leurs prédécesseurs équins.Note de bas de page 18  Ces questions sont restées sans réponse pendant le conflit, contribuant à ce que l’historien John English appelle la « schizophrénie tactique » [traduction] dans la doctrine, et ont conduit à la formation de trois établissements distincts d’unités de reconnaissance du Commonwealth, avec de l’équipement et des fondements doctrinaux différents.Note de bas de page 19  Il s’agit des régiments de reconnaissance blindée, des régiments de véhicules blindés et des régiments de reconnaissance des divisions d’infanterie. Les commentateurs récents du CBRC ont tendance à ne mettre en évidence que les régiments de reconnaissance blindée dans leurs analyses, les citant comme un exemple positif; McInnes les utilise pour promouvoir sa thèse selon laquelle les tactiques blindées, même dans les rôles de reconnaissance, sont universelles et que les blindés et la reconnaissance existent simplement dans un spectre de tâches.Note de bas de page 20  

L’accent mis sur ce seul type d’unité a conduit à la propagation d’un mythe selon lequel les unités équipées de chars d’assaut effectuaient toutes les fonctions de reconnaissance de formation. Par exemple, le capitaine Vladimir Kessia, commentant récemment la reconnaissance canadienne, a pu généraliser hâtivement le fait que pendant la guerre, « la reconnaissance au sein du CBRC était réalisée par des troupes à quatre véhicules embarquées dans des chars ».Note de bas de page 21  Malgré l’assurance de cette déclaration, ni lui ni d’autres commentateurs récents n’ont fourni d’analyse de l’efficacité des régiments de reconnaissance blindée, ni examiné la structure, le rôle et le rendement des régiments de véhicules blindés ou des régiments de reconnaissance des divisions d’infanterie. 

En 1944, les régiments de reconnaissance blindée étaient structurés et équipés comme des régiments blindés normaux du CBRC. Ils comprenaient trois escadrons de chars et faisaient partie intégrante des divisions blindéesNote de bas de page 22 . Elles n’étaient pas conçues pour assurer le rôle de reconnaissance moyenne rempli par d’autres unités et étaient, selon les publications doctrinales, « équipées pour remplir le rôle de reconnaissance rapprochée sur le front de la division blindée, et de reconnaissance détaillée après que le contact a été établi » [traduction].Note de bas de page 23  En termes plus simples, les unités de reconnaissance blindée étaient optimisées pour combattre afin d’obtenir des renseignements en tant que fer de lance d’une poussée blindée, tandis que les fonctions de reconnaissance moyenne de la division étaient censées être assurées par les divisions d’infanterie déjà au contact ou par l’état-major supérieur. 

 

Figure 3 : Régiment de reconnaissance blindée du Corps blindé royal canadien (1944)
Figure 3 : Régiment de reconnaissance blindée du Corps blindé royal canadien (1944)

La figure 3 illustre la structure organisationnelle du régiment blindé de reconnaissance de 1944, en utilisant les symboles cartographiques standard de l'OTAN. Le tableau présente un régiment composé de trois escadrons, chacun composé de cinq soldats et chaque troupe équipée de trois chars croiseurs. Le quartier général de l'escadron comprenait deux chars croiseurs et deux chars d'appui rapproché. Le régiment comptait également :

  • QG régimentaire : 4 chars croiseurs
  • Troupe de reconnaissance : 11 chars légers
  • Troupe anti-aérienne : 6 chars AA
  • Troupe d'intercommunication : 9 voitures de reconnaissance

Dans la pratique, les régiments de reconnaissance blindée ont rarement rempli leur fonction doctrinale et ont plutôt été utilisés comme quatrième régiment blindé au sein des divisions blindées.Note de bas de page 24  Dans l’Histoire officielle de la participation de l’Armée canadienne à la Seconde Guerre mondiale, C. P. Stacey ne mentionne apparemment qu’une seule occasion où les régiments de reconnaissance blindée ont joué le rôle qui leur était assigné : la poursuite qui a suivi la bataille de la percée de Falaise.Note de bas de page 25  La non-utilisation de ces unités dans leurs rôles prévus s’explique en partie par l’inadéquation de leur équipement et le manque de capacités en matière de reconnaissance débarquée. L’expérience de l’armée britannique a mis en évidence ce fait : ses unités ont subi de lourdes pertes en tentant d’effectuer des reconnaissances en l’absence d’infanterie ou de véhicules légers.Note de bas de page 26  L’état-major du major-général Bert Hoffmeister de la 5e Division blindée canadienne a conclu que le régiment de reconnaissance blindée avait besoin de « [véhicules] plus légers et plus maniables » [traduction] afin d’être efficace dans son rôle.Note de bas de page 27  Les régiments de reconnaissance blindée ne peuvent pas être considérés comme efficaces dans leurs tâches prévues, bien qu’ils se soient admirablement comportés en tant que régiments blindés standards. En effet, en augmentant le « poids » au combat d’un élément de reconnaissance par la prédominance des chars dans la structure, les concepteurs de l’unité garantissaient pratiquement que les commandants les emploieraient comme des unités de manœuvre régulières, créant ainsi un écart en matière de reconnaissance avec les divisions blindées.Note de bas de page 28 

Les régiments de véhicules blindés au niveau du corps d’armée étaient conçus pour effectuer une « reconnaissance moyenne jusqu’à une distance de 50 miles en avant des colonnes principales » [traduction] de la formation qu’ils appuyaient.Note de bas de page 29  Les régiments reflètent le concept de cavalerie de l’entre-deux-guerres, qui met l’accent sur l’exécution des tâches à bord de véhicules, avec peu d’auxiliaires d’appui au combat et seulement une petite « troupe d’appui » [traduction] dans chacun des quatre escadrons pour fournir quelques éclaireurs débarqués.Note de bas de page 30  Les escadrons ont pour éléments de base cinq troupes d’éclaireurs, chacune opérant comme une « patrouille d’officiers » [traduction] avec quatre véhicules à roues légères.Note de bas de page 31  Comme ils n’étaient pas conçus pour combattre afin d’obtenir des renseignements, la doctrine précisait que « si l’ennemi se heurte à une opposition sur une route, la patrouille concernée utilisera ses armes pour réussir à s’enfuir, rapporter le contact et chercher un autre itinéraire » [traduction] et indiquait que les régiments de véhicules blindés ne devaient pas être employés dans des actions de retardement ou des actions offensives.Note de bas de page 32  Il est important de noter cette séparation entre les fonctions de reconnaissance et les fonctions de sécurité : en effet, les régiments de véhicules blindés étaient structurés et capables du point de la doctrine d’accomplir uniquement les premières. 

Figure 4 : Régiment de véhicules blindés du Corps blindé royal canadien (1944)
Figure 4 : Régiment de véhicules blindés du Corps blindé royal canadien (1944)

La figure 4 présente la structure organisationnelle d'un régiment de véhicules blindés de 1944, en utilisant les symboles cartographiques standard de l'OTAN. La carte représente un régiment comprenant quatre escadrons, chacun composé de cinq troupes de reconnaissance équipées de quatre voitures blindées. De plus, dans chaque escadron il y a :

  • une troupe lourde avec un véhicule de reconnaissance et deux véhicules blindés lourds
  • une troupe de soutien avec quatre voitures de reconnaissance et 18 démons.

De plus, le régiment comprend :

  • un QG régimentaire avec trois voitures blindées
  • une troupe anti-aérienne avec quatre véhicules blindés avec une monture AA
  • une troupe d'intercommunication avec 13 voitures de reconnaissance

Les régiments de véhicules blindés au service du Canada ont obtenu des résultats en dents de scie au cours des opérations. À l’origine, ils étaient constitués à raison d’un régiment de véhicules blindés par division blindée, mais après la campagne d’Afrique du Nord, ce nombre a été ramené à un par corps d’armée.Note de bas de page 33  La faible mobilité des VBC les contraint souvent à rester sur les routes, et leur manque de fantassins débarqués les empêche de protéger efficacement les formations qu’ils appuient ou d’effectuer des reconnaissances plus agressives.Note de bas de page 34  Les commandants les ont souvent employés dans des rôles qualifiés de « rôles étranges » [traduction] dans un rapport officiel, que la doctrine n’avait pas prévus.Note de bas de page 35  Au cours de l’un des engagements les plus importants du Canada (l’opération TOTALIZE), le 12th Manitoba Dragoons s’est retrouvé à contrôler la circulation et à escorter des camions, une utilisation typique de ces unités.Note de bas de page 36  En effet, un rapport historique officiel indique que The Royal Canadian Dragoons a fait une « expérience amère » [traduction] de ce type de rôle au cours de son service en Italie. Il a dû attendre jusqu’en avril 1945 (alors que la guerre touchait à sa fin) pour que l’affaiblissement de la résistance ennemie lui permette d’accomplir une « tâche classique de cavalerie » [traduction] à laquelle il s’estimait mieux adapté.Note de bas de page 37  

La capacité limitée des régiments de véhicules blindés à mener à bien des tâches de sécurité cinétique est devenue évidente dans le contexte multinational de la guerre : lorsqu’il s’est agi d’établir un écran aux points de jonction du 21e groupe d’armées britannique et du 12e groupe d’armées américain, la tâche a été confiée à une organisation de cavalerie américaine, car les forces du Commonwealth ne disposaient pas d’une unité au niveau de la formation capable de mener à bien une opération aussi vitale.Note de bas de page 38  Les écrits d’après-guerre reflètent les résultats quelque peu décevants des régiments de véhicules blindés, commentant la relégation de ces régiments à la sécurité de la zone arrière et leur placement à l’arrière de l’ordre de marche pendant les opérations offensives.Note de bas de page 39  Reconnaissant tardivement leur utilité limitée au combat, la publication doctrinale d’après-guerre The Armoured Car Regiment a ajouté d’autres « rôles étranges » [traduction] à la liste des tâches officielles, notamment la gestion « ennuyeuse mais essentielle » [traduction] du contrôle de la circulation et la protection des quartiers généraux et des colonnes de ravitaillement.Note de bas de page 40 

La dernière unité de reconnaissance en temps de guerre était paradoxalement le type d’unité le plus polyvalent et historiquement le plus négligé des trois : les régiments de reconnaissance des divisions d’infanterie. Comme de nombreuses innovations militaires, les régiments de reconnaissance sont nés d’une nécessité en temps de guerre. Avec cette modernisation, le Canada a en fait précédé les Britanniques en agissant sur la base d’une analyse post-Dunkerque des piètres résultats de l’armée britannique face à la Wehrmacht lors de la campagne de France. Les conclusions de ce rapport ont mis en évidence un écart en matière de capacités de reconnaissance des divisions et, en réponse, l’Armée canadienne a créé les premiers escadrons de reconnaissance de brigade au cours de l’été 1940.Note de bas de page 41  Plus tard, ces escadrons ont été fusionnés en régiments de reconnaissance divisionnaires sous l’autorité du CBRC.Note de bas de page 42 

Les régiments de reconnaissance comprennent chacun trois escadrons de reconnaissance, une troupe de tireurs de mortier et une batterie antichar.Note de bas de page 43  Les escadrons de reconnaissance comprenaient trois « troupes d’éclaireurs » [traduction], composées d’une section de reconnaissance de deux patrouilles (chacune contenant une paire de VBC légers), de deux sections de porteurs (équipées de porteurs universels pouvant former des éléments débarqués) et d’un quartier général. Une importante troupe d’assaut de quarante fantassins embarqués complète l’escadron.Note de bas de page 44 

Contrairement aux régiments de véhicules blindés, la doctrine ne limitait pas ces unités à des rôles de reconnaissance furtive et à des rôles non liés au combat, et les brochures de formation contenaient une mise en garde selon laquelle les régiments de reconnaissance « obtiendront rarement des renseignements précieux sans avoir à combattre » [traduction].Note de bas de page 45  Les régiments peuvent également se voir assigner des tâches de « protection » [traduction], y compris agir en tant qu’avant-garde, couvrir un désengagement, établir des écrans et effectuer des tâches d’économie de forces telles que « saisir et tenir un terrain vital » [traduction], « poursuivre un ennemi battu et désorganisé » [traduction] ou agir « en tant que réserve mobile de puissance de feu » [traduction].Note de bas de page 46  En tant qu’unités dotées d’une grande mobilité et d’une puissance de feu disproportionnée par rapport à leur taille, les régiments de reconnaissance du CBRC ont comblé des écarts considérables en matière de reconnaissance et de sécurité pour l’Armée canadienne, qui apprenait à mener une guerre moderne.Note de bas de page 47  

Figure 5 : Régiment de reconnaissance de division d’infanterie du Corps blindé royal canadien (1944)
Figure 5 : Régiment de reconnaissance de division d’infanterie du Corps blindé royal canadien (1944)

La figure 5 illustre la structure organisationnelle d'un régiment de reconnaissance d'une division d'infanterie de 1944, à l'aide des symboles cartographiques standard de l'OTAN. Le tableau représente un régiment composé de trois escadrons, chacun composé de :

  • QG d'escadron : 1 voiture blindée, 1 voiture légère de reconnaissance
  • Troupe de scouts (x3)
    • QG Tp : 1 voiture blindée, 1 porte-avions universel, 2 démontés
    • Section de reconnaissance : 2 voitures blindées, 2 voitures de reconnaissance légères
    • Sections porte-avions (x2) : 3 porte-avions universels chacun (1 mortier, 1 antichar, 3 LMG) et 6 démontages
  • Troupe d'assaut
    • QG Tp : 1 halftrack, 7 personnes avec mortiers et armes antichar
    • Section d'assaut (x4) : 1 half-track et 8 démontages avec LMG

De plus, le régiment comprend

  • RHQ : 1 voiture blindée, 3 voitures légères de reconnaissance
  • Troupe de mortiers : 6 mortiers moyens sur porteurs universels
  • Troupe antichar : 8 canons antichar remorqués

L’expérience des régiments de reconnaissance canadiens en temps de guerre est aussi variée que leur équipement. Dans leur rôle de reconnaissance, ces unités se sont révélées capables d’effectuer les mouvements « de cavalerie » [traduction] nécessaires lors d’une poursuite, comme après l’action de rupture en Normandie, où les deux régiments de reconnaissance du 2e Corps canadien ont mené l’avance, s’attaquant à toute résistance mineure sur le chemin des divisions qui avançaient.Note de bas de page 48  Elles étaient également exceptionnelles dans la conduite de missions de reconnaissance en force. On peut notamment mentionner le rendement remarquable accompli par le 17th Duke of York’s Royal Canadian Hussars lors de l’assaut à travers la rivière Laison pendant l’opération TRACTABLE. Là, deux escadrons ont contourné les unités de défense allemandes pour s’emparer d’un pont intact et d’un site de passage à gué, puis ont tenu la tête de pont contre les contre-attaques jusqu’à ce que l’infanterie et les blindés soutenus puissent accomplir leur traversée.Note de bas de page 49  Bien que les théâtres normand et italien, exceptionnellement restreints et densément défendus, aient parfois limité les besoins en reconnaissance moyenne à plein temps, les régiments de reconnaissance ont prouvé qu’ils pouvaient toujours accomplir ces tâches lorsqu’elles étaient nécessaires.Note de bas de page 50 

Les régiments de reconnaissance étaient sans doute le type d’unité du CBRC le plus performant dans l’accomplissement des tâches de reconnaissance, mais ils étaient également extrêmement performants dans leur rôle – tout aussi important – de sécurité. Bien que peu glorieuse, la tâche essentielle consistant à dominer le terrain entre et sur les flancs des divisions, des corps d’armée et des armées de terre qui avancent est une tâche dans laquelle les régiments de reconnaissance excellaient. Leur mobilité, leurs grandes sous-unités autonomes et leur puissance de feu assurée par leurs fantassins débarqués leur ont permis de protéger des fronts importants ou de se concentrer sur la mise en place d’une force de garde plus robuste. L’histoire officielle de la campagne d’Italie décrit comment le 4th Princess Louise Dragoon Guards a réussi la « tâche formidable » d’établir et de maintenir, pendant des semaines, un écran de près de 50 kilomètres entre les corps d’armée le long des deux axes d’avance de la 8e armée.Note de bas de page 51  Les régiments de reconnaissance ont continué à démontrer leur polyvalence lorsque la situation en Italie s’est transformée en bourbier et que le besoin en soldats d’infanterie supplémentaires est devenu criant : le 4th Princess Louise Dragoon Guards s’est retrouvé à opérer en tant que bataillon de fusiliers au cours de l’été 1944.Note de bas de page 52  Le commandant de corps envisagea de confier cette tâche aux Royal Canadian Dragoons mais, en tant qu’unité de véhicules blindés, ce régiment n’avait pas l’expérience des Dragoon Guards en matière de combat à pied. Ce dernier s’est admirablement bien comporté dans l’infanterie pendant des mois avant de reprendre son rôle de reconnaissance.Note de bas de page 53 

Les trois unités de reconnaissance du Canada en temps de guerre avaient des structures très différentes et des résultats variables, ce qui a créé, par inadvertance, une sorte d’expérience pratique dans la théorie de la reconnaissance au sol. La reconnaissance « lourde » fournie par les régiments de reconnaissance blindée s’est avérée inadaptée au rôle de reconnaissance en raison de leurs véhicules surdimensionnés et du manque de personnel démontable, tandis que les petites troupes de quatre véhicules légers des régiments de véhicules blindés étaient, par nature, des éléments non combattants pour des opérations de reconnaissance furtive contre une opposition mineure ou inexistante. À l’inverse, les régiments de reconnaissance ont été très performants en tant qu’unités de reconnaissance et de sécurité et ont eu la possibilité de passer à d’autres rôles. Clausewitz affirme que « si, dans la guerre, un certain moyen se révèle très efficace, il sera utilisé à nouveau [...] et ainsi, soutenu par l’expérience, il passe dans l’usage général » [traduction], et les régiments de reconnaissance reflètent la tendance en temps de guerre qui consiste à trouver des solutions doctrinales communes aux nouveaux problèmes de la guerre motorisée.Note de bas de page 54  Cette tendance se traduit par une grande similitude entre ces unités et leurs homologues étrangères : les unités de reconnaissance américaines et allemandes utilisaient des combinaisons comparables de véhicules légers, d’éléments d’appui au combat et de nombreux débarquements organisés en grands pelotons multiplateformes, ce qui leur permettait d’effectuer un spectre similaire de tâches de reconnaissance, de sécurité et d’économie de forces pour les formations qu’elles appuyaient.Note de bas de page 55  

Figure 6 : Parallèles en matière de reconnaissance structurelle au sein du Cavalry Reconnaissance Squadron (Mechanized) des États-Unis (1944)
Figure 6 : Parallèles en matière de reconnaissance structurelle au sein du Cavalry Reconnaissance Squadron (Mechanized) des États-Unis (1944)

La figure 6 détaille les parallèles de reconnaissance structurelle dans l'escadron de reconnaissance de cavalerie américain (mécanisé) de 1944, en utilisant les symboles cartographiques standard de l'OTAN. Le tableau représente un escadron composé de trois troupes de reconnaissance de cavalerie, chacune comprenant

  • trois pelotons de reconnaissance équipés chacun de trois voitures blindées
  • six jeeps avec 17 descentes
  • un QG avec trois voitures blindées

De plus, l'escadron comprend

  • une troupe de canons d'assaut composée de 3 pelotons, chacun équipé de 2 half-tracks et de 2 canons automoteurs de 75 mm
  • une compagnie de chars légers avec 3 pelotons de chars légers de 5 chars légers chacun et un QG avec deux autres chars légers

Figure 7 : Parallèles en matière de reconnaissance structurelle au sein des Panzer-Aufklärungs-Abteilungen allemands (vers 1943)
Figure 7 : Parallèles en matière de reconnaissance structurelle au sein des Panzer-Aufklärungs-Abteilungen allemands (vers 1943)

La figure 7 présente les parallèles de reconnaissance structurelle dans un bataillon de reconnaissance Panzer allemand de 1943, en utilisant les symboles cartographiques standard de l'OTAN. Le graphique illustre un bataillon composé de cinq compagnies :

  • une compagnie de reconnaissance à roues équipée de
    • trois pelotons légers, chacun avec quatre voitures blindées légères avec canon de 2 cm et deux voitures blindées légères avec MG
    • un peloton lourd, avec six voitures blindées légères avec canon de 2 cm
    • voiture blindée du quartier général
  • une compagnie de scouts avec
    • quatre pelotons de reconnaissance, chacun avec six half-tracks avec canon de 2 cm
    • semi-piste du quartier général
  • deux compagnies de reconnaissance chacune avec
    • trois pelotons, chacun avec huit halftracks, camions ou voitures et 36 débarquements
    • groupe de mortier avec quatre half-tracks, camions ou voitures avec mortier de 8 cm
    • semi-piste du quartier général
  • une entreprise lourde avec
    • peloton de canons d'infanterie (3 canons remorqués de 7,5 cm)
    • peloton de canons (6 halftracks avec canon de 7,5 cm)
    • peloton de pionniers (7 halftracks et 39 débarquements)
    • peloton antichar (3 canons antichar remorqués)

Egalement un peloton de véhicules blindés lourds (6 véhicules blindés avec canon de 7,5 cm) et un QG de bataillon (2 half-tracks)

 

Il est difficile de comprendre que les partisans du concept de cavalerie ignorent les régiments de reconnaissance, étant donné que ces unités polyvalentes et aptes au combat ont sans doute comblé l’« écart de la cavalerie », dont l’existence supposée était la principale justification des réformes du concept de cavalerie. En les omettant de son analyse, McInnes crée un faux dilemme dans lequel l’écart artificiel entre les véhicules blindés « éclaireurs » et les chars ne peut être comblé qu’en imposant les réformes qu’il propose, tout en ignorant la solution qui a fait ses preuves en temps de guerre : les régiments de reconnaissance.

 

Figure 8 : La résolution historique de l’« écart de la cavalerie » : les régiments de reconnaissance
Figure 8 : La résolution historique de l’« écart de la cavalerie » : les régiments de reconnaissance

La figure 8 représente un spectre modifié de blindage dérivé du spectre de trou de cavalerie représenté sur la figure 1. Ce tableau illustre des régiments de reconnaissance positionnés pour combler le fossé entre les forces de « chars » et de « reconnaissance ». Aux deux extrêmes se trouvent :

  • (extrême gauche) Régiment de véhicules blindés
    • Fonctions de reconnaissance furtive et hors combat
    • Concentrez-vous sur l'exécution des tâches à bord avec des véhicules blindés avec une capacité de reconnaissance minimale à pied
  • (extrême droite) Régiments blindés de reconnaissance, blindés et de chars
    • Reconnaissance blindée : focus sur la reconnaissance de combat
    • Blindés : focus sur la manœuvre, l'exploitation, la percée et les rôles de contre-blindage
    • Tank : focus sur le soutien de l'infanterie

Dans la pratique, ces unités remplissaient un mélange des trois rôles énumérés et, en 1945, elles s'étaient regroupées en un seul « régiment blindé » sans différenciation doctrinale, structurelle ou de plate-forme.

Au milieu se trouvent les régiments de reconnaissance :

  • Mélange de tâches de combat et de reconnaissance furtive, de sécurité et d'économie de force
  • Diverses plates-formes pour prendre en charge la reconnaissance furtive, l'appui-feu et le mouvement des débarquements
  • Exécution des tâches montées et démontées.

LES DÉVELOPPEMENTS DE LA GUERRE FROIDE ET LE MYTHE DU « TYPE 56 »

Un autre mythe historique a influencé les discussions doctrinales sur le concept actuel de cavalerie : il concerne les origines de ce que l’on appelait jusqu’à récemment les escadrons de reconnaissance de brigade de l’Armée de terre. McInnes affirme que la « première utilisation » des patrouilles à deux véhicules dans des troupes de huit véhicules ou plus a eu lieu lors du déploiement de maintien de la paix du 56e Escadron de reconnaissance dans le Sinaï.Note de bas de page 56  À la lumière de l’examen des régiments de reconnaissance ci-dessus, il est clair que cette affirmation est inexacte. McInnes poursuit en affirmant que l’escadron « de type 56 Recon » n’est né que de la combinaison de trois troupes de reconnaissance régimentaires créées de façon ad hoc pour des raisons pragmatiques liées à la nature à faible spectre de l’opération plutôt qu’à l’efficacité au combat, dans le cadre de sa thèse selon laquelle les escadrons de reconnaissance n’ont « pas [leur] place dans la doctrine de guerre du Canada ».Note de bas de page 57  

McInnes semble fonder son affirmation sur une lecture erronée de l’histoire commémorative du CBRC. Dans The RCAC: An Illustrated History, les historiens John Marteinson et Michael R. McNorgan notent le fait que seules les troupes de reconnaissance régimentaires figuraient dans l’ordre de bataille régulier en 1956, et McInnes en déduit, à tort, que ces éléments sont devenus la base de la structure des escadrons de déploiement.Note de bas de page 58  En réalité, le 56e Escadron de reconnaissance a déployé ses véhicules de reconnaissance sur roues non pas en trois troupes de huit véhicules, mais en quatre troupes basées sur la norme des troupes de chars autonomes, et rien n’indique qu’elles étaient destinées à opérer comme des patrouilles à deux véhicules.Note de bas de page 59  Les officiers du Lord Strathcona’s Horse (Royal Canadians) choisis pour commander deux des quatre troupes étaient appelés des « patrouilleurs » [traduction] dans le bulletin du régiment, ce qui indique que les concepteurs de l’escadron envoyé dans le Sinaï voulaient qu’il fonctionne sur le modèle des « patrouilles d’officiers » [traduction] à quatre véhicules des régiments de véhicules blindés en temps de guerre.Note de bas de page 60  Si l’escadron avait divisé ses troupes en patrouilles à deux véhicules, cela aurait été conforme à la doctrine des blindés d’après-guerre, qui indiquait qu’« une paire de chars ou de véhicules de reconnaissance sur roues s’appuyant mutuellement constitue la plus petite des patrouilles » [traduction].Note de bas de page 61  Pourtant, la structure du 56e Escadron de reconnaissance avait sans doute beaucoup plus de points communs avec un escadron de véhicules blindés en temps de la guerre qu’avec les escadrons de reconnaissance, aujourd’hui disparus. 

Figure 9 : 56e Escadron de reconnaissance (1957)
Figure 9 : 56e Escadron de reconnaissance (1957)

La figure 9 illustre la structure organisationnelle du 56e Escadron de reconnaissance de 1957, en utilisant les symboles cartographiques standard de l'OTAN. Le tableau montre un escadron comprenant quatre troupes de reconnaissance et un QG d'escadron, chaque troupe étant équipée de cinq voitures de reconnaissance et le QG d'escadron de trois.

Plutôt que de naître d’un compromis ad hoc pour des opérations de soutien de la paix, nos escadrons de reconnaissance de brigade, récemment disparus, ont été créés en réponse au conflit non déclaré connu sous le nom de Guerre froide. Au début de l’après-guerre, il ne restait plus qu’une seule brigade régulière dans l’Armée de terre. Les planificateurs de l’après-guerre ont conçu l’Armée de terre de telle sorte qu’elle doive être mobilisée avant une future guerre, et il n’y avait pas d’unités de reconnaissance dans la Force régulière.Note de bas de page 62  Cependant, avec l’envoi d’un groupe-brigade en Europe en 1951 dans le cadre des engagements de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), l’Armée de terre s’est rapidement retrouvée avec une grande formation à l’étranger, opérant dans le cadre d’un groupe d’armées multinational.Note de bas de page 63  L’Armée de terre a rapidement reconnu les problèmes liés à cette structure de forces, notamment en décelant un écart en matière de reconnaissance. L’exercice GOLD RUSH de 1956, conçu pour appuyer le processus d’élaboration de la future structure de l’Armée de terre, a conclu que l’absence d’un élément de reconnaissance dans les formations canadiennes « constitue une très grave faiblesse dans la préparation de nos forces à la guerre. Non seulement nous nous privons de l’entraînement nécessaire à la reconnaissance, mais nous ne parvenons pas non plus à fournir une force équilibrée pour l’entraînement de toutes les armes » [traduction].Note de bas de page 64  Par conséquent, lorsque l’Armée de terre a élargi le 4e Groupe-brigade d’infanterie canadienne (4 GBIC) en Europe en 1957, elle y a inclus, pour la première fois, un escadron de reconnaissance de brigade.Note de bas de page 65  Bien qu’il soit déployé presque en même temps que le 56e Escadron de reconnaissance envoyé dans le Sinaï, cet escadron aura une structure très différente, sa lignée provenant des régiments de reconnaissance en temps de guerre plutôt que des unités de véhicules blindés. L’escadron semble avoir eu ses véhicules de reconnaissance sur roues Ferret (plus tard Lynx) organisés en grandes troupes de sept véhicules, restructurées en 1960 pour y inclure une troupe d’assaut de nouveau opérationnelle.Note de bas de page 66  Déployé sur la ligne de front d’une guerre conventionnelle prévue, cet escadron n’était manifestement pas destiné à des opérations de soutien de la paix. L’escadron de l’OTAN constituera la base des escadrons de reconnaissance de brigade dans l’ensemble de l’Armée de terre et connaîtra des évolutions mineures au cours des 53 années suivantes, avant d’être brusquement dissous dans le cadre des réformes du concept de cavalerie.Note de bas de page 67 

Figure 10 : Escadron de reconnaissance de brigade (1979)
Figure 10 : Escadron de reconnaissance de brigade (1979)

La figure 10 présente la structure organisationnelle d'un escadron de reconnaissance de brigade de 1979, utilisant les symboles cartographiques standard de l'OTAN. La carte représente un escadron composé de trois troupes de reconnaissance, chacune équipée de sept véhicules de reconnaissance à chenilles (Lynx). De plus, l'escadron comprend

  • une troupe de soutien avec cinq véhicules de transport de troupes et 30 débarquements
  • un QG d'escadron (3 Lynx).

Chaque troupe de reconnaissance a été portée à huit véhicules avec l'introduction du Coyote en 1996, et la troupe d'assaut/soutien a été retirée de la structure au début des années 2000.

La formation en 1957 du 56e Escadron de reconnaissance dans le Sinaï et de l’escadron de reconnaissance de brigade en Europe témoigne d’une remarquable continuité entre, d’une part, les régiments de véhicules blindés et, d’autre part, les régiments de reconnaissance en temps de guerre. L’Armée de terre a occasionnellement employé les premiers pendant la Guerre froide dans le cadre d’opérations de soutien de la paix (p. ex. à Chypre en 1964).Note de bas de page 68  Les derniers ont continué à assurer la fonction de reconnaissance des formations de l’Armée de terre jusqu’à ce qu’ils soient transformés, dans le cadre du concept de cavalerie, en ce qui semble être des escadrons de véhicules blindés du 21e siècle. Les partisans du concept de cavalerie voudraient nous faire croire que l’Armée canadienne de 1957, expérimentée au combat, a sciemment permis que sa fonction de reconnaissance de combat soit remplie par une structure doctrinale qu’elle savait être « inapte au combat », mais cela va à l’encontre de la crédulité, bien que, de façon anecdotique, sein du CBRC et dans les publications écrites, le mythe est accepté avec désinvolture comme un fait.Note de bas de page 69  On peut se demander si le commandant I. MacD. Grant, DSO, professionnel décoré et ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale qui a commandé le premier Escadron de reconnaissance du 4 GBIC, s’amuserait d’une telle affirmation.Note de bas de page 70  En réalité, ce sont ses escadrons de reconnaissance de brigade qui sont nés de l’expérience des régiments de reconnaissance en temps de guerre pour combler l’écart reconnu en matière de reconnaissance lors d’un futur conflit.   

LA RECONNAISSANCE EN AFGHANISTAN

Les partisans du concept de cavalerie ont également critiqué la performance des escadrons de reconnaissance en Afghanistan. McInnes affirme que ces escadrons déployés « se sont immédiatement avérés inefficaces en raison du manque inné d’appui réciproque, de ressources et de profondeur inhérents à la structure de patrouille à deux véhicules », en raison de l’incapacité d’une patrouille à deux véhicules à effectuer des mouvements tactiques sûrs, à maintenir des postes d’observation indéfiniment, ou à produire suffisamment de débarquements pour sécuriser les bases de patrouille ou effectuer des exercices à pied.Note de bas de page 71  McInnes tire nombre de ces critiques de la publication Dépêches : Le Corps blindé royal canadien en Afghanistan du Centre des leçons retenues de l’Armée (CLRA), mais ne cite pas les solutions proposées par le CLRA pour résoudre les problèmes décelés. Le CLRA a constaté que la patrouille à deux véhicules présentait des lacunes dans le contexte de l’Afghanistan. Toutefois, les auteurs des dépêches ne recommandent pas la restructuration permanente des escadrons de reconnaissance en troupes de quatre véhicules pour remédier à ces problèmes. Au lieu de cela, ils suggèrent que le modèle de patrouille à trois véhicules demeure une « option particulière à la mission à exécuter » pour les commandants.Note de bas de page 72  En fait, la possibilité d’augmenter « à l’occasion » [traduction] la taille de la patrouille à trois véhicules en fonction de la tâche à accomplir existe depuis au moins la parution en 1977 de la publication Reconnaissance Troop Leader’s Manual.Note de bas de page 73  Cette souplesse est l’une des raisons pour lesquelles les escadrons de reconnaissance sont si polyvalents dans le cadre des opérations. Il est peut-être injuste de condamner les commandants de reconnaissance de l’époque de l’Afghanistan  pour avoir utilisé leurs ressources de la manière dont elles étaient explicitement conçues.

Une partie des lacunes constatées de la patrouille à deux véhicules réside dans le fait qu’elle accomplit des tâches indépendantes sans bénéficier de l’appui mutuel du reste de la troupe. McInnes semble croire que cette utilisation est la norme doctrinale pour les escadrons de reconnaissance, évoquant les « effets corrosifs » d’avoir 16 « unités de tir » (patrouilles) plutôt que quatre (troupes), ce qui est plus facile à gérer.Note de bas de page 74  Contrairement à cette affirmation, la plupart des tâches de reconnaissance et de sécurité ont été conçues pour être menées au niveau des troupes. Cela peut être illustré par l’examen de l’une des tâches de reconnaissance les plus courantes : la reconnaissance d’itinéraire. La doctrine de 1944 stipulait qu’« en règle générale » [traduction], une troupe ne pouvait couvrir qu’« une seule route » [traduction] et qu’un escadron ne pouvait en couvrir plus de deux.Note de bas de page 75  Plusieurs énoncés doctrinaux durant la Guerre froide étaient légèrement moins restrictives, établissant qu’un escadron ne pouvait gérer qu’une seule route s’il devait faire face à une opposition et trois si ce n’était pas le cas.Note de bas de page 76  La continuité dans la limitation de l’étendue des tâches de l’escadron semble avoir été atténuée par la publication en 2008 du document Reconnaissance des forces de manœuvre terrestres, qui mettait seulement en garde contre le fait d’« assigner la reco de plus d’un itinéraire » à un escadron, puis fournissait de manière incongrue un exemple d’escadron chargé de pas moins de deux itinéraires majeurs et de plusieurs itinéraires mineurs nécessitant une dispersion importante des ressources de l’escadron.Note de bas de page 77  En Afghanistan, la dispersion excessive des escadrons dans des zones de responsabilité étendues a pu nécessiter l’attribution de tâches à des patrouilles individuelles. De telles nécessités opérationnelles l’emportant sur les prescriptions doctrinales sont le signe d’une ressource surchargée dans une zone d’opérations d’une force opérationnelle exceptionnellement vaste et ne constituent pas un rejet de la structure de l’escadron de reconnaissance en tant que telle.

Compte tenu de l’affirmation de McInnes selon laquelle, lorsqu’on mélange des forces embarquées et débarquées dans des escadrons, « l’un détourne naturellement l’autre », et de l’accent qu’il met par conséquent sur l’exécution des tâches par les forces embarquées, il n’est pas surprenant qu’il n’aborde pas l’identification par le CLRA de lacunes dans les compétences des forces débarquées du CBRC.Note de bas de page 78  Le CLRA a souligné l’« importance déterminante » de ces compétences et a conclu que l’absence de troupes d’assaut (avec leurs capacités spécialisées en matière de reconnaissance débarquée) dans les escadrons déployés lors du conflit en Afghanistan constituait une faiblesse.Note de bas de page 79  Le CLRA conclut que l’exigence selon laquelle « la capacité que représente une troupe d’assaut est valide » malgré son absence actuelle de l’ordre de bataille de l’escadron.Note de bas de page 80  La perte des troupes d’assaut au début des années 2000 a fortement nui à la doctrine des escadrons de reconnaissance. Leur absence, non remarquée par McInnes dans sa critique des escadrons déployés lors du conflit en Afghanistan, a peut-être atténué bon nombre des problèmes qu’il a cités. On peut dire que c’est la présence de ces éléments et d’autres outils d’appui au combat qui a permis aux unités de reconnaissance du CBRC de remporter un tel succès dans le passé.Note de bas de page 81  Si la citation par McInnes de la liste des lacunes des escadrons établie par le CLRA est appropriée, le fait de ne pas inclure l’un de ses principaux remèdes à ces lacunes semble quelque peu partial.

Dans l’ensemble, on ne peut pas dire que les escadrons de reconnaissance en Afghanistan aient été « inefficaces », comme le prétend le concept de cavalerie. Le CLRA conteste cette condamnation, estimant que « [l]’utilité de ces sous-unités dans un vaste éventail de missions en a confirmé davantage la caractéristique fondamentale, soit la flexibilité. [...] cette capacité a constitué une économie idéale de forces et a procuré aux commandants une ressource vitale capable de se charger rapidement d’une multitude de tâches tactiques [...] ».Note de bas de page 82  En outre, plutôt que de mettre en œuvre une suppression révolutionnaire de la reconnaissance de formation dans l’Armée de terre, le CLRA a proposé un changement évolutif, concluant qu’il était impératif pour le CBRC de « [r]econstituer ses compétences de base dans ses unités de reconnaissance et de chars ».Note de bas de page 83 

HISTORIQUE ET TENDANCES FUTURES

L’étude historique des structures de reconnaissance canadiennes présentée ci-dessus montre clairement que ce n’est pas être fidèle à l’histoire que de dépeindre les escadrons de reconnaissance qu’en tant que structures de « soutien de la paix ». En réalité, c’est exactement le contraire qui est vrai : les escadrons de reconnaissance à la structure unique ont été créés pour répondre à l’exigence de l’Armée de terre moderne consistant à combler une lacune en matière de reconnaissance et de sécurité. Dans le même temps, le modèle de « véhicule blindé » non destiné au combat n’a survécu dans l’Armée de terre d’après-guerre que sous la forme d’une construction destinée au maintien de la paix. De manière révélatrice, l’escadron de véhicules blindés de 1943 (figure 4), le 56e Escadron de reconnaissance (figure 9) et le récent « escadron de blindés légers » du concept de cavalerie (figure 2) présentent des parallèles structurels évidents. Il apparaît également que, jusqu’à très récemment, la « bonne doctrine » de l’Armée canadienne consistait à maintenir une différenciation structurelle entre les blindés et la reconnaissance de formation, plutôt que de s’appuyer sur le modèle fusionné « neutre en ce qui concerne la plate-forme » du concept de cavalerie.Note de bas de page 84   Par conséquent, l’abandon inconsidéré de la doctrine et des structures de reconnaissance constitue une « errance dans les mythes ». Au bout du compte, le concept de cavalerie équivaut à rompre avec les précédents tirés de l’expérience. 

Figure 11 : Lignées doctrinales des sous-unités du Corps blindé royal canadien régulier et lacunes en matière de reconnaissance
Figure 11 : Lignées doctrinales des sous-unités du Corps blindé royal canadien régulier et lacunes en matière de reconnaissance

La figure 11 illustre l'évolution doctrinale des unités blindées canadiennes actuelles et anciennes, retraçant le passage de la cavalerie de choc aux formations blindées modernes.

Pré-moderne jusqu'au 19ème siècle il y a

  • Cavalerie lourde de « choc », rendue obsolète par l'augmentation de la puissance de feu à la fin du XIXème et au début du XXème siècle
  • Cavalerie légère et infanterie montée

La mécanisation (années 1915-1930) voit émerger des bataillons de chars, puis des régiments, équipés de chars d'infanterie lourde (1915-1944), aux côtés de régiments blindés équipés de chars croiseurs, issus des anciens régiments de cavalerie avec un rôle de « choc » (1928-1944). . Ceux-ci fusionnent en régiments blindés (1945-2021).

La ligne de cavalerie légère et d'infanterie montée se divise après la mécanisation en deux : les régiments de voitures blindées et c. la « première brèche de reconnaissance » à la chute de la France, des escadrons de reconnaissance de brigade.

La ligne du régiment de véhicules blindés prend fin en 1945, sans qu'aucune sous-unité de véhicules blindés ne soit perpétuée dans la Force régulière. Des escadrons de reconnaissance de type maintien de la paix (Sinaï 1956) ne formaient que des bases ad hoc pour les missions de maintien de la paix (Chypre 1964) et maintiennent la ligne de véhicules blindés.

La ligne des escadrons de reconnaissance de brigade mène aux régiments de reconnaissance (1942-1945), mais cela ne se perpétue pas non plus dans la Force régulière. Après une « deuxième période de reconnaissance » (1945-1957), des escadrons de reconnaissance de brigade réapparaissent.

Le concept de cavalerie de 2021 affecte les trois lignes. Le régiment blindé devient un « escadron blindé lourd », un nouveau titre sans changements structurels ou doctrinaux majeurs ; l'escadron de reconnaissance de la brigade n'a pas sa place dans la doctrine de guerre du Canada, supprimé de l'ordre de bataille de l'armée canadienne, les escadrons étant réorganisés pour former des « escadrons blindés légers », perpétuant également la reconnaissance de type maintien de la paix. Cela produit le « troisième écart de reconnaissance »

S’il n’existe pas de base historique appuyant de manière convaincante cette récente révolution dans la structure et la doctrine de l’Armée de terre, nous devons envisager la possibilité que le concept de cavalerie ait mis le doigt sur une tendance future provoquée par un changement de la nature du combat terrestre. N’importe lequel des innombrables développements militaires (tels que les systèmes d’aéronefs sans équipage) pourrait justifier la suppression des éléments de reconnaissance de formation de l’ordre de bataille canadien, tout comme les mitrailleuses et les chars d’assaut ont sonné la fin de la cavalerie traditionnelle à cheval.Note de bas de page 85   Il est tout aussi possible, cependant, que les conditions futures potentielles militent en faveur d’une pertinence accrue des unités de reconnaissance de formation. En effet, il semble que la plupart des armées du monde seraient d’accord avec ce dernier argument en faveur de la pertinence accrue de la reconnaissance.

Il convient de noter qu’aucun grand pays n’a supprimé ses capacités de reconnaissance de formation et que 25 des 30 pays de l’OTAN disposent d’éléments de reconnaissance de formation.Note de bas de page 86   Les grands pays ont entamé une évolution de leurs forces de reconnaissance pour s’adapter aux réalités futures, tout comme le CLRA a recommandé au CBRC de le faire après l’Afghanistan. Les États-Unis redynamisent actuellement leurs unités de cavalerie chargées de tâches de reconnaissance et de sécurité et mettent à l’essai la reformation d’éléments de cavalerie au niveau de la division et du corps d’armée.Note de bas de page 87   L’armée britannique tente ambitieusement de raccourcir le lien « capteur-tireur » en regroupant une grande partie des unités de reconnaissance et de tir de sa division mécanisée dans un concept de « brigade de reconnaissance-attaque » où se trouvent cinq régiments de cavalerie se chargeant de la reconnaissance. Cette division devrait disposer d’un rapport inédit de 1 pour 1 entre les régiments de reconnaissance et les bataillons d’infanterie mécanisée.Note de bas de page 88   L’un de nos adversaires potentiels les plus probables, l’armée russe, a agrandi l’élément de reconnaissance de sa brigade lui conférant la taille d’un bataillon en 2013 à la suite de plaintes selon lesquelles ses réformes de rajeunissement ne laissaient aux commandants qu’une compagnie inadaptée à la reconnaissance.Note de bas de page 89   Cette « renaissance de la reconnaissance » internationale indique que les éléments de reconnaissance et de sécurité auront à l’avenir une importance accrue, qui pourrait même dépasser leur importance historique.

CONCLUSION

Il est charmant de constater que le terme allemand pour les Lumières, Aufklärung, est le même que celui utilisé pour la reconnaissance de la cavalerie [traduction].

– Lieutenant-colonel (retraité) Roman JarymowyczNote de bas de page 90 

Tout comme les forces de reconnaissance ont permis aux commandants de manœuvre de pénétrer dans le brouillard de la guerre, toujours omniprésent, pour comprendre le champ de bataille et l’ennemi, l’étude de l’histoire apporte un éclairage comparable aux professionnels de l’armée. Les partisans du concept de cavalerie n’hésitent pas à invoquer l’histoire pour affirmer la validité des changements structurels qu’ils proposent « aux yeux et aux oreilles » de l’Armée canadienne. Toutefois, comme l’a démontré une analyse approfondie de ces affirmations, nous devrions tenir compte de la mise en garde de Clausewitz contre le « traitement superficiel et irresponsable de l’histoire » [traduction], qui « conduit à des centaines d’idées erronées et à des théories fallacieuses ».Note de bas de page 91   L’objectif du présent article a consisté à revenir sur certaines « idées fausses » du concept de cavalerie et à mettre en lumière les structures et la doctrine de reconnaissance de l’Armée de terre qui sont solides sur le plan historique. Étant donné que notre doctrine d’avant 2021 « représente les idées distillées et la sagesse acquise par l’expérience » [traduction], combinée aux tendances internationales actuelles en matière de reconnaissance de formation, les éléments de preuve semblent suffisamment nombreux pour suggérer que le dénigrement soudain des éléments de reconnaissance par le concept de cavalerie était hâtif et, en fin de compte, malavisé.

L’Armée de terre doit sérieusement réexaminer la place des éléments de reconnaissance de formation dans la doctrine. Les discussions au sein de l’Armée de terre semblent aller dans ce sens, et le terme « cavalerie » lui-même paraît tomber en désuétude dans le cadre des efforts de transformation du CBRC. Un récent groupe de travail du CBRC a convenu qu’une différence doctrinale devrait subsister entre les blindés lourds (chars), moyens et légers, les premiers étant axés sur le combat rapproché et les deux derniers mettant l’accent sur la recherche et la mise en forme de l’ennemi dans la zone des forces de couverture. Il s’agit là d’un premier pas vers la reconnaissance de la distinction classique entre les éléments blindés et les éléments de reconnaissance/sécurité.Note de bas de page 92   Cependant, même avec ces timides mouvements vers un renouveau doctrinal de la reconnaissance, la transformation du concept de cavalerie a eu deux ans pour germer au sein du Corps. Plusieurs escadrons de véhicules légers ont été contraints d’utiliser les structures de type voiture blindée renouvelée et ont constaté – sans surprise, compte tenu de l’analyse historique présentée ci-dessus – que « lorsqu’il s’agissait d’effectuer des tâches traditionnelles de reconnaissance et de sécurité tactique, la structure à quatre véhicules était extrêmement limitée » [traduction].Note de bas de page 93  En tant qu’officier commandant un escadron de blindés léger, l’auteur a découvert que l’École du Corps blindé royal canadien avait rapidement adapté son programme à l’orientation offensive et défensive du concept, ce qui a entraîné l’arrivée dans la force de campagne de subalternes et de sous-officiers qui n’avaient pas été formés aux tâches de reconnaissance et de sécurité et qui, dans certains cas, en ignoraient apparemment l’existence. Les efforts de transformation du Corps doivent viser à remédier à ces cicatrices doctrinales, structurelles et d’entraînement résultant du concept de cavalerie. Les éléments de reconnaissance de formation spécifiquement structurés et entraînés constituent une exigence doctrinale établie de longue date. Après une réévaluation de bonne foi de son passé et de son avenir sur le plan de la doctrine, le CBRC devra très probablement reconnaître que l’absence d’éléments de reconnaissance de formation constitue une lacune inacceptable dans la structure de force d’une armée moderne. 

À PROPOS DE L’AUTEUR

Le major Bryce Simpson, CD, est officier des blindés servant en tant qu’officier commandant de l’escadron D, Lord Strathcona’s Horse (Royal Canadians). Au cours de sa carrière régimentaire, il a été employé comme chef de troupe dans des escadrons de reconnaissance et de chars, capitaine de combat d’un escadron de chars, commandant en second et officier des opérations régimentaires. Il a également servi en tant que contrôleur interarmées de la finale de l’attaque au sein du 1er Régiment, Royal Canadian Horse Artillery. Au cours de sa carrière, il a participé à des opérations internationales dans le Sinaï, en Égypte

(Op CALUMET), en Lettonie (Op REASSURANCE) et au Koweït (Op IMPACT), où cet article a été rédigé. Le major Simpson est titulaire d’une licence en histoire de l’Université de Nipissing et d’une maîtrise en histoire militaire de l’Université de Norwich.

Cet article a été publié pour la première fois dans l’édition d’avril 2024 du Journal de l’Armée du Canada (20-2).

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