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Introduction au groupement tactique au cours des opérations

Le 29 octobre 2021

temps de lecture : 9 min  

 

Voici une brève introduction aux rôles, aux caractéristiques, aux limites et à l’application de la puissance de combat d’un groupement tactique. Pour avoir plus de détails, veuillez consulter le document BGL-321-005/FP-002 – Groupement tactique au cours des opérations.

                                    

Rôle du groupement tactique

Le groupement tactique (GT) est la principale unité de manœuvre tactique terrestre. Il fait normalement partie d’une brigade, mais on peut le placer sous le commandement d’une formation supérieure pour une mission spécifique (comme réserve divisionnaire, par exemple). Les missions fondamentales du GT ont pour objets le combat rapproché, la destruction de l’ennemi et la perturbation de ses opérations grâce aux manœuvres. Le GT est optimisé pour exécuter des OES en raison de son vaste éventail de capacités, du caractère modulaire de sa structure et de son extensibilité. Il est spécialisé dans les opérations offensives et défensives, les missions qui nécessitent de la manœuvre et la conservation d’un terrain. Des éléments de soutien au combat et des éléments de services de soutien au combat supplémentaires peuvent être attachés si le commandant supérieur le juge nécessaire.

Caractéristiques du groupement tactique

Le GT possède les caractéristiques suivantes :

Articulation interarmes

Une articulation interarmes est considérée comme étant adaptable à la tâche pour une organisation donnée si on peut la réarticuler facilement de jour et de nuit. Il faut aussi des drills communs pour faciliter la réarticulation ainsi que l’emploi subséquent des éléments réarticulés. On doit éviter de mettre en place et d’utiliser des structures permanentes – des regroupements de forces impossibles à modifier –, car elles ne possèdent pas la souplesse voulue pour réagir aux changements qui surviennent dans la mission et l’environnement opérationnel complexe. Les organisations de base de l’Armée de terre sont capables de conserver leur flexibilité, parce qu’elles sont extensibles et modulaires par définition. Des sous-unités d’autres armes peuvent également former des articulations.

La manœuvre protégée résulte de la synergie obtenue en combinant plus d’une arme de manœuvre au sein d’une articulation interarmes. Par exemple, même si l’infanterie peut effectuer des manœuvres de manière indépendante, l’ajout d’un appui de l’Arme blindée lui permettra d’exécuter un plus vaste éventail d’opérations et augmentera les chances de succès de toute mission. Comme le groupe-compagnie, le groupe-bataillon peut également être composé d’autres armes provenant d’autres articulations. Le GT est optimisé parce qu’on estime qu’il est le meilleur compromis parmi différents modèles structurels. Au contraire, un GT spécialisé est un GT conçu à des fins précises et qui est expert pour accomplir certaines activités spéciales, en l’occurrence les opérations offensives et défensives.

Puissance de feu

Les ressources de tir direct du GT (chars et autres systèmes d’appui‑feu direct) sont substantielles et précises. Conjuguée à une connaissance de la situation (CS) supérieure, l’aptitude du GT à exploiter les tirs d’une coalition accroît considérablement sa capacité globale. Cela comprend normalement l’attribution d’éléments de tir indirect.

Mobilité

On s’attend à ce que l’espace de combat moderne soit beaucoup plus vaste que celui qu’on a connu. Comme le GT est mobile dans toutes les conditions, son emploi est plus flexible. En outre, on peut facilement l’appuyer par des modes de transport de rechange, notamment l’aviation tactique, et des moyens pour accroître sa mobilité, comme ceux fournis par le génie.

Connaissance de la situation (CS)

Le GT continue d’évoluer en même temps que la technologie. Il est de plus en plus réseaucentrique et il est en mesure de mettre à profit les technologies de mise en réseau et le renseignement d’origine humaine (ROHUM) pour améliorer la CS sur les plans tant vertical qu’horizontal. Cette architecture des communications a rendu possibles la centralisation du commandement et la décentralisation du contrôle, objectifs que l’on poursuivait depuis longtemps. La mise en œuvre des versions successives des fonctionnalités du système d’information de commandement et de contrôle permettra au GT d’exploiter la nouvelle technologie et la gestion du combat pour accélérer la planification et l’exécution des opérations.

Maintien en puissance

L’accroissement de la précision entraîne des économies sur le plan du maintien en puissance. En d’autres mots, il faudra moins de munitions pour neutraliser les cibles.

Modulaire et de taille variable

La modularité permet d’ajouter des éléments à une unité ou à une formation ou d’en enlever, sans que cela modifie notablement la capacité de cette unité ou formation de remplir les tâches pour lesquelles elle a été optimisée. L’extensibilité est la capacité d’une unité ou d’une formation de faire face à la complexité. Cette complexité peut résulter de l’ajout d’éléments non essentiels à une unité ou formation, ou de l’environnement opérationnel, par exemple, les opérations interarmées ou multinationales. Le GT comprend quatre éléments de base : le QG, la compagnie de SLC intégrée ainsi que les éléments de l’infanterie et de l’Arme blindée. Le nombre et le type de sous‑unités de manœuvre peuvent varier en fonction des conditions et de la mission. Les autres éléments de combat, d’appui tactique et de SLC lui sont ajoutés pour optimiser l’équilibre entre ses fonctions opérationnelles (commandement, détection, action, protection et maintien en puissance), de manière qu’il puisse se charger efficacement de toute la gamme des tâches tactiques inhérentes aux OES.

Souplesse

Le GT est réseaucentrique, très mobile et doté de systèmes de détection; il peut donc repérer l’ennemi en premier, comprendre vite la situation et passer rapidement à l’action. Vu l’entraînement qu’il a subi pour exécuter les OES, cela fait de lui une formation très agile.

Effet décisif

Grâce à son importante puissance de feu, à sa CS améliorée et à sa mobilité tactique, le GT peut avoir un effet tactique décisif contre tous ses adversaires, sauf les forces ennemies lourdement armées.

Limites du groupement tactique

Le GT présente les limites suivantes :

Terrain couvert

Les terrains couverts, en particulier les zones urbaines, limitent généralement les forces mécanisées, y compris le GT.

Tirs

La puissance de feu du GT s’explique par son accès aux ressources interarmées et coalisées en matière de tir. Or, comme les ressources de tir direct de précision à longue portée et de tir indirect de précision nécessaires à l’application de ce concept tactique ne sont pas intégrées dans le GT, cet aspect constitue une limite. Une des conclusions des expériences de contre-insurrection en Afghanistan est que la capacité cinétique du GT canadien fait en sorte qu’on a moins besoin d’utiliser celui-ci. En d’autres mots, une plus grande puissance cinétique durant certaines opérations peut avoir pour effet de rendre le GT moins nécessaire.

Mobilité stratégique

Pour que le GT acquière une souplesse stratégique, on peut adapter sa structure en lui donnant moins de robustesse, c’est-à-dire en réduisant certaines capacités clés. Lorsqu’on opte pour une structure moins robuste, il faut modifier les missions et les tâches en conséquence.

                                                    Configuration possible d’un groupement tactique

Appliquer la puissance de combat dans les opérations

Au niveau du GT, la puissance de combat se manifeste au moyen d’activités ayant lieu au sein de l’espace de bataille. Trois fonctions centrales dynamiques, soit trouver, fixer et frapper (le besoin d’être prêt à exploiter est implicite), faisant partie de l’ensemble des activités, contribuent à l’atteinte de l’objectif souhaité du commandant du GT.

Trouver

Fonction qui se poursuit tout au long d’une activité ou d’une opération. Elle inclut le repérage, l’identification, le suivi et l’évaluation des objectifs ainsi que la familiarisation avec l’ennemi et l’environnement opérationnel d’un point de vue culturel. Au niveau du GT, la fonction « trouver » est effectuée en grande partie par les ressources ISTAR.

Fixer

Fonction qui consiste à priver l’ennemi de sa liberté d’action, et par conséquent, de sa capacité de manœuvre. Inversement, le fait de fixer un ennemi donne aux forces amies la liberté d’action nécessaire pour frapper un ennemi de la manière et à l’endroit de leur choix. La déception et la surprise sont essentielles pour fixer un ennemi. La fonction « fixer » consiste habituellement en un combat contre un ennemi, mais peut également prendre d’autres formes, par exemple des patrouilles de présence, des barrages routiers ou des postes de contrôle des véhicules pour fixer un ennemi irrégulier. La fonction « fixer » peut également s’appliquer sur le plan psychologique, habituellement par des opérations d’information.

Frapper

Fonction exécutée au moyen d’une attaque ou d’autres actions offensives contre l’ennemi. Les activités tactiques visant à frapper l’ennemi sont habituellement exécutées par des éléments de manœuvre, mais peuvent également être exécutées par des éléments d’appui tactique. Par exemple, des activités relatives à des opérations psychologiques (OPSPSY) peuvent être exécutées par une équipe d’OPSPSY afin d’aider à façonner la réaction de l’ennemi sur le champ de bataille.

Exploiter

Saisir une occasion de réaliser l’objectif du commandant supérieur ou de concrétiser une partie de son intention directement. L’exploitation repose sur une reconnaissance, une action offensive et un esprit d’initiative efficaces et une bonne compréhension de l’intention d’un commandant supérieur. Parallèlement, les commandants doivent respecter les contraintes qui leur ont été imposées lors de la considération de telles occasions. Enfin, les occasions d’exploiter peuvent survenir en tout temps dans le cadre des fonctions « trouver », « fixer » et « frapper » l’ennemi.

Il est important de se rappeler que les fonctions centrales peuvent être exécutées par des organismes autres que l’Armée de terre. Par exemple, dans le cadre d’opérations multinationales, des organismes chargés de la reconstruction ou du développement peuvent exécuter des activités afin d’accomplir la fonction « fixer » tandis que les forces de sécurité accomplissent pour leur part la fonction « frapper ». Les commandants de tous les niveaux doivent veiller à ce que les fonctions centrales ne soient pas exécutées de façon isolée, mais à ce qu’elles soient plutôt coordonnées de façon appropriée au sein de l’environnement IIMP.

 

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