Avant-Propos du Volume 21
« Une force militaire qui n’est pas préparée aux opérations en zone urbaine dans l’ensemble du spectre n’est pas prête pour demain. » [Traduction]
– Lieutenant-colonel Ralph Peters

Je suis ravi d’avoir l’occasion de présenter le premier des deux numéros du Journal de l’Armée canadienne qui portent sur la guerre urbaine. En ces temps difficiles, il n’est pas laborieux de trouver des nouvelles et des rapports sur la guerre urbaine. Il n’y a pas si longtemps, il existait une idée fausse selon laquelle les batailles urbaines étaient rares. En fait, elles ont toujours été fréquentes et elles sont maintenant plus importantes que jamais, en raison de la forte concentration de gens qui vivent dans les zones urbaines, la diminution de la taille des armées et la valeur stratégique des villes. Les événements récents en Ukraine et au Moyen-Orient soulignent l’importance d’une infrastructure militaire, économique et politique intensément incorporée dans le milieu urbain.
Le combat urbain soulève des problèmes militaires simultanés aux niveaux tactique, opérationnel et stratégique de la guerre. La synchronisation des activités dans un milieu urbain impose une plus grande difficulté, complexité et fatigue physique pour les forces militaires comparativement aux batailles conventionnelles dans les zones découvertes ou les régions rurales ou semi-rurales. La complexité d’un terrain tridimensionnel physique – composé d’éléments terrestres, aériens et souterrains – entrave la liberté de manoeuvre lors des opérations militaires. De plus, des facteurs comme la collecte de renseignement, les considérations d’ordre humanitaire en raison de la présence civile, la surveillance sociale et la logistique dans un environnement disputé, intensifient la pression sur les forces militaires lors des guerres urbaines.
Les représentations récentes des guerres urbaines ont montré comment les tactiques militaires traditionnelles s’entrecroisent avec les technologies émergentes, ce qui ajoute de la multidimensionnalité et des niveaux de complexité quant à l’expérience des soldats. D’une part, les conflits et les guerres actuels se caractérisent par l’utilisation généralisée de véhicules aériens sans équipage, les ressources spatiales et l’introduction d’obusiers de prochaine génération. D’autre part, la perturbation des communications a entraîné un recours accru des coureurs en Ukraine et des leçons ont été tirées au sujet de guerres de tunnels souterrains.
L’Armée canadienne s’est concentrée pendant plusieurs années sur les champs de bataille de contre-insurrection en Afghanistan et en Iraq. Le développement des capacités a favorisé cette mentalité. L’agression de la Russie contre l’Ukraine nous rappelle une fois de plus du caractère en constante évolution de la guerre. Nous devons adapter notre approche pour gérer les capacités nouvelles et existantes. Le principe PRICIE-G (Personnel et leadership; Recherche et développement et recherche et analyse opérationnelles [et expérimentation]; Infrastructure, environnement et organisation; Concepts et doctrine, gestion de l’Information et de la technologie; Équipement et soutien; Génération et projection) doit être entièrement mis à jour.
Au fur et à mesure que l’opération UNIFIER se prolonge et que ses effectifs sont augmentés, elle souligne l’engagement continu du Canada à fournir de l’aide aux forces ukrainiennes, notamment en ce qui a trait à l’instruction militaire et au renforcement des capacités.
Les combats en Ukraine ont confirmé les tendances de la guerre urbaine qui se dessinent dans les guerres modernes. L’analyse des opérations permet d’examiner les types de combat qui se sont répandus en Ukraine et auxquels plusieurs pays, comme la Lettonie, pourraient faire face à l’avenir. Étant donné le caractère indispensable de la guerre urbaine à l’époque contemporaine, je considère que se pencher sur ce thème est non seulement pertinent, mais aussi opportun. L’opération UNIFIER offre une étude de cas pour examiner les manifestations actuelles de la guerre. Ce que nous apprenons prépare nos forces pour les obstacles auxquels elles peuvent faire face à l’avenir.
Le directeur du Centre de guerre terrestre de l’Armée canadienne,
Colonel Jim W. Smith, CD