Bibliothèque et Archives Canada acquiert un des premiers documents qui a lancé l’alerte au sujet de l’Holocauste 

Communiqué de presse

Mercredi 27 janvier 2021 – Ottawa (Ontario) – Bibliothèque et Archives Canada (BAC) a annoncé aujourd’hui l’acquisition de l’un des premiers documents ayant appris aux Alliés l’existence de l’Holocauste pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Le gouvernement polonais en exil a publié, au début de l’année 1943, ce rapport de 16 pages écrit en anglais et intitulé The Mass Extermination of Jews in German Occupied Poland (L’extermination de masse des Juifs dans la Pologne occupée par les Allemands).

Le document contient notamment une note écrite par Edward Bernard Raczyński, ministre des Affaires étrangères du gouvernement polonais en exil. Cette note avait d’abord été adressée aux gouvernements alliés le 10 décembre 1942.

Le rapport est fondé sur des renseignements fournis par le Bureau des affaires juives de l’Armée polonaise clandestine de l’intérieur, par l’entremise du messager Jan Karski. On y trouve de l’information sur l’extermination systématique des Juifs polonais et sur les déportations du ghetto de Varsovie vers les camps de concentration comme Treblinka, Bełżec, et Sobibor.

Il s’agit du premier rapport officiel destiné à faire connaître l’existence de l’Holocauste aux gouvernements et aux populations des pays alliés. À ce titre, il occupe une place importante dans l’histoire du conflit, notamment parce qu’il montre ce que les Alliés savaient sur l’Holocauste, et à quel moment. Puisque le Canada était l’une des principales nations alliées, ce sont des questions importantes qui aideront à comprendre l’Holocauste lui-même et le rôle de notre pays pendant le conflit.

L’acquisition s’inscrit dans le cadre du mandat de BAC, qui est chargé d’acquérir des documents sur l’histoire canadienne, y compris sur de grands événements historiques. Le rapport est le don d’un résident torontois, fils d’une personne qui a survécu à l’Holocauste.

Citations

« Plus de 75 ans après la fin de l’Holocauste, l’humanité reste hantée par ce génocide. Les institutions comme Bibliothèque et Archives Canada ont le devoir de constituer la documentation la plus complète possible sur les événements – aussi horribles soient-ils – qui ont façonné l’histoire de notre pays et du monde. Nous espérons que l’éducation et la connaissance empêcheront de telles tragédies de se reproduire. »

Leslie Weir, bibliothécaire et archiviste du Canada

« En plus d’alerter les dirigeants des nations alliées et neutres, le rapport a été mentionné dans les plus grands médias à l’extérieur des pays de l’Axe. C’est à la suite de sa publication que les nations alliées ont officiellement parlé, pour la première fois, des Juifs subissant l’occupation nazie, qualifiée de “politique bestiale d’extermination accomplie de sang-froid”. »

Piotr J. Wróbel, professeur et titulaire de la chaire d’études polonaises Konstanty Reynert, Université de Toronto

Faits en bref

  • L’information consignée dans le rapport a été transmise par la résistance polonaise et le Bureau des affaires juives de l’Armée de l’intérieur, placée sous les ordres du gouvernement polonais en exil. Elle provenait en majeure partie du messager Jan Karski.

  • Même s’il parvient à s’introduire à deux reprises dans le ghetto juif de Varsovie et qu’il assiste à la déportation des Juifs vers les camps de la mort, Karski a souvent du mal à faire admettre la véracité de ses rapports sur l’élimination massive des Juifs.

  • Karski parvient à quitter la Pologne à deux reprises pour remettre de l’information au gouvernement polonais en exil, d’abord en 1940, puis en 1942. 

  • Pendant son déplacement au Royaume-Uni en 1942, Karski rencontre des dirigeants polonais en exil (dont le premier ministre Władysław Sikorski et le président Władysław Raczkiewicz), le secrétaire d’État britannique aux Affaires étrangères Anthony Eden ainsi que des responsables de la communauté juive d’Angleterre.

  • Karski poursuit sa mission aux États-Unis en 1943, rencontrant de hauts dirigeants comme le secrétaire d’État Cordell Hull et le président Franklin Delano Roosevelt, ainsi que de hauts fonctionnaires et des officiers supérieurs. 

  • Karski finit par s’établir aux États-Unis. Il publie ses mémoires intitulées The Story of a Secret State en 1944 avant de faire son entrée dans le monde universitaire.

  • Parmi les autres sources d’information qui ont atteint les pays occidentaux, mentionnons le télégramme de Gerhart Riegner, le rapport Vrba-Wetzler, le rapport de Witold Pilecki et des articles parus dans divers journaux juifs.

  • Le livre sera conservé dans la collection Jacob-M.-Lowy, qui contient d’autres documents importants sur l’Holocauste.

  • BAC espère que ce livre constituera un outil de commémoration et de lutte contre le négationnisme et la désinformation. Selon une étude réalisée en 2019 par la Fondation Azrieli, 15 % des Canadiens adultes et 22 % des Canadiens de moins de 34 ans n’ont jamais entendu parler de l’Holocauste ou ne sont pas sûrs d’en avoir entendu parler.

  • Environ 40 000 survivants de l’Holocauste se sont établis au Canada après la guerre. Leurs descendants ont contribué à faire du Canada le pays que l’on connaît aujourd’hui.

Personnes-ressources

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